Stéphane Richard

Stéphane Richard, né le à Caudéran (Gironde), est un haut fonctionnaire et dirigeant d'entreprise publique français. Il est, jusqu'en , président-directeur général (PDG) d'Orange et Président de GSMA.

Pour les articles homonymes, voir Richard et Stéphane Richard (homonymie).

Directeur de cabinet des ministres de l'Économie Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde, entre 2007 et 2009, il rejoint le la direction à l'international de France Télécom, puis est nommé le à la tête des opérations France en remplacement de Louis-Pierre Wenès. Il en est le directeur général depuis le et PDG depuis le . Il annonce sa démission en novembre 2021 à la suite de sa condamnation dans l’affaire Tapie - Crédit lyonnais.

Origines et formation

Fils d'un ingénieur des mines, Stéphane Richard est diplômé d'HEC Paris (promotion 1983) et ancien élève de l'École nationale d'administration (ENA) (promotion Fernand Braudel), dont il sort classé 5e[1], ce qui lui permet de devenir inspecteur des Finances.

Il est le frère de la femme politique Sylvie Brunet, élue députée européenne pour le MoDem en 2019[2].

Carrière

D'abord inspecteur des finances, Stéphane Richard intègre en 1991 le cabinet du ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur, Dominique Strauss-Kahn, comme conseiller technique, puis est embauché en 1992 par Jean-Marie Messier en tant que chargé de mission à la Compagnie générale des eaux[3]. Il lui confie le redressement du pôle immobilier de la Générale des eaux comme administrateur et directeur général de la Compagnie immobilière Phénix en 1994. Il fonde l'année suivante à partir de cette société la Compagnie générale d'immobilier et de services qui devient Nexity, occupant d'abord les mêmes fonctions jusqu'en 1997, puis celle de président du conseil de surveillance depuis 2003.

En 1997, Stéphane Richard est nommé directeur adjoint de la Compagnie générale des eaux jusqu'en 2000. À partir de 2003, il est numéro quatre de Veolia, en tant que directeur général adjoint de Veolia Environnement et de Connex devenu Veolia Transport.

En 2007, Stéphane Richard est appelé par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi, comme directeur de cabinet, il est reconduit à la même fonction par Christine Lagarde (successeur de Jean-Louis Borloo à ce ministère).

Stéphane Richard siège également aux conseils d’administration de France Télécom et d'UGC.

Le , Stéphane Richard est directeur à l'international du groupe France Télécom[4]. Selon la presse économique, il doit devenir directeur général délégué au 1er janvier suivant avant de remplacer le PDG, Didier Lombard en [5]. Mais, alors que l'entreprise est secouée par un profond malaise de ses salariés, médiatisé par plusieurs suicides, il en devient le directeur général adjoint chargé des opérations France dès le , le directeur général le [6] et le président-directeur général depuis le .

Décrit par Challenges comme le « pur produit de l'excellence à la française », un « tout terrain, privé et public », Stéphane Richard est, pour le journaliste économique Erwan Seznec, « emblématique d'une génération de hauts fonctionnaires, en passe de reléguer au rang d'anecdotes les problèmes déontologiques posés par le pantouflage à l'ancienne. Chez lui, le conflit d'intérêts n'est plus un risque à éviter, mais le moteur d'une carrière construite à la charnière du public et du privé[3] ». Le magazine Causeur est beaucoup moins laudateur le décrivant comme l'« incarnation du grand patron français alternant le service dans la haute fonction publique et les pantouflages dans le monde des affaires »[7].

En , pour satisfaire des pressions de la part de l'Égypte, il se dit prêt à se désengager de la société israélienne Partner implantée dans les colonies de Cisjordanie et ainsi du marché israélien[7] suscitant de ce fait des mécontentements et un « tollé diplomatique » avec Israël[8]. Il se déclare peu de temps après personnellement opposé à toute forme de boycott contre Israël[9],[10].

Le , le conseil d'administration vote en faveur du renouvellement de Stéphane Richard à la tête d'Orange. Pour être effective cette nomination devra être approuvée par l'assemblée générale le [11].

Le , Stéphane Richard prend également la présidence de GSMA, alliance regroupant les plus grands opérateurs télécoms mobiles[12].

Politique

Hormis ses fonctions au sein de cabinets ministériels, Stéphane Richard longe le champ de la politique. Élu conseiller municipal de Bandol sur une liste centre gauche entre 1989 et 1995[13], il est sur la liste UMP du maire sortant de la même localité[14] aux élections municipales de 2008[15],[16], sans succès.

Stéphane Richard s'est exprimé contre le Front national notamment à l'occasion des élections régionales françaises de 2015. Il propose alors que les dix premières fortunes françaises « créent ensemble un fonds de 1 milliard d’euros pour financer les projets des jeunes, de la déradicalisation, des campagnes anti-FN »[17],[18].

En septembre 2021, il indique être prêt à lâcher la direction générale d'Orange mais souhaite demeurer président du groupe alors que son mandat s'achève courant 2022[19].

Affaire « Tapie-Crédit lyonnais »

Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, est convoqué le devant la Cour de justice de la République (CJR) dans le cadre de l'arbitrage rendu en 2008, favorable à Bernard Tapie, qui avait touché 403 millions d'euros dans l'affaire l'opposant au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas[20]. Il met en cause Jean-François Rocchi, président du Consortium de réalisation au moment de l'arbitrage[21]. Le , il est placé en garde à vue[22] et est mis en examen pour escroquerie en bande organisée[23] en même temps que Jean-François Rocchi (démissionnaire de son poste de président du BRGM le )[24].

Il est à nouveau mis en examen en mai 2015 dans la même affaire pour chef de « complicité de détournement de fonds publics par une personne privée »[25].

Le , il est cité en justice par l'État qui décide d’assigner plusieurs protagonistes de l’affaire Tapie devant le tribunal de grande instance de Paris pour qu’ils soient jugés civilement responsables, au même titre que Bernard Tapie lui-même, du préjudice subi par les finances publiques à la suite de l’arbitrage frauduleux, et qu’ils soient donc condamnés, toujours solidairement avec Bernard Tapie, au remboursement des sommes en jeu dans l’arbitrage[26].

Il est relaxé le [27], puis condamné en appel le à un an de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende pour complicité de détournement de fonds publics[28]. Selon l'arrêt de la cour d'appel, Stéphane Richard a agi dans ce dossier en défense des intérêts de Bernard Tapie, plutôt que de ceux de l’Etat, et avait « la parfaite conscience (…) du caractère anormal de ses actes »[29]. À la suite de cette condamnation, Orange annonce avoir accepté le départ de son président-directeur général Stéphane Richard, qui quittera son poste fin au plus tard[30].

Fortune

Stéphane Richard a fait fortune en vendant, dans le cadre d'une opération de leveraged buy-out ses parts dans Nexity. Son investissement initial de 600 000 euros lui a rapporté vingt millions d'euros[31]. Sa fortune en 2009 est estimée à trente-cinq millions d'euros et il est de ce fait assujetti à l'ISF[32].

Stéphane Richard a fait l'objet le d'un redressement fiscal de 660 000 euros sur ses revenus de 2000, 2001, 2002, et 2003, montant comprenant « une pénalité de mauvaise foi d'un montant de 5 % »[33].

Revenus

Stéphane Richard a touché 1 520 241 euros en 2011 en tant que directeur général de France Télécom[34]. En , il se déclare prêt à baisser son salaire d'un tiers pour que France Télécom échappe à la taxe de 75 % sur les revenus supérieurs à un million d'euros[35].

Publications

  • Numériques, Grasset et Fasquelle, 2014
  • Human Web, éd. Débats publics, 2018

Distinctions

Notes et références

  1. « Les petits secrets du futur patron d'Orange, Stéphane Richard », Capital.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Erwan Seznec, « Veolia, la pouponnière des élus sans mandat », dans Benoît Collombat et David Servenay, Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours : Le vrai visage du capitalisme français, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 794 p. (lire en ligne), p. 611 à 620.
  3. Erwan Seznec, « Stéphane Richard : le roi du conflit d'intérêts à Bercy » dans Histoire secrète du patronat : de 1945 à nos jours, sous la direction de Benoît Collombat et David Servenay, La Découverte, 2009, p. 576-578
  4. France Télécom : Stéphane Richard rejoint la direction du groupe - Le Point/AFP, 7 mai 2009
  5. Olivier Mongeau, Stéphane Richard futur PDG de France Télécom, Stratégies.fr, le 7 mai 2009
  6. Richard prend les rênes de France Télécom, Challenges.fr, article créé le 22 février et mis à jour le 1er mars 2010
  7. Israël : Stéphane Richard répudie Partner, causeur.fr, 4 juin 2015
  8. Orange veut se désengager d’Israël, protestation dans l'État hébreu, lejdd.fr, 4 juin 2015
  9. Orange : Stéphane Richard tente d'apaiser la colère d'Israël, lefigaro.fr, 5 juin 2015
  10. En Israël, Stéphane Richard (Orange) fait son mea-culpa, latribune.fr, 12 juin 2015
  11. « Stéphane Richard reconduit pour quatre ans à la tête d’Orange », sur Le Monde.fr (consulté le )
  12. « Stéphane Richard nommé président de la GSMA », lemondeinformatique.fr, (lire en ligne)
  13. Un « sarkozyste de gauche », directeur de cabinet à Bercy - Les Échos, 25 mai 2007
  14. Bandol François Barois 60 % de nouveaux - Var-Matin, 16 février 2008
  15. François Barois sort ses atouts - Bandolais.fr, 16 février 2008
  16. Liste présentée en 2008 par M. Barois.
  17. Comment lutter contre la montée du FN ? Les solutions de la société civile, lesechos.fr, 10 décembre 2015
  18. Élections régionales 2015 : le PDG d'Orange sort de son silence sur la montée du FN, rtl.fr, 10 décembre 2015
  19. « Orange : Stéphane Richard prêt à lâcher la direction générale mais souhaite rester président », sur LEFIGARO (consulté le )
  20. Affaire Adidas : l'avocat de Tapie et le juge arbitre Estoup en garde à vue - Le Parisien/AFP, 28 mai 2013
  21. Le Monde 30/05/2013 Affaire Tapie : qui a décidé du recours à l'arbitrage ? - Le Monde, 30 mai 2013
  22. Affaire Tapie : Stéphane Richard placé en garde à vue - Libération/AFP, 10 juin 2013
  23. AFP, « Arbitrage Tapie : Stéphane Richard mis en examen », sur liberation.fr,
  24. Gérard Bon édité par Yves Clarisse, Jean-François Rocchi démissionne du BRGM, Capital.fr avec Reuters, 13 juin 2013
  25. Le Monde 21/05/2015 Affaire Tapie : Stéphane Richard à nouveau mis en examen https://www.lemonde.fr/societe/article/2015/05/21/affaire-tapie-stephane-richard-a-nouveau-mis-en-examen_4638209_3224.html - Le Monde, 21 mai 2015
  26. Laurent Mauduit, L’affaire Tapie pourrait ruiner Stéphane Richard - Mediapart, 25 juillet 2018
  27. https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/affaire-tapie-stephane-richard-relaxe-20190709
  28. AFP, « Affaire Tapie : Stéphane Richard, PDG d’Orange, condamné en appel à un an de prison avec sursis », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  29. « Arbitrage Tapie : pour les juges d’appel, Stéphane Richard a « trahi » la confiance de sa ministre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  30. « Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, quittera son poste fin janvier au plus tard », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  31. Portrait : Stéphane Richard, le PDG de Bercy - Le Point, 13 septembre 2007
  32. Corinne Lhaïk, Stéphane Richard, le dandy de Bercy chez France Télécom, L'Express, 29 décembre 2008
  33. Redressement fiscal pour le directeur de cabinet de Lagarde - Le Nouvel Observateur 22 juin 2008
  34. 61e, Stéphane Richard, France Telecom : 1,5 million € en 2011, Journal Du Net, 20 juin 2012
  35. Pourquoi Stéphane Richard, PDG d'Orange, est prêt à baisser son salaire - La Tribune, 10 avril 2013
  36. Le pantoufleur mobile - Portrait dans le mensuel régional le Ravi

Annexes

Liens externes

  • (fr) - Site officiel d'Orange: Biographie de Stéphane Richard

Bibliographie

  • Gilles Tanguy, « Stéphane Richard, ou l'art de passer entre les gouttes », Capital, no 264, , p. 28-30.
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