Parc national de Masoala

Le parc national de Masoala est un parc national créé en 1997[1], au nord-est de Madagascar, dans la province de Diego-Suarez sur la presqu’île granitique de Masoala. C'est la plus grande des aires protégées de l'île avec ses 235 000 ha de forêt tropicale humide. Le parc a été créé pour gérer, protéger et restaurer le patrimoine naturel malgache qui est sur l'île soumis à de fortes pressions (15 espèces de lémuriens ainsi que des douzaines d'autres espèces ont disparu depuis l'arrivée de l'Homme[2]).

Dans le sud-ouest du parc, la forêt est encore en contact direct avec la mer et ses embruns. Ce type d'écotone est devenu très rare en raison des routes littorales qui ont été créées presque partout dans le monde. Il offre un bon exemple d'intégrité écopaysagère.
Parc national de Masoala
Lémur du Parc national de Masoala
Géographie
Pays
Province
Région
Coordonnées
15° 30′ 48″ S, 50° 07′ 20″ E
Superficie
2 355,80 km2
Partie de
Administration
Type
Parc national, parc national de Madagascar (d)
Catégorie UICN
II
WDPA
Création
1997[1]
Patrimonialité
 Patrimoine mondial (2007, Forêts humides de l'Atsinanana)
Administration
Site web
Patrimoine mondial
Identifiant
Critères
Géolocalisation sur la carte : Madagascar

Masoala a conservé des paysages remarquables, derniers souvenirs de ce qu'était l'île verte (un des anciens noms de Madagascar) ; relique de la forêt ombrophile dense où comme le rappelait le botaniste Martin Calmander filmé sur place par Yann-Arthus Bertrand, « cette forêt si dense que 90 % de la lumière n'atteint jamais le sol ! »[3]. Ceci en fait un des endroits les plus propices à l'écotourisme et à un tourisme durable ainsi qu'à l'étude des forêts anciennes tropicales et des milieux marins. On peut y apprécier la richesse de la faune, fonge et flore en partie endémique) de la Grande Île, voire de la presqu'île.

Superficie et habitats

Carte du parc

Le parc (2 355,8 km2 sur terre) protège :

  • 2 300 km2 de forêt pluviale qui s'étage du littoral (au sud-ouest du parc) à 1 311 m d'altitude pour ses sommets.
  • 100 km2 (10 000 ha) d'aires marines protégées (trois « Parcs marins » protègent les récifs coralliens avec une collection éblouissante d’espèces marines.).
  • la réserve spéciale de Nosy Mangabe (520 ha)

Il est d’une diversité exceptionnelle grâce à sa vaste superficie et à la variété des habitats qu'il abrite :

Climat

La péninsule est rarement photographiée par les satellites, car très souvent sous les nuages. Avec 3 000 à 4 000 mm de pluie par an c'est la région la plus humide de Madagascar. Les pluies sont les plus fortes de septembre à novembre. L'évapotranspiration forestière maintient une hygrométrie élevée toute l'année.

Population

L'ethnie dominante des régions urbaines sont les Betsimisarakas. Les habitants de la région de Maroantsetra se dénomment eux-mêmes « Antimaroa ». Les cérémonies et fêtes (Tsaboraha) sont traditionnellement accompagnées d'abattages de zébus.

Environ 80 000 personnes habitent la zone périphérique (zone-tampon) du parc national. Elles cultivent le riz sur brûlis. Antalaha et Maroantsetra sont les deux plus grandes villes avec près de 20 000 habitants chacune. Ce sont des bases d'exportation de vanille et de bois tropicaux.

Biodiversité

Chute d'eau et sous-bois. La biodiversité de ces forêts est parmi les plus élevées du monde, de même que le taux d'endémisme.
L'uroplate (Uroplatus fimbriatus), un des reptiles endémiques extraordinaires de Madagascar.

Dix espèces de lémuriens, endémiques de Madagascar, y vivent. Parmi elles se trouve le Vari roux (Varecia variegata rubra) à pelage flamboyant et qui est endémique à la presqu’île.

La réserve de Nosy Mangabe est un des meilleurs emplacements pour apercevoir l’insaisissable Aye-aye nocturne. Si ce lémurien à queue d'écureuil et oreilles de chauve-souris figure parmi les espèces en voie d'extinction, c'est parce que les Malgaches le tiennent pour maléfique et le tuent.

Masoala abrite un bon nombre d’espèces particulières comme le gecko Phelsuma, l'uroplate, de nombreuses espèces de caméléons de toute taille, des oiseaux spectaculaires comme l'Eurycère de Prévost ou des espèces rares telles que l'effraie de Soumagne et la grenouille-tomate. Masoala abrite également le Chrysiridia rhipheus, un papillon spectaculaire. Le Serpentaire de Madagascar y a été récemment redécouvert et n'existe en grand nombre que dans cette partie nord-est de Madagascar.

La biodiversité marine et sous-marine n'est pas en reste ; 300 espèces de poissons fréquentent les récifs où 164 espèces de coraux ont été recensées, ainsi que 27 espèces de concombres de mer, des raies et requins récifaux dans le parc national de Masoala, et plus précisément dans les trois parcs marins :

  • Tampolo dans l'Ouest,
  • Ambodilaitry dans le Sud et
  • Ifaho dans l'Est.

Ces parcs figurent parmi les environnements marins les plus intéressants à Madagascar et sont des superbes destinations pour faire du kayak de mer et de la plongée en apnée.

Au cours de leur long voyage, des centaines de baleines à bosse visitent la baie d'Antongil chaque année, de juillet au début du mois de septembre. Les eaux chaudes protégées de la baie sont un lieu idéal pour ces magnifiques mammifères marins pour se reproduire et mettre au monde leurs baleineaux. La baleine franche australe est également présente, avec deux espèces de dauphins (Grand dauphin, Dauphin à ventre rose) qui côtoient quatre espèces de tortues marines et le rare dugong.

Culture

Les cultures traditionnelles sont encore actives, notamment dans le sud de la presqu'île. Les tabous ou fady concernant la forêt et les ancêtres sont encore respectés.

Accessibilité

On peut rejoindre le parc à partir des villes de Maroantsetra ou Antalaha. Un voyage par bateau à moteur est possible à partir de Maroantsetra. De la ville d’Antalaha, un voyage sur route vers le Cap-Est par taxi-brousse journalier ou par vélo tout-terrain aboutit au village de Masoala. Plusieurs Safari lodges de la presqu’île mènent sur le parc où six aires de camping sont maintenues. Des matériels de campement sont disponibles pour location à Maroantsetra. Les pistes principales pour les visiteurs se trouvent à Nosy Mangabe, à Tampolo/Ambodiforaha, et au Cap Est, et une promenade de plusieurs jours est possible à travers la presqu’île. Nosy Mangabe, Cap Est, Ambatolaidama et chacun des trois parcs marins possèdent des aires de camping. Plusieurs villages sont munis de bungalows ou de simples chambres d’hôte à coûts raisonnables. Antalaha et Maroantsetra offrent toute sorte d’hébergement avec les services des guides et des porteurs pour un voyage à travers la presqu’île.

Toute visite au parc doit être accompagnée d’un guide officiel agréé du parc[4]. Les scientifiques qui mènent des recherches dans le parc doivent demander une autorisation et obtenir un permis de recherche accordé par une Commission du parc chargée de la flore et de la faune, traduite en un contrat. Ils doivent aussi payer un droit d'entrée[5].

Classement

En , en faisant partie d'un groupe de parcs représentant la biodiversité des forêts pluviales de l'est du pays, Masoala fut proposé comme patrimoine mondial de l'UNESCO par le gouvernement malagasy. Les autres parcs nationaux inclus dans la nomination sont ceux de Marojejy, Zahamena, Mantadia, Ranomafana, Andringitra, Befotaka-Midongy et Andohahela. En 2007, ces parcs ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial sous le nom de forêts humides de l'Atsinanana.

Gestion

Le parc national de Masoala est géré par l’association nationale des parcs de Madagascar (ANGAP) avec l’association de Wildlife Conservation Society (WCS) et divers partenariats avec des scientifiques ou des institutions telles que le zoo de Zurich qui a reconstitué pour le public européen, sous serre, un environnement proche de celui de la forêt de Masoala.

Les parcs marins sont patrouillés par des gardes en kayak, avec le soutien du WWF, ce qui a permis de faire respecter le règlement de la pêche[6].

Néanmoins, malgré des aides au développement (incluant aide au commerce équitable et éthique de la vanille de Madagascar, production d'huiles essentielles, développement de l'écotourisme ou de tourisme scientifique..., du point de vue de la population locale, le parc est source de problèmes, notamment parce qu'il implique la perte des terres de subsistance pour l'agriculture (Keller 2008, 2009) ou à cause des pressions de trafiquants[7]. Les études faites dans le cadre du projet CITES “Étude du commerce important” ont montré - au vu du niveau des exportations de certaines espèces malgaches - que « trop souvent les exportations ont été autorisées sans connaissance des impacts éventuels sur la conservation »[7].

Le parc est partiellement financé par la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM).

Activités illégales dans le parc

La pression sur la forêt est importante à Madagascar, comme dans beaucoup de pays tropicaux. Les pressions sur la forêt de Masoala et sur ceux qui la protègent n'ont jamais tout à fait cessé, mais elles ont connu une nette recrudescence en 2009, en particulier de la part de trafiquants de bois précieux  « Bois de rose » (Dalbergia maritima)[8] et bois d'ébène[9]  illégalement coupés et exportés en dépit des progrès de la règlementation malgache sur la protection de la forêt[10].

Le braconnage dans le parc pose également problème[10] et les forces de l'ordre ainsi que les gardes des eaux et forêts ne sont actuellement pas assez équipés pour lutter contre les « voleurs d'arbres »[11],[12] travaillant pour le compte des réseaux mafieux de trafiquants de bois (Rosewood barons)[13]. Selon diverses sources jugées fiables par le zoo de Zurich et le « Cercle de Concertation des Partenaires Techniques et Financiers du Secteur Environnement »[14], mi-2009, environ 4 000 personnes étaient en train d'illégalement piller les bois précieux de cette forêt, campant, chassant et vendant également de la viande de brousse (de lémuriens notamment) avec plusieurs centaines d'arbres de bois de rose ou d'essences précieuses coupées par jour.

Les chefs des « voleurs de bois » sont armés et n'hésitent pas à intimider ou menacer la population et les gardes du parc. Des organismes tels que Global Witness et l'Environment Investigative Agency enquêtent pour mieux identifier les réseaux de trafic. Dans le même temps, des représentants d'ambassades de plusieurs pays, ainsi que la Banque mondiale et la Banque de développement « KfW » collaborent pour aider le « gouvernement intérimaire » malgache[Passage à actualiser] à venir à bout de cette crise qui semble être la plus grave que le parc ait traversé.

Galerie d'images

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. (en) Ivan R. Scales, Conservation and Environmental Management in Madagascar, Routledge, coll. « Earthscan Conservation and Development », , 398 p. (ISBN 978-1-136-30908-3, lire en ligne), p. 227.
  2. Source : Page du site Internet du Parc consacrée aux Aires protégées
  3. reportage L’impénétrable péninsule de Masoala dans le 8e épisode de la série Vu du ciel, consacré à Madagascar, par Yann Arthus-Bertrand
  4. Tarifs pour les guides
  5. Document cadrant la recherche dans le parc (version 2003)
  6. Doc. WF suisse (voir p. 13/30 (Consulté 2009 09 16)
  7. Lettre info TRAFFIC, du réseau Trafic du WWF, novembre 2003 (voir page 2 et page 11)
  8. Témoignage illustré sur le trafic de bois de rose à Masoala
  9. Madagascar, trafic de bois précieux (palissandre et ébène). La fièvre de l'or rouge saigne la forêt malgache - Univers Maoré n° 8, 13 juin 2009 (4 pages, [PDF] (fr))
  10. Exemple de constat accompagnant une pétition lancée par des acteurs locaux mi-2009, et reprise par le Journal La vérité (Voir aussi article, illustré, en malgache)
  11. Article intitulé « Les aires protégées menacées : la coupe illicite des arbres dans les réserves naturelles se révèle être un phénomène inquiétant. Le contrôle manque de rigueur. » Express de Madagascar Édition no 4412 du
  12. Informations sur le trafic de bois et de viande dans les forêts malgache du nord-est
  13. Communiqué de presse du zoo de Zurich intitulé Masoala – The Eye of the Forest massively threatened by illegal lumbering daté du
  14. CCPTF (Union of international partners in the field of ecology), organisme fédérant des banques (mondiale, de développement), des gouvernements et des institutions telles que l'UICN, qui a travaillé à la mise en place partenariale d'un code consensuel de bonne conduite pour le financement d'une gestion, restauration et exploitation durable de la forêt en Afrique, au Cameroun et Congo[Lequel ?] notamment. Ces partenaires ont créé un fond commun et s’engagent à partager systématiquement les informations pertinentes relatives au secteur Forêts Environnement
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