Tomomi Inada
Tomomi Inada (稲田 朋美, Inada Tomomi), née à Imadate (bourg devenu partie d'Echizen) dans la préfecture de Fukui le est une avocate et femme politique japonaise, membre du Parti libéral-démocrate, ministre de la Défense du [1] au [2]. Elle en est à son quatrième mandat à la Chambre des représentants.
Tomomi Inada 稲田 朋美 | |
Tomomi Inada en . | |
Fonctions | |
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Ministre japonaise de la Défense | |
– (11 mois et 25 jours) |
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Premier ministre | Shinzo Abe |
Gouvernement | Abe III |
Prédécesseur | Gen Nakatani |
Successeur | Fumio Kishida (intérim) Itsunori Onodera |
Représentante du Japon | |
En fonction depuis le (16 ans, 11 mois et 23 jours) |
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Élection | 11 septembre 2005 |
Réélection | 30 août 2009 16 décembre 2012 14 décembre 2014 22 octobre 2017 |
Circonscription | 1er district de Fukui |
Législature | 44e, 45e, 46e, 47e et 48e |
Prédécesseur | Isao Matsumiya |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Echizen Japon |
Nationalité | Japonaise |
Parti politique | PLD |
Diplômée de | Université Waseda |
Profession | Avocate |
Biographie
Jeunesse et études
Tomomi Inada suit ses études secondaires au lycée Kitano de la préfecture d'Osaka[3]. Elle est admise à l'université Dōshisha et à l’université Waseda. Elle choisit cette dernière malgré l'opposition de son père. Elle étudie le droit[4], et est membre d'un club de chant[5]. Elle obtient son diplôme en 1981 et devient avocate en 1985[6].
Parcours professionnel
Après avoir appartenu au barreau d’Osaka, elle rejoint le barreau de Fukui en 2008.
Elle représente notamment le gouvernement lors d’un procès relatif à la visite d’un Premier ministre au sanctuaire Yasukuni[7], les familles des auteurs du concours de décapitation de 100 personnes lors d’un procès en diffamation[8], ainsi que les plaignants lors d’un autre procès en diffamation contre Kenzaburō Ōe et la maison d’édition Iwanami Shoten[9].
Parcours politique
Tomomi Inada a été élue pour la première fois le dans le premier district de la préfecture de Fukui. Dans un contexte où la politique japonaise est toujours une « affaire d'hommes », elle doit surmonter les réticences de ses parents, qui s'opposent à son engagement politique[10]. Elle faisait partie du groupe dit des « Enfants de Koizumi ». Elle a été réélue en 2009 et 2012.
En , avec d’autres parlementaires nationalistes du PLD, elle essaya en vain d’entrer en Corée pour mettre le pied sur l’île Ulleungdo, la base de contrôle de l’archipel Dokdo (Takeshima pour les Japonais), après que la Corée du Sud ait interdit cette visite[11].
Le , elle est nommée ministre d'État chargée de la Réforme règlementaire, également chargée de la Réforme administrative, de la Réforme de la fonction publique, de la Stratégie Cool Japan et de Challenge Again dans le Gouvernement Abe II[12], jusqu'en .
Puis elle est présidente du Conseil de recherche politique du Parti libéral-démocrate, jusqu'au où elle est nommée deuxième femme ministre de la Défense du Japon, après Yuriko Koike. Elle démissionne de ce poste le après un scandale dans son ministère[2] de rétention d'informations relatives au séjour des Forces d'autodéfense au Soudan du Sud[13]. Une partie des haut fonctionnaires de son ministère démissionne également[14].
Lors de la campagne pour les élections municipales de Tokyo, le , Inada a déclaré qu'un candidat de son parti bénéficiait de l'appui du ministère de la Défense et des Forces d’autodéfense. Comme celles-ci sont censées être politiquement neutres, cette déclaration a été très critiquée, et cela a forcé le Premier ministre Shinzō Abe et Inada à présenter leurs excuses[15].
Comme le Premier ministre Shinzō Abe, elle souhaite une révision de la constitution antimilitariste du Japon[16].
Tomomi Inada est proche du groupe raciste anti-coréen Zaitokukai[17].
Idées politiques et idéologie
Révisionnisme
Affiliée au lobby Nippon Kaigi[18], Tomomi Inada a exprimé ses vues dans plusieurs livres, par exemple dans l'ouvrage collectif « Les assassins du Japon[19] », où est défendue l'idée que l'âme, la souveraineté, l'intégrité nationale et l'identité du Japon sont sans cesse menacées par des influences extérieures, particulièrement depuis la défaite et l'occupation de 1945. Pour en revenir à la pureté du Japon, il faudrait se débarrasser de ces apports étrangers, qui se marquent notamment dans les traités internationaux signés par le Japon[20].
Tomomi Inada considère que le massacre de Nankin est une invention. Elle a aidé le film révisionniste de Satoru Mizushima The Truth About Nanjing [21]. Inversement, elle a fortement et publiquement critiqué le film « Yasukuni » de Li Ying et déploré qu’il ait reçu un subside de l’État japonais[22].
Dans le même esprit, Inada nie l’implication de l’armée japonaise dans le cas des femmes de réconfort[9].
Tomomi Inada souhaiterait que l’empereur du Japon lui-même puisse venir se recueillir au sanctuaire Yasukuni. Elle-même s'y rendit publiquement alors qu'elle était ministre en [23].
Prises de positions diverses
Tomomi Inada est opposée à l’octroi du droit de vote aux résidents permanents[24].
Tomomi Inada considère que les deux membres d’un couple marié doivent adopter le même nom[12], ce qui, généralement, signifie que les femmes ne peuvent garder leur nom de jeune fille après leur mariage[25].
Elle a posé[Quand ?] souriante aux côtés de Kazunari Yamada, leader du parti nazi japonais (NSJAP), qui a fait l'éloge d'Adolf Hitler et des attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center[26]. Cependant, après que la photo a été publiée par la presse, elle déclara publiquement ne pas être au courant de sa carrière. Un membre de l'équipe de Sanae Takaichi, ministre des Affaires intérieures, avec qui elle était à ce moment-là, déclara qu'il s'agissait d'un assistant d'un journaliste, et que « Nous ne savions pas qui il était à ce moment-là, mais il a demandé une photo »[27].
En 2015, elle crée une commission chargée de réfléchir aux questions liées aux personnes LGBT au sein du PLD[10]. Sa position personnelle sur ce thème, initialement hostile à des droits particuliers pour les LGBT, aurait changé après avoir rencontré des personnalités LGBT américaines conservatrices. En décembre 2015, elle écrit sur son blog qu'« il est du devoir des personnalités politiques de créer une société où tout le monde a sa chance » et qu'il faut inclure les couples LGBT dans la politique nataliste du Japon[28].
En 2020, elle cosigne un ouvrage rédigé par 10 femmes parlementaires, qui défend des quotas de femmes en politique et une loi sur la parité. Lors de la campagne interne au PLD pour la succession de Shinzō Abe, elle remet avec des consœurs plusieurs propositions allant dans ce sens aux candidats mais regrette a posteriori que celles-ci « n'ont pas été prises au sérieux »[10].
Notes et références
- Arnaud Vaulerin, « Faucon nationaliste et négationniste, Tomomi Inada prend la Défense du Japon », sur Libération, (consulté le )
- Japan's defense chief Inada resigns over data coverup claims, The Mainichi 28 juillet 2017.
- (ja) PRESIDENT編集部, PRESIDENT (プレジデント) 2018年 5/14号 [雑誌], President Inc, (lire en ligne)
- (ja) 正論, 産經新聞社, (lire en ligne)
- (ja) 稲田朋美, 強くて優しい国, 幻冬舎, (lire en ligne)
- (ja) 稲田朋美, 私は日本を守りたい: 家族、ふるさと、わが祖国, PHP研究所, (ISBN 978-4-569-77767-2, lire en ligne)
- Tomomi Inada, LDP Member of the House of Representatives, Foreign Correspondents Club of Japan 28/3/2008.
- Y. Wijers-Hasegawa, Wartime killing contest trial starts, Japan Times 8/7/2003.
- D. Mc Neill, Dancing with the devil over 'Yasukuni'. Blame the politicians who flirt with fascists for the debacle over Li's documentary, Japan Times 8/4/2008
- Philippe Mesmer, « Le Japon, "une démocratie sans femme" », sur Le Monde, (consulté le ).
- Seoul entry ban on Diet members sparks anger, Kyodo (Japan Times) 31/7/2001; South Korea bars three lawmakers. Opposition politicians turned away at Gimpo, thwarting bid to visit base of Japan-claimed isles, Kyodo (Japan Times), 2/8/2011; T. Inada, Japan, S. Korea Should Discuss Takeshima Issue, Speaking Out #101 8/8/2011.
- Cabinet Profiles, Japan Times 26/12/2012
- P. Mesmer, La démission de la ministre japonaise de la défense fragilise Shinzo Abe, Le Monde (28 juillet 2017).
- Régis Arnaud, « Shinzo Abe, touché par les scandales, chute dans l'opinion », Le Figaro, samedi 29 / dimanche 30 juillet 2017, page 5.
- Defense chief's gaffe adds to Abe's headaches, Nikkei. Asian Review (29 juin 2017)
- Harold Thibault, « Une femme à la tête du principal parti d’opposition japonais », lemonde.fr, 16 septembre 2016.
- Supreme Court dismisses LDP's Inada's defamation suit against the Mainichi, The Mainichi (2 juin 2017).
- Site officiel de Nippon Kaigi
- 『日本を弑(しい)する人々』 (Nihon wo shii suru hitobito, Les assassins du Japon, PHP, 2008) (ISBN 9784569696683).
- M. Penney, Introduction, Opposition to the Japanese Government’s “Ceremony to Commemorate the Anniversary of Japan's Restoration of Sovereignty”, Japan Focus 6/5/2013.
- D. Mc Neill, NANJING MASSACRE 70TH ANNIVERSARY. Look back in anger, Japan Times 6/12/2007.
- D. Mc Neill, Dancing with the devil over 'Yasukuni'. Blame the politicians who flirt with fascists for the debacle over Li's documentary, Japan Times 8/4/2008; voir R. Pulvers, Japan's media plays nursemaid to nation's immature democracy, Japan Times 4/5/2008.
- Inada now fourth Cabinet minister to visit Yasukuni, Kyodo (Japan Times 29/4/2013).
- K. Takahara, LDP pressures Kan for Ozawa Diet testimony, Japan Times 7/10/2010.
- Voir Y. Miyamoto, « The Family and Individual Rights », in Miyamoto Yuki, Ninomiya Shuhei, and Shin Ki-young, The Family, Koseki, and the Individual: Japanese and Korean Experiences, The Asia-Pacific Journal Vol 9, Issue 36 no 1, 5 septembre 2011.
- "Neo-Nazi photos pose headache for Shinzo Abe" - The Guardian - Sep 9, 2014
- "Two of Abe’s new picks deny neo-Nazi links, Japan Times 8/9/2014.
- Patrick Carland-Echavarria, We Do Not Live to Be Productive: LGBT Activism and the Politics of Productivity in Contemporary Japan, The Asia-Pacific Journal - Japan Focus 20, 2, 1 (Article ID 5669) (15 janvier 2022).
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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