Robert de Fiennes

Robert de Fiennes, dit Moreau, né vers 1308 au château de Fiennes, dans le Boulonnais, mort vers 1385. Il fut le 28e connétable de France et s'illustra au cours de la Guerre de Cent Ans.

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Robert de Fiennes
Moreau

Naissance 1308
Décès 1385
Commandement connétable de France (1356 - 1370)
Conflits Guerre de Cent Ans
Faits d'armes Bataille d'Amiens
Siège de Saint-Valery
Prise d'Auxerre

Les armoiries de Robert de Fiennes se blasonnent ainsi : D'argent à un lion de sable.

Biographie

Famille

Robert était surnommé Moreau ou Morel de Fiennes, sobriquet que l'on donnait au moyen-âge pouvant se rapporter aux caractéristiques physiques de la personne, cela pouvait aussi servir ici à distinguer Robert des autres membres de la famille qui portaient ou avaient porté le même prénom[1]. Moreau, morel, morellet sont des anciens mots français qui signifient brunet ou noir, ils peuvent faire référence au teint de la peau et désignaient en l’occurrence les teints bruns (comme ceux des maures), par opposé à "brun spécialisé pour les cheveux"[2]; ce surnom pouvait aussi faire référence à un voyage chez les maures comme l'explique un biographe du poète Eustache Deschamps qui portait aussi le surnom Morel[3]; ou encore être lié pour celui qui le porte à des campagnes militaires effectuées en Espagne jadis occupée par les maures ou mores[4].

Ascendance

Son ascendance côté paternel, par les Fiennes-Brienne[5], compte notamment le trisaïeul Jean de Brienne, roi de Jérusalem et empereur latin de Constantinople, époux de Bérengère de León descendante des rois de Léon, Galice et Castille dont la nièce, Éléonore de Castille était reine d'Angleterre par son mariage avec Edouard Ier; du côté maternel, se situent les comtes de Hainaut, de Flandres, de Luxembourg et de Bar.

Branches françaises et anglaises

Il était fils de Jean, baron de Fiennes et de Tingry (fils de Guillaume (II) de Fiennes et de Blanche de Brienne) et d'Isabelle de Flandres, la plus jeune fille de Gui de Dampierre comte de Flandre. En 1307, Jean, seigneur de Fiennes, déclare que Philippe, roi de France, (Philippe IV le Bel), à la requête du comte de Flandre Robert III de Flandre, lui a confié la garde du château de Cassel. En 1318, Édouard II, roi d'Angleterre, prie son parent et vassal Jean de Fiennes, d'aider ses ambassadeurs à moyenner une paix entre les comtes de Flandre et de Hainaut (Édouard a envoyé ce type de lettre à plusieurs seigneurs de Flandre)[6].

Ses tantes Jeanne et Marguerite faisaient partie de la noblesse anglaise, ainsi Jeanne de Fiennes épousa en 1291 John Wake, baron Wake de Liddell, dont postérité parmi laquelle Marguerite Wake, baronne Wake de Liddell, mère de Jeanne de Kent épouse du fameux Prince Noir Édouard de Woodstock (fils d’Édouard III) et grand-mère de Richard II d'Angleterre, lui-même ayant donc pour bisaïeule (arrière grand-mère) Jeanne de Fiennes. Marguerite de Fiennes quant à elle, épousa en septembre 1285 Edmond Mortimer, 2e baron Wigmore. Ils eurent trois enfants, parmi lesquels Roger Mortimer, comte de March qui prit la tête d'une insurrection baroniale, renforcée par son alliance avec la reine Isabelle de France, reine d'Angleterre, épouse d’Édouard II dont il devint l'amant lors de l'établissement d'une cour en exil en France pour s'opposer au roi d'Angleterre Édouard II. Après avoir rallié à leur cause Guillaume Ier comte de Hainaut (sa fille Philippa étant fiancée à Édouard III - Robert de Fiennes était aussi parent du comte de Hainaut et des Luxembourg) ils mènent une invasion victorieuse de l'Angleterre en 1326, cette situation aboutit à la capture, à l'abdication forcée en faveur de son fils Edouard III puis au meurtre d'Édouard II en 1327. Durant les trois ans qui suivent la chute d'Édouard II, Roger Mortimer gouverne de facto l'Angleterre aux côtés d'Isabelle, des rumeurs accusent bientôt le comte de March d'aspirer lui-même à la couronne d'Angleterre. Le jeune roi Édouard III, est décidé à gouverner par lui-même et cherche à éviter le destin de son père. Le 19 octobre 1330, les régents Mortimer et Isabelle sont en train de dormir dans le château de Nottingham, un groupe loyal à Édouard pénètre dans la forteresse et arrêtent le comte de March au nom du roi, il est emmené à la tour de Londres avant d'être exécuté et Isabelle est exilée au château de Castle Rising dans le Norfolk; ainsi Édouard III prend la tête de l'Angleterre à 18 ans en 1330, Robert de Fiennes a alors 22 ans.

Fratrie

On lui connaît deux sœurs : Jeanne, mariée en 1319 à Jean de Châtillon, comte de Saint-Pol, fils de Guy IV de Châtillon-Saint-Pol et de Marie de Bretagne, seconde fille du duc Jean II de Bretagne et de Béatrice d'Angleterre, fille d'Henri III roi d'Angleterre précédant Édouard Ier (d'où la succession de Fiennes et Tingry vers les Châtillon-St-Pol puis les Luxembourg-St-Pol), et Mahaut, mariée à Jean II de Bournonville. Robert de Fiennes va jouer un rôle important dans l'ascension sociale de ce lignage. Les capitaines bourguignons Aleaume de Bournonville, Enguerrand de Bournonville et Lyonnel de Bournonville, sont ses petits-neveux[7].

Son enfance fut marquée par les révoltes de la noblesse contre la comtesse Mahaut d'Artois dont son père fut l'un des principaux protagonistes.

Mariage

Marié deux fois : avant 1346 avec Béatrix dame de Gâvre et châtelaine de Saint-Omer dont elle avait donné le titre à son mari, morte sans enfant en 1363; il épousa en seconde noce en 1365 Marguerite de Melun, comtesse douairière de Joigny. Il n'eut pas de descendance légitime connue.

Lors d'un procès, Robert de Fiennes et Béatrix de Gavres, son épouse durent verser deux mille livres au profit de Guy X de Laval, époux en 1315 de Béatrix de Bretagne, fille du duc Arthur II de Bretagne (lui-même fils de Jean II de Bretagne et de Béatrice d'Angleterre précités); afin de l'indemniser de l'invasion des terres litigieuses, pillées par eux, sous prétexte qu'ils avaient obtenu en leur faveur une sentence du bailli de Terremonde, et que le comte de Laval avait transféré ses droits à son frère Rasses de Laval (fils Guy IX de Laval) vers 1348[8]. La mort de Jean III de Bretagne en 1341, fils d'Arthur II de Bretagne, est à l'origine de la guerre de Succession de Bretagne.

Il est châtelain de Bourbourg à la suite de son père.

Carrière militaire

Après le désastre de Poitiers, où périt le connétable Gautier VI de Brienne (1356), Robert de Fiennes reçut la dignité de connétable de France comme récompense des services qu'il avait déjà rendus dans la Guerre de Cent Ans.

Il seconda le dauphin (le futur Charles V) dans ses efforts contre les partisans de Charles le Mauvais, roi de Navarre, lors de la Bataille d'Amiens et reprit Saint-Valery-sur-Somme en 1358. Il reprit aux Anglais, Auxerre en 1360. Il parvint à chasser les Grandes compagnies de routiers de Pont-Saint-Esprit, de Frontignan, de La Charité de 1361 à 1365.

Après la signature du traité de Brétigny ou traité de Calais, conclu entre les plénipotentiaires du roi Édouard III d'Angleterre et ceux de Charles V de France, fils du roi Jean II de France qui cédait aux Anglais le territoire où se trouvait sa baronnie de Fiennes; il refusa l'hommage à Édouard III et soutint un siège dans son château contre 25 000 hommes (1369).

Il se démit en 1370 de la dignité de connétable, et la fit déférer à Bertrand du Guesclin.

Lignage

Références

  1. Édouard Garnier 1852, p. 23.
  2. Revue internationale d'onomastique - Volume 9, Éditions d'Artrey, , p. 174
  3. Eustache Deschamps / Louis Hardouin Prosper TARBÉ, Oeuvres inédites d'Eustache Deschamps - Tome second, Reims et Paris, Chez Techener (Paris), (lire en ligne), p. 120
  4. Société archéologique de l'arrondissement de Nivelles, Annales de la société archéologique de l'arrondissement de Nivelles - Tome V, Nivelles, Guignardé, (lire en ligne), p. 17
  5. Le connétable Gautier VI de Brienne auquel il succède appartient à cette maison de Brienne dont il est parent.
  6. Wauters, Tome VIII, Année 1318.
  7. Bertrand Schnerb, Enguerrand de Bournonville et les siens. Un lignage noble du Boulonnais aux XIVe et XVe siècles, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. « Cultures et civilisations médiévales » (no 14), , 384 p. (ISBN 2-84050-074-4), p. 37-43
  8. Nicolas Kermabon, Le pouvoir et la foi au Moyen Âge En Bretagne et dans l’Europe de l’Ouest - Section : Le douaire des épouses des comtes de Laval issus de la tige des Montmorency-Laval (xiiie-xve siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes - Joëlle Quaghebeur, Sylvain Soleil, , 750 p. (ISBN 9782753567399, lire en ligne), p. 518

Bibliographie

Articles connexes

Notes

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
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