Rowland Hill (général)
Rowland Hill, 1er vicomte Hill, né le à Hawkstone, dans le Shropshire, et mort le dans la même région, est un officier général britannique.
Rowland Hill 1er vicomte Hill | ||
Le lieutenant-général Rowland Hill en 1819. Huile sur toile de George Dawe, National Army Museum, Londres. | ||
Naissance | Hawkstone, Shropshire |
|
---|---|---|
Décès | (à 70 ans) Hadnall, Shropshire |
|
Origine | Britannique | |
Allégeance | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général | |
Années de service | 1790 – 1842 | |
Commandement | 2e corps d'armée | |
Conflits | Guerres de la Révolution française Guerres napoléoniennes |
|
Faits d'armes | Bataille de Talavera Combat d'Arroyomolinos Bataille de Vitoria Bataille de la Nive Bataille de Waterloo |
|
Distinctions | Ordre du Bain Ordre royal des Guelfes Ordre militaire de Marie-Thérèse Ordre militaire de Guillaume Ordre impérial et militaire de Saint-Georges |
|
Entré dans l'armée à 18 ans, son ascension dans la hiérarchie militaire est rapide : capitaine en 1793, période durant laquelle il participe au siège de Toulon, il est colonel du 90th Regiment of Foot en 1800, puis major-général en 1805. Quelque temps plus tard, il part combattre les Français en Espagne sous les ordres du général Arthur Wellesley, le futur duc de Wellington. Hill reste sur ce théâtre d'opérations jusqu'en 1814 et se distingue successivement à Porto, Talavera, Arroyomolinos, Vitoria et la Nive. Tacticien remarquable, il s'attire l'estime de Wellington ainsi que celle de ses soldats qui le surnomment affectueusement « Papa ». La bataille de Waterloo où il commande le 2e corps est son dernier fait d'armes.
Vient alors pour Hill le temps des honneurs. Récipiendaire de l'ordre du Bain et de l'ordre militaire de Guillaume, vicomte et commandant en chef de l'armée de terre britannique à la suite de Wellington, il meurt en 1842 dans ses terres du Shropshire, à l'âge de 70 ans.
Biographie
De l'enseigne au major-général
Rowland Hill naît le à Prees Hall, près de Hawkstone, dans le comté de Shropshire. Fils cadet de John et Mary Hill, il étudie à l'école de Ightfield dès l'âge de 7 ans, puis à l'université de Chester[1]. En 1790, il choisit la voie militaire en s'engageant comme enseigne dans le 38e régiment d'infanterie de ligne[2]. Il part alors pour la France et entre à l'académie militaire de Strasbourg, où il reste jusqu'à son rappel à la fin de l'année. Il y revient une seconde fois en 1791 pour compléter son instruction. Entre-temps, il passe lieutenant dans son unité le , avant d'être transféré avec son grade au 53e régiment Shropshire en garnison à Édimbourg[3]. L'année 1792 est rythmée par la vie de garnison. En 1793, Hill est chargé de l'organisation d'une compagnie dite « indépendante » dont il est promu capitaine le [4].
Il est ensuite désigné pour accompagner le ministre plénipotentiaire Drake à Gênes, mais il en repart très vite pour rejoindre Toulon, assiégée par les Français. Faisant office d'aide de camp auprès des généraux britanniques pour lesquels il assure la transmission des ordres, il revient à Londres en décembre avec les dépêches en provenance du front[5]. Capitaine sous les ordres du major-général Cuyler depuis le mois de novembre[6], il est, avec Thomas Graham, l'un des organisateurs du 90th Regiment of Foot dont il est promu successivement major le [7], lieutenant-colonel le [8] et colonel le [9].
En 1801, pour mettre un terme à l'occupation française de l'Égypte, l'Angleterre détache un corps expéditionnaire commandé par le général Abercromby. Le 90th Regiment de Hill est du voyage. Le débarquement s'effectue à Aboukir sous un feu nourri : lors de l'action, Hill est grièvement blessé par une balle à la tête. Les semaines suivantes, il reprend du service et participe activement aux opérations militaires[5]. Les troupes françaises, battues à Canope, doivent évacuer l'Égypte. À son retour en Angleterre, Hill se voit accorder le grade de brigadier en 1803, puis de major-général en 1805[10]. La même année, il fait la rencontre d'un général de 36 ans tout juste revenu d'Inde, Arthur Wellesley, avec lequel il se lie d'amitié[11].
La guerre d'Espagne
Depuis , la guerre fait rage en Espagne. Les armées françaises, habituées aux batailles rangées, doivent faire face à la guérilla menée par le peuple espagnol. L'Angleterre y voit l'occasion de s'immiscer dans la lutte contre Napoléon et décide d'envoyer une armée dans la péninsule. C'est le lieutenant-général Arthur Wellesley qui la commande. Hill reçoit quant à lui le commandement d'une brigade avec laquelle il se distingue à la bataille de Roliça le , puis à celle de Vimeiro le 21. Il participe en outre à la campagne du général Moore en Espagne, de 1808 à 1809, et sert à la bataille de la Corogne qui voit le rembarquement de l'armée britannique. Cette dernière revient cependant bientôt, à nouveau sous les ordres de Wellesley, et entreprend de chasser le maréchal Soult du Portugal. Lors de la seconde bataille de Porto, le , l'intervention de la brigade Hill à travers le Douro met les Français en déroute et les oblige à évacuer la ville[5].
L'armée anglaise marche maintenant sur Madrid aux côtés de ses alliés espagnols. Les 27 et a lieu la bataille de Talavera. Hill est présent sur le terrain en tant que commandant de la 2e division. La nuit précédant la bataille, le maréchal Victor monte une attaque surprise contre les Anglais. Dans l'obscurité, ses troupes bousculent deux bataillons de la King's German Legion et s'emparent d'une position clé. Comme Hill l'a plus tard raconté, « j'étais persuadé qu'il s'agissait des vieux "Buffs" qui, comme d'habitude, étaient en train de faire quelque bêtise »[12]. Par précaution, il s'avance tout de même dans le noir à la tête d'une brigade et tombe sur les Français. Une mêlée s'engage. Hill, pris à partie par un soldat ennemi, manque de peu d'être capturé mais ses troupes parviennent finalement à expulser les assaillants des hauteurs[13].
Lors de la troisième invasion française du Portugal en 1810, Hill est toujours aux commandes de la 2e division qu'il dirige à la bataille de Buçaco[5]. À l'automne 1811, c'est à Hill que Wellington confie le commandement d'une force indépendante de 16 000 hommes chargés de la surveillance de Badajoz. Le , informé de la présence de la division Girard dans les parages, Hill se porte à sa rencontre et la rejoint dans la nuit, près du village d'Arroyomolinos. La victoire britannique est complète : 600 soldats français sont mis hors de combat, et 1 300 autres sont faits prisonniers par les troupes de Hill dont les pertes sont faibles[14]. En récompense de ses services, Hill est promu au grade de lieutenant-général le [15]. Le , il est nommé gouverneur honoraire du château de Blackness, en Écosse[16], et le , il est fait chevalier-compagnon de l'ordre du Bain[17]. Il reçoit également la distinction de chevalier grand-croix de l'ordre portugais de la Tour et de l'Épée le [18].
En , après la chute de Badajoz, un raid de Hill contre le pont d'Almaraz s'achève sur un franc succès, avec destruction de l'ouvrage et prisonniers français à la clé[5]. Tandis que Wellington bat l'armée française du maréchal Marmont à la bataille des Arapiles, Hill assure la protection de Badajoz avec un corps indépendant de 18 000 hommes. Celui-ci comprend la 2e division britannique, la division portugaise Hamilton et la 2e division de cavalerie du général William Erskine. Peu de temps après son entrée à Madrid, Wellington donne à Hill le commandement d'un corps de 30 000 hommes[5]. La poursuite des Français commence, menée notamment par Hill avec l'aile droite de l'armée. L'affrontement décisif du à Vitoria est l'occasion pour Hill de mettre une nouvelle fois en avant ses talents de tacticien. Manœuvrant habilement, son corps d'armée repousse toutes les attaques françaises et contribue au succès de la journée[11],[note 1] Il se distingue ensuite lors de la bataille des Pyrénées[19]. Pour la compétence de son commandement lors de la campagne, Hill se voit attribuer une décoration le [20]. Un mois plus tard, le , il participe à la bataille de la Nivelle[21].
Le , pendant la bataille de la Nive, Hill s'illustre particulièrement lors de la défense de Saint-Pierre-d'Irube, considérée parfois comme son plus grand fait d'armes. Isolé sur la rive est de la Nive avec 14 000 hommes et 10 canons, le général parvient à refouler méthodiquement les attaques des 30 000 soldats du maréchal Soult appuyés par 22 canons. Hill se bat avec talent, « on le voyait à chaque point de danger, mener en personne et à plusieurs reprises des régiments ralliés pour sauver ce qui pouvait ressembler à une bataille perdue… On l'a même entendu jurer » écrit Oman[13]. Pour sa belle résistance, Hill reçoit les félicitations de Wellington qui lui dit : « Hill, le jour est vôtre »[22]. Il sert peu après aux batailles d'Orthez et de Toulouse. Wellington déclare encore au sujet de son subordonné et ami : « ce qu'il y a de meilleur chez Hill, c'est que je sais toujours où le trouver »[23]. Le , Hill est nommé gouverneur de Hull[24] et le , il est élevé à la dignité de commandeur de l'ordre militaire autrichien de Marie-Thérèse[25].
Affilié aux Tories[26], il est membre du Parlement pour la circonscription de Shrewsbury de 1812[27] à 1814[28]. Cette même année, il est élevé à la pairie sous le titre de Baron Hill of Almaraz and of Hawkestone in the county of Salop (« baron Hill d'Almaraz et de Hawkestone dans le comté de Salop »)[29]. Toutefois, ses obligations militaires l'empêchent de siéger à la Chambre des communes avant son élévation à la Chambre des Lords. Sa nomination à la pairie s'accompagne d'une pension de 2 000 £[26]. Hill est par ailleurs nommé colonel du 3e bataillon de garnison le [30], colonel du 94e régiment d'infanterie le suivant[31], colonel du 72e régiment d'infanterie le [32] et enfin colonel du régiment royal des Horse Guards le [33].
Waterloo et après
Hill est nommé chevalier grand-croix de l'ordre du Bain le [34]. Lors de la bataille de Waterloo, qui se déroule le de la même année, Hill commande le IIe corps de l'armée britannique[5]. Vers la fin de la bataille, il conduit la charge de la brigade Adam contre la Garde impériale. Dans la confusion, la rumeur circule qu'il a été tué au cours de la mêlée. Il en ressort toutefois indemne et, peu après le combat, écrit à sa sœur : « à la vérité, je crois qu'il n'y a jamais eu d'affrontement aussi formidable que celui de Waterloo »[35]. Par la suite, il continue de servir parmi les troupes d'occupation en France jusqu'à leur retrait du pays en 1818[5].
Après Waterloo, Hill est gratifié de nombreux honneurs de la part des puissances alliées. Élevé à la dignité de commandeur de l'ordre militaire autrichien de Marie-Thérèse le , il est également fait chevalier de l'ordre de Saint-Georges de Russie le suivant[25] et commandeur de l'ordre militaire de Guillaume par le roi Guillaume Ier des Pays-Bas le . Au couronnement du roi George IV en 1821, il porte l'étendard d'Angleterre durant la procession entre Westminster Hall et l'abbaye de Westminster[36]. En 1828, Hill succède à Wellington au poste de Commander-in-chief of the Forces, c'est-à-dire de commandant en chef de l'armée de terre britannique, fonction qu'il occupe jusqu'en 1842[5]. Il devient aussi gouverneur de la citadelle royale de Plymouth le [37] et est fait « vicomte Hill d'Almaraz » le [5].
Rowland Hill meurt le à Hardwicke Grange, près du village d'Hadnall dans le Shropshire, à l'âge de 70 ans. Il est inhumé dans le cimetière communal d'Hadnall[5].
Considérations
Surnommé « Daddy Hill », il se préoccupe du bien-être de ses hommes dont il est adoré[5]. Un jour, il fait remettre un panier de provisions à un officier blessé qui arrive à son quartier-général. Une autre fois, un sergent venu lui remettre un message, s'attendant à être simplement remercié, est stupéfait de voir le général prendre des dispositions pour son dîner et lui offrir un endroit pour passer la nuit. Le lendemain, Hill remet au soldat de la nourriture et une livre pour la suite de son voyage[38]. D'un point de vue militaire, Wellington, généralement peu enclin à favoriser les initiatives de ses subordonnés, lui attribue à plusieurs reprises des commandements indépendants, ce qui témoigne de sa haute opinion des talents de Hill[39]. L'historien Michael Barthorp dresse le portrait suivant :
« Intelligent, énergique, toujours soucieux et attentif aux besoins de ses hommes, il était surtout parfaitement digne de confiance, et Wellington savait bien que n'importe quelle mission confiée à Hill serait planifiée et exécutée avec soin, clairvoyance et promptitude[40]. »
Notes et références
Notes
- « Les talents militaires de Hill à la bataille de Vitoria ont été exemplaires »[11].
Références
- Chichester 1891, p. 411.
- (en) The London Gazette, no 13237, p. 573, 14 septembre 1790. Consulté le 15 avril 2012.
- Chichester 1891, p. 412.
- (en) The London Gazette, no 13514, p. 252, 26 mars 1793. Consulté le 15 avril 2012.
- « Rowland Hill », Oxford Dictionary of National Biography, 2004.
- (en) The London Gazette, no 13593, p. 1017, 12 novembre 1793. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 13663, p. 488, 24 mai 1794. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 13687, p. 760, 22 juillet 1794. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 15218, p. 1, 31 décembre 1799. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 15856, p. 1341, 29 octobre 1805. Consulté le 15 avril 2012.
- « Soldier’s Story: General Lord Hill, a Shropshire Soldier » [archive du ], sur Waterloo 200, (consulté le ).
- Glover 2001, p. 108.
- Oman 1993, p. 118.
- Pigeard 2004, p. 63 et 64.
- (en) The London Gazette, no 16556, p. 2498, 28 décembre 1811. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16564, p. 129, 18 janvier 1812. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16576, p. 335, 18 février 1812. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16599, p. 830, 2 mai 1812. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16934, p. 1850, 13 septembre 1814. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16785, p. 1986, 5 octobre 1813. Consulté le 15 avril 2012.
- Chichester 1891, p. 414.
- Glover 2001, p. 308.
- Glover 2001, p. 349.
- (en) The London Gazette, no 16920, p. 1507, 26 juillet 1814. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 17064, p. 1941, 23 septembre 1815. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) R. G. Thorne, « Rowland Hill, 1st Viscount Hill », sur historyofparliamentonline.org (consulté le ).
- (en) The London Gazette, no 16660, p. 2119, 20 octobre 1812. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16907, p. 1205, 11 juin 1814. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16894, p. 936, 3 mai 1814. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16217, p. 45, 10 janvier 1809. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16299, p. 1514, 19 septembre 1809. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 17009, p. 845, 6 mai 1815. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 18747, p. 2420, 19 novembre 1830. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 16972, p. 18, 4 janvier 1815. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) Charles Dalton, The Waterloo roll call. With biographical notes and anecdotes, Londres, Eyre and Spottiswoode, , p. 13.
- (en) The London Gazette, no 17732, p. 1604, 3 août 1821. Consulté le 15 avril 2012.
- (en) The London Gazette, no 18699, p. 1345, 29 juin 1830. Consulté le 15 avril 2012.
- Oman 1993, p. 115.
- Barthorp 1978, p. 16.
- Barthorp 1978, p. 17.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Alain Pigeard, Dictionnaire des batailles de Napoléon : 1796-1815, Paris, Tallandier, , 1022 p. (ISBN 2-84734-073-4).
- (en) Henry Manners Chichester, « Hill, Rowland (1772-1842) », dans Dictionary of National Biography, vol. 26, (lire en ligne).
- (en) George Teffetaller, « Rowland Hill », dans Oxford Dictionary of National Biography, (lire en ligne).
- (en) Michael Barthorp (ill. Richard Hook), Wellington's Generals, Londres, Osprey Publishing, coll. « Osprey / Men-at-Arms » (no 84), , 40 p. (ISBN 0-85045-299-6).
- (en) Michael Glover, The Peninsular War 1807-1814, Londres, Penguin Books, , 431 p. (ISBN 0-14-139041-7).
- (en) Charles Oman, Wellington's Army, 1809-1814, Londres, Greenhill, (1re éd. 1913), 395 p. (ISBN 0-947898-41-7).
Voir aussi
- Portail de l’histoire militaire
- Portail du Royaume-Uni