Radical imbriqué
En mathématiques, en particulier en algèbre, les radicaux imbriqués sont des expressions contenant des racines d'expressions contenant elles-mêmes des racines.
Par exemple qui apparaît dans l'étude du pentagone régulier[N 1], ou d'autres plus complexes telles que .
Désimbrication de radicaux
Problème général
On peut désimbriquer certains radicaux imbriqués. Par exemple :
- .
Mais la désimbrication de radicaux est généralement considérée comme un problème difficile.
Dans certains cas, des radicaux de puissances plus hautes peuvent être nécessaires pour enlever l'imbrication de certaines classes de radicaux imbriqués[1].
Un cas simple
Un cas particulier abordable est celui où un réel représenté par deux racines carrées imbriquées s'exprime comme une somme ou différence de deux racines carrées. Par exemple :
- ;
- ;
- .
Si a et b sont des rationnels positifs tels que √b soit irrationnel et inférieur à a, pour pouvoir mettre
sous la forme
il faut et il suffit que le nombre
soit rationnel. La solution est alors :
avec
Quelques identités de Ramanujan
Srinivasa Ramanujan a démontré un certain nombre d'identités impliquant l'imbrication de radicaux. Parmi celles-ci figurent les suivantes[2] :
- ,
- ,
- ,
- [3].
Voici d'autres radicaux imbriqués inspirés par Ramanujan :
- [3],
- .
Algorithme de Landau
En 1989, Susan Landau a présenté le premier algorithme pour décider quels radicaux imbriqués peuvent être simplifiés[4]. Des algorithmes antérieurs ont fonctionné dans certains cas, mais pas dans d'autres.[évasif]
En trigonométrie
Les sinus, cosinus et tangente d'un multiple rationnel θ de π s'expriment en termes de rationnels et de radicaux réels (en fait, des racines carrées) éventuellement imbriqués si et seulement si θ/π s'écrit comme une fraction dont le dénominateur a pour indicatrice d'Euler une puissance de 2. Par exemple :
- ;
- .
Imbrication infinie de radicaux
Racine carrée
Pour tous réel r, s > 0, on démontre[5],[N 2] que la suite récurrente (un) définie par
- et
est strictement croissante et converge vers la solution de x = √r + sx, c'est-à-dire la racine positive s + √s2 + 4r2 de l'équation du second degré x2 – sx – r = 0[N 3], ce qui constitue une définition du nombre
- .
Par exemple[N 4] :
- .
ou encore :
- (voir nombre d‘or).
De même[5],[N 2], pour tous réels r, s > 0 tels que r > s2,
- ,
défini comme limite d'une suite, est la racine positive –s + √s2 + 4r2 de l'équation x2 + sx – r = 0. .
Radicaux infinis de Ramanujan
Ramanujan a posé le problème suivant au Journal of the Indian Mathematical Society :
- Trouver la valeur de et de
et l'a résolu ainsi[6] :
- Pour p = 2 ou p = 3, posons . Alors, , avec et choisis de telle façon que
- (c.-à-d. et ) donc
- .
(la convergence, pour tous réels p ≥ 2 et n ≥ 0, est justifiée par un théorème ultérieur dû à Tirukkannapuram Vijayaraghavan[7]). En particulier :
- d'où ;
- d'où .
Le critère de convergence de Vijayaraghavan a été généralisé par Herschfeld[8],[N 5] :
Pour tous réels si ≥ 1 tels que la série converge et pour tous réels positifs ai, le radical imbriqué converge si et seulement si la suite est majorée.
Herschfeld donne comme exemple introductif[9] si = 2, ai = i et calcule : [10].
Ramanujan a résolu le radical infini suivant dans son Cahier perdu[réf. incomplète] :
- . Le schéma périodique des signes est (+, +, –, +).
Expression de Viète pour π
- .
Racine cubique
Pour tous réels r, s > 0, par la même méthode que ci-dessus pour les racines carrées[N 6], on définit le nombre
comme la limite d'une suite croissante, qui converge vers la racine réelle positive de l'équation cubique x3 − sx − r = 0[N 7].
De même[N 8], pour tous réels r, s > 0 tels que r2 > s3,
est la racine réelle de x3 + sx − r = 0.
Racine n-ième
pour tout entier n ≥ 2[11].
Notes et références
Notes
- La racine contient sous son radical l'expression 2√5 qui contient la racine √5.
- Voir .
- Pour r = 1, cette racine est le s-ième nombre métallique (nombre d'or pour s = 1, proportion d'argent pour s = 2, etc.).
- Dans ce cas particulier, on obtient aussi directement cette limite en remarquant que un = 2 cosπ2n+1.
- Voir .
- Voir .
- Pour r = s = 1, cette racine est le nombre plastique.
- Voir .
Références
- (en) Susan Landau, « How to Tangle with a Nested Radical », The Mathematical Intelligencer, vol. 16, , p. 49-55 (DOI 10.1007/bf03024284, lire en ligne).
- (en) Susan Landau, « A note on 'Zippel Denesting' », .
- (en) Bruce C. Berndt, Heng Huat Chan et Liang-Cheng Zhang, « Radicals and units in Ramanujan's work ».
- (en) Susan Landau, « Simplification of Nested Radicals », SIAM J. Comput., vol. 21, , p. 85-110 (DOI 10.1109/SFCS.1989.63496), citeseerx 10.1.1.34.2003.
- (en) Seth Zimmerman et Chungwu Ho, « On infinitely nested radicals », Mathematics Magazine, vol. 81, no 1, , p. 3-15 (JSTOR 27643075).
- (en) S. Ramanujan (G. H. Hardy, P. V. S. Aiyar et B. M. Wilson, éd.), Collected Papers of Srinivasa Ramanujan, Providence, RI, AMS, (1re éd. 1927) (lire en ligne), p. 323.
- Ramanujan 1962, p. 348.
- (en) Aaron Herschfeld, « On infinite radicals », Amer. Math. Monthly, vol. 42, no 7, , p. 419-429 (JSTOR 2301294), th. III.
- « In particular, what are the properties of the number K (which we shall call the Kasner number) ? »
- (en) Eric W. Weisstein, « Nested Radical Constant », sur MathWorld.
- Et pour tout x > 0, ce que MathWorld, « Nested Radical » (voir infra) ne précise pas.
Voir aussi
Articles connexes
- Constante de récurrence quadratique de Somos (en)
- Méthode de Cardan
- Somme de radicaux
Bibliographie
- (en) Allan Borodin, Ronald Fagin, John E. Hopcrofts et Martin Tompa, « Decreasing the Nesting Depth of Expressions Involving Square Roots », J. Symbolic Computation, vol. 1, , p. 169-188 (DOI 10.1016/S0747-7171(85)80013-4)
- (en) David J. Jeffrey et Albert D. Rich, « Simplifying Square Roots of Square Roots by Denesting », dans Michael Wester, Computer Algebra Systems: A Practical Guide, Wiley, (lire en ligne)
Liens externes
- (en) Eric W. Weisstein, « SquareRoot », sur MathWorld
- (en) Eric W. Weisstein, « Nested Radical », sur MathWorld
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