Régis Le Sommier

Régis Le Sommier, né le à Toulon (Var), est un journaliste français. Ancien directeur adjoint de Paris Match, il travaille ensuite comme grand reporter pour RT France jusqu'à son interdiction par l'Union européenne en février 2022. Ses prises de position favorables à Bachar el-Assad et pro-Kremlin sont sources de controverse.

Régis Le Sommier
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Biographie

Jeunesse

Régis Le Sommier passe son adolescence à Cherbourg, où son père, capitaine de vaisseau, dirige l'École des applications militaires de l'énergie atomique (EAMEA)[1].

Carrière

Grand reporter, chef du bureau de Paris Match aux États-Unis entre 2003 et 2009, basé à New York, il se spécialise dans les questions américaines et militaires.

Au cours de séjours en Irak et en Afghanistan entre 2006 et 2010, il partage le quotidien d’unités de l’US Army et de l'US Marine Corps et obtient de nombreux accès aux données des états-majors sur place. Il couvre divers événements internationaux comme les Jeux olympiques de Sydney en 2000 et de grandes crises comme les attentats de Bali en 2002, l'épidémie de SARS en Chine et les attentats de Casablanca en 2003, l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans en 2005. Il est également auteur de plusieurs enquêtes sur l’immigration vers les États-Unis aux frontières nord et sud du Mexique, ainsi que d’une dizaine de reportages sur les blessés de guerre.

En politique, il couvre les deux dernières élections présidentielles aux États-Unis. Il interviewe les présidents George Bush en tête à tête à la Maison Blanche, et Barack Obama, Donald Rumsfeld au Pentagone, effectue une tournée diplomatique avec Colin Powell et dirige des entretiens avec, entre autres, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, les sénateurs John McCain, Gary Kasparov, Alan Greenspan, le commandant en chef des forces américaines en Irak David Petraeus, le commandant en chef des forces américaines en Afghanistan Stanley McChrystal, ainsi que l'ancien vice-président Al Gore.

Il est l’auteur d'un livre sur la marée noire du Prestige (Les Damnés du Prestige, 2003, Éditions Lattès), d’un autre sur l’Irak (L’Irak n’existe plus, 2008, Éditions du Toucan), d’une biographie du directeur de la CIA, David H. Petraeus (David Petraeus, un beau jour dans la vallée du Tigre 2012, Éditions Erick Bonnier) et d’un ouvrage historique (Les Mystères d’Oradour. Du temps du deuil à la quête de la vérité, Éditions Michel Lafon, 2014).

Le , il sort Daech, l'histoire, un livre-document qui fait écho aux attentats du 13 novembre 2015[2],[3]. Son livre Les Mercenaires du calife, paru en 2016, a pour sujet les soldats d'Abou Bakr al-Baghdadi[4].

En 2018, il publie aux éditions de La Martinière Assad, un portrait du président syrien Bachar el-Assad qu'il a interviewé à plusieurs reprises[5]. Pour approcher le régime syrien, Régis Le Sommier aurait profité des réseaux de Frédéric Chatillon, avec qui il est ami depuis une trentaine d'année. Tous deux se sont rencontrés alors qu'ils étaient étudiants, et que Chatillon président le Groupe union défense (GUD) tandis que Le Sommier, sans être membre du syndicat étudiant d'extrême-droite, est dans la mouvance qui l'entoure[6].

En juin 2021, Régis Le Sommier est licencié par Paris Match[6]. Il devient alors grand reporter à RT France[7]. En août de cette même année, il réalise pour Canal+ « Kaboul, au cœur des talibans », un documentaire qui explore l’Afghanistan aux mains des nouveaux maîtres du pays, à la veille de leur entrée dans Kaboul[8]. Régis Le Sommier est également enseignant en journalisme au CELSA et à l’ESJ Paris.

Positionnement et controverses

Ses multiples interviews de Bachar el-Assad lui ont valu des commentaires critiques de la part de certains confrères : « Régis Le Sommier semble être totalement "sous le charme" de Assad. »[9], « Régis Le Sommier a été huit fois en Syrie du côté de Bachar el-Assad. Il n’a jamais mis les pieds chez les rebelles. Comment peut-il rester objectif s’il n’a jamais constaté les dégâts faits par les troupes de Bachar ? », « son traitement de Bachar al-Assad cherche des circonstances atténuantes au dictateur syrien »[10],[6]. L'historien Jean-Noël Jeanneney affirme que le choix de Régis Le Sommier de livrer une interview brute ne permet pas d'éclairer l'opinion mais risque davantage de se faire le jouet de la propagande en offrant une tribune au dictateur, ce qui réduit l'interview à un simple effort d’endoctrinement[11].

En 2022, Arrêt sur Images et Le Parisien notent que Régis Le Sommier fait partie de ceux qui « épousent la propagande russe » à propos de l'invasion de l'Ukraine par la Russie : si lui « se contente de rappeler que l'Otan n'a pas accédé aux demandes de Vladimir Poutine, d'autres vont plus loin »[12],[13]. La même année, Libération écrit que « sous la casquette respectable d’ancien numéro 2 de Paris Match » son positionnement sur le sujet est trouble, et qu'il fait commerce « d’opinions russo-compatibles » et d'une expertise revendiquée « de terrain », sur les médias de Vincent Bolloré CNews et Europe 1. Le quotidien rappelle que, se positionnant de « droite dure », et se définissant comme « patriote » Le Sommier « cultive de longue date des connexions avec l’extrême droite française la plus radicale »[6].

Plusieurs de ses déclarations sont à leur tour utilisées pour la propagande du Kremlin, parfois partagées sur les réseaux sociaux par des ambassades de Russie. D'autres font polémique, par exemple, sa déclaration après le massacre de Boutcha  on a rarement vu une armée qui se retire passer l’aspirateur dans les endroits qu’elle a occupés »[6].

Récompenses

  • 2017 : Prix de la Presse internationale (catégorie presse écrite) décerné par l’Association de la presse étrangère en France, pour sa couverture du Moyen Orient[14] .
  • 2018 : Prix de la meilleure enquête journalistique, décerné par le jury des Magazines de l’année sous l’égide du Syndicat des éditeurs de la presse magazine et de Relay[15].

Bibliographie

  • Les Damnés du Prestige, Éditions Lattès, 2003.
  • L’Irak n’existe plus, Éditions du Toucan, 2008.
  • David Petraeus, un beau jour dans la vallée du Tigre, Éditions Erick Bonnier, 2012.
  • Les Mystères d’Oradour. Du temps du deuil à la quête de la vérité, Éditions Michel Lafon, 2014.
  • Daech, l'histoire, éditions De La Martinière, 2016.
  • Les Mercenaires du calife, éditions De La Martinière, 2016.
  • Assad, éditions De La Martinière, 2018.
  • La vérité du terrain. Récits d'un reporter de guerre, Bouquins, 2022.

Notes et références

  1. « Cherbourg-en-Cotentin vu par Régis Le Sommier », C Ma ville, bulletin municipal de Cherbourg-en-Cotentin, n° 12, avril 2018.
  2. « Daech l'histoire, avec Régis Le Sommier du 4 mars 2016 - France Inter » (consulté le ).
  3. « Un coup pour rien », Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Livre France - « Les Mercenaires du calife », de Régis Le Sommier », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
  5. “Bachar al-Assad a acquis une certaine légitimité sur une Syrie en lambeaux”, Les Inrockuptibles, 5 janvier 2018.
  6. Adrien Franque, « Médias: Régis Le Sommier, baroudeur en terre extrême », sur Libération (consulté le )
  7. « Régis Le Sommier rejoint RT France », sur La lettre de l'audiovisuel (consulté le )
  8. Condé Nast, « Docu : En immersion avec les talibans à la veille de leur entrée dans Kaboul », sur Vanity Fair, (consulté le )
  9. « L'"irrésistible attrait de Bachar al Assad" », Al HuffPost Maghreb, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Rencontres avec Bachar », sur La Presse+, (consulté le )
  11. « « L’interview donnée par Al-Assad, un “simple effort d’endoctrinement”» », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. « Sur RT France, une guerre sans images ni faits - Par Loris Guémart | Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net (consulté le )
  13. « Guerre en Ukraine : comment la chaîne RT France traite l’opération militaire en cours », sur leparisien.fr, (consulté le )
  14. « Le Grand Prix de la Presse Internationale – APE Association de la Presse Etrangère » (consulté le )
  15. Paris Match, « L’enquête de Paris Match à Mossoul récompensée » (consulté le )

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