République cisalpine

La République cisalpine est un État créé le par Napoléon Bonaparte, une « république sœur » résultant de la fusion des républiques cispadane et transpadane qu'il avait établies en 1796. Le , elle prend le nom de République italienne.

République cisalpine
(it) Repubblica Cisalpina

17971799
18001802


Drapeau
Carte du Nord de la péninsule italienne en 1799.
Informations générales
Statut État client
République sœur de la
 République française
Capitale Milan
Langue(s) Italien
Monnaie Milanese scudo (en)
Histoire et événements
Création
Reconnue par l'Autriche
Occupée par l'Autriche
Restaurée par la France
Réformée par la France
Renommée en République italienne
Président du directoire
1797-1799 Francesco Melzi d'Eril
Chef du gouvernement
1797 Pietro Verri
1797-1798 Giuseppe Parini
1798-1799 Alessandro Volta

Entités suivantes :

Le , elle est transformée en royaume d'Italie, dont le roi est Napoléon lui-même.

La Première République

Histoire

Après avoir vaincu les Autrichiens et les Sardes et leur avoir imposé à la paix de Cherasco (), Napoléon remodèle de sa propre autorité l'organisation politique de l'Italie du Nord. Il crée la République transpadane au nord du et la République cispadane au sud.

Le , ces deux républiques sont réunies pour donner naissance à la République cisalpine, à laquelle viennent s'ajouter Brescia, le Duché de Mantoue, Ferrare et la Romagne. Enfin, le , lui sont réunis les territoires de la Valteline et des comtés de Chiavenna et Bormio, qui, le 19 juin, ont fait sécession des Ligues grisonnes, alliées des Cantons suisses.

Un traité signé le impose à la république l'entretien d'une armée française de 25 000 hommes, d'une armée nationale de 22 000 hommes et le versement de 18 millions[1].

La République cisalpine est reconnue par l'Autriche au traité de Campoformio () ; en échange, l'Autriche obtient ce qu'il reste de la République de Venise.

La République cisalpine disparaît au printemps 1799 lorsque Milan est reprise par les Austro-Russes le 29 avril.

Institutions

La République cisalpine, dont la capitale est Milan, est dirigée selon le modèle français par un directoire de cinq membres assisté d'un Grand Conseil. C'est en fait une émanation pure et simple de Napoléon Bonaparte. La constitution est adoptée le .

Le calendrier républicain utilisé en France devient le calendrier officiel.

Le territoire est divisé en départements dans lesquels sont élus des juges de paix et des magistrats. Les électeurs, un habitant sur 200, élisent deux conseils : celui des Anciens (Seniori) et celui des Juniors (Giuniori). Le premier est composé de 40 à 60 membres et a pour rôle l'approbation des lois et de promouvoir d'éventuelles variations de la charte constitutionnelle, le second est formé de 50 à 120 membres et a la fonction de proposer les lois. Les actes communs que réalisent les conseils sont l'approbation des traités, le choix d'un directoire et la détermination de contributions.

Le directoire est formé de cinq ministres et représente le pouvoir exécutif. L'autorité suprême reste au commandant des troupes françaises en Lombardie.

La tête du directoire est occupée par des hommes politiques locaux comme le duc Gian Galeazzo Serbelloni et Francesco Melzi d'Eril, alors que dans le corps législatif sont nommés des personnages célèbres comme les hommes de lettres Pietro Verri et Giuseppe Parini et des scientifiques comme Alessandro Volta et Lorenzo Mascheroni.

Le traité d'alliance avec la France

Formellement, la République cisalpine est un État indépendant allié à la France, mais le traité d'alliance établit sa dépendance vis-à-vis de la France.

La France détient le contrôle de la police et établit une garnison de 25 000 hommes dont la charge financière est assumée par la République cisalpine, laquelle doit former, équiper et maintenir sa propre force armée de 33 000 qui participera aux campagnes napoléoniennes.

Le , le directoire cisalpin présente le traité au conseil des Juniors pour la ratification. Le conseil, nettement défavorable au texte proposé, temporise plusieurs jours mais, à la suite des menaces du général Berthier, il finit par l'approuver. La réaction du conseil des Seniors est très différente : tout en exprimant sa profonde gratitude à la France, il refuse cependant le traité, estimant que le nouvel État n'est pas en mesure de faire face aux dépenses imposées. Cette position déclenche la colère des chefs de l'armée française et du Directoire ; les Seniors sont accusés de tenir des discours séditieux et le général Berthier menace d'imposer un gouvernement militaire. Il est remplacé par le général Brune qui, à peine arrivé, destitue plusieurs Juniors et Seniors et obtient la ratification du traité le .

Territoire et économie

Le territoire de la République dans sa taille maximum se compose de l'ancien duché de Milan (ex-République transpadane), du duché de Modène et de Reggio, de Bologne, Ferrare et Ravenne (ex-légations pontificales), des principautés de Massa et Carrare, du territoire de Mantoue et des territoires compris entre l'Adda et l'Adige, parmi lesquels Vérone et Rovigo, et la Valtellina.

L'État, divisé en 20 départements, s'étend en 1797 sur une superficie de 42 500 km² et se compose d'une population de 3 240 000 habitants. La capitale est Milan, qui est le centre le plus important et le plus peuplé (environ 124 000 habitants en 1765). Le pays est économiquement prospère malgré les spoliations des occupants durant les siècles antérieurs et l'économie est basée sur une agriculture de type céréalier avec une forte présence de sériciculture et de zootechnie. L'activité artisanale traditionnelle est solide et le développement de l'industrie soyeuse, florissante.

Les rapports avec la Suisse

Les rapports avec la Confédération suisse sont difficiles en raison des prétentions hégémoniques de la République cisalpine qui souhaite unir en un seul État les populations de langue italienne. Son objectif est d'annexer les territoires suisses du sud des Alpes. Cela conduit à l'occupation de Campione d'Italia et à l'annexion de la Valteline. Un coup de main pour tenter d'annexer Lugano est tenté en 1797, mais avec la création de la République helvétique les prétentions se réduisent à des tentatives d'occupation du district de Mendrisio.

La Seconde République

Le retour de l'Autriche (1799-1800)

Au cours de la deuxième campagne d'Italie, la République cisalpine est dissoute après la défaite du général Moreau à Cassano d'Adda par les armées austro-russes de la Deuxième Coalition. La coalition entre dans Milan le et le gouvernement autrichien est rétabli pendant un an.

Le rétablissement du régime républicain (1800-1802)

Après la victoire de Marengo (), la République cisalpine est restaurée, diminuée de la région de Pesaro, restée au pape, mais augmentée le du Novarais, détaché du Piémont. Le traité de Lunéville () fixe sa frontière orientale sur l'Adige, avec la totalité de la ville de Vérone.

Au cours de cette période, trois gouvernements se succèdent[2] :

La fin de la République (1802-1805)

,
La Consulte de la République cisalpine réunie en comices à Lyon pour décerner la présidence au Premier consul,
Nicolas-André Monsiau, 1806-08.

La République cisalpine est renommée République italienne le . Bonaparte se fait proclamer président à la consulte de Lyon, avec Francesco Melzi d'Eril comme vice-président[3].

L'objectif de Melzi est de se libérer de la présence napoléonienne, d'obtenir la pleine indépendance et d'unir la péninsule sous un État unique. Le gouvernement de Melzi se propose de créer une administration moderne et une armée nationale ; dans ce but la conscription obligatoire est introduite, mais très mal accueillie par la population.

Melzi d'Eril est entouré d'hommes capables et fidèles comme Ferdinando Marescalchi, Giuseppe Prina et Alessandro Trivulzio, mais il doit subir les attaques de Joachim Murat, qui commande l'armée française en Italie et fait tout pour le discréditer auprès de Napoléon.

La Cisalpine espère alors s'agrandir à l'ouest, du côté du Piémont et du duché de Parme, Plaisance et Guastalla. Le Premier consul en décide autrement et décrète l'annexion à la France du Piémont () et de Parme (9 octobre), puis du Latium, de l'Ombrie et de la côte tyrrhénienne[4].

Carte politique de l'Italie en 1812.

La vie brève de la République italienne se termine trois ans plus tard, le , lorsque Napoléon, devenu empereur, proclame le royaume d'Italie[4], dont il devient roi, avec Eugène de Beauharnais comme vice-roi.

Le royaume subsiste jusqu'à la fin avril 1814, Eugène de Beauharnais renonçant alors à succéder à une couronne que Napoléon a abdiquée quelques semaines plus tôt[5].

Personnel politique

Membres du Directoire

- - Ier directoire
- - IIe directoire
- - IIIe directoire
  • Girolamo Adelasio (2e mandat)
  • Marco Alessandri (3e mandat) (jusqu'en )
  • Ferdinando Marescalchi (1764-1816) (à partir de )
  • Giacomo Lamberti (3e mandat) (jusqu'en )
  • Fedele Vertemate Franchi (à partir de )
  • Giuseppe Luosi (2e mandat)
  • Fedele Sopransi (2e mandat)

Ministres

Source
www.lombardiabeniculturali.it

Personnel diplomatique

Ambassadeurs français à Milan

Ambassadeurs de la République cisalpine à Paris

Le drapeau

La république cisalpine hérite des couleurs de la République cispadane, ce sont les mêmes couleurs que celles de l'actuelle République italienne, née de l'onde des idées jacobines et napoléonienne qui venaient de France.

Les drapeaux de ces républiques sont conservés au Museo del Tricolore de Reggio d'Émilie.

Le drapeau de la république cisalpine a été modifié pendant la république italienne de 1802, parce que trop semblable au drapeau français et trop révolutionnaire.

Notes

  1. The Newberry Library, France et publisher Imprimerie du Dépôt des lois, Lois contenant ratification des traités d'alliance et de commerce entre la République française et la République cisalpine : du 27 ventose an VI de la République française une et indivisible, A Paris : De l'Imprimerie du Dépôt des lois, place du Carrousel,, (lire en ligne)
  2. (en) « rulers.org : Italian states before 1861 » (consulté le ).
  3. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 304-305.
  4. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 307.
  5. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 309.

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Carlo Zaghi, L'Italia di Napoleone dalla Cisalpina al Regno, 1991
  • (it) C.Montalcini, A. Alberti, R. Cessi, L. Marcucci (dir.), Assemblee della Repubblica Cisalpina, 11 vol., Bologna, Zanichelli, 1917-1948.
  • (it) Giorgio Vaccarino, I Giacobini piemontesi (1794-1814), Ministero per Beni culturali ambientali. Pubblicazioni degli Archivi di Stato, Saggi 13, Roma, 1989 (lire en ligne)
  • Anna Maria Rao, Introduction : L'expérience révolutionnaire italienne, dans Annales historiques de la Révolution français, 1998, no 313, numéro thématique : L'Italie du Triennio révolutionnaire 1796-1799, p. 387-407

Article connexe

Liens externes

Sources


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