Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église

Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église est un documentaire français réalisé par Éric Quintin et Marie-Pierre Raimbault en collaboration avec Elizabeth Drevillon. Le film, projeté pour la première fois sur Arte le [1] et vu ce jour-là par 1,5 million de téléspectateurs en France, traite des violences sexuelles commises par des religieux contre des religieuses et des tentatives de l'Église catholique pour dissimuler ces actes.

Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église

Scénario Eric Quintin et Marie-Pierre Raimbault
Sociétés de production Arte tv
Pays de production France
Genre Documentaire
Durée 97 minutes
Sortie 2019

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Le film, basé sur deux années d'enquête[2],[3], montre que des moniales du monde entier ont été et sont victimes d'abus sexuels de la part de supérieurs hiérarchiques[4],[3]. Le cas des pères Thomas Philippe (cofondateur de la communauté de l’Arche) et Marie-Dominique Philippe, son frère (fondateur de la communauté Saint-Jean), qui ont violé des religieuses pendant des décennies sans l'intervention de l'Église, est central dans le documentaire.

Le documentaire décrit comment, dans certaines structures, des religieuses étaient « vendues » à des prêtres par leur supérieure. Il met en exergue un pays d'Afrique, qui n'est pas nommé, où une trentaine de religieuses ont été violées. Les auteurs précisent qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé et que les mêmes pratiques se retrouvent sur l'ensemble des continents. Selon les auteurs, ces abus sexuels ont été particulièrement fréquents au cours des années 1980 et 1990, autrement dit les « années sida » : craignant de contracter le virus auprès des prostituées, ces prêtres violeurs avaient recours à ces religieuses, considérées a priori comme « saines ».

Cathy évoque les agressions sexuelles par le prêtre Marie-Olivier Rabany[alpha 1] dans une école de vie près de Loches : « Il faisait des gestes, d’abord sur le pull, puis en-dessous, de façon très progressive. Jusqu’à donner des baisers langoureux, passionnés »[5]. Elle met des années pour rompre cette emprise. Michèle-France abusée pendant 25 ans, témoigne : « Il pratiquait le cunnilingus, moi des fellations. Ce n’était pas très ragoûtant, il était âgé et ne sentait pas très bon. Mais je prenais ça comme un exercice de pénitence »[6].

Si une femme tombe enceinte plusieurs solutions peuvent être mise en œuvre. Elle est rejetée de la communauté et doit partir, elle est incitée à avorter ou à abandonner son enfant[3].

Christian Terras, directeur du magazine chrétien Golias est un des témoins du documentaire[6].

Le documentaire reproche à Jean-Paul II d’avoir minimisé systématiquement les accusations.

Contexte

Dans les années 1990, plusieurs moniales avaient déjà attiré l'attention sur les abus sexuels généralisés dans les monastères africains, dont Maura O’Donohue qui, en 1994, avait envoyé à Rome un rapport sur des cas dans 23 pays. Ce rapport n'a été publié qu'en 2001 par le National Catholic Reporter. En 2018, le pape François admet pourtant que « des prêtres se sont servis de religieuses comme esclaves sexuelles »[2],[7]. Les cinéastes ont tenté d'organiser une rencontre entre deux protagonistes du film et le pape François, mais le Vatican n'offrant qu'une audience privée, sans témoins, les femmes concernées ont rejeté cette rencontre.

Ordonnance restrictive

Le , à la suite de la plainte en référé d’un prêtre allemand identifiable dans le documentaire, le tribunal d’instance de Hambourg rend une injonction temporaire interdisant au radiodiffuseur Arte de continuer à diffuser le documentaire[8]. Le porte-parole de la famille spirituelle « Das Werk » de Brégence, le père Georg Gantioler, a déclaré à la demande de l'Agence de presse catholique qu'un avocat de la communauté avait obtenu une injonction contre Arte TV, la Frankfurter Allgemeine Zeitung et Deutschlandfunk[9],[10].

Notes et références

Notes

  1. Marie-Olivier Rabany a été définitivement réduit à l'état laïc en janvier 2020, perdant son statut de prêtre. Il vit depuis à Rome après avoir obtenu une exclaustration.

Références

  1. « "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église" : une enquête choc qui rompt l'omerta », sur TV5MONDE, (consulté le )
  2. « Sur Arte, “Sœurs abusées, l’autre scandale de l’Eglise” dénonce les viols de religieuses », sur Télérama.fr (consulté le )
  3. « « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église » : une enquête choc contre le Vatican sur Arte », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  4. « “Religieuses abusées“, un documentaire intense », sur La Vie.fr (consulté le )
  5. « Religieuses abusées : il disait être le petit instrument de Jésus », sur france Culture, (consulté le )
  6. « À voir sur Télérama.fr : “Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église”, une abominable réalité », Télérama, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Le pape reconnaît que des religieuses ont servi d’«esclaves sexuelles» au clergé », Le Parisien, (lire en ligne)
  8. « Arte suspend la diffusion de Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  9. (de) « Spiritueller Missbrauch - "Ich passte ins Beuteschema" », sur Deutschlandfunk (consulté le )
  10. (de) « Katholische Gemeinschaft "Das Werk" ließ Missbrauchs-Film sperren », sur katholisch.de (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Céline Hoyeau / « Le mystère des frères Philippe », Enquête, dans « Cahier central » du journal La Croix, Lundi 22 février 2021, Quotidien N° 41942, édition papier p. 13-20, [lire en ligne]

Articles connexes

Liens externes

  • Ressources relatives à l'audiovisuel :
  • « Abus sexuels dans l’Église : des religieuses également victimes de prêtres » par Margaux Stive et Audrey Dumain, France-Culture, 5 mars 2019, site consulté le 25 février 2021
  • « L’Église catholique s’inspire de #MeToo pour lever le voile sur les violences subies par les religieuses » par Ezequiel Fernandez, 10 août 2018, site de France-Culture, consulté le 25 février 2021,
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