Raphaël Onana
Raphaël Onana, né le à Poupouma au village de Nkol Okala, au Nord-Ouest de Yaoundé, dans la Province du Centre, au Cameroun, et mort le 11 novembre 2002 à Yaoundé, est un militaire français d'origine camerounaise, il a été un magistrat naturalisé français et finalement un président de l'Union fraternelle des anciens combattants d'expression Française (UFACEF).
Pour les articles homonymes, voir Onana.
Raphaël Onana | ||
Raphaël Onana en 1994. | ||
Surnom | Méyang Mé Tso'o | |
---|---|---|
Naissance | 14 juillet 1919 Nkol Okala de Poupouma |
|
Décès | 11 novembre 2002 (à 83 ans) Yaoundé |
|
Origine | Cameroun | |
Arme | Armée de terre | |
Grade | Sergent-chef | |
Années de service | 1939 – 1944 | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale | |
Faits d'armes | Bataille de Bir Hakeim Campagne du Gabon Campagne de Syrie |
|
Hommages | Chevalier de la Légion d'honneur Médaille militaire Croix de guerre 1939-1945 Insigne des blessés militaires Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 Ordre national du Mérite Officier de l'ordre national du Cameroun |
|
Autres fonctions | Sergent-chef à l'Ambulance chirurgicale légère, Juge, Président de l'association UFACEF. |
|
Famille | Ékongo Akon'Awana | |
Le , il s'est engagé volontairement dans la Milice du Cameroun comme sergent en raison de sa stature imposante, notamment ses 1,88 m, et de ses compétences stratégiques au 1er régiment de tirailleurs du Cameroun, et plus tard sergent-chef ACL (Ambulance chirurgicale légère). Il a été fait citoyen français en 1951.
Biographie
Enfance, formation et débuts
Raphaël Onana est né le à Poupouma au village de Nkol Okala, au Nord-Ouest de Yaoundé, dans la Province du Centre, au Cameroun.
À partir de l'âge de 3 ans, Raphaël Onana passe sa jeunesse avec beaucoup de frustration du fait de la perte de son père, Ékongo Akon'Awana, mort à 33 ans, indirectement empoisonné par des sorciers[réf. nécessaire]. Il a été élevé par sa mère Régina Awundza, qui était une Béti et parlait un dialecte éton. Il a deux sœurs, l'aînée, Zobo, née en 1910, et la cadette, Ng'Onana, née en 1922. Entre 1910 et 1919, il y a eu quatre naissances d'autres enfants, tous des garçons, morts de maladie de façon consécutive.
Ékongo Akon'Awana, était un guerrier des Bakassa originaire de la région de l'Adamawa, doué d'une force physique hors du commun, courageux, redoutable, habile, cruel et sanguinaire. Sa première épouse, Métila, avait eu une fille, demi-sœur de Raphaël, Johanna Ngazomo Métila. Les villageois ont déshonoré sa seconde épouse et veuve, Régina Awundza, et ses enfants. Ékongo Akon'Awana se sentait malheureux de ne pas avoir d'héritier masculin malgré sa polygamie et ses prières pour Zamba-Ntond'Obé, un dieu païen qui était comme les divinités primordiales pour Gaia ou la déesse mère en Europe[style à revoir][réf. nécessaire].
Ékongo est un dialecte qui veut dire la lance ou le javelot, un symbole du guerrier pendant les guerres tribales. Il était un païen animiste pieux et Édounga Zoa, un sorcier, lui a annoncé qu'il était maudit de ne pas avoir de fils à cause de ses crimes, afin de défendre son territoire de Poupouma. Au moment où Régina Awundza était enceinte, Ékongo Akon'Awana avait donné son accord au sorcier Édounga Zoa, par ses incantations, pour avoir un fils d'une santé irréprochable. Ce, à une condition : arrêter de tuer des gens sur son passage[réf. nécessaire].
Ainsi, le sorcier Édounga Zoa a déclaré, après la fin de ses incantations que « Régina Awundza, actuellement enceinte, mettra bientôt au monde un garçon. Celui-ci ne pourra jamais mourir, comme ses quatre autres frères aînés. Au contraire, il vivra très longtemps, aura une abondante progéniture et connaîtra la gloire... ». Ce qui explique le mot « blindé » sur le titre de son ouvrage[réf. nécessaire].
Le nom de Famille Onana
Au Cameroun, il est coutume de prendre un nom de quelqu'un d'autre qu'on aime. Raphaël Onana avait choisi de prendre le nom de sa sœur cadette, Ng'Onana, née en 1922 au lieu de prendre le nom de son père Akon'Awana qui avait une mauvaise réputation à cause de ses crimes à Poupouma. Raphaël Onana avait souhaité tourner la page pour faire oublier la colère des habitants des villages autour de Poupouma.
Haplogroupe
Son haplogroupe est E1b1a selon son petit-fils qui a fait le test ADN au laboratoire Igenea, une filiale Suisse de MyHeritage.
Seconde Guerre mondiale
Au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate, les miliciens du Cameroun rejoignent, pour la plupart, les Forces françaises libres, sous l'impulsion du capitaine, puis colonel, puis général Philippe Leclerc de Hauteclocque. À ce titre, Raphaël Onana participe à la campagne du Gabon de novembre 1940, et à la campagne de Syrie, de juin à décembre 1941. Il est incorporé comme sergent du 1er régiment de tirailleurs du Cameroun, classe 1939, matricule 7776, lors de son recrutement au Cameroun[1]. Les fusils du régiment de Raphaël Onana étaient des modèles Lebel modèle 1886[réf. nécessaire].
Le Cameroun se rallia à la France libre en août 1940, comme la majorité des camerounais éduqués, mais quelques camerounais germanophones furent arrêtés et convaincus d'intelligence avec les nazis allemands. Le , Onana est affecté dans le désert. Il est ainsi le compagnon d'armes des combattants de la Bataille de Bir Hakeim, qui ont donné tant de fil à retordre à Erwin Rommel, et dont Charles de Gaulle, ému, a déclaré qu'ils étaient « l'orgueil de la France ».
C'est à Bir Hakeim précisément que l'ancien milicien Camerounais a été grièvement blessé dans la nuit du 10 au par plusieurs balles de 9 × 19 mm Parabellum d'une mitraillette Schmeisser MP40 des nazis, et fait prisonnier[2]. Rapatrié, il a été déclaré « Réformé Définitif » en avril 1943, car il est grand mutilé de guerre, amputé de la jambe gauche. Il a été soigné à Naples en Italie, pendant la déportation qui a duré cinq mois, à la suite d'une négociation par la convention internationale, il a été échangé comme prisonnier de guerre en [2].
En 1945, le Cameroun français devint un pays sous tutelle de l'ONU, qui remplaçait la SDN. Puis il devint en 1946 un « territoire associé » de l'Union française. Malgré le courage exceptionnel de Raphaël Onana, il n'a jamais pu devenir adjudant. Les Forces françaises libres hésitaient le grade militaire de sous-officier subalterne à sous-officier supérieur aux Noirs d'Afrique centrale.
Après la guerre
Raphaël Onana a été invité au Palais de l'Élysée par le président de la République Charles de Gaulle en pour recevoir plusieurs décorations prestigieuses, dont celle de l'Ordre national de la Légion d'honneur. Il dit à Charles de Gaulle avant la remise des médailles :
« Quand on n'a qu'une seule jambe, elle doit en valoir deux ! Quand on n'entend pas, les yeux doivent en valoir quatre ! »
Raphaël Onana avait participé aux combats avec Simon Noah Bikié, le grand-père de Yannick Noah. Il l'a connu comme camarade de guerre malgré les 20 ans de différence d'âge. Raphaël Onana se souvenait d'avoir partagé avec lui, des expériences de commandement car Simon Noah Bikié avait des motivations de chef de tribu. Lorsque Raphaël Onana avait appris la mort de son ancien collègue Simon Noah Bikié, tué par un militaire lors de la tentative de coup d'état au Cameroun le , sous l'influence des putchs de la Mauritanie, de la Guinée et du Soudan, il avait vivement protesté le couvre-feu ordonné par le putsch Camerounais. Il avait immédiatement contacté Simon Pierre Tchoungui pour connaître l'évolution de l'arrêt du coup d'état afin de sécuriser ses proches.
Avant l'indépendance du Cameroun, Raphaël Onana a été juge dans les tribunaux français exclusivement au Cameroun.
Il a soutenu l'association UFACEF "Unions fraternelles des anciens combattants d'expression Française" aux côtés de l'ambassadeur de France au Cameroun. Il a été élu président de l'Amicale des anciens Combattants du Cameroun et a été aidé par le Docteur Simon Pierre Tchoungui, qui sera plus tard un premier ministre du Cameroun. Celui-ci est le fondateur et le premier président du mouvement UFACEF qui sur le plan mondial, groupe les anciens combattants et anciens militaires francophones répartis par États dans chaque continent en des « Unions Fraternelles d’Anciens Combattants d’Expression Française ».
Raphaël Onana se déplaçait journellement dans sa 4x4 Toyota Hilux III verte à pare-buffle pour voir ses proches. Il a connu un sentiment de solitude malgré sa nombreuse famille dans les sociétés modernes, puisqu'il a été terriblement affairé pour son association UFACEF en relations entre le Cameroun et la France et en étroite collaboration avec l'ambassade de France jusqu'à son décès.
Il meurt le 11 novembre 2002 à Yaoundé.
Vie privée
Le , il se marie dans la tradition chrétienne avec Rita Essah Tsimi (décédée en d'une hypertension artérielle), dont il est père de dix enfants selon les documents du palais de la Légion d'honneur : Casmile, Jeanne, Étienne, Agrippine Awoundja, Lazare Ékongo, Métila Françoise, Essah Nathalie, Zobo Ostomac, Akamba Marie-Solange et Nsing Marius Patrice.
Œuvres
Raphaël Onana, Un homme blindé à Bir-Hakeim : Récit d'un sous-officier Camerounais qui a fait la guerre de 39-45, France, Paris, Éditions L'Harmattan, , 272 p. (ISBN 2-7384-4239-0)
Son coauteur, Patrice Étoundi-M'Balla, est un journaliste des chroniques du quotidien Le Jour (le jour).
Prix et distinctions
- Médaille militaire
- Croix de guerre 1939-1945, avec palme de bronze, décret du général de Gaulle en date du
- Insigne des blessés militaires
- Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
- Médaille commémorative de la guerre 1939-1945
- Ordre national du Mérite par décret du président de la république française du
- Chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur
- Officier de l'ordre national du Cameroun
Notes et références
Notes
Références
- France, Journal officiel de la République française, (lire en ligne)
- Eric Jennings, La France libre fut africaine, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-04739-9, lire en ligne)