Société française des urbanistes

La Société française des urbanistes est une association nationale d'urbanistes fondée en 1911.

Société française des urbanistes
Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Urbanisme
Fondation
Fondation 1911
Identité
Siège c/o FNCAUE 5 rue de Charonne - 75011 Paris
Président Dominique Lancrenon et Laurent Vigneau
Vice-présidents Bruno Feracci
Secrétaire général Chantal Guillet
Trésorier Bernard Coudert
Affiliation européenne Conseil européen des urbanistes (CEU/ECTP)
Affiliation internationale ISOCARP
Site web www.urbaniste.com

Acteur historique de la profession d'urbaniste, elle est alors en France et probablement dans le monde la première association déclarée de professionnels de l'urbanisme. Elle regroupe aujourd'hui des urbanistes qualifiés de toutes formations et de tous modes d'exercice professionnel, et comme l'exprime le préambule des statuts, « la SFU demeure fidèle à ses fondateurs, qui en fondant la SFU, en 1911, société savante issue des courants philosophiques et humanistes de la fin du XIXe siècle à partir du Musée social, ont voulu fédérer, débattre, proposer des orientations aux pouvoirs publics et faire évoluer la profession d’Urbaniste, ses pratiques, ses méthodes et ses savoir-faire ».

Historique

Origines

La Société Française des Urbanistes a été créée en 1911. Ses membres fondateurs sont (selon les statuts qui distinguent fondateurs, sociétaires et correspondants), Donat Alfred Agache, Marcel Auburtin, André Bérard, Jean Claude Nicolas Forestier, Eugène Hénard, Ernest Hébrard, Léon Jaussely, Albert Parenty, Henri Prost et Édouard Redont.

Elle est, pour une large part, une émanation du département d'hygiène rurale et urbaine du Musée social fondé en 1894 par le Comte de Chambrun et Émile Cheysson, le secrétaire et ami de Frédéric Le Play, ingénieur, sociologue et théoricien de la Paix Sociale[1]. Le Musée social poursuit l'œuvre de F. Le Play qui fut le commissaire de la section d'économie sociale des Expositions universelles en France à partir de 1856. Le Musée social va regrouper notamment quatre mouvements impliqués dans le patronage dans la réflexion pour améliorer le sort des ouvriers : les protestants libéraux avec notamment Dollfus (création de la Société mulhousienne des cités ouvrières), son gendre Jules Siegfried..., les catholiques sociaux avec Albert de Mun, l'abbé Jules Lemire, De Voguë…, les radicaux avec Henri Sellier et les francs-maçons (Léon Bourgeois, Dollfus, Paul Doumer...). Il regroupe des industriels qui ont innové en matière d'économie sociale : Dollfus, Mame..., des médecins hygiénistes comme Portevin, Louis Landouzy..., des hommes politiques dont Jules Simon, Raymond Poincaré, Paul Marchandeau, Léon Bourgeois, Henri Sellier, Alexandre Ribot..., des ingénieurs, des juristes, des architectes, des économistes dont Léon Say… et un militaire, Hubert Lyautey, disciple d'Albert de Mun, tous décidés à mettre en œuvre la réforme sociale pour faire barrage à la révolution.

Le la Société Française des Architectes Urbanistes est enregistrée au Bureau des Associations de la Préfecture de Police (Président Eugène Hénard, Secrétaire Général Donat Alfred Agache). Selon son article premier, l'association « a pour objet l'étude en commun des questions d'urbanisme ». Elle distingue dans ses statuts « des membres sociétaires, qui doivent être des architectes techniciens spécialisés dans la composition des plans de ville, des membres associés, qui doivent être des techniciens ou des théoriciens susceptible d'apporter dans les travaux de la société des documents et des avis pouvant servir à ses études » et des membres correspondants.

Agache publie en 1915 avec Auburtin (architecte du gouvernement) et Redont (architecte-paysagiste) Comment reconstruire nos cités détruites à destination de la commission parlementaire des départements envahis. Le but de l'ouvrage est de rendre accessible aux maires, députés et autres décideurs concernés, les principes d'aménagement et les méthodes.

Le , de nouveaux statuts sont enregistrés pour la Société Française des Urbanistes, précisant dans l'article premier : « l'association dite Société Française des Urbanistes, fondée en 1911, a pour but l'étude en commun des questions relatives à la construction et à l'amélioration des agglomérations urbaines et rurales, ainsi que le développement de cette science et la défense des intérêts professionnels communs aux techniciens urbanistes ». Son siège est toujours au Musée social, son secrétaire est toujours Agache.

La SFU précise son programme : réunir une documentation technique et la tenir au courant, aider à la diffusion des connaissances d'urbanisme par des conférences, des cours, des expositions et des publications d'ouvrages, des articles, organiser des visites d'études dans les différentes agglomérations urbaines, centraliser les vœux émis dans les différents congrès internationaux et en étudier la réalisation pratique pour la France, guider les villes ou les groupements intéressés dans la réalisation de leurs programmes et le cas échéant dans la réalisation de leurs concours et travaux.

Influence d'Ebenezer Howard

À la suite d'une mission en Afrique du Nord, Forestier s'entretient avec Georges Risler de l'action de Lyautey, alors gouverneur général du Maroc, qui crée de nouvelles villes, et aussi du besoin de techniciens spécialisés pour cet art nouveau. Georges Risler contacte alors Henri Prost, ancien condisciple de Tony Garnier à la villa Médicis, et fonde la Société Française des Architectes Urbanistes.

Parmi les fondateurs de la SFAU, nous trouvons Agache, Forestier, Hébrard, Jaussely[2], Marcel Auburtin, Henri Prost, Jules Siegfried, Gaston Bardet, Marcel Poëte

Le premier secrétaire de la SFAU est Georges Benoit-Lévy qui a déjà créé en 1903 l'Association des Cités-Jardins. Il a importé en France et traduit les réflexions de l'Anglais Ebenezer Howard qui cherchait une alternative à l'extension des faubourgs miséreux de Londres dans une perspective de Paix Sociale tout comme Frédéric Le Play. Howard a créé en juin 1899, l'Association des Cités-Jardins, connue aujourd'hui sous le nom de Town and Country Planning Association, qui donnera naissance à l'Association Internationale des Cités-Jardins et de la planification urbaine. Howard mène une réflexion pour la mise en place d'une véritable planification urbaine[3] à laquelle il entendra donner une dimension large voire universelle. Très lié au mouvement Espéranto, il faisait souvent ses conférences en cette langue.

Georges Charbonneaux, industriel rémois, fondateur de la première cité-jardin en France, la Cité du Chemin Vert, emmènera une délégation visiter en 1912 la toute nouvelle ville de Letchworth Garden City qu'Howard a fait édifier selon ses principes. Il y aura manifestement un lien entre d'une part un « modèle » - celui de la cité-jardin - et l'établissement d'une règle - la planification urbaine, pour reprendre la relation établie par Françoise Choay entre la règle et le modèle en urbanisme[4].

La SFU, une émanation du Musée social

Le siège social d'origine de la SFU est le même que celui du Musée social, 5, rue Las-Cases à Paris. C'est au sein même du Musée social que naîtront les premières lois d'urbanisme après la Première Guerre mondiale et dites lois Cornudet de 1919 et 1924.

Marcel Auburtin, président de la SFU en 1923, va créer à Reims, la première cité-jardin, la cité du Chemin Vert, à l'initiative de l'industriel verrier rémois Georges Charbonneaux inspirée directement de la réalisation d'Howard. En 1932, la SFU crée avec Henri Prost la première revue d'urbanisme en France et qui a pour titre Urbanisme et dans laquelle Gaston Montsarrat, directeur honoraire du Ministère de l'Intérieur, brosse le portrait idéal de l'urbaniste.

formation des premiers urbanistes

Pour former à ce nouveau métier de l'urbanisme, des membres de la SFU et du Musée social créent avec Marcel Poëte et Henri Sellier en 1919 l'École des hautes études urbaines (26 rue de Sévigné à Paris). Cette école deviendra en 1924 l'Institut d'urbanisme de l'Université de Paris, puis, en 1970, l'Institut d'urbanisme de Paris, aujourd'hui rattaché à l'Université Paris Est. Parmi les premiers professeurs, on trouve Léon Jaussely et Marcel Poëte. La création de la SFU est l'aboutissement d'une réflexion sur un nouveau modèle de ville, la cité-jardin, et aussi sur une réglementation permettant de le mettre en œuvre, mise en œuvre qui va bénéficier autant de la poursuite du développement des villes que des destructions de la guerre 14-18[1].

Fondateurs

La SFU après la Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale détruit une large part des villes du Nord de la France. C'est sous l'impulsion des membres du Musée social et de la SFU que s'est constituée La Renaissance des cités créée en 1916 , financé par la Fondation Rockefeller, pour servir de bureau d'études aux communes en vue de leur reconstruction. Autour de personnalités comme Georges Risler, Raoul Dautry ou Marcel Poëte, cette association regroupe des architectes fondateurs de la Société française des urbanistes, Agache, Auburtin, Jaussely et d'autres comme Bonnier, Jourdain et même Le Corbusier, pour reconstruire les villes détruites selon les principes nouveaux qui ont émergé depuis la seconde moitié du XIXe siècle pour trouver des solutions pérennes et humaines à l'extension des faubourgs ouvriers insalubres en périphérie des agglomérations. Le premier plan issu de tout ce processus est, symboliquement, celui de la ville de Reims en 1920, dit plan Ford après un concours international auquel participeront bon nombre des membres de la SFU et du Musée social.

En 1919, la SFU participe activement à la promulgation de la loi Cornudet[note 1], organisant dans le même temps, la Conférence Interalliée d'Urbanisme et le Concours de plans pour la reconstruction d'une petite ville dévastées[5].

La SFU mène, dans la période entre les deux guerres, une action de propagande très importante en faveur de l'urbanisme, auprès des administrations et vis-à-vis de l'opinion publique. En 1923, la SFU organise à Strasbourg le Congrès International de l'Urbanisme et d'Hygiène Municipale. Il y a parmi les membres de ce congrès de nombreux élus français (dont Herriot, Sellier, Bourgeois, Cornudet) et étrangers. On compte aussi de hauts fonctionnaires, des techniciens, des Architectes, des Urbanistes... et le maréchal Lyautey. Parmi les urbanistes de la SFU, on remarque des praticiens de formation diverse : architectes comme Agache, Auburtin, Bérard, Dervaux, Jaussely, Greber, Prost, ingénieurs comme Bechmann, Balleygnier, Bourdeix, Chalumeau, géomètres, paysagistes, juristes comme Danger, Redont, De Clermont... C'est l'époque où les urbanistes de la SFU, à partir de leur expériences personnelles, réfléchissent sur leur pratiques. Donat Alfred Agache, secrétaire général de la SFU, est alors un de ceux qui tente une approche doctrinale de l'urbanisme.

Lors du Congrès SFU de 1923, il intervient sur la question des plans de ville, de cette façon :

« Le Plan (de ville) est une œuvre d'ensemble qui a pour but de fournir les directives générales permettant de modeler la ville au fur et à mesure de son développement. Cette œuvre d'ensemble... a besoin d'être étudiée en fonction de données anthropo-géographiques, économiques et sociales bien définies » (Congrès SFU de Strasbourg 1923).

Plus tard, en 1932, Donat Alfred Agache précisait sa pensée ainsi :

« L'Urbanisme - nous l'avons souvent dit dans nos conférences - est à la fois une science, un art et une philosophie ; une science car il procède de l'étude méthodique des faits. Il faut avoir étudié les villes du passé, leurs caractéristiques, leur formation... Il s'agit ensuite de rechercher les causes de développement ou de malaise et enfin, après un travail précis d'analyse, il faut, dans une synthèse générale, prévoir les améliorations nécessaires pour le développement futur de la cité. Observation, classification, analyse et synthèse : voilà bien ce qui caractérise l'étude scientifique [...]. Mais, si la science suffisait à résoudre l'Aménagement des villes, cette urbanisation se réduirait sans doute à un certain nombre de formules. Il n'en est pas ainsi. L'Urbanisme constitue également un Art, car l'intuition, l'imagination, et la composition jouent un rôle important dans son application : l'Urbaniste doit traduire en proportions, en volumes, en perspectives, en silhouettes, les différentes propositions suggérées par les ingénieurs, les économistes, les hygiénistes et les financiers [...]. L'Urbanisme est aussi du domaine de la philosophie sociale. La ville, en effet cherche à réaliser plastiquement le cadre adéquat à l'existence d'une collectivité organisée; son rôle est de grouper autour du citadin tout ce que l'organisation et le confort moderne ont inventé pour sa commodité, ceci en diminuant les frais généraux de cette existence en voisinage immédiat »[6].

La SFU de 1940 à 1966

De 1932 à 1944, les manifestations de la SFU se veulent plus pédagogiques. On veut aborder, sensibiliser le grand public. C'est le moment des salons et des expositions. À l'occasion de ces Salons, où se trouvent exposés des Projets d'Aménagement, on tente de faire apparaitre « les aspects techniques, sociaux et esthétiques considérés dans leur rapports mutuels et dans leur rapport avec l'ensemble de la Ville et de la Région »[7]. Il y a, en outre, des cycles de conférences publiques.

Après la guerre, un grand nombre des adhérents est appelé à participer à la mise en place des Services d'Urbanisme de l'État. Cette présence au sein même de l'Administration ne doit pas faire oublier les actions et les travaux de la société dont les thèses défendues alors, cadre de vie, environnement, approche globale... s'opposent souvent au fonctionnalisme. Dans la fièvre de l'explosion urbaine, les Urbanistes tentent de théoriser ou de faire part de leurs réflexion sur l'Aménagement. Les praticiens de la SFU développent une réflexion théorique avec des positions diversifiées comme celles de Gaston Bardet, André Gutton, Robert Auzelle, René Magnan, Paul Dufournet, Maurice François Rouge…

La SFU comprend à ce moment en grande majorité des Architectes de formation. La formule élitiste déclarée qui présidait depuis la fondation a tendance à se perpétuer. La Société se renouvelle par cooptation, avec un parrainage et les candidatures sont sévèrement filtrées.

La SFU de 1966 à 1976

En 1966, avec les Présidents Raymond Gervaise et Lanfranco Virgili s'ouvre une période particulièrement active dans le domaine des interventions extérieures. En 1965, déjà la SFU avait contribué à la fondation de l'AIU, Association Internationale des Urbanistes.

Parallèlement un combat d'idées avec les autorités est soutenu par une équipe dynamique dont Maurice François Rouge compte parmi les plus actifs militants. La SFU prend position sur l'Aménagement de Paris, sur le Schéma Directeur D'Aménagement et d'Urbanisme de la Région de Paris, sur le problème des réformes régionales sur les questions d'action-circulation en Région parisienne, etc. L'Urbanisme est soumis à une analyse critique.

L'Urbanisme centralisateur, les déclarations non suivies d'effets, les contradictions, les pratiques sont l'objet de vives accusations. Avec la Présidence de Charles Delfante (1972-1976) et celles qui suivirent, la SFU se met à réfléchir sur elle-même et s'organise. Il y a d'abord l'ouverture plus large faite aux praticiens de l'Urbanisme quelles que soient leurs formation d'origine. Ensuite, il y a des débats de doctrine, animés et rapportés par Michel Steinebach, des colloques sur des thèmes d'actualité (Loi d'Orientation Foncière, Plans d'Occupation des Sols, problèmes fonciers...) où se retrouvent des urbanistes, des élus, des fonctionnaires.

Une réforme profonde de la Société est proposée et pilotée par Jacques Foret : représentation à la SFU de l'ensemble du milieu professionnel et mise en place de délégations régionales. Sur le plan doctrinal, la grande question est de pouvoir dégager le caractère spécifique de l'Urbanisme. Les réflexions et les travaux de Gaston Bardet, Robert Auzelle, René Magnan, Paul Dufournet, Jean Gohier, Charles Delfante étaient présents dans les esprits, mais c'est Maurice François Rouge qui, en 1967, avait indiqué la tendance de la SFU en abordant les problèmes de fond et en formulant des exigences immédiates sur la reconnaissance effective et officielle de l'Urbanisme comme discipline spécifique, la clarification des rôles, la définition des responsabilités et des critères de qualification professionnelle.

La SFU de 1976 à 1983

De 1976 à 1979, le Président Charles Lambert mène le combat pour la reconnaissance de l'urbanisme. La SFU est le lieu de rencontre des praticiens de formation d'origine très diversifiée qui exercent dans les secteurs publics, parapublics, privés. Une qualité commune les rassemble : la capacité d'aborder globalement les différents aspects des missions qui leur sont confiées.

Trois congrès, où sont débattues les grandes questions, précisent la ligne générale de la SFU et indiquent le sens de ses actions futures. En 1977, à Dijon, il est question de réaffirmer les enjeux fondamentaux que contenait toute décision d'aménagement des territoires, de planification économique, d'organisation relative des modes de vie ruraux et urbains et de transformation des cadres de vie. En 1978, à Créteil, il s'agit d'aborder sur le fond la nature des responsabilités relatives aux élus, aux urbanistes et aux citoyens, dans le contenu des dispositions d'aménagement. En 1979, à la Sorbonne, après six mois de recensement des diverses formes d'enseignement et de formation existant en France, la SFU tient à marquer fermement la nécessité d'organiser la diversité des enseignements et des formations à l'Urbanisme, parallèlement à l'organisation de la profession d'Urbaniste à laquelle elle attache, depuis toujours, l'essence même de son action. Cependant, lors de son intervention à l'Assemblée Générale de la SFU, le , le Ministre de l'Environnement et du Cadre de vie, Michel d'Ornano confirme le caractère spécifique de l'Urbanisme.

La SFU est alors en pleine négociation avec les Pouvoirs Publics pour mettre en place un Office de Qualification des Urbanistes professionnels comme premier élément d'une reconnaissance de la profession et de la prise en compte du caractère spécifique de leurs missions. Malgré les efforts de la SFU, ce projet n'aboutit pas. La SFU décide, alors, de persévérer dans ses actions de sensibilisation. Sous la présidence d'Hubert Thiébault, la SFU organise, en 1981 et 1982, les États Généraux de l'Urbanisme. Des rencontres ont lieu dans les Régions Est, Centre, Ouest, Sud-Est, Nord, Midi-Pyrénées. Les thèmes de réflexion portent sur l'évolution des structures d'Urbanisme dans la perspective de la décentralisation, le coût et le financement des études, les missions, les actions prioritaires...

À Sarcelles a lieu, les 14 et , la manifestation nationale des États Généraux. Elle connait un grand succès de participation. Les Ministres de l'Urbanisme et du Logement (Roger Quillot), du Plan et de l'Aménagement du Territoire (Michel Rocard) sont présents et interviennent. Une allocution est prononcée au nom du Ministre des Transports (Charles Fiterman). Les principales questions débattues en atelier sont les suivantes : quelles politiques d'aménagement pour une autre croissance, quelles structures au service de qui, pratiques de l'Urbanisme et responsabilité des acteurs ? Le Président Hubert Thiébault préconise, en conclusion, un « Urbanisme négocié, une commande politique claire, le travail en équipe, le débat public ».

La Déclaration de Sarcelles élaborée à l'issue des États Généraux reprend ce thème et insiste sur les moyens à mettre en œuvre : « une planification globale et pérenne, la prise en compte de niveaux territoriaux avec des impératifs de solidarité intercommunale, la reconnaissance et la clarification des responsabilités des différents acteurs, l'affirmation d'un Urbanisme non figé où l'ancrage sur le terrain est prépondérant sur les procédures ». De plus, il est demandé des structures d'aménagement souples, adaptées aux nécessités locales et, pour les Urbanistes, « des formations adaptées, une harmonisation des statuts, une mobilité entre les différents exercices ».

La SFU à la fin du vingtième siècle

En 1983, et dans les années suivantes, le Président Jean-Pierre Lecoin mène la réflexion sur les perspectives de l'Urbanisme dans le cadre de la décentralisation. Il est proposé un programme d'actions qui doit affirmer les conditions nécessaires à la réussite de toute politique d'urbanisme :

  • une volonté politique claire,
  • un milieu professionnel de haute compétence,
  • des moyens financiers suffisants.

Un manifeste pour l'urbanisme est élaboré. Il rappelle les responsabilités de tous, de la Collectivité Locale à la Collectivité Nationale. L'accent est mis sur la nécessité de faire connaitre et reconnaitre la profession d'Urbaniste en même temps que les enjeux et les pratiques de l'urbanisme. Des contacts avec l'Association des Maires de France sont établis. Une réflexion en commun sur les missions et les compétences professionnelles, la formation, les relations entre les Élus, les professionnels et l'administration est poursuivie.

C'est dans cette stratégie, en 1986, que le Président Lecoin initie la mise en œuvre du document Élus et Urbanistes, ouvrage collectif dont l'objet est de présenter, sous l'égide du Ministère de l’Équipement et de l'Association des Maires de France, les rôles et les missions des urbanistes. Par ailleurs, la SFU poursuit avec ténacité les actions qui visent à enrichir, développer et faire évoluer le niveau de compétence de la profession d'urbaniste.

L'amélioration de la formation initiale et permanente des urbanistes est un des thèmes prioritaires largement discuté. « Il faut exiger les moyens nécessaires, en temps, en financements, en personnels qualifiés, en organisation cohérente ». Toutes ces questions font l'objet d'actions en direction des Pouvoirs Publics. Les Ministres et leurs cabinets sont saisis de nombreuses fois sur ce thème. La SFU intensifie ses actions en s'appuyant sur les Élus, principaux intéressés par la qualité professionnelle de ceux qui peuvent les assister.

Sur le plan européen, membre fondateur du Conseil Européen des Urbanistes, la SFU poursuit très activement, avec Jacques De Bary et Charles Lambert, les travaux sur les activités des Urbanistes professionnels, leur formation, et leurs devoirs professionnels. En 1988 parait le document qui marque une étape importante de ces travaux : l'Accord et Déclaration Internationale des Instituts Nationaux et Associations d'Urbanistes Professionnels des Pays de la Communauté Économique Européenne dite Charte de 1985 avec ses annexes.

Pour les urbanistes de la SFU, au début des années 1990, sous la présidence de Philippe Jouvin, les objets de l'urbanisme sont les suivants :

  • Mener une réflexion sur la vie en collectivité avec ses structures, ses formes, ses problématiques, ses évolutions.
  • Rechercher, dans le sens de l'intérêt public, une organisation des espaces urbains, ruraux, naturels qui soient plus aptes à améliorer les conditions de vie des populations dans les domaines sociaux, économiques et culturels.

C'est un investissement sur le plan culturel avec le repérage, la sauvegarde, la valorisation des patrimoines physiques et humains. Sur le plan pré-opérationnel, c'est aussi un investissement avec la mise en évidence des potentialités de développement socio-économique, l'apport d'idées nouvelles, la recherche de projets multiples et diversifiés, l'évaluation des conséquences possibles d'actions et d'opérations d'aménagement.

Faire mieux connaître les urbanistes ne procède pas d'une attitude corporatiste, mais exprime la volonté de faire reconnaître leurs démarches, leurs missions, leurs spécificités et les services que l'Urbanisme peut rendre à la Collectivité. Le rôle des urbanistes est de soumettre aux responsables politiques un éventail de propositions sur les actions à mener et les opérations à engager. L'urbaniste est un praticien qui, en procédant toujours par démarches transversales et approches globales assiste objectivement les donneurs d'ordres (Collectivités Territoriales, Administrations, secteur privé) dans les processus de prise de décision et de suivi de réalisations. Les urbanistes ne doivent se substituer ni aux Pouvoirs Publics, ni aux professionnels qui ont la responsabilité de la réalisation de projets spécifiques, comme les Architectes, les Paysagistes, les Ingénieurs...

Une étude-recherche sur les missions d'Aménagement et d'Urbanisme est effectuée en 1989 et 1992 par Guy-Louis Vallet, secrétaire général. Les missions des urbanistes sont recensées et cadrées :

  • En amont, il y a des missions de recherche, de propositions pour des politiques d'aménagement (aide à la réflexion) et des missions pré-opérationnelles ou préalables à l'Aménagement, (préparation à la décision).
  • En aval, ce sont des missions d'aménagement, des missions d'animation, de gestion, de formation (soutien à l'action).

La situation confuse de la formation en Urbanisme, a amené la SFU à entreprendre des démarches auprès des Pouvoirs Publics pour que cette question soit rapidement traitée, et à préciser ses positions.

La SFU énonce alors que la formation initiale peut se concevoir selon deux formules :

  • soit former des urbanistes généralistes avec une spécialisation possible en fin d'étude,
  • soit dispenser un enseignement complémentaire à des spécialistes de certaines disciplines connexes. Dans ce dernier cas, il est nécessaire de prévoir au moins deux années complètes d'enseignement de l'Urbanisme après une maîtrise ou son équivalence.

La formation continue doit être restructurée et accessible à tous les professionnels quel que soit le mode d'exercice. Un lien étroit doit exister entre la formation permanente et la formation initiale sous forme de passerelles ou d'équivalences.

En 1993, la SFU prend l'initiative de proposer à l'État, aux principales organisations d'Urbanistes et fédérations d'élus impliqués dans la pratique de l'Aménagement des territoires, d'élaborer un projet de développement de la profession. Les accords recueillis permettent de créer l'Association Profession Urbaniste. Cette association de durée limitée dans le temps fédère les associations d'urbanistes professionnels et d'autres associations du champ de l'urbanisme: la SFU (Société Française des Urbanistes), l'APUCT (Association pour la Promotion de l'Urbanisme des Collectivités Locales qui deviendra UT, urbaniste des Territoires), l'AUE (Association des Urbanistes d'État) la FCAUE (Fédération des Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement), la FNAU (Fédération Nationale des Agences d'Urbanisme). S'appuyant sur les travaux des Groupes Commande et Méthode de la SFU animés par Didier Lenoir, elle organise des rencontres et élabore des propositions pour l'organisation de la profession. L'association Profession Urbaniste deviendra le Conseil Français de Urbanistes, CFDU.

Les urbanistes proposent une organisation fédérative et agissent ensemble pour proposer un organisme de qualification des Urbanistes. La question principale est celle, fondamentale, de l'indépendance de la procédure de Qualification. On doit se garantir contre les risques éventuels de pressions diverses qu'elles soient d'ordre politique, administratif, économique, qu'elles proviennent de groupes d'intérêt privé ou quelles procèdent d'effet de mode. Pour établir une qualification objective dans le cadre des critères retenus par la Charte Européenne des Urbanistes, une définition précise de ce qu'est un urbaniste est indispensable.

Sur proposition du Président Portefait, la SFU présente en 1994 la définition suivante :

L'Urbaniste est un ou une professionnel(le) qualifié(e) par sa formation initiale et continue ou sa formation continue, son expérience et ses références, qui :

  • par un travail effectif et personnel de réflexion et de conception (seul et en équipe, ou en équipe)
  • sur des sociétés et des territoires ou des territoires allant de la région au quartier,

produit, de manière régulière et actuelle, des contributions, des propositions techniques diversifiées (méthodologie, expertise, conseil, projet, cours, résultat de recherches), en matière de développement et/ou d'aménagement.

Ces contributions et propositions doivent porter sur l'économique, le social, le culturel (programme) et sur le physique et le spatial (composition) articulés entre eux, et doivent être matérialisées sous une forme achevée, explicite et assumée, dans un support communicable.

La formation, l'expérience et les références sont appréciées de cette manière :

  • L'urbaniste est diplômé(e) d'une formation de base et justifie d'une formation complémentaire spécifique à l'Urbanisme,
  • Il (elle) est diplômé(e) d'une formation de base et justifie d'une pratique dans le domaine de l'Urbanisme,
  • Il (elle) ne justifie que d'une pratique, mais peut faire état d'un dossier de références sérieuses, récentes, diversifiées (missions, échelles...).

La formation de base (tronc commun d'enseignement des Urbanistes minimum mis au point par le Conseil Européen des Urbanistes) et la formation complémentaire se définissent comme suit :

  • formation de base minimale : Bac + 4 (second cycle);
  • formation complémentaire spécifique : doctorats, magistères et diplômes assimilés (tendant vers un niveau de Bac + 5 minimum) spécialisés en développement, Aménagement, environnement... (troisième cycle).

Le , sera signé, au siège de la SFU, l'acte de constitution de l'OPQU, Office Professionnel de Qualification des Urbanistes.

Le , Charles Lambert est élu Président de la SFU.

Au niveau national, des assemblées générales à thème réunissent les membres de la SFU au Musée social sur les questions suivantes :

  • le  : réflexion sur la présentation des enjeux du développement urbain, de l'environnement, du développement durable et de l'aménagement du territoire à tous les jeunes adultes dans le cadre du projet de formation à la vie civile qui devrait remplacer le service militaire;
  • le  : urbanisme et dépenses publiques (ce qui relève vraiment de la dépense publique, l'optimisation des dépenses publiques locales, la problématique de l'extension et de la recomposition des villes sur elles-mêmes);
  • le  : Réflexion sur la Charte d'Athènes et sur la Charte sur l'Urbanisme en cours d'élaboration au Conseil Européen des Urbanistes.

Au niveau européen, la SFU s'investit principalement dans l'élaboration de la Charte pour l'urbanisme des Villes du XXIe siècle. Le Conseil Européen des Urbanistes, soutenu par la SFU, avait décidé d'exprimer un avis, de procéder à une analyse critique du passé, de mettre en avant des recommandations pour le futur à travers un document de caractère universel écrit par des Urbanistes et destiné au grand public.

La SFU prend la décision en 1997 (AG du ) de s'ouvrir aux chercheurs, aux enseignants et de rechercher les appuis de personnalités reconnues pour leurs avis et positions sur l'urbanisme. Cette ouverture se traduit par la possibilité pour eux de devenir membres sociétaires (enseignants, chercheurs, ou associés) de la SFU.

Activités récentes de la SFU

À l'occasion des journées mondiales de l'urbanisme, la SFU organise chaque année une manifestation (à Lyon en 2009, à Fort-de-France en 2010). À Paris en 2011 à l'occasion du centenaire de l'urbanisme 1911 - 2011, cette manifestation s'est tenue au conseil Économique et Social sur le thème des Transitions Urbaines.

À l'Assemblée générale de , sous l'impulsion du président Jean-Pierre Gautry, la SFU a modifié ses statuts pour donner un rôle central à la qualification par l'Office Professionnel de Qualification des Urbanistes. La SFU demande désormais à tous les urbanistes SFU de devenir qualifiés par l'OPQU, cessant d'énoncer en parallèle ses propres critères. En 2012 la SFU a également cessé de publier une liste des formations en urbanisme, puisqu'elle reconnait pleinement ce rôle à l'OPQU pour les représentants de la profession et à l'Association Pour l'Enseignement et la Recherche en Urbanisme, APERAU, pour les représentants des formations universitaires.

La SFU participe aux travaux du Conseil Européen des Urbanistes, CEU-ECTP, au sein duquel elle représente les urbanistes français.

La SFU a noué de nombreux partenariats, avec le Partenariat Français pour la Ville et le Territoire, PFVT, le Comité 21, le Comité de Liaison Energies Renouvelables, CLER, dans le cadre desquels elle participe à des actions nationales ou internationales (RI0+20, Forum mondial de Naples).

La SFU, seule ou avec d'autres associations et partenaires conduit de nombreuses actions pour le développement de l'urbanisme et la reconnaissance des urbanistes : participations aux journées législatives, contributions aux travaux, forums et groupes de travail, participation à la concertation pour le projet de loi Logement-urbanisme (loi Alur) avec le CFDU, forum mondial de l'ONU avec le PFVT, Biennale des Villes avec le CEU-ECTP ...

À son assemblée générale de 2012, la SFU réaffirme que sa position ne procède pas d'un exercice professionnel particulier, ni d'une formation délimitée mais, comme à son origine en 1911, de l'urbanisme comme projet humaniste.

Notes

  1. La loi Cornudet du 14 mars 1919 ordonnait aux villes de plus de 10 000 habitants d'établir dans les trois ans un projet d'aménagement, d'embellissement et d'extension. Ce plan, une fois déclaré d'utilité publique par le Conseil d’État, deviendrait la référence obligée pour tous les travaux publics et privés. La loi visait avant tout la reconstruction des villes détruites du Nord et de l'Est du

Références

  1. François-Xavier Tassel, La reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 1987
  2. Gaston Bardet, in Revue Urbanisme no 28, Paris, 1934, Naissance de l'urbanisme
  3. Ebenezer Howard and the Town Planning Movement, Dugald Macfadyen, Manchester University Press, 1933
  4. Françoise Choay, La Règle et le Modèle : Sur la théorie de l'architecture et de l'urbanisme, Seuil, Paris, 1980
  5. Dominique Potier, Reims 1919-1930, reconstruire la cité, Éditions Carnet de Sentier, Reims, 2015
  6. La remodélation d'une capitale 1932 in 323 citations sur l'Urbanisme de Auzelle, Gohier, Vetter
  7. 5e Salon des Urbanistes, section des Beaux Arts au Grand Palais, 1936

Annexes

Bibliographie

  • François-Xavier Tassel, La reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 1987
  • Jean-Pierre Gaudin, L'avenir en plan, technique et politique dans la prévision urbaine - 1900-1930, Seyssel, Ed. Champ Vallon, 1985
  • William Ashworth, The Genesis of modern British town planning, Londres, Routledge & Paul, 1954
  • A. Briggeman, « Le développement de l'urbanisme en France depuis la guerre », in Annales de la Régie directe, no 178-180, Paris, 1924
  • Antoine Savoye, Frédéric Le Play : Parcours, audience, héritage, Paris, PressesENSMP (École des Mines), 2007

Liens externes

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