Outel Bono
Outel Bono, né en 1934 à Fort-Archambault et mort assassiné le à Paris, est un médecin et homme politique tchadien .
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Biographie
Outel Bono est né en 1934 dans le district de Fort-Archambault (Afrique-Équatoriale française), dans le sud du Tchad[1].
Médecin chef à l'hôpital de Fort-Lamy, marié à une Française, sympathisant communiste, Outel Bono, après avoir été contacté par François Tombalbaye, président du Tchad, pour proposer des réformes, est arrêté pour complot en par un commissaire français. Il est condamné à mort. À la suite d'une campagne du PCF, sa peine est commuée en prison à vie. En 1965, il bénéficie d'un régime de semi-liberté et peut reprendre ses activités médicales. En 1968, il est nommé directeur de la Santé. En stage en France, on l'invite à ne pas rentrer au Tchad, où les arrestations se succèdent. Il est contacté par Djiguimbaye, directeur de la Banque du Développement pour créer un nouveau mouvement politique, le MDRT. Celui-ci vient en France et lui présente son frère dans la franc-maçonnerie (GLNF), Henri Bayonne. Bayonne est en fait colonel en retraite, ancien du BCRA (Bureau Central de Renseignement et d'Action gaulliste) et membre des services secrets. Bono se lie d'amitié avec Bayonne et rédige chez lui un manifeste du nouveau parti. Une conférence de presse est prévue le [réf. nécessaire]. Le 26 au matin, Outel Bono est tué de deux balles de revolver en montant dans sa voiture à Paris, rue Sedaine[2]. L'assassin s'enfuit en 2 CV. Sa femme, arrivée par avion, sera « chaperonnée » durant huit jours par les époux Bayonne qui l'empêche de communiquer avec l'extérieur. Nadine Bono parvient néanmoins à contacter Me Kaldor, l'avocat de son mari. Le porte-document de Bono a disparu et son appartement a été perquisitionné en l'absence de Nadine Bono.[réf. nécessaire]
Alain Bernard, le juge chargé du dossier retient la thèse d'un crime passionnel puis est promu en Corse. Il est remplacé par le juge Pinsseau. Un Tchadien, au service des Bayonne, aurait voulu parler. Il meurt d'une « diarrhée ».[réf. nécessaire] Thierry Desjardins, journaliste au Figaro, révèle qu'il tient de Hissène Habré que le commandant Galopin, adjoint du colonel Gourvenec, responsable du SDECE à Fort-Lamy, lui aurait avoué l'identité de l'assassin. Ce serait un certain Jacques Bocquel, agent du SDECE, anciennement au service de Bokassa en Centrafrique. Ce Bocquel est interrogé par la police, mais le juge traîne, refuse confrontations et vérifications et conclura finalement par un non-lieu le . Nadine Bono va jusqu'en cassation, mais son pourvoi est rejeté. Elle est condamnée à payer les frais de justice au prétexte « qu'elle n'a pas pu prouver qu'il s'agissait d'un assassinat[3]. »
Implication de la France
Il semble, si l'on en croit Jeune Afrique, que Jacques Foccart ait songé, devant la versatilité de Tombalbaye, à jouer la carte Bono. Mais en raison du caractère intraitable de ce dernier, il aurait été éliminé. L'ami Henri Bayonne était un agent du SDECE et les francs-maçons de la Grande Loge Nationale de France (GLNF) ont servi les intérêts néo-coloniaux de la France. En 1975, Tombalbaye est renversé et assassiné, Gourvenec laissant faire. En 1978, Gourvenec meurt d'une indigestion brutale après avoir mangé une pâtisserie, alors qu'en France son ami Jacques Bocquel est interrogé. Dans ses « Mémoires », Foccart renie durement cet agent gênant.
Notes et références
- Cyprien Boganda, « BONO Outel », Le Maitron, (lire en ligne, consulté le )
- « Les attentats contre des diplomates et des hommes politiques en France depuis 1973 », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Fabrice Tarrit, L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 678
Bibliographie
- François Xavier Verschave, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, pages 155-172
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