Temple protestant de Cognac
Le temple protestant de Cognac est un lieu de culte situé 9 rue du temple à Cognac, en Charente. La paroisse du cognaçais, qui gère également les temples de Jarnac et Segonzac, est membre de l'Église protestante unie de France.
Type | |
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Fondation | |
Patrimonialité |
Recensé à l'inventaire général |
Site web |
Adresse |
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Coordonnées |
45° 41′ 37″ N, 0° 19′ 49″ O |
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Historique
Sous l'Ancien régime
À la Renaissance, Cognac est la ville de naissance des premiers Maison de Valois, le roi de France François Ier et sa sœur aînée Marguerite de Valois-Angoulême, qui favorise l'Humanisme et la Réforme protestante. Le Réformateur français Jean Calvin est accueilli dans la région en 1534. Il réside à Angoulême, et prêche dans les villes qui bordent la Charente. Certains lieux en gardent la mémoire, comme la La Chaire-à-Calvin, un abri sous roche orné de sculptures pariétales monumentales datant du Paléolithique. Des Églises réformées sont dressées à Segonzac, Cognac, Saint-Même, Jarnac par des pasteurs itinérants formés à Genève, comme Philibert Hamelin. De 1558 à 1684, le premier temple de Jarnac est situé dans les bâtiment du prieuré de l'église Saint-Pierre de Jarnac, rue Basse. Le céramiste Bernard Palissy est accueilli à Saintes, Théodore Agrippa d'Aubigné naît en 1552 au château de Saint-Maury près de Pons[1].
Pendant les Guerres de Religion, les armées royales et Huguenotes s'affrontent pour la maîtrise de ce territoire. Le , à la bataille de Jarnac, est assassiné le chef de l'armée protestante, Louis Ier de Bourbon-Condé. En mémoire, une colonne monumentale est élevé en 1770 à Triac-Lautrait, et l'avenue centrale de Jarnac s'appelle depuis la rue de Condé. En est assiégé Saint-Jean-d'Angély, place forte réformée. En 1570, la Paix de Saint-Germain-en-Laye classe Cognac comme place de sureté protestante, comme La Rochelle. En 1571 est adoptée la Confession de La Rochelle, première confession de foi des Églises réformées[2].
Le massacre de la Saint-Barthélemy, le , rallume la guerre civile. Plus de 10 000 civils protestants sont assassinés, à commencer par l'amiral Gaspard II de Coligny, chef des protestants. Henri de Navarre, futur Henri IV, prend la tête du parti huguenot. En 1586, Catherine de Médicis rencontre les chefs du parti protestant au château de Saint-Brice, à 4 km à l'est de Cognac, pour tenter de trouver une issue pacifique. La paix n'est établie qu'avec le sacre d'Henri IV et la signature de l'édit de Nantes en 1598.
Le est assassiné Henri IV par François Ravaillac, un catholique fanatique d'Angoulême. Les rois suivant établissent la monarchie absolue et restreignent les libertés accordées par l'édit de Nantes. Le commence le siège de La Rochelle, ordonné par Louis XIII et commandé par le cardinal de Richelieu. La région est pillée et la place forte protestante capitule le . Sous Louis XIV, les persécutions s'intensifient, avec la généralisation des dragonnades. Le , le roi signe l'édit de Fontainebleau, qui révoque l'édit de Nantes. La région, caractérisée par le négoce océanique du sel et du vin, et les relations commerciales avec l'étranger est marquée par l'exil de son élite protestante, dans les pays du Refuge, en Hollande, Royaume-Uni, États-Unis et Afrique du Sud[3].
Des assemblées clandestines, au « Désert », ont lieu aux environs de Pons et de Segonzac. Des pasteurs itinérant, formés au séminaire français de Lausanne, en Suisse, soutiennent les fidèles. Des « maisons d'oraison » sont installées par les pasteurs Louis Gibert puis Jean Jarousseau. À la Révolution française, on compte encore 3 200 protestants[4],[5].
Depuis la Révolution
La liberté de culte est rétablie par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Des protestants charentais s'investissent dans la Révolution française, comme le député Gustave Dechézeaux. Les protestants participent au développement économique de la région. Ils s'investissent en particulier dans le négoce du cognac : ils ont longtemps eu l'interdiction de posséder des terres et vivent en ville, sont en moyenne plus lettrés que la population locale, et ont établi des réseaux familiaux avec la diaspora huguenote. Le protestant James Delamain, né en 1738 à Dublin et rentré en France en 1759, fonde en 1763 à Jarnac une maison de négoce qui subsiste jusqu'à aujourd'hui sous le nom de Delamain et de Hine[1].
Avant la construction du temple de Cognac, les protestants célèbrent leur culte dans un local de la rue de la Richonne. Le temple actuel est construit de 1838 à 1840. Son architecte est Paul Abadie, architecte du département. L'orgue est installé en 1914 par la maison Maille, de Bordeaux[6]. Le temple de Segonzac est construit de 1864 à 1869 sur les plans de l'architecte Demenieux, avec une façade imitant celui de Cognac[7]. Le temple de Jarnac, reconstruit en 1761, est agrandi en 1820 par François-Nicolas Pineau et sous le contrôle de Paul Abadie[8]. Sa façade, ordonnancée comme les deux précédents, ne comporte pas de bas-relief.
Du 24 au , le pasteur Matthieu-A Ducros (père du pasteur Pierre Ducros) accueille au temple de Jarnac une assemblée de 130 pasteurs et laïcs qui souhaitent la réunification des Églises réformées en France, déchirées entre les courants du calvinisme orthodoxe, du Réveil protestant francophone, et du protestantisme libéral. Se forme alors l'« Union de Jarnac », qui prépare l'établissement de l'Église réformée de France en 1938[9].
En , est installé le pasteur Cyrille Payot, ancien pasteur de l'Église protestante francophone de Washington. Il réside à Saintes, en Charente-Maritime, et sa femme est pasteure de l’Église du temple protestant de Saintes[10].
Architecture
Le temple est un édifice de plan rectangulaire, élevé en pierre de tailles. La façade est encadrée par deux colonnes à pilastre. Au-dessus de la porte est gravée « EGLISE REFORMEE ».
Sur le fronton est sculpté une Bible ouverte, symbole habituel des temples réformées qui encouragent à sa lecture en français à une époque où l'Église catholique en interdit l'accès à ses fidèles. Elle repose sur un bas relief représentant des rayons de lumière. Sur ses pages sont gravées une citation de l'Évangile selon Matthieu 24, 35 « Le ciel et la terre passeront / mais mes paroles ne passeront point ».
L'intérieur est sobre, sans décorations. Deux rangs de bancs sont alignés face à un ensemble de boiseries comprenant une chaire à prêcher et une table de communion. Sur la table est peint « FAITES CECI EN MEMOIRE DE MOI, LUC XXII, 19 », extrait d'un verset de l'Évangile selon Luc 22, 19[13].
Notes et références
- Jonathan Guérin, « Cognac : l’héritage durable du protestantisme », Sud Ouest, (Cognac : l’héritage durable du protestantisme )
- « Le protestantisme en Poitou-Charentes » , sur Musée protestant (consulté le )
- Francine Stein, « Nicolas Martiau, Ancêtre Huguenot Français de George Washington | Huguenots en France » , (consulté le )
- « Angoulême et sa région », sur Musée protestant (consulté le )
- Sandra Balian, « Cinq cents ans d’histoire », Sud Ouest, (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
- « Orgue », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Temple protestant de Segonzac », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Temple protestant », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
- Daniel Robert et André Encrevé, « Aux origines de l'Assemblée de Jarnac (1906-1907) (archives Ducros) », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-), vol. 128, , p. 45–86 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
- Alexis Pfeiffer, « Cognac : de Nîmes à Washington, l’odyssée du nouveau pasteur », Sud Ouest, (lire en ligne )
- Frédéric Berg, « Un nouveau pasteur pour l'Église réformée de Cognac », Charente libre, (lire en ligne )
- Marc Baltzer, « Cognac : Cyrille Payot, le pasteur voyageur prend racine », Charente libre, (lire en ligne )
- « Autel protestant (autel tombeau) », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
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