Thé en Géorgie

Le thé en Géorgie se distingue, côté production, par ses boîtes à double couvercle. Il est cultivé, emballé et bu en Géorgie.

Peinture de thé avec sa boîte géorgienne.

Histoire

Liu Zhenzhou, spécialiste chinois du thé installé en Géorgie dans les années 1890.

La première plantation de thé en Russie est mise en œuvre au jardin botanique Nikitski en 1814[1]. En 1847, le comte Vorontsov fait planter un buisson de thé à Ozourguéti[2].

La première plantation commerciale est établie en 1885[1]. En 1901, un paysan ukrainien, Judas Antonovich Koshman, parvient à créer un hybride de thé résistant au froid[3]. Il s'agit du « thé géorgien », facilement reconnaissable à sa boîte à double couvercle[4]. En 1901, du thé cultivé à Chakvi reçoit un prix à Paris[2].

Au début du vingtième siècle, une pénurie de thé fait suite à des problèmes techniques que connaissent des locomotives du Transsibérien, tandis qu'en Sibérie, les buveurs de thé commencent à utiliser le thé vert japonais plutôt que le thé noir sino-russe. Du côté occidental du pays, la guerre empêche toute importation de thé. Il devient donc très difficile à trouver et est souvent de très mauvaise qualité ou remplacé par des infusions d'herbes[5]. Il est donc décidé que le thé doit être cultivé en Russie et plus spécifiquement en Géorgie, là où les plants de thé existent déjà depuis 1901 mais restent anecdotiques[6] : en 1913, ils composent 0,2 % du thé consommé dans le pays[7].

En 1917, la révolution russe provoque la fermeture des usines de briques de thé installées en Chine par manque de moyens financiers[8]. Les efforts pour cultiver du thé en Géorgie prennent de l'ampleur[9]. En 1941, l'Union soviétique produit 44 % du thé qu'elle consomme, notamment en Géorgie et en Azerbaïdjan[9]. La Géorgie profite d'autant plus de cette culture que les gouvernements cherchent une façon de rentabiliser les terres locales, peu adaptées à la plupart des cultures[2].

Dans les années 1970, le thé géorgien subit une grave baisse de qualité quand, pour des motifs économiques, les autorités décident de rendre la récolte entièrement mécanique[10].

Dans les années 1980, la production de thé géorgien passe de 95 à 57 milliers de tonnes par an ; la mauvaise qualité oblige les usines à jeter la moitié de la production en plus de cette baisse. Le public russe se tourne alors vers les thés importés, mais leur quantité est insuffisante pour répondre à la demande. L'habitude naît alors de mélanger le thé géorgien et du thé importé de meilleure qualité pour réduire les coûts en gardant une qualité acceptable[10].

La culture du thé devient presque inexistante dans les années 1990. Le thé géorgien a très mauvaise réputation, et les mélanges sont entrés dans les habitudes : quand le système logistique soviétique s'effondre, les plantations et usines sont abandonnées et l'équipement est racheté par la Turquie[2]. Une rumeur veut que des concurrents allemands emballent du thé indien sous le nom de thé géorgien, menant à la fermeture des usines restantes, la demande spécifique n'étant plus couverte par le pays ; c'est le cas des marques Rcheuli et Gurieli, encore vendues en Géorgie[2]. Une petite fabrication domestique existe toujours[2].

Sous Mikheil Saakachvili, l'industrie renaît mais reste timide. En 2018, des usines de thé sont à nouveau introduites dans les parcours touristiques du pays[2].

Consommation

Le thé est relativement peu consommé en Géorgie[2].

Préparation

On met une grande quantité de thé dans une théière et l'infusion se fait très rapidement[2].

Demande

À la fin des années 2010, environ 20 % du marché du thé en Géorgie est occupé par la consommation domestique et par les marques Tkibuli, Ternali, Gurieli et Shemokmedi[2].

Commerce

Importation

Le thé le plus communément trouvé en Géorgie est importé d'Inde, d'Azerbaïdjan et de Chine[2].

Exportation

Les marques Gurieli et Tkibuli sont exportées vers la Pologne, l'Allemagne, les États-Unis et les pays d'Asie centrale[2].

Marques commerciales

La fabrique de thé de Moscou (ru), surnommée « la marque à l'éléphant » par la population, importe du thé indien pour l'Europe de l'Est[11]. Ce thé indien est vendu dans un emballage standard : une boîte en carton représentant un éléphant. Le thé indien de meilleure qualité est vendu dans un emballage vert et rouge[12]. À l'époque soviétique, on trouve deux mélanges principaux : le numéro 36 et le numéro 20, qui contiennent respectivement 36 % et 20 % de thé indien mélangé à du thé géorgien[12].

Les marques de thé les plus facilement trouvées dans le pays sont Rcheuli et Gurieli. Elles se présentent comme géorgiennes, mais il est possible qu'il s'agisse en réalité de thés importés et reconditionnés en Géorgie[2].

Production

Plantations

L'URSS commence à produire du thé en Géorgie, en Abkhazie et en Adjarie. Ces tentatives sont affectées par la première Guerre mondiale[13]. En 1913, les plantations géorgiennes produisent 0,2 % du thé consommé en Russie[7]. Le problème de la fabrication de ce thé est surtout le prix de la main-d'œuvre : les salariés russes coûtent plus de cinq fois le salaire des Chinois, eux-mêmes déjà mieux payés qu'au Japon ou en Asie du Sud-Est. Ensuite, pour faire une vraie concurrence au thé importé, il faudrait que l'équivalent de la superficie du Sri Lanka soit couvert par des plantations de thé en Russie, ce qui est géographiquement impossible. Enfin, ce thé n'est de toute façon pas d'aussi bonne qualité que le thé chinois[14].

Le thé pousse seulement dans la partie Ouest du pays, avec une petite exception pour une production à Lagodekhi pendant quelques années. Les régions où pousse le thé sont, dans l'ordre, la Gourie, les alentours de Kobouleti, la Mingrélie et l'Iméréthie[2].

Transformation

Les trois usines réputées de Géorgie sont à Kobouleti, Tsalendjikha et Ozourguéti, avec celle de Tsalendjikha connue pour produire la meilleure qualité. Il y a également une usine à Didi-Chkoni, l'usine Martvilsky. Toutes ces usines travaillent le thé noir, vert et les infusions et sont ouvertes aux touristes[2].

À Lantchkhouti, on trouve également une autre usine, qui transforme le thé noir, vert et blanc. Elle sert au conditionnement du thé et est également un lieu touristique organisant des dégustations[2].

Le thé en briques est commun[2].

Représentations dans la culture

Représentations à l'international

Le thé géorgien est connu en Russie par sa boîte à double couvercle[4].

Notes et références

  1. (ru) Grande Encyclopédie soviétique, vol. 29, Советская энциклопедия, , p. 11
  2. « Thé géorgien, l'histoire de la culture du thé en Géorgie » , sur hannesty.ru (consulté le )
  3. (en-US) « Tea and Sochi », sur World Tea News, (consulté le )
  4. « Liu Zhengzhou et l'histoire du thé de Chine en Russie », sur Asialyst, (consulté le )
  5. Yoder 2016, p. 206.
  6. Yoder 2016, p. 208.
  7. Yoder 2016, p. 213.
  8. Yoder 2016, p. 200.
  9. Yoder 2016, p. 215.
  10. (ru) « Развитие чайного производства в СССР », sur TeaTerra, (consulté le )
  11. (en) « Moscow Tea Factory LLC », sur catalog.moscow-export.com (consulté le )
  12. (ru) « Развитие чайного производства в СССР », sur TeaTerra, (consulté le )
  13. J. Galy-Carles, « La culture du Théier en Russie », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 8, no 86, , p. 683–692 (DOI 10.3406/jatba.1928.4667, lire en ligne, consulté le )
  14. Yoder 2016, p. 214.

Voir aussi

Articles connexes

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