Rue Jean-Pierre-Timbaud

La rue Jean-Pierre-Timbaud est une rue du 11e arrondissement de Paris, allant du boulevard du Temple au boulevard de Belleville.

Pour la rue de Gennevilliers, voir Rue Pierre-Timbaud.

11e arrt
Rue Jean-Pierre-Timbaud

Rue Jean-Pierre-Timbaud vue du boulevard du Temple.
Situation
Arrondissement 11e
Quartier Folie-Méricourt
Début 20, boulevard du Temple
Fin 35, boulevard de Belleville
Morphologie
Longueur 1 150 m
Largeur 11,70 m
Historique
Dénomination 18 décembre 1944
7 juillet 1945
Ancien nom Rue d'Angoulême-du-Temple
rue d'Angoulême
rue des Trois-Couronnes
Géocodification
Ville de Paris 4837
DGI 4939
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 11e arrondissement de Paris
Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Elle fait partie du 11e arrondissement.

Son extrémité orientale, autour de la station de métro Couronnes, est un centre de la communauté musulmane francilienne. On y trouve de nombreux magasins d'articles religieux et plusieurs mosquées à l'activité parfois controversée[1].

L'immeuble sis 18, rue Jean-Pierre-Timbaud, où Charles Baudelaire habita en 1856 (juillet 2017).

La plus grande partie de la rue, notamment à l'ouest de la rue Saint-Maur est en cours de gentrification comme une grande partie du 11e arrondissement, comme la rue Oberkampf. On y trouve beaucoup d'ateliers artistiques, restaurants et bars.

Origine du nom

Rue Jean-Pierre-Timbaud

Cette voie porte le nom du syndicaliste français appartenant à la Confédération générale du travail (CGT) Jean-Pierre Timbaud (1904-1941), fusillé par les nazis.

Rue d'Angoulême-du-Temple

Jusqu'en 1944-1945, elle a porté le nom de « rue d'Angoulême-du-Temple », également appelée « rue d'Angoulême-au-Marais[2] » ou plus simplement « rue d'Angoulême ».

Le nom de la rue fait référence au duc d'Angoulême, Louis Antoine d'Artois (1775-1844), grand prieur du de France[3].

Le fait qu’il ait existé deux « rue d'Angoulême » dans Paris explique qu’on leur ait adjoint le nom de leur quartier respectif pour devenir la « rue d'Angoulême-du-Temple » et la « rue d'Angoulême-Saint-Honoré » (actuelle rue La Boétie).

Historique

À droite, devanture de boutique sur la rue d’Angoulême.

Cette rue a été ouverte le , sous le nom de rue d'« Angoulême-du-Temple », entre la rue des Fossés-du-Temple à la rue de la Folie-Méricourt[4]. La rue fait partie d'une opération de lotissement dessiné en 1778 par François-Victor Perrard de Montreuil sous le nom de Nouvelle Ville d'Angoulême pour le compte du grand prieur de France sur des marais situés en contrebas des boulevards (jardins maraichers de la couture extérieure du Temple)[4],[5].

Elle est ensuite prolongée en plusieurs étapes :

Dans la première partie du XIXe siècle, la rue était située dans l'ancien 6e arrondissement[2].
Les numéros de la rue étaient noirs[2]. Avant son prolongement au nord en 1825, le dernier numéro impair était le no 21 et le dernier numéro pair était le no 16.

En 1894, la section de la rue des Trois-Couronnes entre la rue Morand et le boulevard de Belleville est réunie à la rue d'Angoulême.

Jusqu'à la couverture du canal Saint-Martin, ce dernier coupait la rue en deux. Un pont reliait les deux parties de la rue[10].

Le , la rue d'Angoulême entre les boulevards du Temple et Voltaire prend le nom de rue Jean-Pierre-Timbaud et le le reste de la rue prend la même dénomination. Le souvenir de ce nom est encore présent dans le nom de la cité d'Angoulême.

Elle fut, des années durant, célèbre dans le monde ouvrier et syndical pour avoir abrité dans la maison des Métallos, située à proximité de la rue Moret, le principal syndicat français dans les années 1948-1960, celui de la métallurgie. De là partaient les principales manifestations ouvrières.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Mosquée Omar ibn al-Khattâb

La mosquée Omar est fondée dans les années 1970 grâce aux dons de commerçants tunisiens du quartier, dirigée par l'imam Mohammed Hammami lié au Tabligh, un mouvement missionnaire originaire du Raj britannique qui contribue à réislamiser la population maghrébine du quartier de Belleville[11]. La présence de cette mosquée dynamique entraîne l'apparition d'un véritable centre islamique dans le quartier, ce qui se manifeste dans la rue Jean-Pierre-Timbaud par la présence de nombreux commerces liés à l'islam, boucheries halal, librairies religieuses, magasins de vêtements islamiques fréquentés par une clientèle originaire de l'ensemble de l'Île-de-France[11].

Cette présence islamiste est mise en question lors de plusieurs incidents ; ainsi, en , des hommes ont tenté d'immoler par le feu la comédienne Rayhana alors qu'elle se rendait à la maison des Métallos. Le journaliste Mohamed Sifaoui a, quant à lui, été attaqué à deux reprises dans le quartier et estime que « la rue Jean-Pierre-Timbaud est un territoire qui n’appartient plus à la République[12] ».

Toutefois, après l'expulsion d'un prêcheur radical en 2012, la mosquée est reprise en main par une nouvelle équipe. Située à moins de km de certains lieux des attentats du 13 novembre 2015, elle affiche une banderole « Pas en mon nom » et organise une journée portes ouvertes en liaison avec les autres cultes du quartier. L’imam de la mosquée, Abdelkader Achour, déclare : « Les terroristes souhaitent mettre à mal le vivre-ensemble dans notre quartier, symbole de métissage. Mais un tel acte ne fait que renforcer notre détermination[13]. » Dans Rue Jean-Pierre Timbaud, une vie de famille entre barbus et bobos publié en 2016, la journaliste Géraldine Smith revient sur ce constat en regrettant son aveuglement concernant la montée progressive du communautarisme dans le quartier[14].

Références

  1. William Molinié, « Paris : la mosquée de la rue Jean-Pierre-Timbaud au cœur d’une filière d’envoi de djihadistes », m.20minutes.fr, 23 juin 2014.
  2. Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris.
  3. E. J. J. Barillet, Recherches historiques sur le Temple, p. 196.
  4. Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, édition de 1844, p. 14-15 [lire en ligne].
  5. Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), , « Lettre-patente du 13 octobre 1781 », p. 43.
  6. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 24e quartier « Temple », îlot no 40, cote F/31/84/38.
  7. Analyse diachronique de l'espace urbain parisien : approche géomatique (ALPAGE).
  8. Alphand, « Décret du 5 août 1852 », p. 266.
  9. Alphand, « Décret du 6 août 1859 », p. 316.
  10. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), tableau d'assemblage, F/31/84/10.
  11. Bernadette Sauvaget, « Halal est grand », Libération, (lire en ligne).
  12. Marie Conquy, « Avalanche de réactions suite à l’agression de Rayhana », France-Soir.fr, 16 janvier 2010.
  13. Robin d'Angelo, « Musulmans, juifs et cathos partagent des makrouds à la mosquée J.-P- Timbaud », sur streetpress.com, (consulté le ).
  14. Natacha Polony, « S'aveugler à en mourir », Le Figaro, samedi 23 et dimanche 24 avril 2016, p. 15.

Sources et bibliographie

  • Frédéric Lock, Dictionnaire topographique et historique de l'ancien Paris avant l'annexion, .
  • Géraldine Smith, Rue Jean-Pierre Timbaud : Une vie de famille entre barbus et bobos, Éditions Stock, , 200 p. (ISBN 978-2-234-08168-0, lire en ligne).
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