Philippe Pichon

Philippe Pichon est un lanceur d'alerte, ancien commandant de police et écrivain français, né le à Nogent-sur-Marne, connu principalement pour avoir dénoncé le fonctionnement illégal et les irrégularités du Système de traitement des infractions constatées (STIC) qui lui a valu une mise à la retraite d'office à 42 ans par mesure disciplinaire.

Pour les articles homonymes, voir Pichon.

Philippe Pichon
Biographie
Naissance
Nationalité
Activité

Biographie

Carrière policière et écrivain

A 21 ans, Philippe Pichon a été le plus jeune élève officier de paix (46e promotion à l'E.N.S.O.P de Nice) ; à 36 ans, il a été nommé commandant de police, faisant de lui l'un des plus jeunes officiers supérieurs de France.

Ayant passé et réussi le concours d'officier de paix, il est affecté en 1991 à Rosny-sous-Bois. En 1997, il devient chef de l'unité mobile de sécurité de la Seine-Saint-Denis, service départemental en uniforme chargé de la lutte anti-criminalité. Il intègre l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI) en , comme chargé de recherches, et dirige une étude de sciences sociales sur les Tsiganes et gens du voyage. Il quitte ensuite la région parisienne et est affecté comme chef de groupe à l'unité d'investigations et de recherches au commissariat de Saint-Tropez où ses démêlés avec son commissaire, qu'il suspecte de « complaisance » avec le code de l'urbanisme, s'étalent à la Une des magazines. Il obtient un DESS de droit pénal (2004). En , il est affecté à l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) comme officier de liaison, poste qu'il quitte en pour devenir adjoint au chef de la circonscription de sécurité publique de Coulommiers.

Il est l'auteur d'un essai, Voyage en Tsiganie. Enquête chez les nomades en France (Éditions de Paris, 2002), de trois romans dont Un Pays vers le ciel (Dualpha, 2006), d'une biographie de Saint-John Perse (Plein Chant, 2004) et d'un recueil de poèmes, Ombre close (Les Presses Littéraires, 1999) Prix Antoine de Saint-Exupéry 1999 de l'Académie française. Son livre, L'Enfance violée (Flammarion, 2008) où il raconte le drame de sa vie, a connu un certain succès littéraire.

Il s'est fait connaître du grand public en avec la publication du livre Journal d'un flic chez Flammarion, ouvrage vendu à près de 40 000 exemplaires. Ce livre lui a valu une lettre de mise en garde de la part de sa hiérarchie pour manquement à l'obligation de réserve. Il a reçu le soutien de personnalités politiques de gauche, comme l'ancien Garde des Sceaux Robert Badinter ou le sénateur de Seine-Saint-Denis et maire de Neuilly-sur-Marne, Jacques Mahéas.

Adolescent, Philippe Pichon a été figurant sur le film Conseil de famille (France, 1986) de Costa-Gavras aux côtés de Johnny Hallyday, Fanny Ardant et Guy Marchand, en partie tourné au lycée Georges-Clemenceau de Villemomble (Seine-Saint-Denis) où il était élève de première (série A1).

Par ailleurs, crédité au générique de fin, il a été consultant pour le documentaire de Stéphane Bentura : Saint-Tropez, histoire secrète d'un port de pêche (France, 2013), produit par Premières Lignes et diffusé sur France 2, dans le cadre de l'émission « Infra-Rouge ».

Lanceur d'alerte

En 2008 il dénonce le fonctionnement illégal et les irrégularités du Système de traitement des infractions constatées en fournissant au site d'information Bakchich les fiches de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze[1]. Une décision de mise à la retraite d'office en 2009 a été prise à son encontre[2] mais, le de la même année, le tribunal administratif, siégeant en référé, a suspendu cette décision[3].

Par décision du , le tribunal administratif de Melun a partiellement fait droit aux conclusions du commandant Pichon, notamment en annulant sa mutation arbitraire de Coulommiers à Meaux et en condamnant le ministère de l'intérieur à 1 500 euros de dommages-intérêts, mais a rejeté son recours pour excès de pouvoir : au , le commandant de police Philippe Pichon a été mis à la retraite d'office, à 42 ans, des cadres de la police nationale, par mesure disciplinaire, pour manquements graves à la discrétion professionnelle et au devoir de réserve, conséquemment à ses dénonciations publiques de la non mise à jour du fichier d'antécédents policiers, le STIC (système de traitement des infractions constatées). Cette décision a été confirmée par la Cour administrative d'appel de Paris le alors même que dans ses rapports annuels 2009 et 2011, la CNIL parvient aux mêmes observations critiques que cet ex-officier de police. Philippe Pichon s'est pourvu en cassation devant le Conseil d'État, en vain. L'affaire n'a pas été admise devant la C.E.D.H (filtre d'admissibilité).

Également poursuivi devant le tribunal correctionnel pour violation de secret professionnel, Philippe Pichon a été condamné le a une peine symbolique de 1 500 euros avec sursis, le tribunal constatant que les faits qui lui sont reprochés sont partiellement motivés par les convictions d’intérêt public et ne prononçant aucune peine complémentaire d'interdiction professionnelle[4].

A la suite de ces événements, il a été qualifié par la presse de lanceur d'alerte, comparable à Irène Frachon ou Edward Snowden[5] ,[6].

Depuis , Philippe Pichon est directeur général délégué, directeur d'exploitation du complexe de sports et de loisirs « Les Pyramides » (Port-Marly, Yvelines), Club privé haut de gamme de l'Ouest parisien.

Ouvrages

  • Ombre close, poèmes, préface Yves Duteil, Les Presses Littéraires, 1999. Prix de poésie Antoine de Saint-Exupéry de l'Académie française (Prix de fondation) - (ISBN 2-9513792-0-X)
  • Voyage en Tsiganie. Enquête chez les nomades de France , essai, Éditions de Paris / Max Chaleil, 2002 - (ISBN 2-84621-022-5)
  • À contre-silence, roman, éd. Noir & Blanc, 2003 - (ISBN 2-911241-35-5)
  • Un Pays vers le ciel, roman, Dualpha, 2006 - (ISBN 2-915461-77-5)
  • Le Pain d'ortie, récit, Dualpha, 2006  ; rééd. Dutan, 2020 - (ISBN 2-915461-76-7)
  • Journal d'un flic, essai, Flammarion, 2007 - (ISBN 978-2-0806-8899-6)
  • Le Cas Céline, coupable mais de quoi ?, essai, Dualpha, 2007  ; 2e éd. Dualpha, 2008; 3e éd. corrigée et augmentée, Dualpha, 2019 - (ISBN 978-2-35374-052-9)
  • L'Enfance violée, récit, Flammarion, 2008 - (ISBN 978-2-08-120733-2)
  • Fichier STIC : une mémoire policière sale, avec Frédéric Ocqueteau, essai, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2010, préface de Me William Bourdon
    • (ISBN 978-2-35315-090-8)
  • La Tentation anarchique, essai, Jean-Paul Rocher Éditeur, 2010 - (ISBN 978-2-917411-38-4)
  • La face cachée de Saint-Tropez , essai, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2011 (à la suite d'un référé introduit par le ministère de l'Intérieur, cet ouvrage a été interdit de publication) - (ISBN 978-2-350-13255-6)
  • Les Poudrins de la mémoire, poèmes, Dutan, 2020. Prix de l'Académie des Pays de France - (ISBN 978-2-38270-006-8)
  • [Entre] presque [et] rien, lettres & poèmes, Dutan, 2021 - (ISBN 978-2-35374-522-7)
  • Aux basaltes de l'âge, fragments et instantanés, Editions Prolégomènes, 2021 - (ISBN 978-2-917584-62-0)
  • L'Éphémère en héritage, visages d'absents et paysages d'arrière-saisons, Editions Prolégomènes, 2021 - (ISBN 978-2-917584-63-7)
  • La joue pas rasée de la solitude, figures tristes et variations mélancoliques, Editions Prolégomènes, 2022 - (ISBN 978-2-917584-64-4)

Etudes :

« Saint-John Perse ou l’apostrophe polyphonique de la modernité », in Le Coin de table, n°19, juillet 2004 et n°20, octobre 2004 ; La Maison de Poésie / Plein Chant. (ISSN 1299-4022)

« Pierre-Jean Jouve ou l’exorcisme du temps », in Le Coin de table, n°40, novembre 2009, La Maison de Poésie / Plein Chant. (ISSN 1299-4022)

« Pierre Emmanuel ou la raison ardente », in Le Coin de table, n°42, avril 2010, La Maison de Poésie / Plein Chant. (ISSN 1299-4022)

Liens externes

Notes et références

  1. Un policier Balance, Florence Aubenas, Le Nouvel Observateur, N°2312, 26/2/2009.
  2. « lci.tf1.fr/france/faits-divers… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  3. ordonnance du juge des référés, M. Brenet, no 0902814/2, Tribunal administratif de Melun, 5 mai 2009; confirmation par ordonnance du juge des référés, M. Brenet, n°0902814/2, Tribunal administraif de Melun, 22 juin 2009.
  4. La clémence du tribunal de Paris envers l'ex-flic Pichon qui avait dénoncé les fichiers de police.
  5. Les lanceurs d'alerte : héros des temps modernes ?, Le Nouvel Observateur, 13/7/2013.
  6. Philippe Pichon, ex-flic « trop légaliste », Médiapart, 21/8/2013.
  • Portail de la littérature française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.