Réseau éducation sans frontières
Le Réseau éducation sans frontières, ou RESF, est un réseau composé de collectifs, de mouvements associatifs, de mouvements syndicaux, de soutiens politiques et de personnes issues de la société civile militant contre l'éloignement d'enfants étrangers scolarisés en France, causé par l'éloignement de leurs parents étrangers en situation irrégulière[1].
Laissez-les grandir ici |
Fondation |
---|
Sigle |
RESF |
---|---|
Type |
Collectif |
Forme juridique | |
Domaine d'activité |
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire |
Objectif | |
Pays |
Site web |
---|
SIREN |
---|
N'étant pas hiérarchisé, le réseau n'a ni président ni porte-parole ni adhésion ni trésorier (ni trésorerie, ni fonds propres, ni subvention) : chacun de ses membres a le même statut[2],[3].
Historique
Le s'est tenue, à la Bourse du travail de Paris, une réunion rassemblant des enseignants et du personnel de l'Éducation nationale, des parents d'élèves, des éducateurs, des collectifs, des syndicats et des associations ayant une préoccupation commune : la situation des élèves majeurs étrangers en situation irrégulière et des familles en situation irrégulière ayant des enfants mineurs scolarisés (de la maternelle à l'université). Ils ont décidé ce jour-là de créer un réseau de soutien à ces enfants et à ces jeunes majeurs, le Réseau Éducation sans frontières (RESF)[4].
Contexte
Son développement est difficilement chiffrable : tous ceux qui s'activent en faveur des jeunes et des familles étrangères en situation irrégulière peuvent se réclamer du Réseau. Sa forme d'organisation est originale, sans direction, avec des décisions prises au consensus[4].
Ses moyens d'information et d'expression font un grand usage d'Internet : nombreuses listes de diffusion courriels[3], site web, réunions publiques mais aussi une émission de radio sur Fréquence Paris Plurielle.
Public concerné
D'après la législation française sur les étrangers, un mineur ne peut être contraint à quitter le territoire. Néanmoins, leurs parents majeurs peuvent être éloignés s'ils sont dépourvus de titre de séjour en règle, et peuvent se retrouver par conséquent séparés de leurs enfants. Il en est de même des jeunes majeurs qui vivent également sous la menace d'une expulsion.
Aspects juridiques
Cette organisation s'appuie sur l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme[5] (CEDH) qui préserve le droit à une « vie familiale normale ».
Pour le réseau[6], l'expulsion par un État d'étrangers en situation irrégulière lorsque leurs enfants sont scolarisés est incompatible avec la CEDH.
Activités
Les actions se déroulent d'abord à partir des établissements scolaires : signatures de pétition, rassemblements de parents devant l'école, grèves d'enseignants, etc[7]. Les rassemblements peuvent aussi avoir lieu dans d'autres lieux publics[8] et prendre la forme de dépôts collectifs de dossiers. Des veilles téléphoniques sont en place par arrondissement, ville, en cas de nécessité. Des référents peuvent-être présents dans les établissements scolaires. Des permanences soutiennent et renseignent des familles en situation irrégulière sur leurs droits et les aident à constituer leurs dossiers. Des évènements festifs peuvent-être organisés, à l'échelle d'une école ou d'un quartier : goûter « de solidarité »[9], chorales, etc[10].
Des campagnes[11] sont lancées sur des sujets spécifiques et sporadiques dans le temps (campagne pour les Droits de l’enfant etc.). Des collectifs RESF peuvent s'associer à d'autres collectifs, associations ou syndicats pour divers autres évènements tels que des concerts[12].
Le Réseau, afin de soutenir les enfants étrangers et leurs familles, organise des « parrainages républicains » à travers le pays[13]. Lors de ces évènements, les enfants sont parrainés par des personnalités[Qui ?] (élus, artistes…) ou des citoyens concernés[14],[15]. Les parrains s'engagent à aider ces personnes dans leurs démarches. Certaines municipalités organisent ces parrainages, par exemple, la Mairie du 20e arrondissement de Paris à l'occasion du 20e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant[16]. En , le Conseil régional d'Ile-de-France a parrainé des jeunes majeurs[17].
Les membres du Réseau accompagnent fréquemment[précision nécessaire] les familles lors de leurs démarches administratives dans les préfectures. Ils assistent, parfois en nombre, aux audiences du Juge des libertés et de la détention et du Tribunal administratif lorsque des parents ou des jeunes majeurs scolarisés ont été interpellés et envoyés en Centre de Rétention Administrative. D'autres actions conduisent à empêcher les forces de l'ordre de mener des interpellations d'étrangers en situation irrégulière : présence de militants de RESF qui tâchent de prévenir les étrangers concernés, intervention auprès des policiers. Ces actions conduisent parfois les forces de police à interrompre leurs opérations. Des militants peuvent être amenés à se rendre en urgence à l’aéroport pour essayer d’empêcher une reconduite à la frontière.
En , le Réseau appelle à manifester pour protester contre l'expulsion d'un lycéen tunisien condamné par le tribunal correctionnel du Mans à trois mois de prison avec sursis, pour violence en réunion[18].
La solidarité des membres peut également s'étendre sur des évènements du quotidien, telles que : l'assistance pour l'aide aux logements de famille (soutien auprès d'autres organismes...)[19], la réorientation et l'accompagnement vers les établissements adéquates (Les Restos du cœur, Emmaüs, centres d'animation pour les activités extra-scolaires des enfants, inscription à des clubs sportifs...), la collecte et la redistribution individuelle de vêtements, de jouets, de livres, de fournitures scolaires, etc. RESF participe également aux manifestations en faveur des étrangers en situation irrégulière, ayant inauguré de son côté des « manifestations-ruisseaux » dans les quartiers de l'Est parisien[précision nécessaire].
Ces actions trouvent un écho dans la presse écrite, radio et télévisée[10],[20]. Le Réseau diffuse sa propre information par le biais de son site internet, des listes de diffusion, de sites Web locaux (blogs etc.) ainsi que par l'affichage dans les établissements scolaires.
Analyse critique
Pour le philosophe Jean-Claude Michéa, l'action du RESF correspondrait à l'aboutissement des combats de l’"Extrême Gauche libérale" et viserait à « légitimer l’abolition de tous les obstacles à l’unification juridique-marchande de l’humanité »[21].
Membres du Réseau
Créé en 2004, en 2007, le Réseau compte « plus d’une centaine d’organisations, d’associations et de collectifs locaux »[4].
En , le Réseau compte 222 organisations et collectifs dispersés dans toute la France[22], ainsi que de nombreuses personnes individuelles.
Mouvements associatifs (locaux)
- Association pour la démocratie-Nice (ADN)
- Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (AITEC)
- Association des Marocains de France (AMF)
- AMHITI
- ASAV
- ATTAC-France[23]
- La Cimade[24]
- Le Droit Au Logement (DAL)
- Femmes de la Terre
- La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE)[25]
- Le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI)[26]
- La Ligue des droits de l'Homme (LDH)[27]
- Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP)
- SOS Racisme
- Réseau université sans frontières[28]
- Les Amoureux au ban public
- Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé)
Mouvements syndicaux
- La CNT
- La FERC-CGT
- La FIDL
- La FSU[29]
- Le MGM (Syndicat de la Médecine générale)
- Le PAS 38 (syndicat de l'Isère)
- Le SAF
- Le SEDVP-FSU
- Le SGEN-CFDT
- SUD Culture Solidaires
- SUD Éducation[30]
- SUD-PTT
- SUD Santé-Sociaux
- Le Syndicat de la magistrature[31]
- L'Union des alternatives syndicales (UDAS)
- L'Union nationale des étudiants de France (UNEF)
- L'Union nationale lycéenne (UNL)
- L'UNSEN-CGT
- L'Union syndicale Solidaires
- La Fédération syndicale étudiante (FSE)
Collectifs RESF
On compte plusieurs centaines de collectifs dispersés à travers la France, en métropole et en outre-mer. Le réseau commence à essaimer à l'étranger[32].
Soutiens au Réseau
- Les Alternatifs
- Alternative libertaire
- Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
- Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS)
- Le Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF)
- L'Organisation communiste libertaire
- L'Organisation communiste marxiste-léniniste – Voie prolétarienne (OCML VP)
- Le Parti communiste français (PCF)
- Le Parti de gauche
- Le Parti socialiste (PS)
- L'Union démocratique bretonne (UDB)
- EELV[38]
Références
- Lilian Mathieu, Les nouvelles frontières de la société française, (lire en ligne), p. 317 à 338
- Collectif, Les solidarités, Sciences Humaines, (ISBN 978-2-36106-424-2, lire en ligne)
- Marianne Fischman, Jean-Pierre Fournier, L'Homme & la Société, (lire en ligne), p. 133 à 164
- Jean-François Mignard, « Un exemple d'insurrection citoyenne : le Réseau Éducation Sans Frontières (resf) », EMPAN, (lire en ligne)
- Texte intégral de la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales telle qu'amendée par le Protocole no 11
- Du délit de solidarité et du mensonge des politiques.
- Jeanne Demilly, « Amiens: parents et enseignants s’organisent pour aider la famille Natidze », sur Courrier picard, (consulté le )
- Centre France, « Le bloc-notes - Langue des signes, sans-papiers, entrepreneurs, sorties, télé... 9 choses à savoir avant demain, mardi 18 février », sur www.larep.fr, (consulté le )
- « Les écoles de la métropole lyonnaise mobilisées pour les élèves sans toit », sur RFI, (consulté le )
- « Réseau Education Sans Frontières (RESF) », sur Ligue des Droits de l'Homme - Section de Paris 8 - 17 (consulté le )
- Campagnes nationales sur le site Web de RESF
- « Concert rock sans papiers à Paris-Bercy », sur www.bastamag.net, (consulté le )
- « Des familles de réfugiés parrainées par des citoyens et des élus de Portet-sur-Garonne (31) », sur France 3 Occitanie (consulté le )
- Le 2 avril 2016 à 00h00, « Des personnalités parrainent des lycéens sans papiers », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « À Rouen, élus et citoyens parrainent cinq enfants dont les familles sont menacées d’expulsion », sur www.paris-normandie.fr (consulté le )
- Cérémonie de parrainage de sans-papiers à la mairie du 20e sur 75020.fr
- « Parrainage de lycéens sans papiers par des conseillers régionaux des groups de la ma jorité de gauche du Conseil régional d'Île-de-France », sur mediapart.fr, (consulté le )
- Le Mans. Menacé d’expulsion, Wissem avait été condamné pour violences, lemainelibre.fr, 30 septembre 2012
- « Mineurs à la rue : opération coup de poing de RESF à Châteauroux », La Nouvelle République, (lire en ligne)
- Expulsion de Madama : le couple qui accueillait le jeune Malien placé en garde à vue, leveil.fr, 1er octobre 2021
- Quand Jean-Claude Michéa taquine la droite libérale... et la gauche bien pensante, marianne.net, 18 septembre 2007
- RESF Qui sommes-nous ? Les organisations membres du Réseau…
- « RESF - Attac - Pays d'Arles », sur local.attac.org (consulté le )
- « Réseaux et partenaires », sur La Cimade (consulté le )
- « Les partenaires | FCPE », sur www.fcpe.asso.fr (consulté le )
- « Collectifs et campagnes ⋅ GISTI », sur www.gisti.org (consulté le )
- Accueil > Partenaires > 02 Qui sont nos partenaires ?, « 02. Qui sont nos partenaires ? », sur Ligue des droits de l’Homme, (consulté le )
- « Sites amis – RUSF » (consulté le )
- davi_user_fsu, « Autres liens », sur Fédération Syndicale Unitaire (consulté le )
- « Rencontre nationale des collectifs RESF - SUD éducation », sur www.sudeducation.org (consulté le )
- « Jeunesse sans papiers, jeunesse volée, la loi doit changer - Syndicat de la magistrature », sur www.syndicat-magistrature.org (consulté le )
- Liste et carte des collectifs sur le site du réseau
- http://resflycvoltaire.free.fr
- http://www.auber-sans-la-peur.org
- « RESF Montreuil 06 24 72 53 79 (urgences locales uniquement), N° anti-rafles : 06 08 55 99 82 (local) - », sur canalblog.com (consulté le ).
- http://www.resf78.ouvaton.org
- « De la France au Maroc : le sort des jeunes expulsés », sur De la France au Maroc : le sort des jeunes expulsés (consulté le ).
- « « Nous les prenons sous notre protection » | Commission Justice d'Europe Ecologie les Verts (EELV) » (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Anne Jouan, « Le collectif RESF, soutien de Leonarda, s'offre une polémique interne », Le Figaro.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Damien de Blic et Claudette Lafaye, « Le travail politique du réseau éducation sans frontières », dans Résister au quotidien ?, Presses de Sciences Po, , 304 p. (ISBN 978-2-7246-1295-0, présentation en ligne), p. 29-54.
- Claudette Lafaye et Damien de Blic, « Singulière mobilisation, le Réseau éducation sans frontières », Projet, vol. 321, no 2, , p. 12-19 (DOI 10.3917/pro.321.0012, résumé).
Articles connexes
- Resome
- Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)
- Immigration en France
- Étranger en situation irrégulière
- Obligation de quitter le territoire français (OQTF)
- Répression de l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers des étrangers
- Délit de solidarité
- Police aux frontières (PAF)
- Zone d'attente pour personnes en instance
- Centre de détention
- Centre de rétention administrative (CRA)
- Reconduite à la frontière
- Collectif contre les expulsions
- Coordination de l'accueil des familles demandeuses d'asile (CAFDA)
Liens externes
- Portail des associations
- Portail du droit français
- Portail de l’éducation
- Portail de la politique française