Leni Riefenstahl

Helene Riefenstahl, dite Leni Riefenstahl, née le à Berlin et morte le à Pöcking (Allemagne), est une réalisatrice, photographe et actrice allemande.

Leni Riefenstahl
Leni Riefenstahl en 1935.
Nom de naissance Helene Amalia Bertha Riefenstahl
Naissance
Berlin (Allemagne)
Nationalité  Allemande
Décès (à 101 ans)
Pöcking (Allemagne)
Profession Réalisatrice
Photographe
Films notables La Lumière bleue
Le Triomphe de la volonté
Les Dieux du stade

Après avoir occupé une place importante dans le monde du cinéma entre 1932 et 1936, réalisant notamment Les Dieux du stade (qui documente les Jeux olympiques de Berlin 1936), elle en est tenue à l'écart après 1945 pour s'être associée à la propagande du Troisième Reich, dont elle était la cinéaste phare.

Biographie

Helene Amalia Bertha Riefenstahl naît le , à Berlin dans le quartier de Wedding, de l'union d’Alfred Theodor Paul Riefenstahl (1878-1944), fonctionnaire devenu propriétaire d’une florissante entreprise de plomberie[1], et de Bertha Ida Scherlach (1880-1965).

En 1914, elle devient membre du club de natation Nixe et adhère, sans la permission de son père, à une fédération de gymnastique.

À partir de 1918, elle prend des cours de peinture et de dessin à l’Académie des arts de Berlin et, en parallèle, de danse classique et moderne.

Le , elle épouse Peter Jacob, un officier des chasseurs alpins, dont elle divorce en 1946.

En 1968, elle épouse Horst Kettner avec lequel elle vit jusqu’à sa mort.

Souffrant d’un cancer, elle meurt dans son sommeil au soir du à son domicile de Pöcking, quelques semaines après son 101e anniversaire. Elle est enterrée au cimetière munichois Waldfriedhof.

Danseuse

À partir de 1920, Leni Riefenstahl connaît le succès dans la danse et participe à diverses tournées en Allemagne, en Tchécoslovaquie et en Suisse. Pendant six mois, en 1923, elle suit les cours à l’école de danse de Mary Wigman à Dresde en compagnie de Gret Palucca, mais arrête car elle n’aime pas les cours en groupe. Elle danse en solo en octobre de la même année pour la première fois à Munich et y reçoit un triomphe. Elle est engagée par Max Reinhardt comme danseuse soliste pour le Deutsches Theater de Berlin. Sa carrière est brisée en 1924 par un accident au genou survenu lors d’un récital de danse à Prague.

Elle danse plus tard chez Joseph Goebbels, en présence d’Adolf Hitler. « Bonne et efficace. Une souple gazelle » inscrit le futur ministre de la Propagande dans son journal le [2].

Actrice

Leni Riefenstahl photographiée par Alexander Binder.

En 1926, elle est découverte par Arnold Fanck qui lui confie son premier rôle au cinéma dans le film La Montagne sacrée (Der heilige Berg). C’est le début d’une carrière prolifique d’actrice de films de montagne.

Elle acquiert sa popularité en jouant le personnage principal de films comme Le Grand Saut, L’Enfer blanc du Piz Palü, Tempête sur le mont Blanc et L’Ivresse blanche, pour lesquels elle apprend l’alpinisme et le ski.

Joseph Goebbels décrit l’actrice dans son journal après l'avoir découverte le lors d’une projection de L’Enfer blanc du Piz Palü : « Une merveilleuse enfant, pleine de grâce et de charme[2] ! »

Le , le futur ministre de la Propagande la rencontre à l’hôtel Kaiserhof, lieu de résidence habituel d’Adolf Hitler à Berlin : « Très sympathique, intelligente et agréable personne. Nous conversons longtemps. Elle est très enthousiaste pour nous »[2].

Réalisatrice

Ayant acquis auprès d’Arnold Fanck les bases de la réalisation, du cadrage et du montage et après avoir fondé en 1931 sa société de production, la « Leni Riefenstahl Produktion », elle réalise en 1932 son premier film, La Lumière bleue (Das blaue Licht). Écrit et réalisé avec Béla Balázs et Carl Mayer, elle y tient le rôle principal dans un appel à la tolérance et au respect des faibles. Profitant des lois anti-juifs, elle supprimera du générique les noms des deux co-réalisateurs pour mettre le sien à la place et s'attribuer leur travail[3].

Ce film lui vaut l'admiration de Joseph Goebbels, pour qui elle apparaît comme la cinéaste du IIIe Reich, et attire l’attention d’Adolf Hitler.

Rencontre avec Adolf Hitler

En 1932, fin février, Leni Riefenstahl se rend à un rassemblement politique au Sportpalast de Berlin. « Son discours [celui d’Hitler] exerçait sur moi une véritable fascination » écrit-elle dans ses Mémoires. Le , elle lui écrit[4] :

« Très honoré Monsieur Hitler,
Pour la première fois de ma vie, j'ai assisté voici peu à un meeting politique […] au Sportpalast. Je dois avouer que votre personne et l'enthousiasme des spectateurs m'ont impressionnée. Je souhaiterais faire […] votre connaissance, mais malheureusement je dois quitter l'Allemagne pour quelques mois […]. C'est pourquoi une rencontre avec vous avant mon départ sera sans doute impossible […]. Une réponse de votre part me réjouirait grandement.
Salutations redoublées de votre
Leni Riefenstahl »

 Mémoires, p. 146

La veille de son départ, Leni Riefenstahl reçoit un appel de Wilhelm Brückner, l’aide de camp d’Adolf Hitler, afin de fixer un rendez-vous à Wilhelmshaven le lendemain. Dans la voiture venue la chercher à la gare, Wilhelm Brückner lui confie ces paroles d’Adolf Hitler : « La plus belle chose que j’aie jamais vue au cinéma a été la danse de « la Riefenstahl » devant la mer dans La Montagne sacrée. » Pendant l'entrevue, Adolf Hitler lui annonce avoir vu tous ses films : « Mon impression la plus forte m’est venue de votre film La Lumière bleue. Surtout parce qu’il est peu ordinaire qu’une jeune femme parvienne à s’imposer contre les résistances et les goûts établis de l’industrie du cinéma. » Le soir, Leni Riefenstahl, Adolf Hitler et sa suite se rendent au restaurant. Ce dernier la complimente abondamment et fait remarquer que jamais une femme n’avait été présente à leurs réunions. Lors d'une promenade à l’issue du repas, Adolf Hitler « posa lentement ses deux bras autour de moi et m’attira à lui » écrit-elle. Elle se met sur la défensive, il la lâche, lève les mains au ciel et s’écrie : « Je n’aurai pas le droit d’aimer une femme tant que je n’aurai pas accompli mon œuvre. »[réf. nécessaire]

Réalisatrice de propagande

Leni Riefenstahl avec Adolf Hitler.

« Artistiquement, elle est un génie, et politiquement, elle est une imbécile. »

 Liam O'Leary, historien du cinéma

Après une expédition au Groenland et son rôle dans SOS Iceberg (SOS Eisberg) en 1933, elle commence sa collaboration avec le parti national-socialiste maintenant au pouvoir. Adolf Hitler choisit Leni Riefenstahl pour filmer les rassemblements du parti au Reichsparteitagsgelände à Nuremberg. Elle réalise plusieurs documentaires remarqués : La Victoire de la Foi (Sieg des Glaubens, 1933) et surtout Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens, 1934). Ce film grandiose, qui révèle l’esthétique et la grandiloquence cinématographique de Leni Riefenstahl, constitue l’un des plus grands documentaires de propagande jamais réalisés[5].

Pour Le Triomphe de la volonté, elle mobilise 16 équipes de tournage (plus de 100 personnes) et impressionne plus de 60 heures de pellicule. Cette œuvre reste comme l’un des plus célèbres et l’un des plus efficaces film de propagande. Elle met en avant l'unité du parti autour de son chef, en alternant les images à un rythme inattendu et en rompant avec le déroulement chronologique du rassemblement. La place des caméras tire parti de l'éclairage pour créer une ambiance mystique autour du Führer dans un décor conçu par l'architecte Albert Speer. La cathédrale de lumière (Lichtdom[6]), des dizaines de projecteurs de DCA pointés à la verticale et associés aux flambeaux, ainsi que la musique mettent en valeur les symboles du parti : la croix gammée, les drapeaux et l’aigle du Reich. L'œuvre reçoit en 1934 le prix du Film allemand et la coupe Mussolini à la Mostra de Venise, puis un grand prix lors de l’Exposition universelle de Paris en 1937[7].

La réintroduction du service militaire obligatoire en 1935 donne à Leni Riefenstahl l’occasion de filmer le Jour de la Liberté – notre armée (Tag der Freiheit – unsere Wehrmacht). Le tournage a lieu entre le 10 et le , lors de la journée de la Wehrmacht () et vise à satisfaire l’armée qui s’est plainte auprès d’Hitler de ne pas avoir été suffisamment représentée dans Le Triomphe de la volonté[8].

Leni Riefenstahl avec son cameraman pendant le tournage des Dieux du stade en août 1936.

En 1936, Leni Riefenstahl, au faîte de sa gloire, réalise Les Dieux du stade (Olympia) un documentaire sur les Jeux olympiques de Berlin. Elle met en œuvre une technique inédite en filmant les épreuves. Du montage, qui dure 18 mois, naît un film en deux parties : Fête des peuples (Fest der Völker) et Fête de la beauté (Fest der Schönheit). Les images exaltent la virilité des athlètes, l’esthétique des corps masculins et la force martiale[C'est-à-dire ?] par différentes techniques de cadrage, le travelling, la caméra sur grue et la caméra sous-marine. La première projection du film (les deux parties durant en tout près de quatre heures) a lieu le , en hommage au Führer, pour son anniversaire. Ce film acquiert une reconnaissance internationale et reçoit le premier prix de la Mostra de Venise. En 1939, Leni Riefenstahl se voit décerner pour ce film une médaille d’or du Comité international olympique.

L’admiration et la confiance que lui porte Adolf Hitler valent à la réalisatrice l’inimitié du ministre de la Propagande, Joseph Goebbels. Leni Riefenstahl est convoquée vers la fin du mois de par Benito Mussolini au sujet d’un projet de film, mais est finalement chargée de messages qui déclenchent l’Anschluss. Après en avoir fait rapport à Hitler, elle est convoquée par Hermann Göring qui insiste afin de prendre connaissance des messages. Devant le refus de Leni Riefenstahl, il se met en colère, et, peu après, Goebbels lui inflige toutes sortes de brimades : tentative d’expulsion de ses locaux, vérification de sa comptabilité, demande de licenciement d’un de ses meilleurs collaborateurs puis de son attaché de presse, exigence de réduire Les Dieux du stade à une partie et d’en éliminer les séquences où apparaissent des athlètes noirs. Enfin, Joseph Goebbels ordonne le que son ministère ne verse plus d’argent à sa société. Leni Riefenstahl, qui envisage d’abandonner le film et d’émigrer, rapporte ces faits au Führer le , lors d'une entrevue. Après avoir pleuré devant lui, elle lance « Le Dr Goebbels me hait ! » et fournit des preuves à Hitler. Quelques jours plus tard, Wilhelm Brückner lui transmet ce message : « Vous ne dépendrez plus de Goebbels ni du ministère de la Propagande, mais de Rudolf Hess et de la maison brune. Cette décision est le fruit d’une entrevue entre Hitler et Goebbels, le ministre ayant déclaré qu’il se voyait dans l’impossibilité de coopérer avec vous[9]. »

C’est en , lors de la Journée de l’art allemand, que Leni Riefenstahl découvre la position des nazis vis-à-vis de l’art moderne, qualifié d'« art dégénéré ». Elle décide de ne plus accepter de commande du régime nazi. Dans son Journal, elle écrit : « Incapable d’aucun jugement en politique, j’étais très concernée et compétente pour tout ce qui touchait à l’art. […] Pour la première fois, je prenais conscience de l’énormité des erreurs possibles de Hitler. »

Seconde Guerre mondiale

Leni Riefenstahl (avec un couvre-chef en cuir) présente à la tribune parmi des soldats et officiers de la Wehrmacht pendant la Führerparade, Varsovie, .
Leni Riefenstahl rencontre Himmler.

En , elle est correspondante de guerre en Pologne. Le , à Końskie, elle est témoin oculaire de l’exécution d’une trentaine d’otages Juifs. En octobre, elle filme la parade victorieuse du Führer dans Varsovie vaincue[réf. souhaitée]. Le , le jour où le gouvernement français déclare Paris ville ouverte, Leni Riefenstahl adresse un télégramme à Adolf Hitler[10]:

« C'est avec une joie indicible et une grande émotion que nous partageons avec vous mon Führer cette grande victoire qu'est pour l'Allemagne et pour vous l'entrée des troupes allemandes dans Paris. Cela dépasse l'imagination humaine que d'être capable de réaliser des actes sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Comment pourrons nous jamais vous remercier pour cela ? »

En 1940 et 1941, Leni Riefenstahl travaille au film Tiefland. Elle force 60 détenus Sintis et Roms extraits du camp de Salzbourg à jouer les figurants pour le tournage en extérieur. En 1942, des détenus du camp de concentration de Berlin-Marzahn sont utilisés pour les prises de vue dans les studios de Babelsberg près de Berlin. En , ils sont déportés vers Auschwitz. Une vingtaine survivent [11]. En relation avec ces faits, Leni Riefenstahl comparaît plusieurs fois après la guerre devant la justice allemande.

Elle produit en 1943-1944 deux courts-métrages sur les deux sculpteurs emblématiques du régime nazi, Josef Thorak et Arno Breker.

L’après-guerre

Budd Schulberg participe au rassemblement de preuves contre les criminels de guerre en vue du procès de Nuremberg, notamment par l'arrestation de Leni Riefenstahl dans son chalet de Kitzbühel en Autriche[12] : on exige qu'elle identifie les responsables nazis à partir de bobines de films allemands récupérées par les Alliés[13].

Après la Seconde Guerre mondiale, en butte à l’ostracisme de ses confrères du 7e art, notamment américains, elle est placée sous la protection des autorités françaises d’occupation en Allemagne et peut compter sur le soutien de Jean Cocteau pendant sept ans. À l’issue du procès en dénazification commencé le , elle est déclarée nicht betroffen, « non concernée » par la loi de dénazification[14].

Comparaissant devant les tribunaux en 1948, accusée de ne pas avoir rétribué les Roms et les Sintis pour son film Tiefland et de leur avoir faussement promis de les sauver des camps, elle est acquittée.

Elle ne peut plus s'appuyer sur ses succès. Elle devient la cible d'attaques journalistiques, auxquelles elle riposte par des procès. Elle essaie de relativiser son implication pendant le national-socialisme avec un mélange de demi-vérités, d'excuses et de revendications protectrices naïves.

En 1949, elle gagne un procès l’opposant au magazine Bunte, qui publie des « calomnies » sur Tiefland. S’ensuivent d’autres procès pour son travail de propagandiste du régime nazi.

En 1954, elle termine Tiefland, qui est un échec.

Photographe

À partir de cette date, confrontée à des critiques visant ses projets de film, elle se tourne vers la photographie. Elle réalise plusieurs reportages photographiques sur les Noubas de Kau du Soudan (dont elle apprend la langue), objet d’une reconnaissance internationale dans les années 1970.

En 1972, elle obtient une accréditation officielle pour couvrir les Jeux olympiques de Munich en tant que photographe.

En 1974, elle obtient son brevet de plongée sous-marine à Malindi, à 72 ans, pour filmer et photographier les fonds marins. Elle publie un livre de photographies intitulé Jardins de coraux (Korallengärten).

En 1976, elle est invitée d’honneur aux Jeux olympiques de Montréal.

En 1982, la chaîne allemande WDR diffuse un reportage intitulé L’Époque du silence et de l’ombre (Zeit des Schweigens und der Dunkelheit) dans lequel sont réitérés les reproches contre Leni Riefenstahl et sa collaboration avec le parti nazi.

En 1987, elle répond aux accusations en publiant ses Mémoires. Elle dément toute complicité avec le régime national-socialiste et affirme ne s’être jamais attachée qu’à l’aspect artistique de son travail. Malgré le succès public de ce livre traduit en neuf langues, il est malmené par la critique.

En 1993 sort un film biographique sur Riefenstahl, réalisé par Ray Müller (de), auquel la réalisatrice apporte son soutien et sa coopération. Intitulé Leni Riefenstahl, le pouvoir des images (Die Macht der Bilder : Leni Riefenstahl), ce film est diffusé à la télévision allemande et connaît le succès. Il est primé aux Emmy Awards aux États-Unis, puis fait sensation au Museum of Modern Art de New York. Ce retour en grâce de Leni Riefenstahl se confirme en 1996 lorsqu’une version chorégraphiée du Pouvoir des images est montée au Schauspielhaus de Cologne, puis en 1997 lors d’une rétrospective de son œuvre à Milan et à Rome. L’attribution par le Cincecon d’une décoration pour l’ensemble de son œuvre est saluée mais aussi rejetée par certains critiques.

En 1999, le musée du cinéma de Potsdam organise une rétrospective sur sa carrière.

Les dernières années

En 2000, Riefenstahl survit à un accident d’hélicoptère, lors de son dernier voyage auprès des Noubas du Soudan. Elle est âgée de 98 ans.

En 2002, une semaine avant son centième anniversaire, elle présente son dernier documentaire Impressions sous-marines illustrant 25 années de plongée. Elle a demandé à Giorgio Moroder d'en composer la musique.

Plusieurs personnalités, dont Siegfried et Roy, Reinhold Messner et Petra Schürmann, sont présentes à son 100e anniversaire le à Feldafing. Le ténor d’opérette berlinois Heiko Reissig (de) chante pour l’occasion des mélodies de l’époque de sa jeunesse.

Tombe de Leni Riefenstahl.

Au soir du , peu après son 101e anniversaire, Leni Riefenstahl s’éteint dans sa maison de Pöcking, près de Munich. Elle est incinérée et l’urne est placée au Waldfriedhof de Munich.

Plusieurs années avant sa mort, des cinéastes annoncent leur intention de tourner une fiction sur elle, mais elle s’oppose à ce projet : « Ma vie sera sûrement filmée... quand je ne serai plus là »[réf. nécessaire]. Fin , il est question d'un film retraçant sa vie[15].

Diffusé sur Arte le , le documentaire de Michael Kloft Leni Riefenstahl – Das Ende eines Mythos (« Leni Riefenstahl – La fin d'un mythe »), basé sur la biographie de Nina Gladitz (de), montre qu'elle collabore avec le régime nazi, malgré ses démentis. Elle utilise le travail du cinéaste et photographe Willy Zielke, dont elle fait son collaborateur forcé, sans le citer. Pour le faire plier puis s'en débarrasser, elle le fait interner dans un asile d'aliénés, où, sous tutelle, il est stérilisé de force[16],[17] et sombre dans la dépression. Le documentaire révèle que, pour assouvir son ambition, Leni Riefenstahl s’attribue les prises de vues cinématographiques et certaines des photographies de Willy Zielke qu'elle vend sous sa signature. On y découvre une femme admirée mais sans scrupules ni regrets, soucieuse de sa réputation jusqu'à la fin, disparaissant sans reconnaître ses fautes.

Filmographie

Année Film Fonction(s)
Réalisatrice Productrice Scénariste Actrice Rôle
1925 Wege zu Kraft und Schönheit
Les Chemins de la force et de la beauté
Oui Danseuse
1926 Der heilige Berg
La Montagne sacrée
Oui Diotima
1927 Der große Sprung
Le Grand Saut
Oui Gita
1928 Das Schicksal derer von Habsburg
Le Destin des Habsbourg - La tragédie d’un empire
Oui Maria Vetsera
1929 Die weiße Hölle vom Piz Palü
L’Enfer blanc du Piz Palü ou Prisonniers de la montagne
Oui Maria Maioni
1930 Stürme über dem Mont Blanc
Tempête sur le mont Blanc
Oui Hella Armstrong
1931 Der weiße Rausch - Neue Wunder des Schneeschuhs
L’Ivresse blanche
Oui Leni
1932 Das blaue Licht
La Lumière bleue
Oui Oui Oui Oui Junta
1933 SOS Eisberg Oui Hella Lorenz

Ellen Lawrence
Der Sieg des Glaubens
La Victoire de la Foi
Oui
1935 Tag der Freiheit : Unsere Wehrmacht
Jour de la Liberté : Nos Forces de Défense (CM)
Oui Oui Oui
Triumph des Willens
Le Triomphe de la volonté
Oui Oui Oui
1937 Wilde Wasser (CM) Oui
1938 Olympia 1. Teil - Fest der Völker
Les Dieux du stade - Le Festival des Nations
Oui Oui Oui Oui un modèle nu
(non créditée au générique)
Olympia 2. Teil - Fest der Schönheit
Les Dieux du stade - Le Festival de la Beauté
Oui Oui Oui
1943 Josef Thorak, Werkstatt und Werk (CM) Oui
1944 Arno Breker (CM) Oui
1954 Tiefland Oui Oui Oui Oui Martha
1993 Die Macht der Bilder : Leni Riefenstahl
(réal. : Ray Müller)
Oui elle-même
2000 Leni Riefenstahl im Sudan
(réal. : Ray Müller)
Oui elle-même
2002 Impressionen unter Wasser
Impressions sous-marines
Oui Oui Oui Oui elle-même

Publications

  • Hinter den Kulissen des Reichsparteitag-Filmo (1935)[18].
  • Les Nouba de Kau, Éditions du Chêne, 1976, Paris.
  • L’Afrique (1982)[19].
  • Les Nouba, des hommes d’une autre planète (1986)[20].
  • Mémoires (1987)[21].
  • Africa (2005)[22].

Dans la culture

Littérature

  • Dans le roman uchronique de Robert Harris Fatherland (1992), qui postule une victoire de l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, les studios de cinémas officiels du régime (la UFA) sont renommés : « studios Leni Riefenstahl ».
  • Leni Riefenstahl apparaît en bande dessinée dans deux aventures d’Odilon Verjus. Elle y est présentée comme une femme élégante, volontaire, mais plutôt xénophobe, bien que sa passion artistique semble davantage dicter sa conduite que ses idées raciales.
  • Riefenstahl est l’un des personnages du roman Berlin 36 d’Alexandre Najjar[23] qui retrace la vie de l’athlète américain Jesse Owens, quadruple médaillé d’or lors des Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin.
  • Leni Riefenstahl est citée dans Jesse Owens, livre dans lequel Élise Fontenaille lui attribue le rôle de la femme qui a tenu tête à Goebbels et fait pression sur Hitler pour que Jesse Owens apparaisse dans le film Les Dieux du stade.

Cinéma

Télévision

  • Dans la série Weeds, Andy nomme sa fille Leni en hommage à la réalisatrice[24].
  • Dans la série Le Maître du Haut Château (saison 3, épisode 1), son nom est cité comme étant la réalisatrice du Reich.

Théâtre

Zdena Studenková (en) joue son rôle dans Leni, une pièce slovaque, de 2014 sur sa participation fictive au The Tonight Show Starring Johnny Carson.

Jeu vidéo

Dans le jeu Liberators (en), Leni Riefenstahl est un des personnages clé du jeu.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Leni Riefenstahl » (voir la liste des auteurs).
  1. Charles Ford, Leni Riefenstahl, La Table Ronde, Paris, 1978, p. 21.
  2. François Albera, « Leni Riefenstahl », in Journal de Joseph Goebbels (1929-1944) en 1895 no 55, Paris, AFRC, juin 2008, 288 p., p. 139. Traduction de l'allemand par Clara Bloch.
  3. Sorj Chalandon, « L'odieuse du stade », Le Canard enchaîné, 18 novembre 2020, p. 7.
  4. Mémoires, Leni Riefenstahl, traduction de l'allemand par Laurent Dispot, Paris : Grasset, 1987, p. 143-151.
  5. « Etude d'une œuvre de propagande nazie : Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens), Leni Riefenstahl, 1935 », sur ac-poitiers.fr, (consulté le )
  6. Ou « cathédrales de lumières », comme les décrira Robert Brasillach dans son roman Les Sept Couleurs (1939).
  7. http://www.leni-riefenstahl.de/eng/film.html#tdw Photographie du diplôme avec la filmographie de Leni Riefenstahl (en anglais ou allemand).
  8. François Albera, op. cit., p. 149 (note 22).
  9. Bref résumé de la relation écrite par Leni Riefenstahl dans ses Mémoires au sujet de Goebbels.
  10. « Mit unbeschreiblicher Freude, tief bewegt und erfüllt mit heissem Dank, erleben wir mit Ihnen mein Führer, Ihren und Deutschlands grössten Sieg, den Einzug Deutscher Truppen in Paris. Mehr als jede Vorstellungskraft menschlicher Fantasie vollbringen Sie Taten, die ohnegleichen in der Geschichte der Menschheit sind, wie sollen wir Ihnen nur danken? Glückwünsche auszusprechen, das ist viel zu wenig, um Ihnen die Gefühle auszusprechen, die mich bewegen. »
  11. (en) « Leni Riefenstahl's Impossible Dream: Tiefland, Fantasy and the Fuhrer's Shadow - Sound On Sight », sur Sound On Sight (consulté le ) par Christopher Saunders.
  12. « Connaissez-vous le cinéma ? », Le Monde hors-série jeux, 2011, p. 87.
  13. (en) Philip Kennicott, « Art of Justice: The Filmmakers At Nuremberg », Washington Post, 29 novembre 2005.
  14. Jérôme Bimbenet, Leni Riefenstahl, la cinéaste d'Hitler, Tallandier, , p. 281.
  15. Myriam Perfetti, [titre de l'article ?], Marianne, no 528, semaine du 2 au 8 juin 2007, p. 81.
  16. Léna Lutaud, « Ce soir à la télé : Leni Riefenstahl, le vrai visage d’une propagandiste nazie sur Arte », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  17. Renaud Machart, « « Leni Riefenstahl. La fin d’un mythe » : les dénis de la cinéaste officielle du IIIe Reich » (Télévision et radio), Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  18. (de) Zentralverlag der N.S.D.A.P., Hinter den Kulissen des Reichsparteitag-Filmo, Munich, 1935.
  19. Herscher, Paris, 1982.
  20. Chêne, Paris, 1986.
  21. Traduction de l’allemand par Laurent Dispot, Paris, Grasset, 1987 (ISBN 2-246-49271-8).
  22. Traduction de l’allemand par Kevin Brownlow, Cologne, Taschen, 2005 (nouvelle édition).
  23. Berlin 36 (Plon, 2010).
  24. « Weeds Episode Scripts N/A - It's Time (Part 1) ».

Annexes

Bibliographie

  • Steven Bach, Leni Riefenstahl. Une ambition allemande, traduit de l’anglais (États-Unis) par Manuel Tricoteaux, Jacqueline Chambon, 2008.
  • Jérôme Bimbenet, Quand la cinéaste d’Hitler fascinait la France, Leni Riefenstahl, Paris : Lavauzelle, 2006.
  • Jérôme Bimbenet, Leni Riefenstahl. La cinéaste d’Hitler, Paris : Tallandier, 2015.
  • Luc Deneulin, Bibliographie de Leni Riefenstahl, Bruxelles (en ligne sur skynet.be).
  • (de) Lutz Kinkel, Die Scheinwerferin Leni Riefenstahl und das « Dritte Reich », Hambourg : Europa, 2002.
  • (de) Werner Kofler (1947-2011), Zu spät: Tiefland, obsession: prosa, Vienne : Sonderzahl, 2010 (ISBN 978-3-85449-338-9) (paraphrase du film Tiefland, Obsession).
  • Werner Kofler, « Tiefland, Obsession », traduction et présentation Bernard Banoun, in : « Une ou des littérature-s romani », coordonné par Cécile Kovácsházy, Études tsiganes, n° 43, p. 166-175. Réédition en volume en 2013, Nancy : Absalon.
  • Gérard Leroy, Riefenstahl, Paris, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2015.
  • (en) Rainer Rother, Leni Riefenstahl: the seduction of genius, Londres ; New York : Continuum, collection : « Propaganda! », 2002.
  • Anna Maria Sigmund, « Chapitre 4, Leni Riefenstahl, la reine des Amazones » , in : Les Femmes du IIIe Reich, 2004, p. 147-173, 336 p.
  • (de) Jürgen Trimborn, Eine Deutsche Karriere, Biographie Riefenstahl, Berlin : Aufbau, 2002.
  • Federica Muzzarelli, « Leni Riefenstahl (190é-2003) », in : Femmes photographes, émancipation et performance (1850-1940), Éditions Hazan, 2009, p. 274-293 (ISBN 9782754103473).
  • Jérôme Prieur, Berlin, Les Jeux de 36, Éditions La Bibliothèque, Paris, 2017 (ISBN 9782909688862)
  • Martine Passelaigue et Ines Walk, Leni Riefenstahl : Cinq vies, Taschen, 2000.

Films documentaires

Articles connexes

Liens externes

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