Christian Fouchet
Christian Fouchet est un diplomate et homme politique français, né le à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) et mort le à Genève.
Pour les articles homonymes, voir Fouchet.
Christian Fouchet | |
Christian Fouchet vers 1940, pendant la seconde guerre mondiale. | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (6 ans et 1 mois) |
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Élection | 30 juin 1968 |
Réélection | 11 mars 1973 |
Circonscription | 5e de Meurthe-et-Moselle |
Législature | IVe et Ve (Cinquième République) |
Groupe politique | UDVe (1967-1968) UDR (1968-1974) |
Prédécesseur | André Picquot |
Successeur | André Picquot |
– (1 mois et 4 jours) |
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Élection | 12 mars 1967 |
Circonscription | 1re de Meurthe-et-Moselle |
Législature | IIIe (Cinquième République) |
Groupe politique | UDVe |
Prédécesseur | Roger Souchal |
Successeur | Roger Souchal |
Ministre de l'Intérieur | |
– (1 an, 1 mois et 25 jours) |
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Gouvernement | Pompidou (4) |
Prédécesseur | Roger Frey |
Successeur | Raymond Marcellin |
Ministre de l'Éducation nationale | |
– (4 ans, 3 mois et 26 jours) |
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Président | Charles de Gaulle |
Gouvernement | Georges Pompidou II et III |
Prédécesseur | Pierre Sudreau Louis Joxe (par intérim) |
Successeur | Alain Peyrefitte |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Saint-Germain-en-Laye (France) |
Date de décès | (à 62 ans) |
Lieu de décès | Genève (Suisse) |
Sépulture | Cimetière du Père-Lachaise |
Nationalité | Française |
Profession | Diplomate |
Il est notamment le ministre de l'Éducation nationale au deuxième plus long mandat de la Cinquième République, et ministre de l’Intérieur au moment des événements de Mai 68.
Il est le père de la romancière Lorraine Fouchet.
Il est beau-frère par alliance de Gaston Palewski, sa sœur Anne-Marie ayant épousé le frère de Gaston, Jean-Paul.
Biographie
Jeunesse et études
Christian Foucher suit des études de droit et obtient une licence de droit. Il s'inscrit également à l'École libre des sciences politiques, et est est diplômé en économie politique[1]. Il y côtoie Charles d'Aragon[2].
Il décide ensuite de se tourner vers le monde militaire, et devient élève-officier à l'école de l'Air de Mérignac en 1940. Dans un article publié dans La Marseillaise (date inconnue, probablement 1944-1945) et intitulé « Complot », Fouchet raconte qu'en , les élèves-officiers et lui-même ont reçu pour mission de « protéger » le maréchal Pétain et le général Weygand, qui voulaient continuer la guerre, contrairement aux personnalités politiques[3].
Il rallie la France libre le , après le discours du maréchal Pétain annonçant la négociation d'un armistice, devançant d'un jour l'appel du 18 Juin, et se met au service du général de Gaulle à Londres le .
Aviateur des Forces aériennes françaises libres, il passe son brevet de parachutiste, puis devient correspondant de guerre au Proche-Orient. Il participe aux campagnes du Fezzan et de Libye. En 1943 il rencontre Antoine de Saint-Exupéry à Alger, les deux hommes deviennent amis.
Postes diplomatiques
Envoyé comme secrétaire à la délégation du CFLN à Moscou au printemps 1944[4], il est ensuite délégué en Pologne à Lublin. Il est le premier occidental à entrer dans Varsovie avec l'Armée rouge fin . Il organise le regroupement des milliers de prisonniers et déportés français libérés des camps allemands en territoire polonais.
À partir d', il est consul général de France à Calcutta avec juridiction sur l'Inde entière et la Birmanie, il y fait la connaissance d'Alexandra David-Néel, ils deviennent amis et restent en contact jusqu'à la mort d'Alexandra en 1969 à presque 101 ans.
Il est ambassadeur au Danemark de 1958 à 1962, et président du comité chargé d'étudier le projet d'union politique européenne des Six États de la CEE (Plan Fouchet) qui n'aboutit pas.
Du au , il est haut-commissaire en Algérie. Nommé le 19 mars, il arrive à l’aérodrome de la Réghaïa le 25 mars. De Rocher Noir où il emménage avec son équipe (Bernard Tricot est son secrétaire et délégué général, Georges Buis dirige le cabinet militaire), il a pour mission d’organiser le référendum sur l’autodétermination. Il condamne dans de nombreux discours les actions des membres de l’Organisation Armée Secrète (OAS) qui ne respectent pas le cessez-le-feu. Le 26 mars 1962 il fait tirer par l'armée sur des civils français qui défilent pacifiquement à Alger. Des dizaines de morts (hommes, femmes , enfants) sont ainsi décomptés et parfois achevés sur place. Le 11 mai 1962, il adopte six mesures anti-OAS. Annoncées publiquement le 13 mai, elles visent trois catégories de la population soupçonnées de soutenir l’OAS (les notables, la police et la jeunesse). « L’opération Fouchet » consiste donc en la révocation de fonctionnaires, l’expulsion de cinquante Algérois et l’internement de personnalités oranaises. Des Attachés Temporaires Occasionnels (ATO) et des gendarmes mobiles sont recrutés afin de surveiller les édifices publics visés par l’OAS[5]. Enfin, pour rompre le lien entre la jeunesse et l’OAS, deux mesures sont également prises : l’appel anticipé des conscrits européens d'Alger et d'Oran âgés de 19 ans (dont le nom de code militaire est « le plan Simoun »)[6], imposé par l’ordonnance no 62-574 du ministre des Armées Pierre Messmer, et la dissolution de l'Association des étudiants algérois (AGEA)[7].
Mandats politiques
Il adhère au RPF qu'il représente à l'Assemblée nationale de 1951 à 1955 comme député de la Seine. Il accompagne le général de Gaulle lors de son voyage en Tunisie.
Ministre chargé des Affaires marocaines et tunisiennes
Du au , il est ministre chargé des affaires marocaines et tunisiennes dans le gouvernement de Pierre Mendès France.
Ministre chargé de l'Information
Du au , il est ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Information.
Ministre de l'Éducation nationale
Comme ministre de l'Éducation nationale du au , il détenait le record de longévité à ce poste sous la Ve République : quatre ans, trois mois et vingt-six jours, avant d’être devancé par Jean-Michel Blanquer en 2021.
Il est l'auteur de la réforme Fouchet des universités à laquelle succède la loi Faure du , et qui instaure notamment la création des instituts universitaires de technologie, la suppression de la propédeutique, la création du DEUG, et alternative de la licence et de la maîtrise, ambition qui fait que Georges Pompidou, le Premier ministre, va en parler à l’Assemblée pour dire qu'il « s'agit non pas de réforme, mais de révolution ».
Ce train de réformes contribue à moderniser les programmes des études scientifiques et à créer de nouvelles formations professionnelles comme les maîtrises d'informatique et d'électronique, ou instaurer la carte scolaire.
Même après son départ, l'UNEF se bat contre la réforme Fouchet des universités[8] et les règlements des résidences universitaires, accusés de freiner la démocratisation des universités et participe avec les comités lycéens au mouvement de 1967 contre les ordonnances sur la sécurité sociale, avec lequel une demi-douzaine de lycées ont déclenché une grève de solidarité[9]. Les principales manifestations en province ont eu lieu à Lyon (huit mille manifestants), Le Mans, Lille (trois à cinq mille), Saint-Étienne (deux mille cinq cents), Bordeaux, Grenoble, Rouen (deux mille) ou encore Marseille, Le Havre, Dijon, Toulon (mille à mille cinq cents) [10].
Ministre de l'Intérieur
Il devient ministre de l'Intérieur du au dans les gouvernements de Georges Pompidou, ce qui englobe les événements de Mai 68.
Élu député de Meurthe-et-Moselle en 1967 sous l'étiquette UD-Ve République[11], réélu en 1968 et 1973 sous l'étiquette UDR, il se porte candidat à la présidence de la République après la mort de Georges Pompidou, mais il se retire en faveur de Jacques Chaban-Delmas le [12], juste après l'appel des 43 en faveur de Valéry Giscard d'Estaing.
Il meurt le à Genève et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (68e division).
Christian Fouchet était docteur honoris causa des universités de Montréal et d'Ottawa.
Une place porte désormais son nom dans sa ville natale de Saint-Germain-en-Laye.
Publications
- roman Le Carnaval des lépreux, feuilleton publié dans « Carrefour » en 1949.
- Christian Fouchet, Au service du général de Gaulle, Plon, 1971.
- Christian Fouchet, Les lauriers sont coupés, Plon, 1973.
Décorations
- Commandeur de la Légion d'honneur (1er avril 1961) ; chevalier (18 juin 1946)
- Croix de guerre 1939-1945
- Croix de la Valeur militaire avec étoile de vermeil
- Médaille de la Résistance française
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques, de droit en tant que ministre de l'Éducation nationale[13].
- Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
- Croix des Veterans of Foreign Wars
- Nombreuses décorations étrangères (Maroc, Tunisie, Comores, Danemark, Mexique, Pérou, Italie, Cambodge, Allemagne, Pakistan, Irak, Liban, Suède, Dahomey)
Archives
- Inventaire des « Papiers Christian Fouchet » conservés aux Archives nationales sous la cote 97AJ.
Notes et références
- « Papiers Christian Fouchet », sur FranceArchives (consulté le )
- Charles d' Aragon, La résistance sans héroïsme, TRICORNE, (ISBN 978-2-8293-0228-2, lire en ligne)
- Frédéric Pottecher, Le Procès Pétain, Lattès, 1980, p. 254 : il explique qu'on a réuni les élèves-officiers en leur disant que des civils voulaient arrêter la guerre et faire arrêter Pétain de Weygand qui voulaient la continuer ; que ces E-O ont été disséminés dans Bordeaux avec des fusils-mitrailleurs.
- BnF, Fonds Jean-Richard Bloch, Varia No 39, 1943-1944, f. 16-18. Il est mentionné plusieurs fois par l'écrivain Jean-Richard Bloch en exil à Moscou, et ce dès le 26 février 1944 : « Visite à Cathala. Vu le capitaine Foucher ». Le site de l'Assemblée nationale fait donc une erreur en évoquant son arrivée en poste en août 1944
- Soraya Laribi, « Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) », dans Algérie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 81–92
- Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 », Revue historique des armées, no 269, , p. 98–107 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
- Soraya Laribi, « La jeunesse européenne dans les derniers mois de la guerre d'Algérie (mars-juillet 1962) : entre engagement et encadrement », Outre - Mers. Revue d’histoire, T. 103, n° 388-389, , p. 221-239. (lire en ligne)
- LA SIGNIFICATION POLITIQUE DE LA REFORME FOUCHET, tract de mars 1966
- ""L'explosion de mai, 11 mai 1968" par René Backmann, Lucien Rioux - 1968
- Le Monde du 15 décembre 1967 à
- Profession de foi de C. Fouchet et de ses adversaires pour le premier tour
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Conférende de presse de Christian Fouchet », sur Ina.fr, (consulté le )
- « France-phaleristique - Ordres et Décorations de France », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
Bibliographie
- François Boulet, « Christian Fouchet, de Saint-Germain-en-Laye au Général de Gaulle », in Actes du colloque Christian Fouchet, un Saint-Germanois en politique, Bulletin des Amis du Vieux Saint-Germain, n° 54, 2017, p. 170-200.
- Lorraine Fouchet, J'ai rendez-vous avec toi, éditions Héloïse d'Ormesson, 2014.
- Pascal Geneste et Aurore Cartier, Papiers Christian Fouchet, Paris, Archives nationales, 2010.
- Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 », Revue historique des armées, no 269, , p. 98–107 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le ).
- Soraya Laribi, « Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) », dans Algérie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 81–92.
- Soraya Laribi, « La jeunesse européenne dans les derniers mois de la guerre d'Algérie (mars-juillet 1962) : entre engagement et encadrement », Outre - Mers. Revue d’histoire, T. 103, n° 388-389, , p. 221-239. (lire en ligne)
- Jérôme Pozzi, « Christian Fouchet en Lorraine. Une tentative d'implantation réussie », in Actes du colloque Christian Fouchet, un Saint-Germanois en politique, Bulletin des amis du vieux Saint-Germain, no 54, 2017, p. 44-59.
Liens externes
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