Raymond Marcellin

Raymond Marcellin, né le à Sézanne (Marne) et mort le à Paris 8e, est un homme politique français.

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Raymond Marcellin

Raymond Marcellin en 1950.
Fonctions
Député français

(8 ans, 9 mois et 29 jours)
Élection
Réélection
Circonscription 1re circonscription du Morbihan
Législature Xe et XIe (Cinquième République)
Prédécesseur Aucun (scrutin départemental)
Successeur François Goulard

(4 ans, 8 mois et 30 jours)
Élection
Circonscription 1re circonscription du Morbihan
Législature VIIe (Cinquième République)
Prédécesseur Paul Chapel
Successeur Aucun (scrutin départemental)

(1 mois et 1 jour)
Élection
Circonscription 1re circonscription du Morbihan
Législature IIe (Cinquième République)
Prédécesseur Léonce Franco
Successeur Jean Grimaud

(3 ans, 7 mois et 8 jours)
Élection
Circonscription 1re circonscription du Morbihan
Législature Ire (Cinquième République)
Prédécesseur Aucun (création)
Successeur Léonce Franco

(2 ans, 2 mois et 20 jours)
Élection
Circonscription Morbihan
Législature VIIIe (Cinquième République)
Président du conseil régional de Bretagne

(8 ans)
Prédécesseur André Colin
Successeur Yvon Bourges
Sénateur du Morbihan

(6 ans, 8 mois et 29 jours)
Élection
Ministre de l'Agriculture et du Développement rural

(2 mois et 26 jours)
Président Georges Pompidou
Alain Poher (par intérim)
Gouvernement Pierre Messmer III
Prédécesseur Jacques Chirac
Successeur Christian Bonnet
Ministre de l'Intérieur

(5 ans, 8 mois et 27 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (par intérim)
Georges Pompidou
Gouvernement Georges Pompidou IV
Maurice Couve de Murville
Jacques Chaban-Delmas
Pierre Messmer I et II
Prédécesseur Christian Fouchet
Successeur Jacques Chirac
Ministre de l'Industrie

(1 an, 2 mois et 24 jours)
Président Charles de Gaulle
Gouvernement Georges Pompidou III
Prédécesseur Michel Maurice-Bokanowski
Successeur Olivier Guichard
Maire de Vannes

(12 ans et 2 jours)
Prédécesseur Francis Decker
Successeur Paul Chapel
Président du conseil général du Morbihan

(34 ans)
Prédécesseur Paul Ihuel
Successeur Jean-Charles Cavaillé
Ministre de la Santé publique et de la Population

(3 ans, 7 mois et 23 jours)
Président Charles de Gaulle
Gouvernement Georges Pompidou I et II
Prédécesseur Joseph Fontanet
Successeur Jean-Marcel Jeanneney (Affaires sociales)
Conseiller général du Morbihan

(45 ans)
Circonscription Canton de Sarzeau
Prédécesseur M. de Maluquer
Successeur Henri Bénéat
Député du Morbihan

(12 ans et 10 jours)
Élection
Réélection
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Sézanne (Marne, France)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Paris 8e (France)
Sépulture Cimetière du Montparnasse
Nationalité Française
Parti politique Union gaulliste (1946-1947)
CNIP (1951-1962)
FNRI (1962-1977)
PR (1977-1997)
UDF (1978-1998)
Diplômé de Université de Strasbourg
Profession Avocat

Ministre de l'intérieur de 1968 à 1974, il est l'incarnation du retour à l'ordre musclé après les événements de mai 1968.

Parlementaire de 1946 à 1997, il est aussi maire de Vannes et président du conseil général du Morbihan et du conseil régional de Bretagne.

Situation personnelle

Mobilisé en , il est fait prisonnier lors de la déroute de l'armée française de 1940. Il s'évade et occupe des fonctions au sein du régime de Vichy.

Après un doctorat en droit soutenu à l'université de Strasbourg en 1941 à l'âge de 27 ans, il est lié à Maurice Bouvier-Ajam, directeur de l'Institut d'études corporatives et sociales, chargé de « diffuser les idées sociales de la Révolution nationale par l'illustration de la doctrine corporative du Maréchal dans les milieux professionnels et les organisations de jeunesse ». Marcellin dirige alors le bureau d'orientation et de formation professionnelle, puis est nommé secrétaire général de l'Institut ; c’est à ce titre qu’il est décoré de l’ordre de la Francisque. Il s’engage par ailleurs dans la Résistance, via le sous-réseau Druides, affilié au réseau de renseignement Alliance de Marie-Madeleine Fourcade[1]. Ce parcours complexe, de « vichysto-résistant » selon l'expression forgée par Jean-Pierre Azéma, lui valut donc d’être décoré par Vichy, puis de voir reconnaître son action résistante.

Il devient avocat à la cour d’appel de Paris en 1945. Implanté en Bretagne, il assume les fonctions de maire de Vannes, président du conseil général du Morbihan, président de la région de Bretagne, sénateur et député du Morbihan.

Parcours politique

Débuts

Revendiquant un « anticommunisme absolu », il se lance en politique en 1945. En , il rejoint l'Union gaulliste fondée par René Capitant. Il est chargé d'implanter le mouvement dans le Morbihan, qu'il ne connaît alors que par quelques courts séjours touristiques. Il y dispose du soutien du quotidien gaulliste Bretagne-Sud et du résistant Louis-Alexandre Audibert, délégué régional de l'Union gaulliste pour la Bretagne. Lors du référendum du 13 octobre 1946, il prend position contre le projet constitutionnel. Candidat aux élections législatives qui suivent, il obtient d'abord le soutien du Parti paysan puis de l'Union gaulliste, après le retrait en sa faveur du général Audibert. Son programme appelle alors à la défense de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, au soutien à l'enseignement privé, à l'exclusion des ministres communistes du Gouvernement et au « sauvetage du franc ». Sa liste ayant obtenue 11,18% des suffrages (contre 45,5% pour le MRP, 17,52% pour le PCF et 12,8% pour la SFIO), il est élu député à la place du MRP sortant Marie Texier-Lahoulle. A l'Assemblée nationale, il s'apparente au groupe du Parti républicain de la Liberté qu'il quitte dès . Il siège ensuite au sein du groupe « Action républicaine et sociale » puis, à partir de , il préside le groupe « Union démocratique des indépendants » rassemblant des députés proches du RPF du général de Gaulle n'ayant toutefois pas adhéré au mouvement[2]

Ministre de seize gouvernements entre 1948 et 1974, il fut plusieurs fois sous-secrétaire d'État, secrétaire d'État sous la IVe République. Il adhère en 1951 au Centre national des indépendants et paysans, dont il deviendra le secrétaire général[3].

Sous la Cinquième République

Plusieurs fois ministre sous la Cinquième République, il soutient le gouvernement de Georges Pompidou et provoque, aux côtés de Valéry Giscard d'Estaing, une scission au sein du CNIP aboutissant à la création des républicains indépendants. Proche de Georges Pompidou, il incarne un courant des Républicains indépendants plus proches du pompidolisme que du giscardisme libéral, ce qui explique que son parcours ministériel s'arrête avec l'élection de Giscard à la présidence. Il continue alors son engagement électoral breton.

Au ministère de l'Intérieur, qu'il assume sous trois Premiers ministres, il reçoit de Georges Pompidou la mission de remettre de l'ordre après les troubles créés par les événements de et dissout aussi bien des groupes d'extrême droite que d'extrême gauche. Il est à l'origine d'une loi très controversée, la loi dite « anti-casseur » du qui punit de 1 à 5 ans de prison toute personne participant à une manifestation où des dégradations sont commises [4]. Raymond Marcellin obtient par ailleurs des crédits supplémentaires pour renforcer les effectifs des forces de l'ordre, qui passent de 140 000 à 180 000 hommes[5]. Bon connaisseur des problèmes des collectivités locales, il s'attaque au problème du trop grand nombre des communes (38 000, soit autant que la communauté européenne et la Suisse réunies). Devant la réticence des élus, il se résigne à faire voter une loi sans obligation et faisant appel au volontariat, avec des incitations, pour fusionner les communes associées autour d'une commune-centre. Il réussit à diminuer le nombre des communes à 36 552[6].

En 1971, le ministre prépare un projet loi visant à instaurer un contrôle administratif a priori sur la déclaration des associations. Le projet sera retoqué par le Conseil constitutionnel.

Ministre de l’Intérieur

Marcellin se fait remarquer de Pompidou et du général de Gaulle durant les évènements de Mai 68, durant lesquels il les abreuve de notes très précises sur les agitations où il leur fait part de son idée selon laquelle ces évènements sont issus d'une volonté de mettre à genoux la république[7]. Il est nommé Ministre de l'Intérieur le , poste qu'il conserve jusqu'au . Il succède à Christian Fouchet à ce poste à la suite des événements de Mai 68. Le président de la République, Charles de Gaulle, salua son arrivée par la phrase « Enfin Fouché, le vrai », en référence au très autoritaire ministre de la police de Napoléon Bonaparte[8].

Marcellin fut plusieurs fois croqué par les caricaturistes sous les traits d'un CRS, en raison de ses démêlés avec les mouvements gauchistes, consécutifs aux événements de mai 68. Il y gagna aussi le surnom de « Raymond la matraque ».

Le , il obtint par décret présidentiel la dissolution de 11 mouvements d'extrême gauche. Le , il fit prononcer par le conseil des ministres la dissolution d'Occident, mouvement d'extrême droite, puis, le , la dissolution simultanée de la Ligue communiste (extrême gauche) et du mouvement Ordre nouveau (extrême droite).

En 1970, il fait saisir toutes les semaines le journal La Cause du Peuple et met finalement en détention ses deux directeurs de publication[9].

En 1972, il cosigne des circulaires qui subordonnaient la délivrance d’une carte de séjour à l'obtention d'un contrat de travail et d’un logement décent. Ces circulaires mettent fin aux régularisations automatiques. Marquant une étape dans le durcissement de la politique d'immigration française, elles font aussi l'objet des premières manifestations d'étrangers en situation irrégulière et sont par la suite assouplies.

Il est à l'origine de l'affaire des plombiers : le , des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST), déguisés en plombiers, furent surpris en train d'installer un micro espion dans les bureaux de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné[10], ce qui fut la cause de son exfiltration vers le ministère de l'Agriculture, quelques mois plus tard.

En , victime du « gang des saucissonneurs » dans son appartement parisien, Raymond Marcellin est retrouvé bâillonné et ligoté[11].

Sépulture de Raymond Marcellin au cimetière du Montparnasse.

Il meurt le dans le 8e arrondissement de Paris[12].

Détail des mandats et fonctions

Au gouvernement

Au Parlement

Au niveau local

Décorations

Raymond Marcellin a reçu les décorations suivantes[13] :

  • Grand officier des ordres nationaux d’Italie, d’Espagne, de Grèce, des Pays-Bas, de Suède.

Publications

  • L'Ordre public et les groupes révolutionnaires, éditions Plon, Paris, 1968
  • L'Importune Vérité : dix ans après mai 68, un ministre de l'Intérieur parle, éditions Plon, Paris, 1978
  • La Guerre politique, éditions Plon, Paris, 1985
  • L'Expérience du pouvoir, éditions La Table ronde, Paris, 1990

Notes et références

  1. Fourcade, tome 2, p. 56 (cité dans Guérin 2010, p. 1444).
  2. Alary 2004, p. 313-323.
  3. Gilles Richard, « La renaissance de la droite modérée à la libération. La fondation du CNIP », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 65, no 1, , p. 59–69 (DOI 10.3406/xxs.2000.2872, lire en ligne, consulté le )
  4. http://unicaen.free.fr/documents/1970-1971.pdf#page=4&zoom=auto,-274,392
  5. « Projet de loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure », sur www.senat.fr (consulté le )
  6. Code officiel géographique au 1er janvier de l'année (après les évolutions datées du 1er janvier), sur le site de l'Insee. Consulté le 16 avril 2012.
  7. Beau, Nicolas., Dans l'oeil des RG, Paris, Robert Laffont, 245 p. (ISBN 978-2-221-22081-8 et 2-221-22081-1, OCLC 1125270238, lire en ligne)
  8. « Raymond Marcellin, le Fouché breton », sur cairn.info, (consulté le )
  9. « Quand Léo Ferré soutenait La Cause du Peuple en chanson », sur Acrimed,
  10. Voir lecourrier.ch.
  11. « R. Marcellin “saucissonné” dans sa lingerie », Le Nouvel Observateur, 16 mai 2000.
  12. Insee, « Acte de décès de Raymond Jean Gustave Antoine Marcellin », sur MatchID
  13. Biographie du Who's Who.

Voir aussi

Bibliographie

  • Éric Alary, « Raymond Marcellin : l'exemple d’une implantation politique locale et le début d’une carrière nationale », dans Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier (dir.), La recomposition des droites : en France à la Libération, 1944-1948, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 389 p. (ISBN 2-7535-0016-9, lire en ligne), p. 313–323.
  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p. 
  • Alain Guérin (préf. Marie-Madeleine Fourcade, Henri Rol-Tanguy), Chronique de la Résistance : La Résistance : Chronique illustrée (1930-1950), Place des éditeurs (Livre-Club Diderot), (1re éd. 1972-1976), 1812 p. (ISBN 978-2-258-08853-5, lire en ligne). 

Liens externes

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