Pierre-François Moreau (écrivain)

Pierre-François Moreau, né le à Alger, est un écrivain, réalisateur et scénariste français.

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Pierre-François Moreau
Pierre-François Moreau, Paris, 2011.
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités

Biographie

Pierre-François Moreau fait ses débuts comme nouvelliste[1] et auteur de théâtre[2]. En 1981, il est à l’origine d’Acte gratuit[3], l’un des premiers gratuits parisiens de textes littéraires[4] et d’images[5]. Au cours des décennies suivantes, il collabore à des journaux et des magazines[6] essentiellement sur des sujets culturels, des chroniques d’art[7] et la chronique littéraire[8]. À partir des années 2000, il a été associé à de multiples projets artistiques : danse[9], photographie[10], revues[11], films documentaires et longs-métrages de fiction[12]. Il a publié plusieurs livres : romans, nouvelles, livres d’artistes[13].

Fictions et documentaires

Son film Vigàta dov’è ? (Vigàta, c’est où ?)[14] est un documentaire de création, en sélection officielle de la 26e édition du Cinéma du Réel, 2004, présenté au centre Georges-Pompidou. Réalisé en 2003, le film évoque un voyage Vigàta, une ville qui n'existe pas sinon dans l'œuvre de l’écrivain sicilien Andrea Camilleri ; un film dont le réalisateur compose la musique[15]. Le récit déploie autour d’un voyage d'inspiration poétique différents registres de l’univers noir : les mafieux siciliens, les escroqueries aux bâtiments et infrastructures inachevés, le trafic, les clandestins…, dans la région d’Agrigente, l’une des plaques tournantes de la pègre du sud de la Sicile. Rappelons qu’Andrea Camilleri, décédé en , n’était pas seulement l’un des écrivains de polars les plus appréciés d’Italie, mais aussi une sorte de dandy excentrique, dont les romans ont été adaptés à la télévision[16].

Il est le co-scénariste du film de Christophe Cognet Parce que j'étais peintre sorti dans les salles en , un film d'enquête sur l'art rescapé des camps nazis. Ce film a obtenu le Grand Prix, en compétition internationale, aux Escales documentaires de La Rochelle à l'édition 2014[17].

Auteur de biographies

Entre autres biographies écrites par Pierre-François Moreau, on compte celle, remarquée à sa parution en 1987, de Porfirio Rubirosa « le plus doué des étalons du monde occidental…/… gendre du dictateur Trujillo, un des plus sanguinaires du siècle, diplomate-sic, homme de main du Benfactor, indic à ses heures… Sa biographie est exemplaire » écrit Le Canard enchaîné[18]. En 1988, à la demande du magazine Rolling Stone, Pierre-François Moreau enquête sur le suicide de Richard Chanfray[19] chanteur d’opérette des années 1970, amant entre autres conquêtes de la chanteuse Dalida, connu sous le pseudonyme de Saint-Germain, prétendument détenteur de l’élixir de vie éternelle, mais véritable escroc retrouvé mort le près de Saint-Tropez. Il enquête aussi sur un tableau peint par Claude Buffet[20], voleur fétichiste de sacs à main, qui, à la suite d’une célèbre prise d’otages à la prison de Clairvaux, terminera sur la guillotine le , après avoir réclamé son exécution.

Romancier et nouvelliste

Un certain nombre de textes publiés dans Acte gratuit sont des nouvelles noires[21]. On retrouve ce même type d’univers dans Vertige de l’inaction [22], publié en 1999, dans des nouvelles comme La Blessure invisible, Naples, calibre 7.65, ou Transe sibérienne, ou encore À louer, le plus bel endroit pour mourir. Dans un texte de la même époque, publié en 2010, Le Duende frappeur[23], se croisent noirceur et ironie. Avec le photographe Serge Van Poucke, disparu brusquement en 1986, il réalise Ni Est Ni Ouest[24], un roman photo polar en polaroïd noir et blanc où, dans un climat de guerre froide, se mêlent services secrets, trafic d'héroïne et dérision.

En 1995, il publie Feu le manifeste[25] qu'on retrouve dans le recueil Vertige de l'inaction ; une « plongée en apnée dans les affres de la création littéraire »[26]. Ce "manifeste" est un ensemble d’anecdotes, d’aphorismes sans narration apparente, qui trouve sa cohérence dans sa diffraction. Cette approche se retrouve dans d’autres textes Mais comment devenir un homme belvédère ? ou Le cercueil de ma petite mort, publiés en bilingue dans la revue italienne Private[27], ou encore Bilan de compétences [28].

En 2001, il publie Les Mal Passés, chez Jean-Paul Rocher éditeur, roman en forme de récit sur son enfance en Algérie durant la guerre et le retour en France avec sa famille. Comme le note le critique de Bibliomanie[29], on y retrouve une composition par diffraction[30]. Le titre fait référence à la tragédie de Malpasset, la rupture du barrage près de Fréjus en . Le texte est salué par la critique pour son style[31] et « une vision poétique du pire », selon Valérie Colin-Simard, que Psychologies magazine classe parmi les « 1 000 livres essentiels »[32].

En , il publie Après Gerda, un titre en référence à la photographe de guerre Gerda Taro. Ce troisième roman[33] met en scène le célèbre photographe de guerre Robert Capa en voyage à New York, à l'automne 1937, après le décès tragique de sa compagne Gerda Taro, lors d'une bataille près de Madrid. Au cours de ce séjour new-yorkais, avec le photographe hongrois André Kertész, Robert Capa conçoit Death in the Making[34] (La mort à l'œuvre) un livre de photos et d'hommage à Gerda Taro, qui rassemble l'essentiel de leurs reportages effectués entre et en Espagne. Dans ce roman, Pierre-François Moreau développe ce qu'il désigne lui-même comme le "hors-champ sentimental" de ces photos de reportages ; une expression que reprend Roger-Yves Roche en titre de sa chronique[35]. De façon romanesque, l'auteur montre comment leurs relations personnelles ont influé sur leurs parcours professionnels. Robert Capa, alors âgé de 23 ans, y est "saisi dans un vertigineux examen de conscience"[36].

Bibliographie

Romans, nouvelles, document
  • White Spirit, roman, éditions La Manufacture de livres, Paris, 2019, (ISBN 978-2-35887-389-5)
  • Après Gerda, roman, éditions du Sonneur, Paris, 2018, (ISBN 978-2-37385-079-6)
  • La Soif, roman, éditions La Manufacture de livres, Paris, 2017, (ISBN 978-2-35887-234-8)
  • Les Mal Passés, roman, Jean-Paul Rocher éditeur, Paris, 2001, (ISBN 2-911361-39-3)
  • Vertige de l'inaction, recueil de nouvelles, Jean-Paul Rocher éditeur, Paris, 1999, (ISBN 2-911361-20-2)
  • Préface du livre de Miss.Tic Des Mots Cœurs, nouvelle, éditions Galerie Brugier-Rigai, Paris, 2018, (ISBN 979-10-95069-06-5)
  • Bilan de compétence, nouvelle, recueil Freak Wave, éditions Orbis Pictus club, Paris, 2008, (ISBN 2-913063-25-X)
  • 42,195, recueil Les Ironies du sport, Hachette, Paris, 1998, (ISBN 978-2-01-209530-4)
  • Feu le manifeste, nouvelle, illustré par Jean Murgue, édition Yéo, un livre d'Alin Avila, Paris, 1995
  • Ricardo, connais pas, recueil Titre en cours, illustré par Ricardo Mosner , éditions Champfleury, Paris, 1992
  • Just a gigolo, Rubirosa, le dernier des play-boys, biographie en collaboration avec Pierre Delannoy, ouvrage sous la direction de Gilles Hertzog, éditions Olivier Orban, Paris, 1987, (ISBN 978-2855653679)
  • Carnet d’un fétichiste, dans le recueil Paris mode d’emploi, éditions Autrement, 1983, (ISBN 2-86260-055-5).
Films documentaires

Nominations

  • Sélection officiel au 26e festival international, Cinéma du Réel, 2004, Centre Georges-Pompidou, Paris : Vigàta dov'è? (Vigàta, c'est où?), 53 min.
  • Sélection officiel au 21e Torino Film Festival, festival international du film de Turin, 2003 :Vigàta dov'è? (Vigàta, c'est où?), 53 min.
  • Sélectionné en compétition italienne au 1er festival de Syracuse, Il Premio Speciale, Sud-Est Sicilia, 2004 :Vigàta dov'è? (Vigàta, c'est où?), 53 min.
  • Invité spécial 4e festival international du film insulaire de l'île de Groix, 2004 :Vigàta dov'è? (Vigàta, c'est où?), 53 min.
  • Invité spécial du Mois du documentaire, Aubenas,  :Vigàta dov'è? (Vigàta, c'est où?), 53 min.

Bourses et distinctions

Notes et références

  1. Réveil matin chagrin! Libération 18 mai 1981. Rencontre dans une fête, Libération, 19 juin 1981. Rêve d’autoroute, Libération, 27 juillet 1981. Voir aussi Les artistes prennent pension en HLM. Des subventions pour transformer les logements sociaux en ateliers. 6 janvier 1996. Les artistes s'exposent à domicile. 30 septembre 1995.
  2. En 1979, Lazy Cargo, sa pièce à deux personnages est jouée au Festival off d’Avignon, où « deux femmes se font et se défont au travers de leurs rêves et de leurs illusions », Le Provençal, 21 juillet 1979. Avec Marie Giamarchi et Myriam Dumaine, pièce en six tableaux conçue par Marie Giamarchi, écrite par Pierre-François Moreau au Foyer Intra-Muros. En 1985, il écrit une pièce radiophonique La sincérité ne se vend pas en tube Les Mille et Un Jours, France Inter. Avec Didier Rousset, Michel Bonnet, Michèle Matis, Claris Lernoux, réalisation Bernard Latour, première diffusion, 29 mai 1985.
  3. 6 numéros parus entre décembre 1981 et mars 1984.
  4. Avec l’écrivain Thierry Marignac et le photographe Serge Van Poucke, dans lequel on retrouve les signatures d’Hervé Prudon, Édouard Limonov, Alain Bashung, Christian Vilà, Jean Baudrillard
  5. Les signatures des peintres Pascal Doury, Tolsti, Alain Braun… Celles des photographes Xavier Lambours, Stephane de Jaeger…
  6. Notamment : Libération, Actuel, Zoulou, Globe, Marianne, Mouvement, Frictions
  7. Notamment à City Magazine, 7 Paris, Reflex, Vis-à-vis international… Voir aussi les catalogues sur les artistes : Kishida, Affaires culturelles de Fontenay-sous-Bois, janvier 1994, Jean Murgue, galerie Sud, mars 1994, Laurent Thomas, le Duc des Lombards, Paris, 1993, Laurie Karp, Centre culturel de la Visitation, Périgueux, novembre 1999, Salon de l'Éphémère, 10 ans, 1999.
  8. Notamment à l'Événement du jeudi.
  9. Festival les Antipodes de Brest, 2004, avec la danseuse Christine Quoiraud. « Christine Quoiraud formule une conception originale de la danse qui replace le corps dans le paysage par la marche. Pour elle, la marche est une errance attentive, un vagabondage expérimentale, une déambulation rituelle, un nomadisme poétique » (extrait du catalogue). Chercheurs d'art en mouvement, La Soufflerie, Poitiers, 2003, avec les danseurs Christine Quoiraud et Julien Bruneau, atmosphères musicales issues du synthétiseur de Pierre-François Moreau", Centre Presse, 19/21 avril 2003.
  10. Série d'images dans la revue Frictions no 19, été 2012, (ISSN 1298-5724). Dans la revue Freak Wave no 3, juillet 2012 (ISBN 2-919402-13-7), une série exposée à Paris, au Musée de l'érotisme, dans le cadre de l'exposition Freak Wave, novembre 2012 à avril 2013.
  11. Notamment, la revue Freak Wave depuis 2008, la revue Frictions théâtre-écritures depuis 2002, la revue Private International review of photographs depuis 2002.
  12. 2003, Vigàta dov'è ? sélection officielle du Cinéma du Réel en 2004, Parce que j'étais peintre de Christophe Cognet, 2013, La Huit Production, Stalingrad Lovers de Fleur Albert, 2012, La Huit Production, Pitchipoï de Charles Najman, 2015, Sebna Productions.
  13. Feu le manifeste, illustré par le peintre Jean Murgue, éditions Yéo, un livre d'Alin Avila, 1995. Titre en cours, illustré par Ricardo Mosner, éditions Champfleury, 1993. Il signe des préfaces de livres de la plasticienne Miss.Tic. À la vie à l'amor, Critères éditions, collection Opus Délits, 2010, Des Mots Cœurs, éditions Galerie Brugier-Rigail, 2018. Dans la préface de « A la Vie à l'amor », Pierre-François Moreau écrit que je travaille « assis-debout-couché ». C'est une belle expression. Artistik Rezo, interview Mathilde de Beaune du 9.12.2010 . "Il y a toujours un moment où elle passe l'éponge sur le tableau noir des contingences" écrit en préface Pierre-François Moreau. Miss.Tic, Ma plus belle histoire d'humour, c'est vous, galerie Bertheas, Saint-Étienne, 2014
  14. Cinéma du Réel Archives
  15. « Ces musiques sont ce qui m'a le plus frappé, me rappelant les premiers Tuxedomoon (un groupe que j'aime beaucoup) et soulignant les vagabondages de ce personnage anguleux (Pierre-François Moreau) qui met en crise tous les vieux Siciliens qui ne savent expliquer où se trouve cette fantomatique Vigàta », écrit Pietro IzzoPietro Izzo sur www.petroizzodaily
  16. Pierre-François a aussi écrit des scénarios et dialogues pour la télévision; notamment Agression nocturne, un épisode de la série Tribunal, production TéléImages. Première diffusion TF1, 6 mars 1990. Multi-diffusée notamment sur la chaîne 13e Rue.
  17. Les Escales Documentaires, palmarès 2014 « Copie archivée » (version du 25 mai 2015 sur l'Internet Archive)
  18. Le Canard enchaîné, 29 juillet 1987. "Je vous (la) recommande" Digressions par Bernard Frank (1929-2006), Le Monde, juillet 1987.
  19. Mortelles Vanités, enquête sur Richard Chanfray, Rolling Stone, no 12, décembre 1988, 7 pages, (ISSN 0988-4939).
  20. Claude Buffet, Autoportrait à la guillotine, enquête publiée dans Libération magazine no 9, 4 février 1995, 5 pages.
  21. Entre autres nouvelles noires publiées : Être un vautour sans elle, Caméra manivelle, Sous le signe du Cancer.
  22. Jean-Luc Bitton, Routard.com, novembre 2001. Page des Libraires, septembre 1999 : "Des textes savoureux teintés d'humour et d'autodérison, au fil desquels l'auteur fait montre d'un sens avéré de la formule". Encre Vagabonde, décembre 1999  : "Ces textes, unis par une cohérence de ton, montrent bien les diverses facettes du travail de nouvelliste et la richesse de ce genre exigeant". Spray, Jean-Luc Bitton, décembre 1999 : « Assurément Pierre-François Moreau possède tout ce qui fait le talent d'un bon nouvelliste : une plume ciselée, nerveuse et évocatrice, teintée d'humour et d'autodérision, au fil desquels l'auteur fait montre d'un sens avéré de la formule. »
  23. Accessible sur Chroniques Marignac
  24. L’Écho des Savanes, no 31, 1985, 8 pages.
  25. Un texte illustré par le peintre Jean Murgue, éditions Yéo, un livre d'Alin Avila
  26. Jean-Luc Bitton, Spray.fr, 23.12 1999
  27. Private no 19, 2000, et no 22, 2001. (ISSN 1126-4349)
  28. Aux éditions Orbis Pictus Club, Freak Wave, 2008
  29. Jean-Luc Moreau deRadio libertaire, 15 novembre 2001.
  30. "Il s'agit d'une suite de tableaux qui compose une chronique, un roman. Alger d'abord, Paris, ensuite, durant la période 58-62. C'est la vie d'un petit garçon par petites scènes, mais qui sont chacune un tout. Il y a à la fois une continuité qui est celle de la chronologie, de l'ambiance de l'époque, de la vie familiale, et aussi une atmosphère particulière à chaque scène qui ont chacune leur autonomie, comme des miniatures, avec des échos, des parallèles qui sont posés comme autant d'indices qui composent une mosaïque. Et c'est extrêmement bien fait. Il y a bien sûr les souvenirs d'Alger, mais les souvenirs de la venue en France sont aussi très intéressants, parce qu'il y a beaucoup de signes ressentis par le jeune garçon, et par sa sœur, qui découvrent sans comprendre pour quelles raisons ils sont en fait mal acceptés, mal passés… Jean-Luc Moreau de Radio libertaire, 15 novembre 2001.
  31. "Un livre qui sonne juste". Jean-Luc Porquet Le Canard enchaîné, 13 mars 2002. "Délicieuse chronique", Jean-Marc Adolphe, Mouvement no 15, janvier 2002.
  32. 1 000 livres essentiels, , no 203, décembre 2001, p. 28. Psychologies magazine
  33. "Roman passionnant à plus d'un titre", Jean-Pierre Han, Les Lettres françaises, juin 2018, supplément à L'Humanité du 21 juin 2018.
  34. Death in the Making, 1938, Covici, Friede INC
  35. Roger-Yves Roche
  36. DNA, les Dernières Nouvelles d'Alsace, du 22 juillet 2018, Gerda for ever, V. Paladino
  37. Le Monde Culture du 4.03.2014.

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