Renaissance allemande

La renaissance allemande fait partie des mouvements de Renaissance nordique. C'est un mouvement culturel et artistique qui s'est propagé sous l'influence de la Renaissance italienne parmi les intellectuels et artistes allemands des XVe et XVIe siècles. Cette propagation est la conséquence des séjours passés par des artistes allemands en Italie afin d'en apprendre plus et de trouver l'inspiration au sein de ce mouvement. L'admiration pour la culture classique a stimulé la création d'Académies en Allemagne et fut l'occasion pour les scientifiques de se concentrer au monde qui les entoure. Ce fut un tournant majeur de l'histoire allemande.

L'Allemagne comptait déjà des universités renommées, dont sept avaient été construites entre 1348 et 1409. Dans ces centres, les humanités ont été introduites après 1440, principalement sous l'influence de Reuchlin, Luder, Ulrich von Hutten et Gregor Reisch. Les savants germanophones assistaient à des conférences en Lombardie et en Toscane et rapportaient les idées humanistes. La connaissance du grec, du latin et de l'hébreu ont rapidement fait partie des bagages des intellectuels allemands (du Saint-Empire romain germanique). Ils ont également pris l'habitude de latiniser leurs noms, à l'instar des humanistes italiens : Crotus Rubeanus et Pierius Graecus, Capnion et Lupambulus Ganymedes, Oecolampadius et Melanchthon sont quelques exemples.

Quelques-uns des princes allemands, parmi eux l'empereur Maximilien Ier et le duc de Wurtemberg Eberhard V, ont joué un rôle important dans la fondation de nouvelles universités et dans le patronage des savants. Les villes de Strasbourg, Nuremberg, Augsbourg et Bâle étaient des centres intellectuels où des érudits comme Wimpheling, Brant, Peutinger, Schedel en Pirckheimer, et des artistes comme Albrecht Dürer et Hans Holbein l'Ancien sont venus. Bien que l'esprit de la Renaissance ait été diffusé, la Renaissance allemande conserve un caractère différent de celui de l'Italie : par exemple, le gothique a très peu subi les influences méridionales.

Lors du développement ultérieur du nationalisme romantique, le souvenir de la Renaissance allemande a nourri la révolution allemande de 1848 et les désirs d'unification allemande[1].

Architecture

La façade du palais de l'électeur palatin Othon-Henri construit en 1556 et détruit en 1689.

L'Allemagne de la fin du XVe siècle, du XVIe siècle et de la première moitié du XVIIe siècle est un pays assez pauvre et troublé, en proie à la violence des guerres civiles, divisé par la Réforme et menacé par l'Empire Ottoman. Ainsi, ce cadre n'était pas favorable à l'épanouissement des arts et notamment de l'architecture. Ainsi, il fallut du temps aux architectes et surtout aux commanditaires pour accepter ce nouveau style[2].

Les architectes allemands ont fait preuve d'une compréhension assez incomplète de l'esprit de la Renaissance, car en ce métier les traditions sont vivaces et les nouveautés effraient plus qu'elles ne séduisent. Dans le territoire allemand comme dans tous les autres pays d'Europe, les architectes n'ont d'abord fait que plaquer un décor d'inspiration italienne sur un édifice de conception, d'esprit gothique;

C'est à Augsbourg que l'influence italienne se fit le plus ressentir, ainsi lorsqu'en 1509 les Fugger y construisent leur chapelle funéraire, c'est tout naturellement qu'elle adopte une composition à l'italienne assez austère. A Nuremberg, on suit cet exemple sans empressement cependant, et la plupart des maisons construites à cette époque perpétuent l'ordonnancement traditionnel (tel que le palais Tucher), en y incorporant quelques éléments qui trahissent l'influence italienne[3]. Ces deux villes se retrouvent donc en avance sur le reste de l'Allemagne, car elles constituent des places sûres et prospères. Cependant, les créations architecturales y sont plutôt convenues et l'innovation y fut grandement limitée[2]. Etonnamment, ce sont des régions assez éloignées de l'Italie qui deviennent des centres artistiques importants au début de la Renaissance allemande, à savoir la Saxe, la Lusace et la Silésie, de culture germano-polonaise[3].

La principale caractéristique de l'architecture de la Renaissance en Allemagne est la persistance du pignon droit ou à gradins médiéval qui évoluera au fil des années vers le pignon à volutes, facilement adaptable aux fantaisies baroques. Ce pignon est souvent couronné d'obélisques, de boules décoratives voire d'un fronton et peut se décomposer en travées formées par plusieurs rangs de colonnes, pilastres ou gaines[2].

La fin de la Renaissance allemande survient avec l'arrivée triomphale dans la seconde moitié du XVIIe siècle du baroque, s'épanouissant dans un premier temps à Munich, puis s'étendant rapidement à toute l'Allemagne, pays désormais pacifié et soucieux de rattraper son retard en matière d'architecture[2].

Sculpture

En sculpture, les artistes allemands préfèrent prolonger au XVIème siècle les traditions gothiques du XVème siècle, en donnant cependant plus de force et de virilité à leurs œuvres. Les sculpteurs allemands sont dans l'ensemble assez indifférents à l'esprit de la Renaissance, ce qui ne les empêche pas d'être prolifiques et de faire preuve d'une grande énergie malgré le poids de la tradition. C'est à Nuremberg, qui donnait alors le ton, que l'atelier des Vischer vient donner l'impulsion de la Renaissance dans ses sculptures, impulsion provenant des frères Hermann et Pierre le Jeune qui ont pu voyager en Italie.[3]

Voir aussi

Sources

Références

  1. Heinrich August Winkler (trad. Odile Demange), Histoire de l'Allemagne XIXe-XXe siècle - Le long chemin vers l'Occident, Fayard, 2005, (ISBN 2213624437).
  2. Marcel Brion, La Renaissance, Londres, Thames and Hudson, , p. 272
  3. Léon Deshairs, L'Art des origines à nos jours, Paris, Larousse, , p. 347, 348, 349

Articles connexes

  • Portail de la Renaissance
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.