Philibert Orry

Philibert Orry, comte de Vignory, seigneur de La Chapelle-Godefroy, est un homme d'État français, né à Troyes le , et mort à La Chapelle-Godefroy le .

Pour les articles homonymes, voir Orry.

Biographie

Cinquième enfant de Jean Orry, bourgeois originaire de Rouen qui s'enrichit considérablement en fournissant l'armée de Louis XIV en chevaux et en munitions durant la guerre de Succession d'Espagne, puis s'occupant des finances de Philippe V d'Espagne, Philibert Orry fut capitaine de cavalerie pendant la guerre de Succession d'Espagne. Il devint ensuite conseiller au Parlement de Paris, puis maître des requêtes (1715). Il fut intendant à Lille (1715-1718), à Soissons (1722-1727), et en Roussillon (1727-1728).

Grâce à la protection du cardinal Fleury, dont il partageait le goût de l'ordre et l'austérité, Orry fut nommé contrôleur général des finances en 1730 et cumula cette fonction avec celle de directeur général des Bâtiments du Roi à partir de 1736, au décès du duc d'Antin.

Financier habile et intègre, il dut rétablir l'impôt du dixième et parvint à stabiliser le budget de l'État. Appliquant les principes de Colbert, il chercha à développer des manufactures de textile et de papier. Il apporta son soutien à son frère Jean-Louis Henri Orry, (1703-1751) qui est à l'origine de la création de la Manufacture de Vincennes, (porcelaine) en 1740. Il favorisa le commerce avec le Canada et les Indes en réformant les statuts de la Compagnie des Indes.

Portrait au pastel de Philibert Orry par Quentin de La Tour, 1737.

Comme directeur général des Bâtiments, il rétablit le Salon bisannuel ce qui lui valut d'être élu vice-protecteur de l'Académie royale de peinture et de sculpture en avril 1737. Son directorat a généralement été sévèrement jugé. Cependant, ces critiques semblent relever moins du « bon goût » que de la mauvaise foi et de la jalousie des mémorialistes de l'époque  tous nobles  confrontés à la réussite d'un bourgeois, membre du tiers état. Le marquis d'Argenson évoque avec mépris « le mauvais goût bourgeois de Monsieur Orry ». Nonobstant, le fait de choisir Charles-Joseph Natoire en 1730 pour décorer son château de La Chapelle-Godefroy révèle bien au contraire un discernement certain en matière artistique : c'était alors l'un des jeunes peintres d'histoire les plus prometteurs, et ses deux principaux rivaux, François Boucher et Carle Van Loo, étaient tous deux à l'étranger.

Directeur général des Ponts et Chaussées, Orry fit terminer le canal de Crozat et entretint et développa le système routier. En 1733, il ordonna l'achèvement de la triangulation générale de la France, qui fut réalisée par Jacques Cassini[1]. Avec son intendant des finances Henri François de Paule Lefèvre d'Ormesson, il envoya aux intendants, en 1738, une instruction détaillée sur la corvée royale (trente jours par an au maximum) pour la construction et l'entretien des chemins, classés en cinq catégories. Jusqu'à la Révolution, une grande partie des routes royales exista grâce à cette institution. En 1738, il demanda au service des Ponts et Chaussées sous la direction de Daniel-Charles Trudaine, de lever les plans des grandes routes du royaume[2].

Confronté à l'ambition et à l'opposition de la nouvelle favorite royale, la marquise de Pompadour qui était issue du monde de la finance et voulait placer ses amis au pouvoir, il dut démissionner en 1745 malgré quinze années de bons et loyaux services et de succès.

Il fut grand trésorier de l'ordre du Saint-Esprit de février 1743 à sa mort en 1747.

Résidences

Orry possédait le château de La Chapelle-Godefroy à Saint-Aubin (Aube) près de Nogent-sur-Seine, hérité de son père en 1719. « M. Orry [rapporte le duc de Luynes dans ses Mémoires] a toujours paru n'avoir aucune ambition, regrettant sans cesse de ne pouvoir vivre dans sa terre de la Chapelle, près de Nogent, et toujours prêt à y aller avec plaisir. » Il fit considérablement transformer et agrandir le logis seigneurial d'origine. Il y fit réaliser un très important décor peint par Charles-Joseph Natoire entre 1731 et 1740. Il possédait deux Watteau, L'Enchanteur et L'Aventurière, aujourd'hui conservés au musée des beaux-arts de Troyes.

Orry possédait en outre le domaine dit du « Petit Bercy » à Paris.

Notes et références

  1. Nicolas Guilhot, Histoire d’une parenthèse cartographique : les Alpes du nord dans la cartographie topographique française aux 19e et 20e siècles, thèse de doctorat de l'Université Lumière Lyon 2, 2005.
  2. Anne Conchon, La corvée des grands chemins au XVIIIe siècle : Économie d'une institution, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-5555-6, lire en ligne)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la finance
  • Portail de l’économie
  • Portail du royaume de France
  • Portail des Pyrénées-Orientales
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.