Paul Rohrbach

Karl Albert Paul Rohrbach, né le à Irgen près de Goldingen en Courlande et mort le à Langenbourg (Land de Wurtemberg), est un théologien protestant et fonctionnaire de l'administration coloniale germano-balte, également essayiste politique et auteur de récits de voyages. Ses écrits de l'entre-deux-guerres le rapprochent de la mouvance nazie[2], mais il s'en détourna après l'affaire du meurtre de Potempa en 1932[réf. nécessaire].

Pour les articles homonymes, voir Rohrbach et Paul Rohrbach (botaniste).

Paul Rohrbach
Paul Rohrbach en 1931.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Hans Rohrbach (en)
Autres informations
A travaillé pour
Handelshochschule Berlin (d)
Religion
Église évangélique (d)
Partis politiques
Archives conservées par

Vues sur la Russie

Dans les années 1890, il fuit en Allemagne la politique de russification pratiquée par l'Empire des Romanov. Il est l'un des Allemands de la Baltique qui inspirent à Hitler son racisme antislave et ses projets d'expansion à l'est[3],[4].

En 1909, il écrit que

« La Russie n’est pas un membre de la famille culturelle occidentale, n’est pas une puissance qui ait longtemps dépendu, pour sa force interne, des grandes forces morales de l’Occident. Elle possède au contraire l’esprit tatar, qui vise à la destruction de toutes les formes de vie libre, à l’oppression des peuples conquis et à l’annihilation des cultures supérieures[5]. »

Thèses colonialistes

Dans les années 1900, il théorise l'extermination des populations noires, si elles refusent l'asservissement aux colons allemands, ce qui sert de justification aux yeux des militaires décidés, en 1904, à faire mourir les Hereros jusqu'au dernier[6].

En 1934, il s'en prend vivement à l'administration française au Cameroun, qui accorde l'égalité civique à certains Noirs locaux, dès lors qu'ils ont atteint un certain niveau d'instruction : « Pareille chose est impossible pour notre sentiment de race. Il y a là aussi le danger que les nègres, — d'abord une élite privilégiée parmi eux mais ensuite aussi les masses — perdent tout sentiment de l'autorité de l'homme blanc. Nul n'a plus de penchant à l'arrogance grotesque que le nègre “civilisé”[7]. »

En 1935, il maintient ce qu'il soutenait dans les années 1900 :

« L'infériorité des races africaines n'est pas momentanée, mais durera toujours ; elles auront toujours besoin d'être guidées par nous […] Nous proclamons notre droit sur une partie du travail des races indigènes africaines. C'est seulement quand il aura appris à créer des valeurs au service de la race supérieure que l'indigène se sera acquis un droit moral à l'existence[8]. »

Le volume dont est extrait ce passage est inclus dans la bibliographie du parti nazi[9].

Engagement arménophile

Il commence à soutenir les Arméniens dans les années 1890[10]. En 1914, il cofonde l'Association Allemagne-Arménie, aux côtés de Johannes Lepsius et d'Ardaches Apeghian, puis la préside de 1925 à sa mort, en 1956.

En 1933, il soutient Drastamat Kanayan dans ses démarches et convainc le gouvernement du Troisième Reich que les Arméniens sont des Aryens[11]. Il fait paraître, l'année suivante, un ouvrage collectif défendant cette thèse, avec, entre autres, une contribution arménophile de Johann von Leers[12]. Le volume est traduit en italien en 1938, à l'initiative de Lauro Mainardi, spécialiste du Caucase pour le régime mussolinien et cadre du Parti national fasciste[13].

Notes et références

  1. « https://open-data.bundesarchiv.de/ »
  2. Victor Klemperer. LTI, la langue du IIIe Reich. Paris : Éditions Albin Michel, 1996. (ISBN 2-266-13546-5). Traduit de l'allemand et annoté par Élisabeth Guillot. Note de bas de page, p. 216.
  3. Yves Vaughan, « Hitler et les Russes blancs — De 1919 à 1943 », France (journal quotidien paraissant à Londres avec le patronage de l'Association des Français de Grande-Bretagne), n° 983, 26 octobre 1943, p. 2.
  4. Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Barbarossa : 1941. La guerre absolue, Paris, Passés/Composés, 2019, pp. 32, 36 et 38.
  5. Cité dans Henry C. Meyer, « Rohrbach and His Osteuropa », Russian Review, volume II, n° 1, automne 1942, p. 62.
  6. David Olusoga et Casper Erichsen, The Kaiser’s Holocaust, Londres, Faber & Faber, 2010, p. 112.
  7. Paul Rohrbach, « L'œuvre de la France au Cameroun », Berliner Börsen-Zeitung, 18 avril 1934, traduit dans Bulletin quotidien de presse étrangère, n° 5 628, 23 avril 1934, p. 5.
  8. Paul Rohrbach, Deutschlands Koloniale Forderung, Hambourg, 1935, cité et traduit dans Les Exigences coloniales du IIIe Reich, Paris, Comité international Paix et liberté, 1939, p. 14.
  9. Wolfe Schmokel, Dream of Empire: German Colonialism, 1919-1945, New Haven-Londres, Yale University Press, 1964, p. 50.
  10. Paul Rohrbach, In Turan und Armenien auf den Pfaden russischer Weltpolitik, Berlin, Georg Stifke, 1898.
  11. Yves Ternon, La Cause arménienne, Paris, Le Seuil, 1983, p. 131.
  12. Armeniertum-Ariertum, Berlin, Verlag der Deutsch-Armenischen Gesellschaft, 1934.
  13. Enrico Ferri, « The Armenian Diaspora in Italy. Rights Sought and Denied », Oriente Moderno, n° 95, 2015, p. 293.

Liens externes

  • Portail de la littérature
  • Portail de l'Empire allemand
  • Portail de la république de Weimar
  • Portail du monde colonial
  • Portail des religions et croyances
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.