Université de Tartu
L’université de Tartu est la principale université d’Estonie.
Fondation |
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Type |
Université publique multidisciplinaire |
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Forme juridique |
Personne morale de droit public (d) |
Nom officiel |
Tartu Ülikool (Estonien) Universitas Tartuensis (Latin) University of Tartu (Anglais) |
Régime linguistique | |
Fondateur | |
Recteur |
Toomas Asser |
Membre de | |
Site web |
Étudiants |
14 652 (en 2021)[1] |
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Pays | |
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Ville |
Tartu (siège) |
Fondée en 1632 par le Baron Johan Skytte, avec le soutien du Roi de Suède (qui a colonisé la région appelée à cette époque Livonie), elle est imaginée sur le modèle de la prestigieuse Université d’Uppsala, créée plus d’un siècle plus tôt.
Rouverte en 1802 lorsque la ville de Tartu (alors appelée Dorpat) est une composante de l’Empire Russe, l’Université est alors gérée et fréquentée par les familles de la noblesse allemande locale, à qui l’Empire a laissé une large autonomie.
Elle devient tout au long du XIXe siècle une université européenne de premier plan, permettant des échanges intellectuels et scientifiques entre le monde germanique et russe, ce qui lui permet d’attirer et de former un grand nombre de chercheurs reconnus. On compte notamment Karl Ernst von Baer, Friedrich Georg Wilhelm von Struve, Alexander Schmidt ou encore Wilhelm Ostwald (Prix Nobel de Chimie au début du XXe siècle).
À la fin du XIXe siècle, l’Empire russe voit d’un mauvais œil cette ilot germanique au moment où se développe l’Empire allemand et démarre une vague de russification de l’enseignement dont l’Université fait les frais.
En parallèle, l’Université de Tartu devient paradoxalement l’un des plus importants vecteurs du « réveil national » estonien, qui mène progressivement à l’indépendance de l’Estonie en 1918. Elle permet à la ville de Tartu de devenir le berceau intellectuel et culturel du pays.
À partir de la Seconde Guerre mondiale, l’université ainsi que la ville et le pays tout entier sont envahis puis contrôlés par l’Union soviétique, puis par l’Allemagne nazie, et à nouveau par l’URSS à partir de la fin de la guerre. Sous l’occupation soviétique, l’Université se coupe d’une partie de ses échanges internationaux à l’Ouest.
Après le rétablissement de l’indépendance de l’Estonie en 1991, l’Université doit attendre 1992 pour retrouver son autonomie académique. Elle finit par adopter les standards des universités européennes au début des années 2000.
Histoire
Fondée par les Suédois comme partie intégrante de leur politique coloniale en Estonie, l’Academia Gustaviana est la seconde université fondée en territoire suédois après l'Université d'Uppsala. Un lycée jésuite qui exista entre 1583 et 1601, à l'époque où Dorpat (aujourd'hui Tartu) est sous administration polonaise, peut être également considéré comme un précurseur de l'Académie. Gustave II Adolphe de Suède signe la charte de fondation de l'université le , puis l’Academia Gustaviana est inaugurée le 25 octobre suivant[2]. En difficulté jusqu'en 1710 et déplacée à Pernau (aujourd'hui Pärnu), l'université est refondée en 1802 sur l'ordre de l'empereur réformateur Alexandre Ier de Russie à laquelle l'Estonie actuelle (qui se partageait alors entre le gouvernement d'Estland et le gouvernement de Livonie) était rattachée depuis la défaite suédoise de . Le premier recteur élu est Georges-Frédéric Parrot, né à Montbéliard en .
Entre 1802 et 1893, la langue d'enseignement est exclusivement l'allemand, puis de 1893 à 1917 l'allemand conjointement avec le russe. Durant cette époque, Dorpat jouit d'une double nature : université de langue allemande et université de langue russe. Les Russes financent et gèrent administrativement l'université, mais le corps professoral est allemand (plus de la moitié des professeurs viennent d'Allemagne, un tiers au moins sont des Allemands de la Baltique). En fait, parmi les trente universités de langue allemande, dont vingt-trois à l'intérieur de l'Empire allemand, Dorpat occupe la onzième place en taille. L'université éduque l'élite germano-balte, les futurs cadres de l'État russe et des entreprises, ainsi que les futurs médecins et professionnels des services sanitaires pour l'ensemble de la Russie. Entre 1860 et 1880, son âge d'or, l'université est de niveau international.
Dans le même temps, la conscience nationale estonienne s'y développe autour de la Société des étudiants estoniens, fondée en et reconnue en , qui adopte comme couleurs le bleu, le noir et le blanc et crée l'actuel drapeau de l'Estonie en .
Son statut d'université allemande prend fin avec la montée des tendances nationalistes en Russie qui privilégient l'uniformité plutôt que le maintien de la diversité bi-culturelle. Entre 1882 et 1898, une russification partielle, des nominations de professeurs russes, sont imposées, à quelques exceptions près. Ainsi la faculté de théologie est autorisée à dispenser son enseignement en allemand jusqu'en 1916, bien que le clergé orthodoxe considérât qu'elle propageait des opinions protestantes dangereuses. En 1898, l'université est rebaptisée université de Youriev (ancien nom de la ville en vieux-russe). À ce moment-là, tous les savants d'Allemagne l'ont quittée, laissant la place à des professeurs russes ou allemands de la Baltique (alors sujets de l'Empire). L'université de Youriev existe jusqu'en 1918. Elle est même rouverte quelque temps en automne sous l'occupation allemande. Le personnel et les étudiants trouvent refuge à Voronej en Russie, ce qui provoque la fondation de l'université d'État de Voronej qui fait donc remonter son histoire à l'université de Dorpat, et possède toujours des propriétés de cette dernière. Il y a donc deux héritières de l'université impériale de Dorpat, celle, estonienne, de Tartu, et celle, russe, de Voronej.
En 1919, l'université de Tartu est fondée en tant qu'établissement estonien et reste ouverte jusqu'en 1940. Après un bref intermède soviétique en 1940, elle revient sous autorité allemande entre 1941 et 1944 et s'appelle à nouveau Dorpat. Depuis 1944, elle s'appelle université de Tartu. Durant la période soviétique (1944-1991), l'estonien est la principale langue d'enseignement, même si certains cours sont donnés en russe et si des diplômes russes existent. C'est encore vrai aujourd'hui, après que l'Estonie a retrouvé son indépendance. Le retour d'une autonomie académique totale peut être daté de 1992.
La dernière décennie du XXe siècle a été marquée par des changements organisationnels et structurels sur le modèle de certaines universités (américaines, scandinaves, allemandes), en opposition avec ses antécédents soviétiques et germano-baltes. Plus récemment et encore aujourd'hui, l'université met en place la réforme de Bologne qui amène de grands changements dans les études.
Infrastructure
Ses musées, son jardin botanique et son complexe sportif sont, généralement, ouverts à tous les citoyens de Tartu. L'université possède quelque 150 bâtiments, dont 30 à l'extérieur de Tartu. 31 de ces bâtiments font partie du patrimoine architectural de la ville. Elle possède également de nombreux bâtiments récemment construits ou rénovés et des cités universitaires.
Recherche
Plus de 3 300 publications sont produites chaque année par l'université. Environ la moitié est publiée par des scientifiques estoniens dans des revues (comportant des index de citations comme « SCI Expanded », « SSCI » ou « A&HCI »). Beaucoup sont écrites par des auteurs de Tartu.
Selon l'université, les recherches les plus remarquables se font dans le domaine de la biologie des molécules et des cellules, de la génétique, de l'immunologie, de la pharmacologie, des médecines laser, des sciences matérielles, de la spectroscopie laser, de la biochimie, de l'écologie (environment technology), de la linguistique informatique (computer linguistics), de la psychologie et de la sémiotique (semiotics).
L'université a commencé à coopérer avec des entreprises privées et à être le noyau du développement d'entreprises spin-off (spin-off firms).
Jardin botanique
L'université possède un jardin botanique de 3,5 hectares. Il regroupe 10 000 espèces de plantes et dispose d'une serre tropicale.
- Bâtiment principal.
- Entrée principale.
- Le jardin en octobre.
- À l'intérieur de la serre tropicale.
Enseignants et anciens élèves
lauréat du prix Nobel
- Wilhelm Ostwald, prix Nobel de chimie
Sciences humaines et sociales
- Jüri Allik, psychologie
- Walter Anderson, folklore
- Karl Bücher, économie et anthropologie
- Vladimir Dahl, lexicographie
- Wolfgang Drechsler, administration publique et philosophie politique
- Gustav von Ewers, historien du droit
- Lazar Gulkowitsch, études juives
- Theodosius Harnack, théologie luthérienne
- Siim Kallas, économie et politique (également ministre des affaires étrangères et ministre des finances, Premier ministre estonien et Commissaire européen)
- Emil Kraepelin, psychiatrie
- Jaan Kross, écrivain
- Etienne Laspeyres, économie et statistiques
- Wilhelm Lexis, économie, assurances
- Yuri Lotman, sémiotique
- Wilhelm Maurenbrecher, historien
- Alexander von Oettingen, théologie luthérienne, théorie des statistiques
- Ludwig Preller, philologie classique
- Rein Taagepera, sciences politiques
- Grigol Tsereteli, classicisme et papyrologie
- Adolph Wagner, économie et sciences sociales
Sciences naturelles
- Otto Wilhelm Hermann von Abich (1806-1886), géologue et minéralogiste
- Jaan Einasto, astrophysique
- Johann Friedrich von Eschscholtz, biologie et explorateur
- Josef Kozeny, hydraulique
- Germain Henri Hess, chimie
- Arthur von Oettingen, physique
- Georg von Oettingen, médecin
- Matthias Jakob Schleiden, botanique
- Friedrich Georg Wilhelm von Struve, astronomie
- Peter von Glehn (1831-1876), diplômé avec médaille d'or, botaniste
Étudiants remarquables
- Juris Alunāns, fondateur de la linguistique lettonne[3]
- Andrus Ansip, Premier ministre estonien
- Kadri Simson, Commissaire européenne[4]
- Mart Laar, ancien Premier ministre estonien (1992-1994 et 1999-2002)
- Karl Ernst von Baer, zoologiste et père de l’embryologie
- Anton Hansen Tammsaare, écrivain estonien
- Adolf von Harnack, théologie protestante
- Nicolai Hartmann, philosophe
- Paul Keres, joueur d’échecs
- Friedrich Reinhold Kreutzwald, médecin, auteur du Kalevipoeg
- Alberts Kviesis, homme d’État letton
- Heinrich Friedrich Emil Lenz, physicien
- Lennart Meri, ancien Président de la République estonien, écrivain, cinéaste
- Leo Michelson, peintre
- Wilhelm Ostwald, chimie (prix Nobel 1908)
- Christian Heinrich von Pander, biologie et anatomie comparée (prix Demidoff 1857)
- Juhan Parts, ancien Premier ministre d’Estonie (Res Publica)
- Grigol Robakidze, écrivain géorgien
- Leopold von Schrenck (1826-1894), zoologiste, géographe et ethnographe
- Ene-Margit Tiit (1934-), mathématicienne, statisticienne et professeure à l'université de Taru
- Otto Strandman, ancien Premier ministre et chef de l'État estonien
- Riin Tamm, généticienne
- Valentin Tomberg, philosophe des religions, penseur, mystique
Docteurs honoris causa
- Umberto Eco, écrivain, sémiotique
- Otto Kaiser, théologien protestant
- Arvo Pärt, compositeur
- Sa Sainteté le 14e dalaï-lama
- Thure von Uexküll, sémiotique
Coopération académique
L'université a signé des accords de coopération avec 30 universités et institutions de recherche à l'étranger et 140 contrats pour des échanges internationaux d'étudiants et professeurs au sein de réseau Erasmus de l'Union européenne.
Actuellement presque 400 étudiants provenant de 27 pays différents font partie de l'université. La grande majorité vient des pays suivants : Finlande, Suède, Lettonie, Russie, États-Unis, Allemagne.
L'Université de Tartu a des accords de coopération avec les universités suivantes. Ces accords peuvent inclure des programmes d'échange d'étudiants
Union européenne
- Université Catholique de Lille, Lille, France
- Université d'Amsterdam, Amsterdam, Pays-Bas
- Université de Giessen, Giessen, Allemagne
- Université de Göteborg, Göteborg, Suède
- Université de Grenade, Espagne
- Université de Genève, Genève, Suisse
- Université de Göttingen, Göttingen, Allemagne
- Université de Greifswald, Greifswald, Allemagne
- Université de Hamburg, Hambourg, Allemagne
- Université d'Helsinki, Helsinki, Finlande
- Université de Lettonie, Rīga, Lettonie
- Katholieke Universiteit Leuven, Louvain, Belgique
- Université de Lund, Lund, Suède
- Université de Maastricht, Maastricht, Pays-Bas
- Université de Marbourg, Marbourg, Allemagne
- Université de Münster, Münster, Allemagne
- Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France
- Université de Turku, Turku, Finlande
- Université d'Uppsala, Uppsala, Suède
- Université de Vaasa, Vaasa, Finlande
- Université de Vilnius, Vilnius, Lituanie
- Institut d'études politiques, Paris, France
Notes et références
- (en) « Structure and Staff », sur ut.ee, (consulté le ).
- (en) Jos. M. M. Hermans, Marc Nelissen, Charters of Foundation and Early Documents of the Universities of the Coimbra Group, Louvain, Leuven University Press, , 146 p. (ISBN 978-90-5867-474-6, présentation en ligne)
- « Alunāns Juris », sur histrad.info (consulté le )
- (en-US) « Kadri Simson – POLITICO », sur www.politico.eu (consulté le )
Voir aussi
- Fossiilid.info, une base de données paléontologiques maintenue par le Musée d'Histoire Naturelle de l'Université de Tartu
Bibliographie
- Alma Mater Tartuensis (1632-1982) (1982). Tullio Ilomets and Hillar Palamets, eds. Tallinn: Eesti Raamat.
- Engelhardt, Roderich von (1933). Die deutsche Universität Dorpat in ihrer geistesgeschichtlichen Bedeutung. München: Ernst Reinhardt.
- Mägi, Reet and Wolfgang Drechsler, eds. (2004). Kaiserliche Universität Dorpat 200 – Academia Gustaviana 370 – The Jubilee of the University of Tartu. Tartu: Tartu University Press.
- Semel, Hugo, ed. (1918). Die Universität Dorpat (1802-1918). Dorpat: Laakmann.
Articles connexes
Liens externes
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