Promagistrat
Le promagistrat est un magistrat romain qui, à l'issue de sa charge annuelle à Rome, voit son imperium renouvelé par décision du Sénat pour assurer le gouvernement civil et militaire d'une province romaine en tant que proconsul, propréteur ou proquesteur.
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Usage dans la République romaine
Le promagistrat est un magistrat de la République romaine prolongé dans ses fonctions ou agissant comme remplaçant d'un magistrat sortant avec le titre de proconsul, proquesteur ou propréteur : il exerce l'autorité militaire et judiciaire hors de la cité, au contraire de magistrats comme le tribun ou le censeur qui n'ont d'autorité que dans la cité. Le premier promagistrat connu est Q. Publilius Philo, consul prolongé dans son commandement en 327 av. J.-C. en tant que proconsul. Par la suite, la désignation des promagistrats s'est souvent faite dans des situations de crise et selon des procédures irrégulières. Le promagistrat peut être soit un magistrat investi de la promagistrature correspondante, soit un magistrat désigné à une promagistrature de rang supérieur, soit un citoyen jusque-là non revêtu de l'imperium. La constitution de Sylla, en 82 av. J.-C. rend presque automatique l'investiture des deux consuls et des huit préteurs qui, après un an de fonction à Rome, deviennent proconsuls ou propréteurs pour un an dans les provinces. Cependant, la réforme de Pompée, en 52 av. J.-C., supprime cet automatisme et rend au Sénat une pleine liberté de choix des promagistrats[1].
Jusqu'à la deuxième guerre de Mithridate, il est habituel que les consuls en fonction dirigent l'armée ; par la suite, les commandements dans les provinces sont réservés aux promagistrats investis du commandement des légions ; le proconsul commande habituellement les armées les plus importantes et le propréteur, celles d'importance secondaire ; l'un est accompagné par 12 licteurs, l'autre par seulement 6. De façon exceptionnelle, Quintus Ciceron, frère de l'orateur, reçoit le proconsulat d'une province pacifique, l'Asie, sans aucune légion sous ses ordres[2]. En 51 av. J.-C., on compte 7 provinces consulaires et 8 prétoriennes[3].
La Lex Sempronia de provinciis consularibus, votée à l'instigation de Caius Gracchus en 123 av. J.-C., fixe les règles de nomination des proconsuls et propréteurs et impose un intervalle de 18 mois entre la fin des fonctions urbaines des consuls et préteurs et leur envoi dans les provinces[4]. Une loi de Sylla, en 81 av. J.-C., permet au promagistrat de rester au gouvernement de sa province tant que le Sénat ne lui a pas envoyé de successeur, ce qui permet indirectement aux sénateurs de prolonger indéfiniment leur commandement, limité à un an à l'origine[5]. En 53 av. J.-C., le Sénat impose un intervalle de cinq ans entre l'exercice d'une magistrature et celui de la promagistrature correspondante pour éviter que les candidats, ayant fait de lourdes dépenses pour se faire élire à une magistrature, ne cherchent à se rattraper en pressurant leur province. Cela conduit à désigner comme promagistrats d'anciens magistrats n'ayant pas encore assuré de fonctions dans les provinces : c'est le cas de Cicéron qui, ayant refusé le proconsulat de Macédoine à l'issue de son consulat en 63 av. J.-C., accepte en 51 le proconsulat de Cilicie et Chypre[6].
Les promagistrats étaient nommés par une résolution du Sénat romain , le senatus consultum. Comme toutes les décisions du Sénat, celles-ci pouvaient être annulées par les Comitia, comme le montre l'exemple du remplacement de Quintus Caecilius Metellus Numidicus par Gaius Marius pendant la guerre de Jugurtha.
Un promagistrat était généralement soit proqueestor (agissant à la place d'un questeur), soit propraetor (agissant à la place d'un préteur), soit proconsul (agissant à la place d'un consul). Un promagistrat avait la même autorité que le magistrat comparable, était accompagné du même nombre de licteurs et détenait généralement des pouvoirs officiels dans sa province. Les promagistrats avaient généralement déjà occupé le poste qu'ils remplaçaient, bien que ce ne soit pas obligatoire. Lorsque Pompée reçut le pouvoir proconsulaire de s'opposer à Quintus Sertorius pour se battre, le Sénat a précisé qu'il n'avait en fait pas été nommé promagistrat. Il avait été nommé pour agir non pas au nom d'un consul (pro consule) mais au nom des consuls (pro consulibus) [7].
Le proconsul ou propréteur peut être assisté par un ou plusieurs légats qui peuvent le représenter dans une partie de sa province avec le titre de legatus pro praetoret ; cependant, le légat n'est pas revêtu de l'imperium et, même s'il remporte une victoire, ne peut recevoir les honneurs du triomphe[8]. Le proquesteur a des attributions essentiellement financières mais il peut, exceptionnellement, remplacer le proconsul ou le propréteur dans ses attributions militaires et pénales[9]. C'est le cas de Caius Cassius Longinus, proquesteur en Syrie, qui doit assurer la défense de la province après la mort du proconsul Crassus et de ses légats lors du désastre de Carrhes en 53 av. J.-C.[10].
Articles connexes
Notes et références
- James Gow et Salomon Reinach, Minerva: introduction à l'étude des classiques scolaires grecs et latins, 1890, p. 184-185.
- G. d'Hugues, p. 25-26.
- G. d'Hugues, p. 30.
- G. d'Hugues, p. 26-27.
- G. d'Hugues, p. 29-30.
- Philippe Falgayrettes, Biographie de Cicéron
- (de)Jochen Bleicken: Die Verfassung der römischen Republik, p. 93.
- G. d'Hugues, p. 32-33.
- G. d'Hugues, p. 33-35.
- David Engels, « Cicéron comme proconsul en Cilicie et la guerre contre les Parthes », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 86, no 1, 2008, p. 23-45
Bibliographie
Liens externes
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