Parti de gauche (Suède)

Le Parti de gauche (en suédois : Vänsterpartiet), connu par son initiale « V », est un parti socialiste et écologiste de gauche suédois fondé en 1917, membre de l’Alliance de la Gauche verte nordique. Le parti s'est appelé successivement Parti social-démocrate de gauche de Suède (1917-1921), puis Parti communiste de Suède (1921-1967), puis Parti de gauche – Les communistes (1967-1990).

Pour les articles homonymes, voir Parti de gauche, Parti communiste suédois et V.

Parti de gauche
(sv) Vänsterpartiet

Logotype officiel.
Présentation
Président Nooshi Dadgostar
Fondation 1917
Scission de Parti social-démocrate suédois des travailleurs
Siège Kungsgatan 84, Stockholm
Organisation de jeunesse Jeunesse de gauche (en)
Positionnement Gauche[1],[2] à gauche radicale[3]
Idéologie Socialisme[4],[5],[6]
Féminisme[5],[6]
Euroscepticisme[6],[7]
Populisme de gauche[8]
Affiliation nordique Alliance de la Gauche verte nordique
Affiliation européenne Maintenant le peuple
Groupe au Parlement européen GUE/NGL
Couleurs rouge
Site web vansterpartiet.se
Présidents de groupe
Riksdag Jonas Sjöstedt
Parlement européen Manon Aubry et Martin Schirdewan (GUE/NGL)
Représentation
Députés
28  /  349
Députés européens
1  /  20
Conseillers de comté[9]
116  /  1597
Conseillers municipaux[10]
750  /  12780

Histoire

Scission sociale-démocrate : le Parti social-démocrate de gauche de Suède

Le Parti social-démocrate de gauche de Suède (Sveriges socialdemokratiska vänsterparti, SVV) fut fondé le par des dissidents de l'aile gauche du Parti social-démocrate, menés par Zeth Höglund et opposés à la participation du social-démocrate Hjalmar Branting au gouvernement du libéral Nils Edén[11]. Deux ans plus tard le parti annonce rejoindre le Komintern et ainsi son soutien à la révolution bolchévique[11].

Alignement sur Moscou : le Parti communiste de Suède

Premier groupe parlementaire communiste au Riksdag

Lors de son quatrième congrès en 1921, le Parti social-démocrate de gauche se transforma en Parti communiste de Suède (Sveriges kommunistiska parti, SKP), conformément à la dix-huitième condition d'admission à la IIIe Internationale[11].

En 1924, Zeth Höglund, suivi de 5 000 militants, quitta le Parti communiste, étant opposé à l'influence de Moscou sur l'Internationale communiste, pour fonder un parti du même nom, qui se fondit dans le Parti social-démocrate deux ans plus tard.

En 1929 la scission la plus importante dans l'histoire du parti intervint. Les députés Nils Flyg (sv), Karl Kilbom (sv), Ture Nerman, ainsi que la majorité des membres du parti furent exclus du Komintern. Sur les 17 300 membres que comptait alors le parti 4 000 demeurèrent loyaux à la ligne originelle. Les militants expulsés créèrent le Parti communiste de Suède (Kilbommare) (en) (également connu sous le nom de Parti socialiste). Ces derniers récoltèrent 5,32 % des suffrages exprimés lors de élections législatives de 1932 contre seulement 2,98 % pour le SKP.

Malgré la politique de neutralité de la Suède durant la Seconde Guerre mondiale, le SKP fut menacé d'interdiction en 1940[12]. Au lendemain de la guerre, bien qu'une circulaire gouvernementale établissait que l'expression d'opinions communistes ou la lecture de la presse communiste ne pouvaient constituer des motifs d'enregistrement dans les fichiers de la Police de sécurité, un recensement de l'ensemble des militants communistes fut organisé à partir d' pour des raisons de sécurité intérieure[12].

Les années 1960 représentèrent pour le SKP des années de divisions entre les partisans d'une ligne rénovatrice, favorable à un changement de nom du parti et à l'abandon de la mention « communiste » et les partisans d'une ligne plus traditionnelle. Entre 1964 et 1967, les membres du SKP discutèrent de la ligne à adopter, notamment en matière de politique internationale, ainsi que quant à la place du parti dans la société. Au terme de ces trois années, le secrétaire général du parti, Carl-Henrik Hermansson rappela l'attachement du parti à la démocratie parlementaire et se refusa à prendre position dans le conflit entre l'URSS et la République populaire de Chine, déniant par la même occasion au PCUS et au PCC un quelconque rôle dirigeant dans le bloc communiste[11].

Virage eurocommuniste : le Parti de gauche – Les communistes

Le virage programmatique de 1967 s'accompagna d'un changement de nom du parti, dès lors nommé Parti de gauche – Les communistes (Vänsterpartiet Kommunisterna, VPK). Le Printemps de Prague constitua un catalyseur des divisions au sein du VPK, ceux-ci se divisant en deux grands courants : une majorité condamnant l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie et une minorité orthodoxe et fidèle à Moscou; auxquels s'ajoutaient deux petits courants : des ultra-réformistes qui allaient rejoindre les sociaux-démocrates et un courant pro-chinois, qui quitta le VPK pour fonder leur propre formation, également nommée Parti communiste de Suède[13].

Les députés communistes commencèrent alors vers la fin des années 1960 à apporter leur soutien aux gouvernements dirigés par le Parti social-démocrate, remplaçant à ce rôle le Parti du centre. Les sociaux-démocrates bénéficiaient alors du maintien du VPK au-dessus des 5 % des suffrages exprimés, le parti représentant tout à la fois l'assurance d'une majorité parlementaire que le réceptacle du vote contestataire. Ce dernier point s'incarnait parfaitement dans les grandes campagnes menées par le parti en faveur de la Palestine et de Cuba ou encore contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud, au nom de l'internationalisme prolétarien[11].

En 1977, face à la ligne réformiste et eurocommuniste adoptée par le VKP, les partisans d'une ligne plus orthodoxe fondèrent le Parti de travailleurs - Les communistes, parti qui porta également le nom de Parti communiste de Suède en 1995[12].

Renouveau idéologique et électoral : le Parti de gauche

Lors de son 29e congrès en , le parti décida par un vote serré (136 voix pour, 133 contre) de changer son nom et d'abandonner le terme « communiste », pour devenir simplement le Parti de gauche (Vänsterpartiet)[11].

En 1998, le Parti de gauche obtient le meilleur score de son histoire lors d’élections générales, avec 12 % des suffrages exprimés au niveau national. Après les élections, le parti a passé un accord avec les sociaux-démocrates, leur apportant son soutien sans participer au gouvernement. Lors des élections de 2002, le Parti de gauche recule de 3 points au profit des sociaux-démocrates, les rapports de force entre droite et gauche demeurant quasi identiques. Le congrès de 2004 voit l’élection de Lars Ohly en tant que président du parti. À la fin de l’année, une de ses prédécesseurs, Gudrun Schyman quitte le parti, devant parlementaire indépendant. S’étant lui-même qualifié de communiste, M. Ohly est plus tard revenu sur ces déclarations. Lors de son congrès de 1996, le parti se présente comme féministe. Lors des élections générales de 2006, le Parti de gauche subit un recul important. Avec 5,8 % des suffrages exprimés et 22 sièges au Riksdag (− 8), il retrouve son niveau d'avant 1998. Ajoutée à la régression électorale de son allié social-démocrate au sein de la coalition rouge-verte sortante, cette perte de terrain aura permis à la droite d'opposition, rassemblée au sein de l'Alliance pour la Suède d'emporter une courte victoire.

Crédité d'intentions de vote peu encourageantes[14], alors que le gouvernement bat des records d’impopularité et que le Parti social-démocrate côtoie les 40 % d’intentions de vote dans les sondages, le Parti de gauche, par l’intermédiaire de Lars Ohly, annonce qu’il rejette catégoriquement toute idée de formation d’une nouvelle coalition rouge-verte en vue des prochaines élections générales. Reconnaissant que les compromis sont nécessaires mais qu’il souhaite aussi marquer sa différence et proposer aux Suédois une « alternative claire à gauche », M. Ohly souhaite tout de même maintenir les pourparlers avec les sociaux-démocrates et les verts, en précisant qu’il attend un geste de la part de ces deux partis. Cette nouvelle stratégie est justifiée par un désir de se différencier des autres partis traditionnels[15]. Après des tractations laborieuses, les trois partis de gauche annoncent finalement le la formation de leur première véritable coalition, baptisée « Les Rouges-verts », en vue des élections générales de 2010.

Aux élections européennes de 2009, le Parti de gauche perd l’un de ses deux sièges d’eurodéputé avec un score de 5,7 % des suffrages exprimés. Ce score équivalent à celui obtenu par le parti aux élections générales de 2006 est en revanche nettement inférieur à celui des élections européennes précédentes (moins 7 points). Son élue, Eva-Britt Svensson, est la dernière représentante de l’Alliance de la Gauche verte nordique parmi les 35 eurodéputés du groupe GUE/NGL. Candidate au poste de présidente du Parlement européen, elle recueillera 89 voix, contre 555 à son seul adversaire, le conservateur polonais Jerzy Buzek[16].

Au lendemain des élections législatives de 2014, le Parti de gauche décide un soutien sans participation au gouvernement minoritaire des sociaux-démocrates alliés aux écologistes, mais à la condition que le gouvernement revienne sur les privatisations. Le parti propose également l’interdiction des profits dans les secteurs de la santé et de l’éducation pour les entreprises privées qui dépendent directement de crédits publics. En 2018, Jonas Sjöstedt, président du Parti de gauche, critique l’ambivalence des sociaux-démocrates : « Dans leur course au pouvoir, ils mènent une politique qui intègre la nouvelle gestion publique. Ils favorisent l’emprise croissante du marché[17]. » Le Parti de gauche renonce à son soutien au gouvernement en juin 2021 à la suite d'un projet gouvernemental visant à alléger les règles sur l'encadrement des loyers[18].

Idéologie

Le parti de gauche soutient le fait qu'il n'y a pas d'égalité sociale en matière de genre, en Suède. Le parti est favorable à la création d'un ministère de l'égalité sociale et de l'apprentissage de l'« auto-défense féministe » dans les lycées[19]. Le parti est aussi favorable à la mise en place d'une « aide spéciale à l'emploi » pour les réfugiés arrivée en Suède. Le parti est aussi eurosceptique.

Sur le plan international, le parti soutient la solution à deux États dans les frontières de 1967 pour résoudre le conflit israélo-palestinien, ainsi que le boycott contre Israël[20],[21].

Le parti propose des mesures environnementales tel que la préservation et la sauvegarde de la biodiversité, l'introduction d'instruments réduisant l'utilisation des pesticides et du fumier dans l'agriculture, renforcer les considérations environnementales dans la législation, interdire le rayonnement de fond pour une pêche professionnelle durable. Le code de l'environnement et la législation minérale devraient être renforcés et la proportion de zones naturelles protégées de valeur devrait être augmentée afin de respecter les obligations internationales en matière de biodiversité. Il prévoit également d'accélérer les mesures de protections environnementales pour accomplir les objectifs que la Suède s'est engagée d'atteindre d'ici 2020[22].

Dirigeants

Résultats électoraux

Élections parlementaires

Année Députés Votes  % Rang
1917
11  /  230
59 243 8,0 4e
1920
7  /  230
42 056 6,4 6e
1921
7  /  230
80 355 4,6 5e
1924
4  /  230
63 301 3,6 6e
1928
8  /  230
151 567 6,4 5e
1932
2  /  230
74 245 3,0 7e
1936
5  /  230
96 519 3,3 6e
1940
3  /  230
101 424 3,5 5e
1944
15  /  230
318 466 10,3 5e
1948
8  /  230
244 826 6,3 5e
1952
5  /  230
164 194 4,3 5e
1956
6  /  231
194 016 5,0 5e
1958
5  /  231
129 319 3,4 5e
1960
5  /  232
190 560 4,5 5e
1964
8  /  233
221 746 5,2 5e
1968
3  /  233
145 172 3,0 5e
1970
17  /  350
136 659 4,8 5e
1973
19  /  350
274 929 5,3 5e
1976
17  /  349
258 432 4,8 5e
1979
20  /  349
305 420 5,6 5e
1982
20  /  349
308 899 5,6 5e
1985
19  /  349
298 419 5,4 5e
1988
21  /  349
314 031 5,8 5e
1991
16  /  349
246 905 4,5 7e
1994
22  /  349
342 988 6,2 5e
1998
43  /  349
631 011 12,0 3e
2002
30  /  349
444 854 8,39 5e
2006
22  /  349
324 722 5,9 6e
2010
19  /  349
334 053 5,6 7e
2014
21  /  349
356 331 5,7 6e
2018
28  /  349
518 454 8,0 5e

Élections européennes

Année Députés Votes % Rang Groupe
1995
3  /  22
346 764 12,9 4e GUE/NGL
1999
3  /  22
400 073 15,8 3e GUE/NGL
2004
2  /  19
321 344 12,8 4e GUE/NGL
2009
1  /  18
179 182 5,7 6e GUE/NGL
2014
1  /  20
234 272 6,3 7e GUE/NGL
2019
1  /  20
282 300 6,8 7e GUE/NGL

Notes et références

  1. (en) Josep M. Colomer, Comparative European Politics, Routledge, , 320 p. (ISBN 978-1-134-07354-2, lire en ligne).
  2. Swedish Left Party Surges in Polls with Focus on Climate Action & Fighting Privatization. Democracy Now. Published 3 July 2014. Retrieved 30 March 2017
  3. (en) Luke March, Contemporary Far Left Parties in Europe : From Marxism to the Mainstream?, Berlin, Friedrich-Ebert-Stiftung, , 20 p. (ISBN 978-3-86872-000-6, lire en ligne), p. 3.
  4. Swedish Left Party Surges in Polls with Focus on Climate Action & Fighting Privatization. Democracy Now. Published 3 July 2014. Retrieved 30 March 2017.
  5. Political and Economic Dictionary of Western Europe, Routledge, (ISBN 978-1-135-35547-0, lire en ligne), p. 225
  6. (en) Wolfram Nordsieck, « Sweden », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  7. (en) Aleks Szczerbiak et Paul A. Taggart, Opposing Europe? : the comparative party politics of Euroscepticism, Oxford, Oxford University Press, , 285 p. (ISBN 978-0-19-925830-7), p. 183.
  8. « Timbro Authoritarian Populism Index »
  9. "2014: Val till landstingsfullmäktige - Valda", Valmyndigheten, 2014-09-28
  10. "2014: Val till kommunfullmäktige - Valda", Valmyndigheten, 2014-09-26
  11. José Gotovitch, Pascal Delwit et Jean-Michel de Waele, L'Europe des communistes, Paris, Complexe Eds, .
  12. Cyril Coulet, « Suède. Quel espace politique pour la gauche radicale ? », Grande Europe, no 16, .
  13. Stéphane Courtois, « La crise des identités communistes en Europe Occidentale », Communisme, no 17, .
  14. (en) « Opposition extends poll lead », sur The Local, .
  15. (en) « Left Party leader rejects common election platform », sur The Local, .
  16. « Un homme de l'Est pour la première fois à la tête du Parlement européen », AFP, 14/07/2009
  17. Violette Goarant, « En Suède, au nom de la « liberté de choix » »,
  18. « Suède-Le Parti de gauche veut une motion de défiance contre le Premier ministre Lofven », sur Boursorama,
  19. Feminism « https://web.archive.org/web/20100819152954/http://www.vansterpartiet.se/index.php?option=com_content&view=article&id=2798&catid=486&Itemid=857 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), .
  20. Israel och Palestina « https://web.archive.org/web/20100819153323/http://www.vansterpartiet.se/index.php?option=com_content&view=article&id=2815&catid=486&Itemid=857 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), .
  21. Befria Gaza - Bojkotta Israel! « https://web.archive.org/web/20101130141913/http://www.vansterpartiet.se/index.php?option=com_content&view=article&id=1954%3Abefria-gaza-bojkotta-israel-&catid=318%3Autrikespolitik&Itemid=246 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), .
  22. (sv) « Biologisk mångfald », Vänsterpartiet, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

  • Portail de la politique
  • Portail du communisme
  • Portail de l’écologie politique
  • Portail de la Suède
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.