Union libérale israélite de France
L'Union libérale israélite de France (ULIF) est la première synagogue libérale française, créée en 1907 et située 24, rue Copernic, dans le 16e arrondissement de Paris. Elle est aussi connue comme la « synagogue de la rue Copernic ».
Union libérale israélite de France | ||
Synagogue de la rue Copernic à Paris. | ||
Présentation | ||
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Culte | Judaïsme | |
Type | Synagogue | |
Site web | copernic.paris | |
Géographie | ||
Pays | France | |
Région | Île-de-France | |
Département | Paris | |
Ville | Paris | |
Coordonnées | 48° 52′ 10″ nord, 2° 17′ 20″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Présentation
L'ULIF est une institution dont la devise est « tradition, dialogue et ouverture ». Association cultuelle et culturelle, l'ULIF est une institution, une synagogue de tradition dite « libérale », au sens français du terme, c'est-à-dire moderniste.
Historique
L'ULIF est créée en 1907 par le rabbin Louis-Germain Lévy. Depuis 1999, le représentant de l'ULIF a régulièrement été élu membre du bureau directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). En , l'ULIF célèbre son centenaire sous le haut patronage de Simone Veil.
L'attentat du 3 octobre 1941
Dans la nuit du 2 au à 5h15 du matin, un attentat est organisé par le Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti d'extrême droite fondé par Eugène Deloncle[1]. La bombe causa la destruction partielle de l’édifice de la rue Copernic.
L'attentat du 3 octobre 1980
Le vendredi , date d'anniversaire de l'attaque de 1941 et veille de Chabbat, alors qu'était célébrée la fête de Sim'hat Torah réunissant un grand nombre de fidèles, la synagogue est la cible d'un nouvel attentat à la bombe, qui fait cette fois quatre morts et vingt blessés. L'explosion provoquait selon une victime un « chaos total »[2].
Le Premier ministre Raymond Barre déclenche alors une polémique lors d'une déclaration lourde de sens dans laquelle il « regrettait la mort de Français innocents » en les opposant aux fidèles juifs qui étaient encore par chance à l'intérieur de la synagogue quand la bombe a explosé dans la rue juste devant l'entrée.[3] Plus de trente ans après les faits, l'enquête judiciaire menée par la justice française est toujours en cours. Soupçonné d'être l'auteur de cet attentat, Hassan Diab, résident canadien, après avoir épuisé tous les recours judiciaires au Canada pour éviter son extradition vers la France, est finalement extradé en , puis mis en détention provisoire, où il se trouve depuis cette date.
Association avec le Mouvement juif libéral de France
Le est annoncée la création de l'association Judaïsme en mouvement (JEM) regroupant dans une « maison commune », l'Union libérale israélite de France et le Mouvement juif libéral de France[4].
La synagogue
Le bâtiment d’origine, un atelier de peintre situé au 24 rue Copernic, fut loué en 1907, puis acheté en 1921[5]. Dès 1923-24, ayant fait l'acquisition de l'immeuble, la communauté fit construire la synagogue actuelle, l'oratoire d'origine étant conservé comme salle de Kiddouch. Le nouvel édifice fut réalisé dans le style Art Déco, de ce fait assez rare en son genre. En effet, elle date d’une époque où l’on ne construisait plus de synagogues, en raison de la montée de l’antisémitisme.
L’édifice fut l’œuvre de Marcel Lemarié (1864-1941), architecte théoricien (auteur de L’Architecture moderne et l’hygiène, 1901) adepte de matériaux nouveaux, et auteur de constructions remarquables telles que le Palais de la Danse de l’Exposition de 1900, l’édifice qui devint le cinéma Belleville Pathé, la Direction des Postes, 93 bd. du Montparnasse et le cinéma Louxor. Le château de Toussus-le-Noble (1900) est classé monument historique[6]. L’orientation moderniste de Lemarié ne l’empêchait pas d’exprimer son grand attachement au patrimoine, déclarant : « Nous devons lutter pour conserver intact l’héritage artistique de nos anciens. » (1909[7]). En 1968, la salle fut agrandie grâce à l'acquisition de l'immeuble situé au 22 de la rue Copernic, et le bâtiment fut exhaussé de deux étages.
L’élément le plus remarquable de la synagogue de la rue Copernic: une petite coupole repose sur un plafond plat, au lieu que son poids soit distribué directement sur les murs porteurs, une prouesse architecturale. La salle est d'un format carré, avec l'arche sainte et la bimah rapprochées. Des frises en bas-relief aux murs, caractéristiques du style Art Déco, portent des inscriptions hébraïques en lettres dorées ou, autour de l'arche sainte représentant une lyre, un vase, une ménorah. Au plafond, au-dessus de la bimah paraît une verrière datant de 1924, et signée Pierre-Jules Tranchant (né en 1882), élève de Jean-Paul Laurens. Elle représente une étoile de David rayonnante. Les motifs de la verrière sont repris dans les vitres de la coupole.
Après l’attentat du , l’édifice fut partiellement détruit. La communauté le reconstruisit dès 1946.
Spécificité de l'ULIF
La mission de l'ULIF est d'encourager la redécouverte — et pour beaucoup de Juifs, la découverte tout court — de la richesse de leurs propres traditions spirituelles et religieuses méconnues ou délaissées.
Le judaïsme libéral, tel que pratiqué à l'ULIF, fonde ses principes sur les sources traditionnelles, en s'inscrivant dans la continuité de l'histoire juive en général.
Sur le plan liturgique, l’ULIF est la seule à perpétuer en France une tradition musicale dite « consistoriale » depuis que l’orgue et les chœurs mixtes ont été bannis des offices célébrés dans ces synagogues à la fin des années 1970.
Sur le plan de la Halakha, les décisions rabbiniques sont prises en fonction de critères jurisprudentiels qui permettent de répondre aux situations particulières, critères pouvant être interprétés avec une certaine souplesse, mais qui sont bien fixés.
Peut-être est-ce en ceci, plutôt qu'en quelques innovations liturgiques ou en la participation plus égalitaire de la femme à la prière à la synagogue, que réside la spécificité « libérale » de l'ULIF.
L'ULIF est membre de la WUPJ (World Union for Progressive Judaism) et de l'EUPJ (European Union for Progressive Judaism).
Figures importantes
- Louis Germain Lévy, premier rabbin
- Théodore Reinach
- Colette Kessler, élève du rabbin André Zaoui et petite cousine du rabbin Louis-Germain Lévy, est nommée directrice du Talmud Torah[8]
- Émile Kaçmann, hazzan
Rabbins de la communauté
- Louis Germain Lévy
- André Zaoui
- Nissim Gabbay
- Daniel Farhi
- Michael Williams
- Yossef Kleiner
- Philippe Haddad
- Jonas Jacquelin
La Communauté
Dans cette communauté, hommes et femmes participent ensemble et sans séparation à l'office accompagné par un chœur mixte et un orgue liturgique.
La participation active des femmes se traduit lors de la Bat Mitzva ou à d'autres cérémonies par la lecture de la Torah ou de la Haphtara. Depuis , les femmes, au même titre que les hommes, peuvent monter au Séfer Torah et faire la lecture publique de la Torah, et les filles célébrant leur Bat Mitsva peuvent, si elle le désirent, lire la Paracha dans les rouleaux de la Torah.
La participation des garçons, quant à elle, se traduit par la lecture de la Paracha lors de la Bar Mitzva.
À l'ULIF, les femmes peuvent monter au Séfer, mais ne portent ni kippa ni talit et ne mettent pas les téfilines. Elles ne peuvent davantage devenir rabbin, hazzan ou mohel ni ne sont prises en compte dans le minyan.
L'ULIF publie sa revue trimestrielle "Hamevasser" - Le Messager - , bulletin de liaison de l'association dans lequel sont notamment traités des dossiers sur des sujets d'actualité ou ayant trait au judaïsme. Michaël Bar Zvi en a été le rédacteur de 2003 à 2016. Yaël Hirsch lui a succédé à ce poste. "Le Messager" est devenu "Chema" depuis le rapprochement de l'ULIF et du MJLF en 2017 avec la création de l'association "Judaïsme En Mouvement" (JEM).
Rabbins
Période | Nom |
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1907 - 1946 | Louis Germain Lévy |
1946 - 1969 | André Zaoui |
1961 - 1969 | Nissim Gabay |
1969 - 1976 | Daniel Farhi |
1976 - 2012 | Michael Williams |
- | Yossef Kleiner |
Depuis | 1er rabbin : Philippe Haddad Jonas Jacquelin |
Hazzanim
Période | Nom |
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1924 - 1939 | Monys Lévy |
1945 - 1946 | Jacques Berlinski |
1946 - 1991 | Émile Kaçmann |
Depuis 1992 | Armand Benhamou |
2013-2018 | Benjamin Huglo |
Présidents
Période | Nom |
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1907 - 1910 | Louis Simon |
1910 - 1923 | Salvador Levi |
1923 - 1933 | René Heyman |
1933 - 1935 | Gaston Bach |
1935 - 1943 | André Baur |
1945 - 1948 | Maurice Lehmann |
1948 - 1970 | Marcel Greilsammer |
1970 - 1977 | André Ullmo |
1978 - 1989 | Lucien Finel |
1989 - 2011 | Claude Bloch |
Depuis 2011 | Jean-François Bensahel |
Actions
- Le prix Copernic est remis pour promouvoir le dialogue, la fraternité et la paix, récompensant chaque année des personnes physiques ou morales s'étant particulièrement distinguées par un projet ou une réalisation dans ces domaines.
- L'organisation annuelle d'un voyage du souvenir à Auschwitz.
- L'organisation de grandes conférences-débats sur des thèmes de l'actualité ou de l'évolution de la société civile.
- L'organisation de concerts ayant un lien avec le judaïsme.
Architecture
L'architecture intérieure de la synagogue se caractérise par son style Art déco, avec notamment une verrière vitrail signée P-J Tranchant et datée de 1924. C'est une des rares synagogues parisiennes de ce style.
Notes et références
- Voir, Cécile Desprairies, 2009, p. 95-96.
- Association française des Victimes du Terrorisme (AFVT): 2018: la voix des victimes - Corinne (AFVT - Ugoprod). Témoignage de Corinne Adler. Youtube. Vu le 21 février 2021.
- Télévision française 1: TF1 Actualité Dernière du 3e octobre 1980. Institut national de l'audiovisuel (INA). Vu le 19 février 2021.
- Cécile Chambraud, « Deux communautés juives libérales se regroupent pour « porter une parole juive moderne » », sur Le Monde,
- Dominique Jarassé, Guide du patrimoine juif parisien, photographies de Sylvain Ageorges, Paris, Parigramme, , 129-131 p.
- « Ministère de la Culture », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Conseil municipal de Paris », sur Gallica, (consulté le )
- . Plus d'une centaine d'élèves suivent des cours d'instruction religieuse durant les années 1950. Dans les années 1970, plus de cinq cents enfants - du jardin d'enfants au cours supérieur destiné aux élèves du baccalauréat - suivent des cours du Talmud-Torah
Voir aussi
Bibliographie
- Dominique Jarassé, Guide du patrimoine juif parisien, Parigramme, 2003.
- Jean Colson et Marie-Christine Lauroa (dir.), Dictionnaire des Monuments de Paris, éditions Hervas, Paris, 2003, (ISBN 2-84334-001-2).
- Ariane Bendavid, Dominique Bourel, Béatrice Philippe, Perrine Simon-Nahum, Catherine Poujol, Stephen Berkowitz, Laura Hobson Faure, Pauline Bebe, Michael Williams, Colette Kessler, André Zaoui et Daniel Amson (préf. Alexandre Adler), Modernité d’une tradition 1907-2007 Cent ans d’histoire, Paris, Union libérale israélite de France, 152 p.
- Patrick Altar, Daniel Amson, Hélène Attali, Gérald Barbier, Michaël Bar Zvi, Ariane Bendavid, Frédéric Benichou, Armond Benhamou, Jean-François Bensahel, Martine Bitran, Claude Bloch, Jules Bloch, André Bouaziz, Guy Bouaziz, Louis Buchman, Bernard Cahen, Michel Cerf, Odette Chertok, Serge Coen, Anne Cohen, Tamar Cohen, Tom Cohen, Bernard Daltroff, Ygal Escalère, Lucien Finel, Bruno Fraitag, Éric Gauthier, Lise Goldfard, Anita Gonzva, Bertrand Granat, Raymond Heimburger, Benjamin Huglo, Sandrine Keroul, Steven Lerys, Pierre Levy, Richard Levy, Maryse Levy-Lerbret, Philippe Madar, Richard Metzger, Daniel Meyer, Nathalie Moock, Maurice Ogorek, Judith Oks, Olivier Pardo, Philippe Peres, Martine Pick Lakshmanan, Lucy Rozenbaum, Olivia Savy, Robert Schoulal, Léo Wallach, Margot Wallach, Gilbert Weill, Nicole Wiener, Isabelle Williams, Robert Badinter, Alexandre Adler et Antoine Guggenheim, Copernic Union Libérale Israélite de France, paris, Porte-Plume, 207 p. (ISBN 978-2953134506)
Articles connexes
Liens externes
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