Bobino

Bobino (du nom d'un clown et marionnettiste du XIXe siècle) est une célèbre salle de music-hall située dans le quartier du Montparnasse, au 20, rue de la Gaîté, dans le 14e arrondissement de Paris. À son emplacement, depuis 1873, s’établit d’abord une guinguette, un café-concert, puis cette salle devient un music-hall au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le lieu historique est détruit en 1985.

Pour l’article homonyme, voir Bobino (émission de télévision).

Bobino
Entrée du nouveau Bobino (avril 2016).
Surnom Bobinche
Type Music-hall
Lieu 20, rue de la Gaîté
Paris 14e France
Coordonnées 48° 50′ 23″ nord, 2° 19′ 23″ est
Inauguration 1873
Capacité 1 100 places (jusqu'en 1985)
885 places (dans sa jauge actuelle)
Anciens noms Les Folies Bobino (1873)
Direction Montpreux (1912-?), Paul Fournel (?-?), Alcide (et Teddy) Castille (1934-1958), Félix Vitry (1958-1962), Pierre Guérin (1962-1964), Félix Vitry (1964-1971), Jean-Claude Dauzonne (1973-1984), Philippe Bouvard (1991-2006), Gérard Louvin (2006-2010), Jean-Marc Dumontet (2010-aujourd'hui)
Site web Site officiel de Bobino
Géolocalisation sur la carte : 14e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris

Histoire

Théâtre du Luxembourg, dit Bobino (1816-1868)

Le théâtre du Luxembourg a été créé en 1816 au coin des rues Madame et de Fleurus, pour héberger la troupe foraine de l'amuseur paradiste Bobino. Le succès de ses spectacles, qui mélangeaient acrobaties, jongleries, arlequinades et pantomimes, a fait que les Parisiens appelaient la salle le théâtre de Bobino, et familièrement, Bobinche.

Après 1830, le théâtre se consacre à un répertoire de vaudevilles et mélodrames, et rassemble un public populaire où l'on trouve de nombreux étudiants de la Rive gauche.

En 1866, le théâtre du Luxembourg, dit Bobino, étant devenu vétuste, son directeur, Auguste Gaspari, et sa troupe déménagent au nouveau théâtre des Menus-Plaisirs sur le boulevard de Strasbourg. Le bâtiment est démoli début 1868 pour être remplacé par un immeuble (aujourd'hui, 61, rue Madame)[1].

Folies-Bobino (1873-1901)

En 1873, l’entrepreneur Fernand Strauss reprend le nom de Bobino qui avait encore une grande notoriété, pour le modeste café-concert de 200 places qu'il ouvre le 24 décembre au 20, de la rue de la Gaîté, sous l'enseigne de théâtre des Folies-Bobino. On peut y voir des numéros divers, mais aussi des courtes pièces, comme Bobino vit encore ! en 1880, qui était une adaptation d'un des succès du théâtre du Luxembourg. Dans les années 1880, la salle connaît des obstacles administratifs, n'étant pas reconnue comme un réel théâtre. Ainsi, en 1887, la préfecture de police ordonne de démonter la scène et de ne garder qu'une estrade et un « décor unique et fixe adhérant au mur[2] ».

Bobino (1901-1984)

Le 17 janvier 1901, les Folies Bobino deviennent Bobino, quand la société des cinémas Pathé s'en porte acquéreur. L'imprésario Montpreux prend la direction de la salle en 1912 et oriente résolument la programmation vers la chanson et le music-hall.

Entre 1909 et 1912, lors de son exil en France, Lénine assista à plusieurs concerts et rencontra fréquemment le chansonnier français Montéhus à Bobino[3],[4].

La salle s'agrandit en 1918, mais ce n'est qu'après les travaux engagés par le directeur Paul Fournel en 1927 que Bobino devient une vraie belle salle de spectacles, un théâtre à l'italienne pouvant accueillir jusqu'à un millier de personnes (une jauge inférieure à celle de l'Olympia, faisant de ce théâtre un lieu jugé plus intime par de nombreux artistes).

Dans les années 1930, Bobino devient la principale salle de la rive gauche consacrée à la chanson. Damia, Lucienne Boyer, Félix Mayol, Georgius entre autres s'y produisent. Édith Piaf y triomphe à la fin des années 1930, alors qu'elle est encore une (relative) nouvelle venue.

Félix Vitry et Bruno Coquatrix s'associent en 1958 pour racheter Bobino à la famille Castille, qui en est propriétaire depuis les années 1930 et souhaite se recentrer sur l'Européen, une autre salle en sa possession. Les deux directeurs décident de programmer des humoristes comme Raymond Devos et Fernand Raynaud mais aussi des artistes qui ne sont pas encore des vedettes.

En 1960, Bruno Coquatrix, ne pouvant mener de front la gestion de deux salles, se retire pour se consacrer uniquement à l'Olympia.

Félix Vitry transforme la salle et la rend plus confortable. Georges Brassens en fait sa salle de prédilection (il y passe une quinzaine de fois entre 1953 et 1976, jusqu'à y tenir résidence pendant cinq mois en 1976 !), de même que Léo Ferré (de 1958 à 1971), Barbara (de 1961 à 1975 ; elle y triomphe le , triomphe qui sera à l’origine de Ma plus belle histoire d’amour, un de ses grands succès) ou encore Dalida en 1957, 1958 et 1965. Juliette Gréco, artiste emblématique de la rive gauche y passe de nombreuses fois : 1951, 1952, 1953, 1961, 1964, 1968, 1971 et 1972. C’est dans cette salle que Joséphine Baker fait sa dernière apparition sur scène, un spectacle qui est un succès, financé avec le soutien du couple princier de Monaco. Le lendemain de la quatorzième représentation, le , l’artiste est victime d'une attaque cérébrale à son domicile. Elle meurt le 12 avril et, à ses obsèques le 15, le cortège funèbre passe devant Bobino dont l’enseigne porte encore son nom en grandes lettres. En signe de deuil, la salle ferme pendant huit jours[5].

Mais après avoir été un haut lieu du monde de la chanson pendant un demi-siècle sous l'enseigne « Bobino le théâtre de la chanson et du rire », la salle finit par fermer en 1984 du fait de ses difficultés financières.

Bobino n'a pas eu la chance d'être classé au patrimoine culturel comme l'a été l'Olympia (en 1993), et, en 1985, l'immeuble est racheté et rasé par des promoteurs qui y installent un ensemble immobilier comprenant un hôtel de luxe et une salle faisant office de discothèque à partir de 1987. Nommée le Wiz, celle-ci sert aussi de lieu de tournage pour l’émission d'Antenne 2 Wiz qui peut.

Studio Bobino (1991-2009)

En 1991, le lieu accueille de nouveau des spectacles sous le nom de Studio Bobino, sans vraiment renouer avec sa tradition musicale. Il se divise en différents espaces dédiés au théâtre, au spectacle, à l'enregistrement d'émissions télévisées (Les Grosses Têtes notamment). Philippe Bouvard en est le directeur et propriétaire jusqu'en 2006. Patrick Garachon est directeur artistique de 1995 à 1998 et programme plusieurs spectacles qui tiennent l'affiche plusieurs mois, avec notamment une rétrospective de l'histoire du music-hall, Il était une fois Bobino. Des humoristes tels que Yves Lecoq ou Anne Roumanoff y rencontrent le succès.

En 2006, Gérard Louvin succède à Philippe Bouvard, renomme la salle Bobin’o et y propose des dîners-spectacles. Le cabaret-restaurant ferme ses portes en avril 2009, faute de succès.

Bobino (2010-)

Pendant l’été 2010, Bobino ferme ses portes quelques mois pour d’importants travaux de réaménagement entrepris par son nouveau directeur Jean-Marc Dumontet. Celui-ci donne à Bobino un vrai nouveau départ.

Renommé cette fois Bobino, la salle de spectacles peut accueillir près de 900 spectateurs dans de confortables fauteuils de velours rouge. Bobino renoue avec son histoire : la programmation mêle one-man shows (Anthony Kavanagh, Chantal Ladesou, Alex Lutz), concerts (William Sheller, Patrick Bruel) et spectacles musicaux (The Voca People, Peter Pan, Avenue Q, Swinging Life…).

Les artistes qui se sont produits à Bobino

Bobino historique

Nouveau Bobino

Exemples de programmation

Affiche de Bobino

Tous les dimanches depuis le 10 juin 2010, Bobino se transforme en temple protestant avec Hillsong church, membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire] avec 2 cultes à 10h et 12h.

Notes et références

  1. Laurent Gloaguen, « Théâtre du Luxembourg, 1868 », sur Vergue, (consulté le ).
  2. « Les Folies-Bobino devront… », Le Temps, no 9552, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Helen Rappaport, Conspirator : Lenin in Exile, (lire en ligne), p. 550.
  4. Marc Robine, « Montéhus, Le chansonnier humanitaire. Enregistrements originaux 1905-1936 » EPM, Paris.
  5. Dounia Hadni, « Paris : sur la ligne 13, une station rebaptisée «Gaîté-Joséphine Baker» », sur lefigaro.fr, (consulté le ).

Galerie


Liens externes

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