Ramzan Kadyrov

Ramzan Akhmadovitch Kadyrov (en russe : Рамза́н Ахма́тович Кады́ров, api : [rɐˈmzan ɐxˈmatəvʲɪtɕ kɐˈdɨrəf][alpha 4] ; en tchétchène : КъадиргӀеран Ахьмад-Хьаьжин Рамзан), né le , à Tsenteroï (URSS), est un homme d'État russe. Il est notamment connu pour ses forces de sécurité controversées, les kadyrovtsy, accusées par diverses ONG d'être impliquées dans des enlèvements, des actes de torture et des assassinats dans le but de verrouiller son rôle dans la région[1],[2].

Ramzan Kadyrov

Ramzan Kadyrov, en 2018.
Fonctions
Chef de la République tchétchène[alpha 1]
En fonction depuis le [alpha 2]
(15 ans, 6 mois et 20 jours)
Élection
(par le Parlement)
Réélection

(au suffrage universel)
19 septembre 2021
Premier ministre Lui-même
Odes Baïsoultanov
Isa Tumkhadzhiyev (intérim)
Abubakar Edelgeriyev
Ibragim Zakriyev (intérim)
Muslim Khuchiyev
Prédécesseur Alou Alkhanov
Premier ministre de la république de Tchétchénie
[alpha 3]
(1 an, 4 mois et 23 jours)
Prédécesseur Sergueï Abramov
Successeur Odes Baïsoultanov
Biographie
Nom de naissance Ramzan Akhmadovitch Kadyrov
Date de naissance
Lieu de naissance Tsenteroï (RSFSR, URSS)
Nationalité Soviétique (1976-1991)
Tchétchène (1991-2000)
Russe (depuis 2000)
Parti politique Russie unie
Père Akhmad Kadyrov
Conjoint Medni Kadyrova
Enfants 12 enfants
Religion Islam sunnite soufie
Résidence Grozny (Tchétchénie)


Chefs de la République tchétchène

Pendant la présidence de son père, Akhmad Kadyrov, Ramzan a été chef du service de sécurité de ce dernier. Membre du parti Russie unie, il devient Premier ministre de Tchétchénie le puis chef de la République tchétchène le . Il est un fervent soutien du président russe Vladimir Poutine, dont il se dit un « fidèle fantassin »[3].

L'ONG Memorial (dissoute le 23 mars 2022) l'accuse explicitement d'être à l'origine de l'assassinat de Natalia Estemirova, le . Son nom est également mentionné dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant politique Boris Nemtsov, en 2015.

Des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme accusent Kadyrov d'avoir instauré une sévère dictature en Tchétchénie, de semer la terreur sur la population, d'enlever, torturer et exécuter divers suspects et innocents sans inculpation ni jugement[4],[5],[6],[7],[8], d'emprisonner de rares voix dissidentes en les faisant condamner sur la base d'accusations truquées[9], d'intimider, contraindre de s'excuser et humilier devant les caméras des internautes critiquant son pouvoir[10],[11],[12], de forcer les employés du secteur public et les étudiants à prendre part aux rassemblements de masse (meetings, soubbotniks, matchs de football, flashmobs) en menaçant de licencier les uns et d'exclure les autres[13],[14],[15],[16],[17], d'avoir bâclé les travaux de reconstruction dans la République en détournant une partie de l'argent destiné à cette fin, et de ponctionner les salaires des fonctionnaires au profit de sa mystérieuse « fondation Kadyrov »[18].

Biographie

Kadyrov est né à Tsenteroï. Il était le deuxième fils de la famille d'Akhmad Kadyrov et leur plus jeune enfant. Il avait un frère aîné nommé Zelimkhan (1974-2004) et il a deux sœurs aînées, Zargan (née en 1971) et Zulay (née en 1972).

Son père, Akhmad, était un grand mufti dans les années 1990 et avait soutenu l'appel au jihad contre les Russes pendant la Première guerre de Tchétchénie, mais a changé de camp et déclaré allégeance à la Russie lors de la Seconde guerre de Tchétchénie[19],[20]. Nommé en 2000 chef de l'administration provisoire de la République, Akhmad Kadyrov devient en 2003 président de la Tchétchénie, à l'issue d'un scrutin qualifié de mascarade par les observateurs[21].

À la suite de l'assassinat de son père, le , Ramzan devient vice-Premier ministre de la république de Tchétchénie.

Premier ministre

En , après un grave accident de voiture du Premier ministre Sergueï Abramov à Moscou (qui n'est pas considéré comme un acte terroriste), Ramzan Kadyrov devient Premier ministre de Tchétchénie par intérim. Après une longue période de convalescence, Abramov donne finalement sa démission, le , au profit de Ramzan Kadyrov.

Également à la tête des services de sécurité de la présidence tchétchène (les kadyrovtsy), Kadyrov a souvent été accusé d'être violent et antidémocrate[22]. Il reçoit le soutien du président russe Vladimir Poutine et s'engage dans une lutte de pouvoir pour diriger la République avec le président tchétchène effacé[23], Alou Alkhanov.

Ramzan Kadyrov détient la réalité du pouvoir en Tchétchénie, à côté d'un parlement aux pouvoirs affaiblis et avec le contrôle direct ou indirect de 10 000 à 12 000 hommes armés[24], souvent d'anciens combattants anti-russes chevronnés. Publiquement pro-fédéral et ostensiblement anti-wahhabite, se montrant souvent à côté de Vladimir Poutine, il prône, d'un autre côté, une islamisation de la société tchétchène.

Ramzan Kadyrov interdit un temps le séjour en Tchétchénie des organisations non gouvernementales danoises, dont Danish Refugee Council, au moment de la crise internationale des caricatures de Mahomet, le .

Chef de la République tchétchène

Le , il est nommé par Vladimir Poutine président par intérim après la démission de Alou Alkhanov. Il devient officiellement président le 2 mars.

En 2004, Ramzan Kadyrov est décoré par Vladimir Poutine de la médaille du Héros de la Russie, la plus haute distinction du pays. Il est également nommé académicien de l'Académie des sciences naturelles de la Russie et de celle de la République tchétchène.

Kadyrov est marié depuis 1996 à Medni Moussaïevna Kadyrova (née le ), avec laquelle il a eu dix enfants, dont six filles : Aïchat (née le ), Karina (née le ), Khutmat, Khadizhat, Hedy (née le ) et Tabarik (née le ) ; et quatre fils : Akhmad (né le , nommé ainsi en honneur de son grand-père Akhmad Kadyrov), Zelimkhan (né le , ainsi nommé en hommage au frère aîné de Ramzan Kadyrov, décédé en 2004), et Adam (né le ). Après avoir adopté deux autres garçons en 2007, Kadyrov est à présent le père de douze enfants (six fils et six filles).

Pour son trente-cinquième anniversaire le , des vedettes acceptent son invitation pour des montants inconnus : Jean-Claude Van Damme, Hilary Swank, Vanessa Mae (celle-ci pour 500 000 dollars selon la presse russe). Kevin Costner, Eva Mendes, Shakira ou Mike Tyson, bien qu'invités, n'ont pas assisté à cet anniversaire[25]. À son retour aux États-Unis, Hilary Swank a dû s'expliquer devant la presse pour s'être rendue à l'anniversaire d'un « dictateur ». L'actrice a exprimé son regret de ne pas s'être suffisamment informée des « antécédents » de Kadyrov et a renvoyé son équipe de relations publiques à l'origine du voyage controversé[26].

En 2011, Kadyrov interdit désormais de célébrer le jour anniversaire de la déportation forcée des Tchétchènes effectuée par la police politique soviétique NKVD le [27], en estimant que la Tchétchénie ne peut pas faire le deuil alors que le reste de la Russie fait la fête[28] (le est en effet un jour férié en Russie dédié aux militaires et aux hommes en général[29]). À différents moments, il fait aussi rebaptiser plusieurs rues de Grozny de noms de hauts gradés russes pourtant supposément coupables d'exactions sur des civils lors de la dernière guerre russo-tchétchène[30].

Ramzan Kadyrov fait l'objet d'une interdiction de séjour[31] sur le territoire des pays de l'Union européenne, depuis le , ainsi que du gel de ses « éventuels avoirs » en Union européenne, dans le cadre des sanctions européennes à l'encontre de la Fédération de Russie pour son immixtion dans la crise ukrainienne de 2013-2014.

En , il est en tête des manifestations pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo[32], qui a été la victime d'un attentat revendiqué par Al-Qaïda.

Le , vingt jours après la fin de son mandat, il est nommé chef de la République par intérim par le président Vladimir Poutine[33].

Certains experts considèrent la Tchétchénie de Ramzan Kadyrov comme « un État dans l'État »[34] qui serait même « plus indépendante vis-à-vis de Moscou que ne l'étaient la Tchécoslovaquie ou la Hongrie à l'époque communiste »[35]. D'autres spécialistes, au contraire, sont d'avis que Kadyrov serait une « marionnette politique entre les mains du président russe »[36], qu'il est « plus un soldat russe qu'un Tchétchène » et que sa seule raison d'être est d'éradiquer de l'intérieur l'esprit indépendantiste des Tchétchènes, objectif qu'il aurait atteint au prix de la terreur[37]. Marlène Laruelle, historienne spécialisée dans le monde russe, parle, elle, de l'idéologie du « kadyrovisme », qui allie, sur le plan religieux, un islam rigoriste inspiré des pays du Golfe avec un islam « traditionnel » local d'obédience soufie conjugué aux normes du droit coutumier (adat), et sur le plan politique, l'exaltation d'un nouveau nationalisme tchétchène avec celle de la grande puissance russe, le tout formant un ensemble « mouvant, vacillant », dans lequel Kadyrov peut parfois prendre à revers les attentes de son « suzerain » (Vladimir Poutine) tout en restant son instrument de la « pacification » de la Tchétchénie[38].

En février 2022, Ramzan Kadyrov indique envoyer 10 000 combattants en Ukraine afin de soutenir l'armée russe lors de l'invasion russe de l'Ukraine[39],[40].

Suspicion de crimes

Historique

Dans l'un de ses derniers articles publié le , la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa a écrit : « Qu'est-ce que le syndrome Kadyrov ? On peut le caractériser par les traits suivants que sont l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité. En Tchétchénie, les kadyrovtsy frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités comme des "détails permettant de placer les Tchétchènes en faveur de la Russie". »

Le vice-Premier ministre tchétchène Adam Delimkhanov, député à la Douma et propre cousin de Kadyrov, est accusé le par la police de Dubaï d'avoir commandité le meurtre du chef de guerre pro-russe Soulim Iamadaïev. De nombreux meurtres d'opposants à Kadyrov ont eu lieu à Istanbul entre 2008 et 2016[41]. Le , un ancien garde du corps de Kadyrov, Oumar Israïlov, a été tué à Vienne[42]. Israïlov avait évoqué les prisons privées de Kadyrov et avait déposé une plainte contre ce dernier devant la Cour européenne des droits de l'homme[43],[44].

En 2009, selon le journal Le Monde,

« Avec la bénédiction de Moscou, Kadyrov semble donc bénéficier d'un droit de vie et de mort sur ses sujets.
Les opposants de Kadyrov — six au total — ont donc été assassinés en de multiples endroits situés hors de Tchétchénie : Vienne, Istanbul, Dubaï, et Moscou[45]. »

Selon l'hebdomadaire L'Express, le président tchétchène est aidé dans sa tâche par le Service fédéral russe de sécurité (le FSB), ainsi que par le réseau diplomatique russe à l'étranger[46].

Sont venus s'ajouter ensuite les assassinats de Natalia Estemirova (le à Grozny), puis début , toujours à Grozny, de la responsable d'une organisation caritative pour les enfants, Sauvons les générations, Zarema Sadoulaïeva et son mari Alik Djabraïlov, trouvés dans le coffre d'une voiture, tués par balle[47],[48].

En 2016, Kadyrov met en garde les réfugiés tchétchènes en Europe contre les commentaires désobligeants à son encontre :

« Dans dix ou cinq ans, quand vous serez revenus à la raison, ou que vos parents auront décidé qu'il faut rentrer, ou que l'Europe vous aura chassés, vous n'aurez nulle part où vous cacher. Et à ce moment-là, nous vous demanderons des comptes sur chacun de vos mots. Je connais tous les sites Internet de nos jeunes vivant en Europe, que ce soit Instagram, Facebook ou autre, et nous conservons le moindre mot qu'ils écrivent. Nous avons les données sur chacun d'entre vous. À notre époque, il est possible de localiser toute personne. Pour cette raison, ne vous attirez pas d'ennuis[49]. »

D'après la chaîne d'information russophone Current Time, les défenseurs des droits de l'homme enregistrent chaque année plus d'une centaine de cas de tortures et de mauvais traitement en Tchétchénie, ce qui constituerait un tiers du nombre réel des actes de torture dans cette République où cette pratique serait devenue quasi légalisée avec l'arrivée au pouvoir de Ramzan Kadyrov[50].

Le , le département du Trésor des Etats-Unis l'inscrit sur la liste des personnes sanctionnées en vertu de la loi Magnitski après l'avoir reconnu responsable de « meurtres extrajudiciaires, torture ou autres violations flagrantes des droits humains reconnus internationalement »[51],[52]. Trois jours après, ses comptes Instagram et Facebook sont suspendus[52]. Il crée alors un compte officieux sur Instagram et l'utilise jusqu'à ce qu'il ne soit à son tour suspendu en [53], après quoi il crée encore un autre compte officieux, bloqué en février 2022[54],[55].

Entre et , deux opposants de Kadyrov et du Kremlin sont tués en Union Européenne, à Berlin et à Lille, et le troisième, à Gävle, l'a échappé belle[56].

Le , le département d'État des États-Unis l'interdit d'entrer sur le territoire américain, à cause d'un « grand nombre d'informations crédibles selon lesquelles Ramzan Kadyrov est responsable de grossières violations des droits humains depuis plus de dix ans, y compris d'actes de torture et d'exécutions extrajudiciaires »[57]. Deux jours plus tard, apparemment en geste de soutien[58], Vladimir Poutine décerne à Kadyrov le grade de général-major de la Garde nationale russe (Rosgvardia)[59].

Assassinat de Natalia Estemirova

Rencontre à Moscou, au Kremlin, entre Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov (à droite), le .

À la suite du meurtre, le , de Natalia Estemirova, qui travaillait pour la défense des droits de l'homme en Tchétchénie, la Fédération internationale des droits de l'homme a déclaré :

« Si M. Kadyrov n'est pas directement responsable de ce meurtre, il en a en tout cas clairement à l'avance absous les auteurs. Et les autorités russes ont accepté cela sur leur sol, elles ont laissé faire, elles en portent la responsabilité[60]. »

L'ONG Memorial a déclaré que la Russie, comme l'URSS stalinienne, souffrait de « terrorisme d'État ». Le président de Memorial, Oleg Orlov, a affirmé que Ramzan Kadyrov avait menacé Natalia Estemirova et que le président Medvedev n'avait pas d'objections à ce que Ramzan Kadyrov soit un meurtrier[61]. Oleg Orlov a formellement accusé Ramzam Kadyrov, disant :

« Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable, nous le connaissons tous, son nom est Ramzan Kadyrov[62]. »

Selon l'association Human Rights Watch, dans cette région, « les enlèvements sont encore une pratique courante pour se débarrasser de ceux qui critiquent le pouvoir[60] ».

Anne Le Huérou, de la Fédération internationale des droits de l'homme, a ajouté à cette occasion :

« Beaucoup de défenseurs des droits de l'homme comparent le régime de Kadyrov aux années 1936-1938, lors de la pire période de la terreur stalinienne. Il semble que désormais, le seul choix restant soit de se rallier à Ramzan Kadyrov[60]. »

À la suite des accusations de Memorial, Ramzan Kadyrov a engagé successivement deux procès contre Oleg Orlov. Dans le premier procès, entrepris « en défense de [son] honneur, de [sa] dignité et de [sa] réputation »[63], Kadyrov a réclamé 10 millions de roubles (227 000 euros) à Oleg Orlov. Le , le tribunal civil Tverskoï de Moscou a condamné Oleg Orlov, de l'ONG Memorial, à verser à Kadyrov 20 000 roubles de dommages et intérêts, soit 450 euros, et à publier un démenti sur son site internet. Memorial a de son côté été condamnée à 50 000 roubles (1 140 euros) de dommages et intérêts[64]. Dans le deuxième procès, intenté en 2009 à Oleg Orlov, Kadyrov accusait ce dernier de « calomnie » et exigeait contre lui la peine la plus sévère prévue pour cette infraction[65], soit trois ans de prison ferme[66]. Le 14 juin 2011, le tribunal Khamovnitcheski de Moscou a déclaré Oleg Orlov innocent et l'a acquitté, faute de corps du délit[66],[67].

Assassinat de Boris Nemtsov

Boris Nemtsov, opposant libéral à Vladimir Poutine, est assassiné le près de la Place rouge. Sept suspects tchétchènes sont identifiés, dont trois appartiennent aux services d'ordre de la République tchétchène[68]. L'avocat de la famille Nemtsov appuie la thèse que Ramzan Kadyrov est le commanditaire du crime[69] : il rappelle que Kadyrov avait promis de tuer Boris Nemtsov en 2002, les tensions entre eux deux s'étant aggravées en raison de la question de la participation des kadyrovtsy dans la guerre du Donbass[68]. Rouslan Geremeyev, désigné comme organisateur du crime au début de l'enquête et qui est le neveu d'un proche de Ramzan Kadyrov, n'a pas été inquiété au terme de l'enquête judiciaire[68].

Droits LGBT

Les associations internationales de protection des Droits de l'Homme l'accuse d'enfermer en prison des personnes homosexuelles, ne les libérant qu'après avoir organisé dans un second temps leur assassinat par leur propre famille[70]. Devant de telles accusations, Kadyrov a publiquement tenu les propos suivants, dans un interview donné à la chaine HBO Real Sport en juillet 2017[71] :

« Nous n'avons pas ce genre de personnes ici. Nous n'avons pas de personnes homosexuelles chez nous. S'il y en a, sortez-les du pays et envoyez les au Canada. Dieu soit loué, envoyez-les loin de nous pour que nous ne les ayons pas chez nous. Pour purifier notre sang, s'il y en a ici, prenez-les. »

En avril 2017, les médias internationaux ont rapporté que des homosexuels en Tchétchénie étaient arrêtés, détenus et torturés dans le cadre d'un pogrom à l'échelle de la région. Sur cette affaire, le président russe Vladimir Poutine a déclaré le 5 mai qu'il demanderait personnellement au procureur général et au ministère de l'Intérieur russes d'aider la déléguée aux droits humains auprès du Kremlin, Tatiana Moskalkova, à vérifier les abus signalés. Confirmant à son tour cette accusation, le sous-secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Sir Alan Duncan, a déclaré au Parlement britannique qu'il avait été informé de plans présumés visant à éliminer la communauté gay de Tchétchénie avant le début du Ramadan.

La Tchétchénie a démenti ces informations, son ministre de l'Intérieur qualifiant ces allégations de « blague du poisson d'avril ». Le porte-parole de Kadyrov, Alvi Karimov, a décrit le rapport du journal russe Novaya Gazeta comme « des mensonges absolus et de la désinformation », fondant son démenti sur l'affirmation selon laquelle « vous ne pouvez pas détenir et persécuter des personnes qui n'existent tout simplement pas dans la république. S'il y avait de telles personnes en Tchétchénie, les autorités chargées de l'application de la loi n'auraient pas pu les trouver parce que leurs proches les auraient déjà envoyé loin, à un endroit d'où il n'y a pas de retour »[71]. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a également déclaré qu'aucune preuve n'a pu être trouvée pour étayer ces allégations, ajoutant qu'il n'avait aucune raison de douter des affirmations de Kadyrov qui affirme qu'aucune personne, sous sa présidence, n'a été persécutée à cause de son orientation sexuelle.

À nouveau interrogé sur la question du respect des droits des personnes homosexuelles, Ramzan Kadyrov a à nouveau tenu le même type de propos[72] :

« Ce que vous dites est faux. Ils ont tout inventé. Ce sont des démons. Ils sont à vendre. Ils sont des sous-hommes. Dieu les damne pour nous avoir calomniés. »

Voir aussi

Bibliographie

  • Littell Jonathan, Tchétchénie, an III, Gallimard, 2009
  • A. V. Malashenko, Ramzan Kadyrov : le politicien russe de nationalité caucasienne, Éditions Kéruss, 2011

Notes et références

Notes

  1. Président de la République jusqu'au .
  2. Par intérim du au et du au .
  3. Par intérim jusqu'au .
  4. Prononciation en russe retranscrite selon la méthode de l'alphabet phonétique international (API).

Références

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