Théorème de Pascal
Il existe plusieurs théorèmes de géométrie appelés théorème de Pascal.
Le théorème de Pascal[1] est un théorème de géométrie projective.
Nous travaillons donc dans un plan projectif sur un corps commutatif quelconque K.
Théorème de Pascal (direct et réciproque)
Il y a équivalence entre les deux propositions suivantes concernant un hexagone d'un plan projectif :
- l'hexagone est inscrit dans une conique ;
- les intersections des trois paires de côtés opposés sont alignées.
Si deux côtés opposés sont confondus, leur intersection n'est évidemment pas unique. Le théorème s'interprète alors par exemple en écrivant la seconde condition sous la forme :
Il existe une droite contenant trois points appartenant aux intersections respectives des paires de côtés opposés.
Cependant cette disposition ne peut exister dans le cas d'une conique propre puisque l'intersection d'une telle conique et d'une droite comporte au plus deux points.
Théorème de Pappus-Pascal
Le théorème de Pappus est un cas particulier du théorème (direct) de Pascal, lorsque la conique est dégénérée en deux droites distinctes D et D'. De plus, pour obtenir un résultat non trivial (vérification immédiate), on suppose que les deux sommets de chaque côté appartiennent à des droites D, D' distinctes.
On peut remarquer en reprenant la démonstration dans ce cas que les résultats généraux d'homographie sur une conique ne sont pas réellement utilisés. Les théorèmes invoqués sont plus simplement ceux concernant les divisions de points alignés et les faisceaux de droites.
Théorème de Pascal (2)
Théorème de Pascal — Étant donné un hexagone inscrit dans un cercle, les intersections des côtés opposés sont alignées.
On veut prouver l'alignement de ; on utilisera donc le théorème de Ménélaüs. Un triangle envisageable pour ce théorème est obtenu avec les droites qui donnent les points (un autre celui construit avec ). Les côtés non utilisés de l'hexagone fournissent des points alignés avec , d'où des utilisations possibles de Menelaüs qui traduisent en fait la façon dont la figure est construite. Il suffit alors d'utiliser le fait que tous ces points sont sur un même cercle, ce qui justifie l'utilisation de la puissance d'un point.
On veut donc calculer .
En utilisant le théorème de Ménélaüs dans le triangle et le fait que soient alignés, on tire
d'où On a également des relations similaires en écrivant que et sont alignés. Tout ceci donne
En utilisant la puissance de par rapport au cercle, on tire , et finalement si bien que .
La droite que forme cet alignement est appelée « droite de Pascal ». La figure obtenue par la construction est appelée « hexagramme de Pascal ».
- Nota bene : tout dépend du système d'axiomes choisis, mais les points d'intersection de deux droites existent toujours si on adopte les axiomes de la géométrie projective qui ignore le parallélisme.
En prenant la polaire de cet énoncé par rapport au cercle lui-même, on obtient l'énoncé dit « dual » du précédent
Énoncé initial | Énoncé « polarisé » |
---|---|
six points | six tangentes |
point d'intersection | droite joignant |
côté opposé | sommet opposé |
aligné | concourante |
Théorème de Brianchon — Étant donné un hexagone circonscrit à un cercle, les diagonales sont concourantes.
Ci-dessous le dessin dual du précédent. Les points ont été remplacés par les tangentes correspondantes ; le point de concours est le pôle de la droite précédente, ce qui est mis en évidence avec la tangente au cercle issue du projeté sur la droite du centre du cercle (en pointillé).
Prenant maintenant la polaire de ces deux énoncés par rapport à un cercle quelconque, on en déduit que ces deux énoncés restent valables sur une conique quelconque au lieu d'un cercle.
Ci-dessous le théorème de Pascal pour une hyperbole dans une situation « croisée » : non seulement l'hexagone n'est pas convexe, mais les côtés se croisent.
La réciproque de ce théorème est vraie également : si les trois points A, B, C d'intersection des côtés opposés de l'hexagone sont alignés alors l'hexagone est inscrit dans une conique[2]. Ce résultat est aussi connu comme le théorème de Braikenridge–Maclaurin.
Réciproque du théorème de Pascal
Le théorème de Brianchon admet une réciproque qui permet de définir les coniques d'une façon purement formelle en géométrie projective formelle. On en propose ici une totalement analytique.
On se donne six points . On prend comme repère . Une conique passant par admet une équation de la forme
On note les coordonnées de (etc).
Le point a pour ordonnée ; le point a pour abscisse .
Au lieu de calculer les coordonnées de et de vérifier l'alignement, on vérifie que les trois droites , , et sont concourantes.
L'équation de s'obtient par et celle de la droite avec . On obtient l'équation de par résolution de
Le concours des droites se traduit par la nullité du déterminant
Maintenant, le fait que les points soient sur la conique d'équation (1) se traduit par un système de trois équations (une par point) d'inconnues et qui admet une solution non triviale. Ceci se traduit par la nullité du déterminant
Ces deux déterminants sont égaux. Le calcul des déterminants peut se faire classiquement par la méthode de Sarrus, mais on peut aussi observer que dans , le terme (etc) n'apparaît que dans la deuxième colonne son facteur valant
On calcule ce facteur dans en utilisant la deuxième colonne :
- pour la première ligne ;
- pour la deuxième ;
- pour la troisième.
La somme donne la même expression que dans .
En échangeant et , et les déterminants ne changent pas ce qui permet d'affirmer l'égalité des coefficients de .
Reste celui de , qui vaut
soit finalement le même que dans .
Le développement du théorème
Après Pascal, on continue à expliquer et développer ce théorème, ce qui prouve sa pertinence en géométrie projective. Le mathématicien suisse Jakob Steiner (1796-1863) étudie la figure qui s'obtient par la formation d'hexagones de toutes les formes possibles à partir de six points fixes dans une conique, et observe soixante droites de Pascal. Plus tard, en 1828, le même Steiner découvre que les soixante droites de Pascal coïncident, par groupes de trois, en vingt points, appelés points de Steiner.
En 1830, le mathématicien et physicien allemand Julius Plücker démontre que les points de Steiner sont alignés, quatre par quatre, sur quinze droites appelées droites de Plücker.
Enfin, le théorème est généralisé en 1847 par le mathématicien et astronome allemand August Ferdinand Möbius, connu pour l'invention du ruban de Möbius[3].
Notes et références
- Pour de plus amples informations et de nombreuses constructions géométriques, voir « Théorème de Pascal (dit de "l'hexagramme mystique") », sur cabri.imag. « Coniques en coordonnées barycentriques Ì.2 - Théorème de Pascal - Premières consèquences » propose une autre démonstration qui n'utilise pas la transformée par polaires réciproques, mais l'écriture barycentrique d'une conique. Le résultat s'obtient alors par annulation d'un déterminant.
- Dans son texte d'essai, Pascal mentionne cette propriété comme un petit lemme secondaire, on peut supposer qu'il n'avait pas perçu l'aspect fondamental de ce théorème qui est l'un des principaux de la géométrie projective.
- Jordi Deulofeu Piquet, Roger Deulofeu Batllori et Philippe Garnier (trad.), Pascal : Le fondateur de la théorie des probabilités, Barcelone, RBA (es), , 157 p. (ISBN 978-84-473-9564-4), p. 32.
Voir aussi
Article connexe
Lien externe
- Portail de la géométrie