Trouble Every Day
Trouble Every Day est un film franco-germano-japonais réalisé par Claire Denis en 2001 avec Vincent Gallo et Béatrice Dalle dans les rôles principaux. Il a été présenté hors compétition au Festival de Cannes 2001 et est sorti sur les écrans en France le .
Réalisation | Claire Denis |
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Scénario | Claire Denis, Jean-Pol Fargeau |
Acteurs principaux | |
Pays de production |
France Allemagne Japon |
Genre | Film d'horreur, drame |
Durée | 105 minutes |
Sortie | 2001 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Shane et June, deux jeunes mariés américains, viennent en voyage de noces à Paris. Shane se montre étrange, ce qui inquiète sa jeune épouse, et semble être désespérément à la recherche d'un scientifique, Léo, qu'il a connu plusieurs années auparavant lors de travaux communs en Guyane. Léo vit désormais reclus avec sa femme Coré qui souffre d'une pulsion obsessionnelle de relations sexuelles pathologiques violentes, allant jusqu'à l'anthropophagie, avec des inconnus, qu'elle « chasse » au hasard de ses évasions de la maison où elle est cloitrée par son époux. Léo tente dans le même temps de trouver un remède au mal de Coré, mal dont semble aussi souffrir Shane. Réussissant à retrouver la piste de Léo et Coré, Shane découvre cette dernière au faîte d'une crise et la tue pour la délivrer de sa maladie. Errant dans Paris, il retourne à l'hôtel où il séjourne, et succombera à son tour au mal dévorant qui l'infecte, en tuant une femme de chambre qui le hante depuis son arrivée.
Fiche technique
- Réalisation : Claire Denis
- Scénario : Claire Denis et Jean-Pol Fargeau
- Directrice de la photographie : Agnès Godard
- Montage : Nelly Quettier
- Son : Jean-Louis Ughetto
- Décors : Arnaud de Moleron
- Costumes : Judy Shrewsbury
- Effets spéciaux : Noël Chainbaux
- Musique originale : Tindersticks
- Producteurs : Xavier Amblard
- Sociétés de production : Dacia films, Arte, Canal+, Kinetique (ja)[1], Messaouda Films[1], ZDF
- Société de distribution : Rézo Films (France), Kinetique (Japon)
- Pays d'origine : France/ Allemagne/ Japon[1],[2],[3],[4]
- Langue : français, anglais
- Date de sortie : en France
- Durée : 1 h 45
- Genre : thriller, film d'horreur, drame
- Interdit aux moins de 16 ans
Distribution
- Vincent Gallo : Docteur Shane Brown
- Tricia Vessey : June Brown
- Béatrice Dalle : Coré
- Alex Descas : Docteur Léo Sémeneau
- Florence Loiret : Christelle, la femme de chambre
- Nicolas Duvauchelle : Erwan
- Raphaël Neal : Ludo
- José Garcia : Docteur Choart
- Hélène Lapiower : Malécot
- Marilú Marini : Friessen
- Aurore Clément : Jeanne
- Bakary Sangaré : le gardien de nuit
- Lionel Goldstein : le réceptionniste
- Céline Samie : la femme en soutien-gorge
- Arnaud Churin : le conducteur de camion
- Alice Houri : La jeune fille du métro
Projet et réalisation du film
Écriture du scénario
La genèse du film date de 1989 où Claire Denis partie réaliser un court-métrage à New York fait la rencontre de Vincent Gallo. À la demande d'une chaîne de télévision, elle se penche sur le projet d'un film de genre dans le domaine de l'horreur qui devait se dérouler la nuit dans la ville, avec Gallo comme acteur. Le projet ne se concrétise pas, mais l'idée du film gore persiste dans son esprit. Sur le tournage de Beau Travail, elle reprend le scénario avec Jean-Pol Fargeau et développe l'écriture de Trouble Every Day en pensant dès le début confier les rôles principaux à Vincent Gallo, concrétisant ainsi son idée vieille de dix ans, et Béatrice Dalle[5]. Parmi les éléments centraux que Claire Denis met en place pour son film se trouvent la description des relations amoureuses au travers du prisme de la prédation[6],[7], du désir sexuel, et de la part dévorante de l'autre touchant au vampirisme symbolique, tel que décrit dans les romans du XIXe siècle[8], les maux mystérieux qui frappent certaines personnes et la recherche de remèdes (Claire Denis évoque dans le film la recherche sur les vaccins, les plantes médicinales, la neurobiologie et l'étude des comportements, de même que certains travaux de Jean-Pierre Changeux qu'elle a rencontré), et enfin la référence aux contes d'enfants (histoires d'ogres et de princesses)[5],[9],[8].
Dès la première version du scénario, constitué d'un long texte avant son redécoupage en sections classiques, Claire Denis souhaite créer un sentiment permanent de danger et d'angoisse[8]. Pour cela, elle s'inspire des œuvres du photographe canadien Jeff Wall dont elle donne les livres à Agnès Godard, sa chef opératrice, afin de créer cette ambiance recherchée.
Musique du film et bande originale
Sortie | |
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Enregistré |
du 20 au au Angel Studios et Eastcote Studios de Londres |
Durée | 40:55 |
Label | Beggars Banquet |
La musique du film a été composée par le groupe britannique de rock indépendant les Tindersticks. Présente dans pratiquement toutes les scènes, lente, répétitive, et obsédante, utilisant beaucoup les instruments à cordes, elle a été unanimement reconnue comme une réussite par l'ensemble des critiques[10],[9],[11],[12]. Stuart Staples explique que la chanson principale, dont le thème central est décliné dans tous les autres titres sous une forme ou une autre, fut au départ composée pour un autre album et mise de côté. C'est à la lecture du scénario et à la vision des premiers montages qu'il a décidé de la reprendre et d'en faire le support de la bande originale du film[13].
La bande originale du film entièrement composée par les Tindersticks est sortie le sur le label Beggars Banquet.
Liste des titres
- Opening Titles - 3:19
- Dream - 1:27
- Houses - 0:58
- Maid Theme - 2:04
- Room 321 - 4:04
- Computer - 1:52
- Notre Dame - 1:39
- Killing Theme - 3:14
- Taxi to Coré - 1:31
- Coré on Stairs/Love Theme - 4:41
- Maid Theme (end) - 2:06
- Closing Titles - 5:50
- Killing Theme (version alternative) - 2:49
- Trouble Every Day - 5:39
En 2011, une série de concerts internationaux sont donnés sur la base d'une nouvelle collaboration avec Claire Denis autour des musiques de ce film, et des autres, illustrées par des images tirées des œuvres et montées dans l'esprit des installations des vidéastes contemporains[14].
Analyse
Réception du film
Présentations festivalières et sorties nationales
Le film est présenté en séance spéciale à minuit et hors compétition lors du Festival de Cannes 2001 le . Devant la violence de ce film qui se réclame de genre, celui de l'horreur et du gore[5], une partie des spectateurs et des critiques ont hué le film, l'autre l'ont vivement applaudi, considérant ce film comme l'un des plus osés et plus beaux de la réalisatrice[10],[12],[15].
Trouble Every Day sort le en France sur 77 écrans environ 32 000 entrées soit une moyenne de 411 entrées/écran, un ratio le plaçant à la troisième place moyenne hebdomadaire[16]. Sur l'ensemble de sa période d'exploitation en salles, le film a réalisé 105 211 entrées en France[17] et un total de 125 771 spectateurs en Europe[18].
Réception critique
Jean-Marc Lalanne dans Libération est particulièrement enthousiaste ; il qualifie l'œuvre de « grand film sur le couple » avant d'être un film d'horreur, où « le cinéma s'est défait de la parole, où la narration n'est plus que strictement visuelle[7] », jugeant Claire Denis comme une grande réalisatrice de la « sensation » au travers de la « puissance figurative, [du] sens incandescent de la poésie et de la mise en scène » et Béatrice Dalle d'« absolument géniale ». Pour le même journal, Isabelle Potel souligne la capacité de la réalisatrice à « installer l'originalité de son regard et de ses obsessions avec une grande économie de moyens[19] » en respectant un « réalisme tenace », qui n'est pas étranger à l'accueil houleux reçu à Cannes.
Trouble Every Day a reçu un accueil contrasté aux États-Unis avec des critiques positives[11],[12] mais également clairement hostiles[20]. Globalement le film obtient dans les agrégateurs de critiques cinématographiques anglophones, 44 % de jugement favorables, avec un score moyen de 5,6⁄10 sur la base de 45 critiques collectées, sur le site Rotten Tomatoes[21]. Sur le site Metacritic, il obtient un score de 36⁄100, sur la base de 15 critiques collectées[22].
Distinctions
Le film, présenté hors compétition à Cannes, est retenu en 2001 dans la sélection officielle du Festival du film francophone de Namur, pour le Bayard d'or dans la catégorie meilleur film, ainsi que pour le Festival international du film de Catalogne[23]. Cependant, dans toutes ces compétitions, l'œuvre n'obtient aucun prix. Trouble Every Day est également retenu parmi les six films en lice en pour le prix Louis-Delluc et fut tout près de remporter le prix contre Intimité de Patrice Chéreau[24].
Influences du film
Lors d'une interview donnée au cours de l'émission Le Grand Journal à l'occasion de la promotion de son album Eat Me, Drink Me, Marilyn Manson a cité ce film comme une source d'inspiration. Les ressemblances entre certaines scènes du clip de Heart-Shaped Glasses et le film de Claire Denis sont d'ailleurs assez frappantes[25].
Notes et références
- « Trouble every day - Fiche Film - La Cinémathèque française », sur bifi.fr (consulté le ).
- « LUMIERE : Film #17565 : Trouble Every Day », sur coe.int (consulté le ).
- « Oeuvres / La Cinémathèque québécoise », sur collections.cinematheque.qc.ca (consulté le ).
- (ja) « ガーゴイル(2001) - 映画ならKINENOTE », sur kinenote.com (consulté le ).
- « Claire Denis - Leçons de ténèbre », Les Inrockuptibles, 3 juillet 2001.
- Des prédations humaines par Daniel Sibony dans Libération du 7 août 2001.
- Jean-Marc Lalanne, « Quitte ou "trouble" », Libération, 11 juillet 2001.
- « Comment aller toujours plus loin » dans Libération du 11 juillet 2001.
- Trouble Every Day critique de Télérama du 14 juillet 2001.
- « Cannes 2001: Trouble every day de Claire Denis », Les Inrockuptibles, 22 mai 2001.
- (en) « Out for blood? Art meets gore in 'Trouble Every Day' », The Boston Globe, 26 avril 2002.
- (en) « Erotic Horror With Enough Gore to Distress Dracula », The New York Times, 1er mars 2002.
- Le monde de Claire Denis, sur une BO des Tindersticks dans Télérama du 27 avril 2011.
- Tindersticks, pour y voir Claire dans Libération du 28 avril 2011.
- « Ballade en rouge sang Trouble Every Day' de Claire Denis », L'Humanité, 14 mai 2001.
- « Box-office Ecran total : les meilleures entrées », Libération, 18 juillet 2001.
- Trouble Every Day sur le site www.jpbox-office.com
- Trouble Every Day sur la base de données Lumière.
- Isabelle Potel, Trouble Every Day, Libération, 24 septembre 2002.
- (en) « Underlying problems with Trouble Every Day », The Los Angeles Times, 30 novembre 2001.
- (en) Trouble Every Day sur le site Rotten Tomatoes.
- (en) Trouble Every Day sur le site Metacritic.
- (en) Prix et distinctions sur IMDb.
- «Intimité» lauréat du Delluc dans Libération du 11 décembre 2011.
- « Heart Shaped Glasses, Vampirisme & Rituel du Sang », The Nacht Kabarett, novembre 2007.
Voir aussi
Bibliographie
- Christophe Chambost, « Trouble Every Day (Claire Denis, 2001) : passage(s) gothique(s) », dans Lauric Guillaud et Gilles Ménégaldo (dir.), Persistances gothiques dans la littérature et les arts de l'image, Bragelonne, , p. 292-309
- Roxane Hamery, « Éprouver son amour, réprouver son désir, Trouble every day de Claire Denis ou les tourments du savant », dans Hélène Machinal, Le savant fou, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2274-9, lire en ligne), p. 451-461
Liens externes
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