Sylvie Germain
Sylvie Germain, née le à Châteauroux, est une écrivaine française.
Pour les articles homonymes, voir Germain.
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Magnus (), Jours de colère () |
Biographie
Sylvie Germain est née en 1954 à Châteauroux (Indre). Sa famille déménage peu de temps après sa naissance, et se déplace par la suite de nombreuses fois à travers la France, au gré des affectations de son père Romain Germain[1], sous-préfet, notamment en Lozère et à Neufchâteau dans les Vosges.
Au cours des années 1970, elle suit des études de philosophie, auprès d'Emmanuel Levinas, à l'université Paris-Nanterre. Son mémoire de maîtrise porte sur la notion d’ascèse dans la mystique chrétienne, et sa thèse de doctorat concerne le visage (Perspectives sur le visage : trans-gression ; dé-création ; trans-figuration)[2].
Elle commence à cette époque à écrire des contes et des nouvelles. Dès 1983, alors qu'elle travaille au ministère de la Culture à la Direction de l'audiovisuel[3], elle envoie chez Gallimard le manuscrit de son premier ouvrage, un recueil de nouvelles, qui ne sera pas publié. L'écrivain Roger Grenier lit ce manuscrit, l'encourage, mais lui propose de publier d'abord un roman d'elle. Sylvie Germain suit ses conseils et publie Le Livre des Nuits suivi de Nuit-d'Ambre, une saga familiale de près de 800 pages, qui reçoit six prix littéraires : prix du Lions Club International 1984, prix du Livre Insolite 1984, prix de Passion 1984, prix de la Ville du Mans[4] 1984, Prix Hermès 1984 et Prix Grevisse 1984[5].
Elle part vivre à Prague (1986 à 1993) où elle enseigne la philosophie et le français au lycée français. Les années pragoises sont l'occasion de l'écriture puis de la publication en 1989 de Jours de colère, qui reçoit le prix Femina. En 1993, Sylvie Germain retourne en France. Elle vit alors entre Paris et La Rochelle mais Prague est le thème de son roman Immensités, qui traite de la souffrance de ceux que la Révolution de velours n'a pas libérés. En 2000, elle publie plusieurs livres dans des genres variés : un récit de voyage, un essai spirituel et un album de photographies. En 2002 parait un nouveau roman, La Chanson des Mal-aimants. La narratrice y endure une vie d'errance ; d'abord orpheline dans les Pyrénées, puis vaquant de petits métiers en petits métiers à Paris, elle mène une vie faite de hasards et de solitude.
Magnus, paru en 2005, reçoit un accueil enthousiaste du public[6] et le prix Goncourt des lycéens. Le héros, Franz-Georg, a cinq ans lorsqu'il perd complètement la mémoire. Il doit tout réapprendre. Lui qui est né de parents allemands juste avant la Seconde Guerre mondiale, devra toute sa vie durant se confronter à ce passé, et démêler la légende et les faux souvenirs de la vérité. Puis elle publie encore L'Inaperçu (2008) et Hors champ (2009).
Par décret du , Sylvie Germain est élevée au grade de Chevalier de l'ordre national du mérite[7].
Elle est candidate au fauteuil de Pierre-Jean Rémy (no 40) à l'Académie française le , mais l'élection est déclarée blanche après quatre tours de scrutin (au dernier tour, 12 voix pour Sylvie Germain, 5 pour Alain-Gérard Slama et 11 bulletins marqués d'une croix)[8].
Elle est élue le au siège de Dominique Rolin à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique[9]. Elle reçoit en 2016 le prix mondial Cino Del Duca[10].
Activités professionnelles
De 1978 à 1981, Sylvie Germain est documentaliste à la Datar, au Conseil d'État et dans un cabinet d'architecture. Elle occupe ensuite un poste de fonctionnaire au ministère de la Culture à Paris jusqu'en 1986.
De 1986 à 1993, elle est documentaliste, puis professeur de français et de philosophie au lycée français de Prague. Depuis 1994, elle exerce sa seule activité littéraire.
Sylvie Germain fait partie des présidents d’honneur du prix Marguerite-Duras (Association Marguerite-Duras)[11].
Polémique lors du baccalauréat 2022
Un extrait de son œuvre Jours de colère est proposé en commentaire de texte aux épreuves anticipées de français du baccalauréat général en juin 2022[12]. Sylvie Germain est la cible, dès les premiers instants qui suivent la sortie de l'épreuve, de nombreuses réactions très hostiles de la part d'élèves mécontents[13].
Face à ce harcèlement, qu'elle qualifie d'« aussi absurde qu’affligeant », l'auteure répond qu'elle « espère que cette flambée de rage, où comme toujours le mimétisme et le goût de la surenchère électrisent la meute, va retomber aussi vite qu’elle a éclaté[14]. »
Écrits
Sylvie Germain a bâti une œuvre littéraire majeure[15], couronnée de nombreux prix[16].
Commentaire selon Matthieu (Mt 5, 17-19)
- Débordement de joie !
« La joie est un « présent », au double sens de temporel et de don. Les deux sont liés organiquement, ils sont inséparables : si l'on ne fait pas totalement acte de présence au monde, au temps, aux autres, à la vie, on ne sera pas disponible pour recevoir le don spirituel de la joie, car celui-ci peut se proposer à l'improviste, à l'occasion d'une rencontre, de paroles lues ou entendues qui « peuvent devenir des événements fondateurs ou réformateurs » ; au détour d'un regard que l'on pose sur un lieu, une lumière, une œuvre d'art dont la beauté soudain nous surprend, nous émeut, et plus encore à l'instant d'un regard que l'on croise, s'irradiant d'un visage qui s'expose dans sa nudité, sa vulnérabilité, sa bouleversante humanité.
Comment saisir le passage de l'imprévu, si l'on est inattentif, indifférent, blasé ? Comment accueillir l'insoupçonné, l'inespéré, si l'on se tient replié dans une bulle si bien ouatée d'autosuffisance qu'elle ne laisse plus aucune place pour rien ? Comment être rencontré, touché, si l'on est absent à soi-même ?
Être « Là », se tenir pleinement dans l'ici et le maintenant qui nous sont impartis, trouver son assise dans l'escarpement des jours ordinaires. Ainsi s'est tenue Thérèse de Lisieux, qui emplissait de gratitude chacun de ses aujourd'hui :
- « Ma vie n'est qu'un instant, une heure passagère
- Ma vie n'est qu'un seul jour qui m'échappe et qui fuit
- Tu le sais, ô mon Dieu ! Pour t'aimer sur la terre
- Je n'ai rien qu'aujourd'hui ! ». »
— Sylvie Germain. Préface, dans Denis Trimez, Sur un chemin escarpé : la joie !, Paris, Cerf, 2019, p. 9-10[17].
Œuvres
- Le Livre des nuits (Gallimard, 1985)[18] (ISBN 9782070704743), [présentation éditeur] Prix Hermès 1984 ; prix du Lions Club International 1984 ; prix du Livre Insolite 1984 ; prix de Passion 1984 ; prix de la Ville du Mans 1984, prix Grevisse 1984
- Nuit d'ambre (Gallimard, 1987) (ISBN 9782070381616), [présentation éditeur]
- Jours de colère (Gallimard, 1989) Prix Femina 1989
- Opéra muet (Maren Sell, 1989)
- La Pleurante des rues de Prague (Gallimard, 1991)
- L'Enfant Méduse (Gallimard, 1992)[19],[20],[21]
- Vermeer : patience et songe de lumière (Flohic, 1993)
- Immensités (Gallimard, 1993) Prix Louis-Guilloux 1994
- Éclats de sel (Gallimard, 1996)
- Les Échos du silence (Desclée de Brouwer, 1996[22] ; rééd. Albin Michel, 2006)
- Céphalophores (Gallimard, 1997)
- Tobie des marais (Gallimard, 1998)[24]
- Bohuslav Reynek à Petrkov (Christian Pirot, 1998)
- L'Encre du poulpe (Gallimard Jeunesse, 1999)
- Etty Hillesum (Pygmalion Gérard Watelet, 1999, 2006)
- Cracovie à vol d'oiseaux (Éditions du Rocher, 2000)
- Mourir un peu (Desclée de Brouwer, 2000)
- Grande nuit de Toussaint (Le temps qu'il fait, 2000)
- Célébration de la paternité (Albin Michel, 2001)
- Le vent ne peut être mis en cage (Alice, 2002) (ISBN 2-930182-17-2)
- Chanson des mal-aimants (Gallimard, 2002 ; rééd. coll. « Folio », 2004 (ISBN 978-2-07-031431-7)) Grand prix Thyde Monnier 2002 ; prix des auditeurs de la RTBF 2003
- Couleurs de l’invisible (Al Manar, 2002)
- Songes du temps (Desclée de Brouwer, 2003)
- Les Personnages (Gallimard, 2004)
- Ateliers de lumière, Desclée De Brouwer, coll. « Beaux Livres », , 97 p. (ISBN 978-2-220-05535-0)
- Magnus (Albin Michel, 2005 ; rééd. Gallimard, coll. « Folio », 2007 (ISBN 978-2-07-033648-7))
- L'Inaperçu[25] (Albin Michel, 2008), 294 p. (ISBN 978-2-226-18842-7)
- Hors champ (Albin Michel, 2009)
- Patinir. Paysage avec Saint Christophe (Éditions Invenit, 2010)
- Quatre actes de présence (Desclée de Brouwer, 2011)
- Chemin de croix (Bayard Centurion, 2011)
- Le Monde sans vous (Albin Michel, 2011)
- Rendez-vous nomades (Albin Michel, 2012) « Romancière, biographe, essayiste... elle est tout cela. Parmi ses essais, cependant, une constante : l'exploration de l'idée de Dieu. Elle la poursuit dans son nouveau livre, Rendez-vous nomades, sur un mode plus intime que jamais[26]. »
- Petites scènes capitales (Albin Michel, 2013)[27] Sélection au prix Mauvais genres 2013[28]
- À la table des hommes, Albin Michel, 2015, 264 p. (ISBN 978-2-2263-2273-9)
- Sag mir wo die Blumen sind, En écho et miroir à Grimspound, L'Écriture des larmes (revue Approches no 164, 2016)
- Le vent reprend ses tours (roman), Paris, Albin Michel, coll. « A.M. Rom. Fraç. », , 214 p. (ISBN 978-2-226-44234-5)[29] « La beauté et l'originalité du texte obligent à reprendre du plaisir ou à examiner comment c'est fait. » Bernard Pivot.
- Brèves de solitude, Paris, éditions Albin Michel, 2021, 212 p. (ISBN 978-2-226-45824-7)
- La puissance des ombres, Paris, éditions Albin Michel, 2022, (ISBN 978-2-226-47596-1) [30]
Préfaces
- Gesualdo de Jean-Marc Turine, Benoît Jacob, 2003
- Denis Trinez, Sur un chemin escarpé : la joie !, Paris, éditions du Cerf, , 139 p. (ISBN 978-2-204-13142-1)
Notes et références
- Bertrand Munier, Le Grand livre des élus vosgiens (1791-2003) : conseillers généraux et régionaux, députés, sénateurs, ministres, Haroué, Gérard Louis, 2003, p. 338 (ISBN 2-914554-34-6).
- Florence Traisnel, « De l’héritier au répondant. La transmission en question dans les deux premiers romans de Sylvie Germain, Le livre des nuits et Nuit-d’Ambre », Temps Zéro, no 5, (lire en ligne)
« (…) dès 1981, dans sa thèse intitulée « Perspectives sur le visage : trans-gression ; dé-création ; trans-figuration » (…) »
- « Sylvie Germain - notice biographique », Société des gens de lettres (consulté le )
- Prix de la Nouvelle de la Ville du Mans.
- Sylvie Germain, Jours de colère : (notice biographique), Gallimard, coll. « Folio » (no 2316), (réimpr. novembre 1998), p. 7
- Patrick Kéchichian, « "Accouché par la guerre" », Le Monde, (lire en ligne).
- « Décret du 15 mai 2011 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Académie française
- Discours de réception de Sylvie Germain à l'Académie royale de Belgique.
- Le Prix mondial Cino Del Duca 2016 décerné à Sylvie Germain.
- 24e rencontres Marguerite Duras à Trouville-sur-Mer, .
- Service Campus, « Bac de français 2022 : corrigé du sujet de commentaire de texte », Le Monde, (lire en ligne).
- Paul de Montferrand, « L’écrivain Sylvie Germain victime d’un torrent d’insultes sur les réseaux sociaux après l’écrit du bac de français », Le Figaro Étudiant, (lire en ligne).
- « "Ils ont une haine de la langue, de l’effort de réflexion" : Sylvie Germain répond aux lycéens qui la harcèlent », sur Le Figaro (consulté le )
- Sylvie Germain poursuit son œuvre de mémoire et de vie dans son nouveau roman, Le vent reprend ses tours (Albin Michel, 2019), dans la lignée d'un travail surprenant qui, depuis trente ans, tresse philosophie, spiritualité et imaginaire.
- Biographie de Sylvie Germain. France Culture.
- Dans la lignée de Sylvie Germain et de Christian Bobin, un éloge spirituel et littéraire, accessible à tous, de la simplicité quotidienne comme voie d'illumination.
- Lili Galipette, « Le livre des nuits », sur desgalipettesentreleslignes.fr, (consulté le ).
- Voir sur musemedusa.com.
- Voir sur crcrosnier.fr.
- Voir sur religiologiques.uqam.ca.
- Voir sur lmda.net.
- « Le prix de littérature religieuse » sur le site du Syndicat des libraires de littérature religieuse (SLLR) (consulté le 30 mars 2017).
- Voir sur lmda.net.
- Voir sur lemonde.fr.
- « Sylvie Germain. Foi d'écrivain », Xavier Houssin dans Le Monde du .
- « Petites scènes capitales de Sylvie Germain chez Albin Michel », 20 minutes, (lire en ligne, consulté le ).
- Lauréats 2013, sur France Culture.
- Xavier Houssin, « Le vent reprend ses tours : l’amitié essentielle selon Sylvie Germain », sur lemonde.fr, .
- Jean-Paul Brighelli, « On a lu "La Puissance des ombres" : Sylvie Germain et le Mal », sur marianne.net
Annexes
Bibliographie
- Extrait de Sylvie Germain, l'écorchée vive par Julie Elmoznino
- Arráez, José Luis (2015): «L'architecture du silence de la Shoah dans les fictions de Sylvie Germain», in Çédille, monográfico no 5: Le silence dans l'écriture de la Shoah, p. 25–32. p. 11–42
- Florence Traisnel (2012), « De l’héritier au répondant. La transmission en question dans les deux premiers romans de Sylvie Germain, Le livre des nuits et Nuit-d’Ambre », dans temps zéro, nº 5
- Alain Goulet, Sylvie Germain : Œuvre romanesque : Un monde de cryptes et de fantômes, Editions L'Harmattan, coll. « Critiques littéraires », , 288 p. (ISBN 978-2-296-01846-4)
- Mariska Koopman-Thurlings, Sylvie Germain, la hantise du mal, Paris, Editions L'Harmattan, coll. « Critiques littéraires », , 282 p. (ISBN 978-2-296-03230-9, lire en ligne)
- Alain Goulet, Anne Roche et Gérard Poulouin, L'univers de Sylvie Germain, Caen, Presses Universitaires de Caen, coll. « Colloques de Cerisy », , 354 p. (ISBN 978-2-84133-327-1)
- Elena Pinaud et lePetitLittéraire, Magnus de Sylvie Germain (Fiche de lecture) : Résumé complet et analyse détaillée de l'œuvre, lePetitLitteraire.fr, coll. « Fiche de lecture », , 32 p. (ISBN 978-2-8062-6814-3)
- ARDUA (Association Régionale des Diplômés des l'Universités d'Aquitaine), Sylvie Germain : L'Art d'être au monde, Dax, Éditions Passiflore, coll. « Présence de l'écrivain », , 182 p. (ISBN 978-2-918471-94-3)
Articles connexes
Liens externes
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