Paul Magnaud
Jean Marie Bernard Paul Magnaud, né le à Bergerac (Dordogne) et mort le à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), est un magistrat et homme politique français.
Juge Tribunal civil de la Seine (d) | |
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Député de la Seine | |
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Président Tribunal civil de Château-Thierry (d) | |
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Jean Héré (d) Lucien Binet-Gallot (d) |
Naissance | |
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Décès |
(à 78 ans) Saint-Yrieix-la-Perche |
Nom de naissance |
Jean Marie Bernard Paul Magnaud |
Surnom |
Le Bon Juge |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Parti politique | |
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Distinctions |
Biographie
D'abord inscrit au barreau de Paris, il entre dans la magistrature en 1880. Il fut substitut à Doullens, juge d'instruction à Montdidier, puis Senlis et Amiens, et président du tribunal civil de Château-Thierry entre le et le , date à laquelle il est élu député radical-socialiste de la Seine. Il ne se représente pas en 1910 et devient juge au tribunal de la Seine, puis conseiller à la cour d'appel de Paris.
Mort sans enfant, il était marié à la féministe Marie-Thérèse Beneix[1], filleule de George Sand.
Affaire Louise Ménard
Le , le juge Magnaud relaxe Louise Ménard, une jeune fille-mère qui avait dérobé du pain chez un boulanger de Charly-sur-Marne parce qu'elle n'avait rien mangé depuis deux jours. Le juge fonde sa décision, confirmée par la cour d'appel d'Amiens le , sur l'état d'absolue nécessité de la prévenue, en interprétation des dispositions de l'article 64 du code pénal. Il rembourse lui-même le coût du vol au dit boulanger.
Cette affaire fait la une de la presse parisienne à l'époque et lui vaut le surnom de « bon juge », attribué par Georges Clemenceau, et qui sera ensuite inscrit sur sa pierre tombale.
En 1994, le code pénal reconnaît officiellement l'« état de nécessité »[1].
Autres avancées
Dans l'affaire Eulalie Michaud, il défend cette fille-mère en fustigeant « cette lacune de notre organisation sociale, laissant à une fille-mère toute la charge de l’enfant qu’elle a conçu, alors que celui qui, sans aucun doute, le lui a fait concevoir, peut se dégager allègrement de toute responsabilité matérielle »[1].
Plusieurs autres affaires sont explicitées, analysées et mises en perspective, dans une synthèse de Jean Touzet, procureur général honoraire près la cour d'appel de Reims[2].
Distinctions
- Décorations françaises[3]
- Chevalier de la Légion d'honneur (décret du )[4]
- Officier de la Légion d'honneur (décret du )
- Commandeur de la Légion d'honneur (décret du )[5]. Parrain : l'architecte, critique d'art et homme de lettres Frantz Jourdain
- Officier de l'ordre des Palmes académiques, à l'époque « Officier de l'Instruction publique »[6]
- Chevalier de l'ordre du Mérite agricole[7]
- Décorations étrangères[8]
- Commandeur du Nichan Iftikhar (Tunisie)
- Officier de l'ordre de la Couronne (Roumanie)
- Chevalier de l'ordre de Sainte-Anne (Russie).
Paul Magnaud et la postérité
- en littérature
- 1900 : Jean Marteau - II - La Loi est morte mais le juge est vivant, récit profitable d'Anatole France dans lequel on fait l'apologie du discernement du juge Magnaud.
- au théâtre
- 1901 : Le Bon Juge, comédie en 3 actes d'Alexandre Bisson, au théâtre du Vaudeville (), avec Félix Huguenet dans le rôle-titre.
- au cinéma
- 1909 : Le Bon Juge, court-métrage (150 mètres) de Léonce Perret, également interprète du rôle-titre.
- 1913 : Le Bon Juge, court-métrage (720 mètres) de Georges Monca, d'après la pièce d'Alexandre Bisson (1901), avec Charles Prince dans le rôle-titre.
- dans les arts
- 1901 : Portrait du président Magnaud, huile sur toile par le peintre Maxime Dastugue, exposé au Salon des artistes français de Paris en (n° 573 du catalogue de l'exposition)[9],[10]. Localisation actuelle inconnue.
- 1902 : Portrait de Paul Magnaud, président du tribunal de Château-Thierry, buste en plâtre par le sculpteur Henri Godet, exposé au Salon des artistes français de Paris en (n° 2515 du catalogue de l'exposition)[11]. Localisation actuelle inconnue.
- 1903 : Paul Magnaud, buste en marbre[12] par le sculpteur Henri Godet, exposé au Salon des artistes français de Paris en mai 1903 (n° 2805 du catalogue de l'exposition) et offert par souscription au magistrat en [13],[14]. Localisation actuelle inconnue[15].
- 1946 : Le président Magnaud, médaille en bronze par le graveur Albert Herbemont[16] exposée au Salon d'hiver de Paris en (n° 137 du catalogue de l'exposition[17]). Localisation actuelle inconnue.
Bibliographie
- Henri Leyret, Les jugements du président Magnaud, Paris, P.V. Stock éditeur, 1900, 493 p. lire en ligne sur Gallica.
- Henri Leyret, Les nouveaux jugements du président Magnaud, Paris, Schleicher frères & Cie éditeurs, 1903, 246 p. disponible sur Internet Archive
- Jules Cauvière, Le « bon juge » : étude de mœurs contemporaines, Paris, Lethielleux, 1907 lire en ligne sur Gallica.
- Arnaud-Dominique Houte, « Le bon juge Magnaud et l'imaginaire de la magistrature à l'aube du XXe siècle », Délibérée, Paris, La Découverte, no 5 « Qu'est-ce qu'un juge impartial ? », , p. 38-42 (ISBN 9782348040771, DOI 10.3917/delib.005.0038, lire en ligne).
- Henri Leyret, Les jugements du président Magnaud réunis et commentés par Henri Leyret, Paris, P.V. Stock éditeur, 1911, 346 p.
- Jean Jolly, « Paul Magnaud », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 , 1960.
- André Rossel, Le bon juge, À l'Enseigne de l'Arbre verdoyant, 1983, 207 p.
- Marie-Anne Frison-Roche, « Le modèle du bon juge Magnaud », dans De code en code : mélanges en l'honneur du doyen Georges Wiederkehr, Paris, Dalloz, 2009, p. 335-342 (ISBN 978-2247083534), lire en ligne.
- Mohamed Sadoun, Paul Magnaud, le « bon juge », préface d’Henri Leclerc, Paris, Riveneuve éditions, 2011 (ISBN 978-2360130504). Réédition : 2020 (ISBN 978-2-297-09275-3)
- Le Bon juge Paul Magnaud, billet du Blog de la BNF, 2013.
- Jean Touzet, « Les mésaventures d'un 'bon juge' presque champenois », dans Travaux de l'Académie nationale de Reims. Mélanges académiques, vol. 188, 2020, p. 277-293.
Notes et références
- Pascale Robert-Diard, « Le juge Magnaud, défenseur de la cause des femmes », sur Le Monde, (consulté le ).
- Jean Touzet, « Les mésaventures d'un 'bon juge' presque champenois », Travaux de l'Académie nationale de Reims, vol. 188, , p. 277-293
- Ces différentes décorations figurent dans son dossier à la chancellerie de la Légion d'Honneur. Base Léonore. Dossier LH/1685/69.
- Ministère de la Guerre. Légion d'Honneur. Journal Officiel, 14 juillet 1897, p. 3991, lire en ligne sur Gallica.
- Le Bon Juge commandeur de la Légion d'Honneur. Comoedia, 19 septembre 1923, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
- Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Officiers de l'Instruction publique. Journal Officiel, 9 février 1903, p. 749, lire en ligne sur Gallica.
- Ministère de l'Agriculture. Grade de chevalier. Journal Officiel, 30 juillet 1905, p. 4671, lire en ligne sur Gallica.
- Ces décorations figurent également dans son dossier à la chancellerie de la Légion d'Honneur et plus précisément sur ses états de services § Décorations étrangères (vue 16/30). On les voit distinctement sur la photographie de Paul Magnaud par Nadar (agrafées sur sa robe pour les décorations roumaine et russe, portée en cravate pour la décoration tunisienne).
- Le Salon. Société des artistes français. Le vernissage. Salle 18. La Lanterne, 2 mai 1901, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
- Trop de fleurs ! Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, 25 juin 1901; p. 1, lire en ligne sur Gallica.
- Sculpture. Godet (Henri). Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture [...], 1er mai 1902, p. 264, lire en ligne sur Gallica.
- Il s'agit de la réplique du buste en plâtre présenté au Salon de 1902.
- Hommage au président Magnaud. Le buste du bon juge. Le XIXe siècle, 26 mars 1903, p. 1, lire en ligne sur Gallica.
- Au jour le jour. Hommage au président Magnaud. Le Temps, 1er novembre 1903, p. 3, lire en ligne sur Gallica
- On perd sa trace après le décès de Paul Magnaud en 1926. Aurait été offert par sa veuve à la commune de Saint-Yrieix-la-Perche (sous réserve de vérification).
- Auguste Albert Herbemont (1874-1953), sculpteur et graveur en médailles, était un élève de Jules Chaplain. Chevalier de la Légion d'Honneur (1937).
- 38e Salon d'hiver 1946. Explication des œuvres exposées. Catalogue des œuvres exposées, 30 novembre-31 décembre 1946, p. 16, lire en ligne sur Gallica.
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Notice sur Picardia
- Le jugement du 4 mars 1898 du président Paul Magnaud sur gallica.bnf.fr
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