République tchétchène d'Itchkérie
La République tchétchène d'Itchkérie (tchétchène : Nóxçiyn Respublik Içkeri, russe : Чеченская Республика Ичкерия) fut un État non reconnu (sauf par la Géorgie sous la présidence de Zviad Gamsakhourdia, ainsi que par l'Émirat islamique d'Afghanistan[2],[3]) de la Tchétchénie existant de 1991 à 2000. C'est aussi le nom que porte le gouvernement séparatiste tchétchène en exil depuis 2000.
1991–2000
Drapeau de la république tchétchène d'Itchkérie |
Emblème de la république tchétchène d'Itchkérie |
Devise | en Tchétchène : Marşo ya Joƶalla! (« La liberté ou la mort ! ») |
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Hymne | en Tchétchène : Joƶalla ya marşo (en) (« La mort ou la liberté ! ») |
Statut | République unitaire semi-présidentielle |
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Revendiqué par | Fédération de Russie |
Reconnu par |
Géorgie (1992) Émirat islamique d'Afghanistan (2000-2001) |
Capitale | Grozny |
Langue(s) | Tchétchène et russe |
Religion | Islam (religion d'État à partir de 1999[1]) |
Monnaie |
Naxar (en) (de jure) Rouble russe (de facto) |
Population | |
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• 1992 | 1 309 000 hab. |
• 1996 | 865 100 hab. |
Densité | |
• 1992 | 82,3 hab./km2 |
• 1996 | 54,4 hab./km2 |
Superficie | 15 900 km2 |
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Déclaration d'indépendance | |
– | Guerre civile |
– | Première guerre de Tchétchénie |
Accords de Khassaviourt | |
Traité de paix russo-tchétchène (en) | |
– | Crise de l'entre-deux-guerres (ru) |
– | Seconde guerre de Tchétchénie |
– | Djokhar Doudaïev |
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– | Zelimkhan Iandarbiev |
– | Aslan Maskhadov |
– | Zelimkhan Iandarbiev |
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– | Saïd-Hassan Aboumouslimov |
– | Vakha Arsanov (en) |
– | Djokhar Doudaïev |
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1996 | Zelimkhan Iandarbiev |
– | Aslan Maskhadov |
1997 | Rouslan Guelaïev |
– | Aslan Maskhadov |
1998 | Chamil Bassaïev |
– | Aslan Maskhadov |
– | Hussein Akhmadov (ru) |
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1993 | Ioussoup Soslambekov (ru) |
– | Akhyad Idigov (ru) |
– | Rouslan Alikhadjiev (en) |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Historique de l'Itchkérie
Après la dislocation de l'URSS, la Tchétchénie a proclamé son indépendance en 1991.
De 1994 à 2000, la République tchétchène, de facto indépendante de la Russie et se voulant légitime de jure[4], porte aussi officiellement le nom de la République tchétchène d'Ichkérie.
À la suite de la Seconde Guerre de Tchétchénie en 1999-2000, la République tchétchène d'Itchkérie cesse d'exister cédant la place à la République de Tchétchénie, remise sous la juridiction constitutionnelle russe. Le dernier président élu de l'Itchkérie est Aslan Maskhadov, assassiné par les forces fédérales russes le .
Actuellement, un groupe d'anciens dirigeants de la Tchétchénie, réfugiés dans l'Union européenne et d'autres pays démocratiques, la plupart recherchés par le Parquet russe pour l'opposition à l'armée russe, opère en exil sous le nom de la « République tchétchène d'Itchkérie » dénonçant l'impunité pour les crimes de guerre et les actes de barbarie perpétrés par les forces russes. Le porte-parole de cette formation politique est Akhmed Zakaïev, réfugié à Londres, qui se présente comme le « Premier ministre » de l'Itchkérie. L'ancien « président » de l'Itchkérie, Dokou Oumarov (accédé à ce titre en 2006 après la mort d'Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, successeur lui-même de Maskhadov), qui menait, jusqu'à sa mort en 2013, des combats de guérilla en Tchétchénie, avait de son côté décrété en 2007 la dissolution de la « république » pour la transformer en émirat du Caucase, dont il s'était proclamé émir.
Reconnaissance internationale
La république tchétchène d'Itchkérie n'est reconnue officiellement par aucun État membre de l'ONU. Elle dispose cependant de « bureaux de représentation » dans certains d'entre eux (Allemagne, Azerbaïdjan, Belgique, Danemark, Émirats arabes unis, Estonie, Géorgie, Irak, Lituanie, Pakistan, Pologne, Qatar, Royaume-Uni, Syrie, Turquie et Ukraine) bien que la plupart soient fermés depuis le début des années 2000[5].
Le , le président géorgien Zviad Gamsakhourdia (déchu, mais dont le gouvernement reste reconnu par plusieurs États internationalement reconnus), alors en exil à Grozny, signe un décret (ukase) reconnaissant l'indépendance étatique de la république tchétchène[6].
Le , le parlement de l'Estonie (où Doudaïev est toujours perçu comme un héros pour y avoir empêché l'écrasement d'un soulèvement populaire début 1990) se prononce unanimement en faveur de la reconnaissance de la république tchétchène d'Itchkérie[7]. Le vote reste cependant sans conséquences en raison d'intenses pressions russes sur le gouvernement estonien.
Le , le député ukrainien Taras Ivanovytch Protsevyat (élu du Congrès des nationalistes ukrainiens dans l'oblast de Lviv), de retour d'une mission humanitaire en Tchétchénie, déclare : « Je pense que la meilleure façon de soutenir le peuple tchétchène serait que l'Ukraine reconnaisse la République tchétchène indépendante d'Itchkérie au niveau diplomatique »[8].
Le , une lettre signée par 46 des 56 municipalités de Lituanie est adressée au parlement du pays pour lui demander de reconnaître l'indépendance de la république tchétchène d'Itchkérie, sans succès[7].
Le , la fédération de Russie et la république tchétchène d'Itchkérie signe un traité de paix (en) qui équivaut de facto selon certains juristes (Francis Anthony Boyle, Saïd-Rahman Mouzaïev) à un accord de reconnaissance mutuelle[9].
En , la république tchétchène d'Itchkérie tente vainement d'obtenir une reconnaissance diplomatique de l'Allemagne et de la Turquie en se revendiquant comme l'État successeur de la république montagnarde du Caucase du Nord avec laquelle l'Empire allemand et l'Empire ottoman avaient signé un traité de paix lors de la campagne du Caucase en 1918[10],[11].
Le , le ministre afghan des Affaires étrangères Wakil Ahmed Muttawakil (en) et l'ancien président tchétchène Zelimkhan Iandarbiev signent un accord par le biais duquel la république tchétchène d'Itchkérie reconnaît diplomatiquement l'émirat islamique d'Afghanistan et inversement[12].
Notes et références
- (en) James Hughes, chap. 20 « The Russo-Chechen conflict », dans Graeme J. Gill et James Young, Routledge Handbook of Russian Politics and Society, Abingdon, Routledge, , 483 p. (ISBN 978-0-203-80449-0, 0-203-80449-X et 978-1-136-64102-2, OCLC 782918778, lire en ligne), p. 243
- (ru) « Талибы признали Чеченскую республику Ичкерия », sur Lenta.ru, (consulté le ).
- (ru) Анатолий Ходоровский, « Ичкерию признали », sur Ведомости, (consulté le ).
- (ru) Адам Адами, Надежда Банчик et Александр Болясный, « Ахмед Закаев и Саид-Эмин Ибрагимов: Режим Путина падет », sur Кругозор, (consulté le ).
- (ru) Anatoli Maximov, Gueorgui Stepanov et Guennadi Charodeïev, « Меньше Ичкерии! » [« Moins d'Itchkérie ! »] [archive du ], Izvestia,
- (ru) « Указ президента Республики Грузия о признании государственной независимости Чеченской Республики » [« Décret du président de la république de Géorgie sur la reconnaissance de l’indépendance étatique de la république tchétchène »] [archive du ]
- (en) Svante E. Cornell (en), « International Reactions to Massive Human Rights Violations : The Case of Chechnya », Europe-Asia Studies (en), Taylor & Francis, vol. 51, no 1, , p. 85-100 (ISSN 0966-8136)
- (ru) Alexeï Mostovoï, « КОЛОДЕЦ ЧЕТЫРНАДЦАТИ СМЕРТЕЙ И ВЕЧНОГО ПОЗОРА », Dzerkalo Tyzhnia, (consulté le )
- (en) Francis Boyle, « Independent Chechnya: Treaty of peace with Russia of 12 May 1997 », Hartford Web Publishing, (consulté le )
- (ru) Timour Mouzaïev (ru), « Чеченская республика Ичкерия в июне 1998 года » [« République Tchétchène d'Itchkérie en juin 1998 »] [archive du ], Institut international d'études humanitaires et politiques
- (ru) « Горская республика » [« République montagnarde »], sur Hrono.info (consulté le )
- (en) Roy Gutman (en), How We Missed the Story : Osama Bin Laden, the Taliban, and the Hijacking of Afghanistan, Washington, D.C., Institut des États-Unis pour la paix, , 321 p. (ISBN 978-1-60127-024-5 et 1-60127-024-0, OCLC 165478205, lire en ligne), chap. 7 (« Hijacking a Regime (1999) »), p. 193
Voir aussi
Articles connexes
- Première Guerre de Tchétchénie (1994-1996)
- Seconde Guerre de Tchétchénie (1999-2000)
- Crise de la vallée de Pankissi (2002-2003)
Liens externes
- (en) Chechnya: Drive for Independence or Hotbed for Islamic Terrorism?
- (ru) A. Loubski, « Les facteurs conflictogènes dans le sud de la Russie » Rostov-sur-le-Don. 2005.
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