Parti libéral du Japon
Le nom de Parti libéral (自由党, Jiyutō) fut porté par plusieurs mouvements politiques se réclamant du libéralisme dans l'histoire du Japon.
Deux partis durant la période de mise en place des institutions de la révolution Meiji, à la fin du XIXe siècle :
- le Parti libéral fondé le par Taisuke Itagaki sur la base du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple (自由民権運動, Jiyū minken undō), premier parti politique japonais au sens moderne du terme défendant l'établissement d'une démocratie sur le modèle occidental et la défense des droits de l'Homme et des libertés individuelles, dissous le .
- le Parti libéral constitutionnel (立憲自由党, Riken-jiyutō) fondé le par Kentarō Ōi et Chōmin Nakae, deux autres figures avec Itagaki du Jiyū minken undō, ainsi que 130 des 300 députés de la première Chambre des représentants qui vient d'être élue. Ce mouvement participe à la création et se dissout le dans le Parti constitutionnel (憲政党, Kenseitō).
Trois partis durant la période de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, entre 1945 et 1955 :
- le Parti libéral fondé en par d'anciens membres des deux principaux partis partisans d'un régime constitutionnel démocratique avant la guerre : le Rikken Seiyūkai (plutôt conservateur, dont Ichirō Hatoyama et Hitoshi Ashida) et le Rikken Minseitō (plutôt centriste, dont Bukichi Miki). La plupart de ses dirigeants (son président Hatoyama notamment) sont touchés par l'épuration politique mise en place par le Commandement suprême des forces alliées qui met en avant un ancien diplomate, Shigeru Yoshida. Celui-ci préside le parti de 1946 à 1954 et est Premier ministre de 1946 à 1947 et de 1948 à 1954, mettant l'accent sur la reconstruction économique du pays comme meilleur moyen de retrouver une certaine notabilité sur la scène internationale. Il porte le nom de 1948 à 1950 de Parti démocrate libéral (民主自由党, Minshu-jiyutō) après avoir absorbé plusieurs dissidents du Parti démocrate (民主党, Minshutō), formation centriste et conservatrice fondée en 1947 par le parti progressiste et certains cadres des premiers temps du parti libéral comme Hitoshi Ashida, qui reprochent à leur mouvement de s'être allié avec le Parti socialiste. Il retrouve son simple nom de parti libéral en 1950.
- le Parti libéral dit Parti libéral séparatiste (分党派 自由党, Buntōha Jiyutō) ou Parti libéral (faction Hatoyama) (自由党 (鳩山派), Jiyutō (Hatoyama-ha)) car fondé le par Ichirō Hatoyama et ses derniers partisans dans le camp libéral à la suite de son retour en politique après sa période de traversée du désert due à la « purge » de 1946. S'engage alors une lutte de personne, plus qu'idéologique, avec Yoshida pour la domination de la droite et qui sera à l'origine, lorsque les deux tendances fusionneront finalement en 1955 pour former le Parti libéral-démocrate (PLD), du jeu des factions qui domine encore la politique interne de ce parti. Quoi qu'il en soit, cette dissidence entraîne le vote d'une motion de censure contre Shigeru Yoshida et donc l'organisation d'élections anticipées. Toutefois, si celles-ci entraînent la perte de la majorité absolue pour la faction Yoshida, celui-ci garde une nette avance sur le camp de son rival et Hatoyama réintègre le Parti libéral initial dès .
- le Parti libéral du Japon fondés après le ralliement momentané de Ichirō Hatoyama au Parti libéral par le noyau dur anti-Yoshida constitué d'autres vétérans de la politique japonaise victimes de la purge de 1946, dont surtout Bukichi Miki et Ichirō Kōno. En , ils fusionnent avec les libéraux pro-Hatoyama (qui a de nouveau fait sécession) et le Parti réformateur (héritier de l'ancien Parti démocrate et de plusieurs petits mouvements conservateurs ou centristes marginaux) pour créer le Parti démocrate du Japon (PDJ) qui entraîne la chute de Shigeru Yoshida et l'accession d'Ichirō Hatoyama au poste de Premier ministre. La mise en retrait de Yoshida favorise le rapprochement des deux ailes rivales de la droite japonaise et la création du PLD.
Deux partis défendant tous deux des principes de dérégulation, de déréglementation et de lutte contre la bureaucratie dans les années 1990 :
- le Parti libéral fondé en par six parlementaires de l'aile libérale du PLD, alors dans l'opposition depuis pour la première fois depuis sa création en 1955, hostiles à la direction du parti et en particulier à son président, Yōhei Kōno, jugé trop « à gauche ». Emmenés par Kōji Kakizawa, ils rejoignent la coalition anti-PLD et Kakizawa est ministre des Affaires étrangères dans l'éphémère gouvernement de Tsutomu Hata (lui aussi un libéral dissident du Parti libéral-démocrate en 1993). Le , ce gouvernement chute du fait d'une grande coalition formée entre le PLD et le Parti socialiste. Le parti libéral fait alors partie de l'Union pour une réforme libérale, fédération de plusieurs petits mouvements créés à la suite de nouveaux départs du grand parti de centre-droit opposés à cette alliance avec la gauche et qui soutiennent la candidature de l'ancien Premier ministre Toshiki Kaifu au poste de Premier ministre contre le leader socialiste Tomiichi Murayama soutenu par la direction libérale-démocrate (et qui est finalement élu). Le , le Parti libéral se dissout dans un grand parti fédérant l'ensemble de l'opposition de centre droit à la grande coalition, le Shinshintō.
- le Parti libéral fondé le par les partisans d'Ichirō Ozawa, dernier président du Shinshintō qui vient d'exploser. Un temps allié du PLD dans une coalition gouvernementale de à , il retrouve ensuite l'opposition et se dissout le dans le Parti démocrate du Japon (PDJ), mouvement de centre voire désormais de centre gauche sur l'échiquier politique japonais.
Un parti plus social-libéral et populiste, défendant une forte décentralisation et une sortie du nucléaire civil, a été formé dans les années 2010 :
- le Parti libéral fondé le par un changement de nom de l'ancien « Parti de la vie du peuple, Taro Yamamoto et compagnie », également présidé par Ichirō Ozawa, dissident en 2012 du PDJ, et de l'ancien acteur et activiste anti-nucléaire Tarō Yamamoto. Il siège dans l'opposition de centre-gauche au gouvernement PLD dirigé par Shinzō Abe, et envisage de coopérer avec le PDJ, le Parti communiste japonais (PCJ) et le Parti social-démocrate (PSD) pour provoquer une alternance.
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