Tirailleurs marocains

Les tirailleurs marocains sont des unités d’infanterie de l’armée de terre française, appartenant à l'armée d'Afrique.

Photographie en couleur reconstituant l'uniforme des chasseurs marocains de 1914.

Ces unités, majoritairement composées de recrues autochtones originaires du Protectorat du Maroc (70-75 % selon les époques), sont créées en 1915 et progressivement dissoutes à partir de l'indépendance du Maroc en 1956 et jusqu'en 1965.

Ils se distinguent notamment lors de la Première Guerre mondiale puis surtout au cours de la Seconde Guerre mondiale où les sept régiments de tirailleurs marocains engagés de 1942 à 1945 reçoivent la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1939-1945 (2-3 citations à l'ordre de l'Armée)[1].

Création et dénominations

  • 1912 : création des troupes auxiliaires marocaines, parfois dénommées spahis et tirailleurs de manière non officielle,
  •  : constitution de deux régiments de chasseurs indigènes, qui forment une Brigade de chasseurs indigènes,
  •  : création du 1er régiment de marche de tirailleurs marocains (RMTM) à partir des rescapés de la brigade. D'autres régiments suivent à partir de mars 1918.
  •  : les 5 RMTM existant alors deviennent des régiments de tirailleurs marocains (RTM), numérotés de 61 à 65.
  • 1919 : les 61e à 68e RTM sont renumérotés en 1er à 8e RTM.
  • 1965 : dissolution des derniers RTM, le 1er et 5e.

Historique

À la fin du XIXe siècle les échanges augmentent entre le Maroc et la France. En 1877 s'effectue le relevé géographique du Maroc en coopération avec les ingénieurs du service géographique de l'armée, puis l'instruction par des officiers français de l'armée chérifienne.

Les troupes auxiliaires marocaines sont créées en 1912 après la révolte des goumiers pendant les journées sanglantes de Fès[2]. La 2e compagnie auxiliaire marocaine de Fès fut la première pierre de ces troupes en 1912. Son premier chef fut le capitaine Léopold Justinard dit le "capitaine chleuh"[3]. Cinq bataillons sont au Maroc en 1914 : les bataillons des commandants Poeymirau et Pellegrin à la frontière du protectorat espagnol, le bataillon Auroux près de Meknès, le bataillon Fumey dans le sud et Richard d'Ivry près de Khénifra[2].

En , les chasseurs marocains en couverture du journal Le Miroir.

Pendant la Première Guerre mondiale, les auxiliaires marocains sont regroupés le dans la brigade des chasseurs indigènes sous les ordres du général Albert Ditte (1858-1934), envoyée en France début . Elle est composée de deux régiments de chasseurs indigènes[2] :

  • 1er régiment : sous les ordres du colonel Touchard[réf. nécessaire]
    • 1er bataillon du commandant Auroux
    • 2e bataillon du commandant Fumey
    • 3e bataillon du commandant Richard d'Ivry
  • 2e régiment : sous les ordres du commandant Poeymireau
    • 1er bataillon du commandant Pellegrin
    • 2e bataillon du commandant Clément

La brigade est à la disposition de la 45e DI à partir du . Le , la brigade décimée au cours de la bataille de la Marne est dissoute et avec les survivants un Régiment de marche de chasseurs indigènes est formé.

Le , ce régiment devient le Régiment de Marche de Tirailleurs Marocains (RMTM) par décision du et est placé sous les ordres des colonels Poeymirau puis Auroux. Au printemps 1917, le RMTM est affecté à la 153e division, sous les ordres du général Pellé. En , le RMTM devient le 1er RMTM lorsqu'un deuxième régiment, le 2e RMTM, est créé.

Tirailleurs marocains dans les tranchées de Boves vers 1918.

La contribution du Maroc se monte, en 1918, à six bataillons regroupés dans deux régiments de marche, en complément de deux bataillons d'instruction en France plus quatre bataillons au Maroc[2]. Les deux régiments, les 1er et 2e régiments de marche des tirailleurs marocains (RMTM), sont plusieurs fois cités à l'ordre de l'Armée et décorés de la fourragère.

Les 3e, 4e et 5e RMTM sont créés en janvier 1920. En octobre 1920, les RMTM deviennent des RTM : le 1er RMTM est renommé 61e RTM, le 2e RMTM 62e RTM, etc. Le 66e régiment de tirailleurs marocains est créé en mars 1921, suivi du 67e en 1926 et du 68e en 1927. Le , les RTM sont renumérotés dans la série 1 à 8. Les 9e et 10e RTM sont respectivement créés en septembre 1939 et mars 1940[2].

Dans l'entre-deux-guerres, les RTM participent à l'occupation de la Rhénanie, à celle de la Ruhr, à la « pacification » du Maroc (notamment la guerre du Rif[4]) et à la « pacification » du Levant français[2]. En métropole, les RTM sont rattachés à partir de 1928 aux divisions d'infanterie nord-africaine[4].

Deux tirailleurs marocains (à gauche) avec des soldats américains à Rouffach en février 1945.

Durant la Seconde Guerre mondiale, lors de la bataille de France les tirailleurs marocains ont de nombreux tués, notamment à Gembloux, à Reims et Annonay. 18 000 hommes sont faits prisonniers par les Allemands. En 1943, ils s'illustrent aux côtés des goumiers lors de la Campagne d'Italie au sein du CEF du général Juin. En 1944, dans les rangs de la 1re Armée française de De Lattre ils débarquent en Provence avec la 2e division d'infanterie marocaine, la 4e division marocaine de montagne.

Les tirailleurs marocains sont plusieurs milliers à combattre en Indochine de 1946 à 1954.

Lorsque le Maroc accède officiellement à l'indépendance en 1956, la plupart des régiments de tirailleurs marocains sont maintenus au sein de l'armée française, tandis que les Goumiers rejoignent immédiatement la nouvelle armée marocaine. Au fur et à mesure que les contrats des tirailleurs se terminent, les régiments sont progressivement dissous ou convertis en :

  • 1957 pour le 7e RTM ;
  • 1962 pour le 2e et le 9e RTM ;
  • 1963 pour le 6e RTM ;
  • 1964 pour le 4e RTM ;
  • et enfin 1965 pour le 1er et le 5e RTM.

Décorations des régiments d'Infanterie

Drapeaux

Première Guerre mondiale[6]

Seconde Guerre mondiale[6]

Première Guerre mondiale

Les deux régiments de tirailleurs marocains ayant combattu lors de la Première Guerre mondiale ont obtenu sept citations à l'ordre de l'armée.

Seconde Guerre mondiale

Les huit premiers régiments de tirailleurs marocains ayant combattu lors de la Seconde Guerre mondiale ont obtenu dix-huit citations à l'ordre de l'armée.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Chants

Bibliographie

  • Maréchal Juin, La Brigade Marocaine à la Bataille de la Marne ( au ), Guide des champs de bataille de l'Ourcq, Libraire polytechnique Béranger, France, 1964

Notes

  1. Les fourragères
  2. « Les tirailleurs marocains 1914 - 1945 », Historama, no HS 10 « Les Africains 1830-1960 »,
  3. Léopold Justinard, « Souvenirs d'un officier de la Mission militaire française au Maroc (1911-1912) », Cahiers Charles de Foucauld, 1949, n°15, p. 121
  4. Jacques Sicard, « Les tirailleurs et spahis nord-africains dans les Alpes et leurs insignes », Militaria Magazine, no 119, , p. 46 - 51
  5. Collectivité décorées de la Légion d’honneur - Ordre de la Légion d’honneur, France-Phaleristique.com
  6. Fourragères - Fourragères, France-Phaleristique.com
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