Une femme est une femme
Une femme est une femme est un film français réalisé par Jean-Luc Godard, sorti en 1961. Troisième long-métrage réalisé par Godard[1], il est toutefois le deuxième à être sorti en salles après la censure du Petit Soldat, qui lui valut une interdiction en salles pendant plus de deux ans. Considéré comme l'un des films les plus légers dans la carrière du cinéaste, il rencontre toutefois un échec commercial lors de sa sortie[2].
Réalisation | Jean-Luc Godard |
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Scénario | Jean-Luc Godard |
Musique | Michel Legrand |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Rome Paris Films Euro International Film (EIA) Distribution UNIDEX |
Pays de production |
France Italie |
Genre | Comédie dramatique, comédie romantique, film musical |
Durée | 84 minutes |
Sortie | 1961 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Angela veut un enfant dans les 24 heures. Émile, son compagnon, n'est pas si pressé. Pour arriver à ses fins, elle menace Émile de faire un enfant avec Alfred, un ami d'Émile qui est amoureux d'elle.
Fiche technique
- Titre original : Une femme est une femme
- Réalisation : Jean-Luc Godard, assisté de Francis Cognany
- Scénario : Jean-Luc Godard, d'après une idée originale de Geneviève Cluny
- Décors : Bernard Evein
- Costumes : Jacqueline Moreau
- Photographie : Raoul Coutard
- Photographie de plateau : Raymond Cauchetier
- Maquillage : Jackie Raynal
- Son : Guy Villette
- Scripte : Suzanne Schiffman
- Montage : Agnès Guillemot et Lila Herman
- Musique : Michel Legrand,chanson Tu t'laisse aller de Charles Aznavour au juke-box
- Production : Georges de 0Beauregard et Carlo Ponti
- Directeur de production : Philippe Dussart
- Sociétés de production : Euro International Film (EIA) et Rome Paris Films
- Sociétés de distribution : Unidex (France), Pathé Contemporary Films (États-Unis)
- Budget : 2 millions FRF[3]
- Pays d'origine : France, Italie
- Langue : français
- Format : couleur (Eastmancolor) — 35 mm Franscope — 2,35:1 — son monophonique
- Genre : Comédie dramatique, comédie romantique, film musical
- Durée : 84 minutes
- Dates de sortie :
- (fr) Classification CNC[4] : tous publics, Art et essai (visa d'exploitation no 23572 délivré le )
Distribution
- Anna Karina : Angela Récamier
- Jean-Claude Brialy : Émile Récamier
- Jean-Paul Belmondo : Alfred Lubitsch
- Marie Dubois : une amie d'Angela
- Jeanne Moreau : femme du bar
- Dominique Zardi : premier faux aveugle
- Henri Attal : second faux aveugle
- Nicole Paquin : Suzanne
- Ernest Menzer : propriétaire du bar
- Marion Sarraut : une prostituée
- Gisèle Sandré : une prostituée
- Dorothée Blank : une prostituée
- Gérard Hoffmann : l'impresario
- Karyn Balm
Distinctions
Production
L'action se déroule intégralement dans le quartier du Faubourg Saint-Denis à Paris. On peut y apercevoir deux cinémas aujourd'hui disparus, le « Strasbourg » (avec La Charge des Cosaques à l'affiche) et le « Neptuna » (avec Vera Cruz à l'affiche).
Une femme est une femme contient, sous forme de clins d'œil, plusieurs références au cinéma hollywoodien. Le personnage d'Alfred, joué par Belmondo, porte le nom de Lubitsch. Allusion entre autres à Jeux dangereux (to be or not to be) . Être ou ne pas être, et la question d'identité se pose dans le film. Lorsqu'Emile traverse le faubourg Saint-Denis le mot EST s'inscrit au milieu de l'écran. Emile joué par Jean-Claude Brialy qui était juif par sa mère, homosexuel et hétérosexuel dans la vie et uniquement hétéro dans le film . Il dévoile son homosexualité en 2001 dans Le ruisseau des singes. A propos de l'homosexualité il déclare au magazine Têtu en mai 2005 qu'au début de sa carrière, C’était tabou. … D’ailleurs, je ne vois pas l’intérêt de dire : "Il EST jaune", "Il EST juif ou bonjour,je suis homosexuel[6] .Sont également cités, dans diverses parties du dialogue, les noms de Cyd Charisse, Gene Kelly, Bob Fosse, Burt Lancaster. Un portrait de Marilyn Monroe est affiché dans la cuisine de l'appartement d'Angela et Émile.
Le film fait un d'œil à Crime au concert Mayol qui fût un autre film tourné dans le faubourg Saint-Denis. Max le meneur de revue avait commis un crime à Mexico et voulait éliminer le témoin. Le nom de Mexico le plongeait dans le désarroi. Dans une femme est une femme Emile ,veut aller à Mexico par dépit amoureux.
Mais ce sont surtout des films de la Nouvelle Vague (ou proches de celle-ci) qui sont évoqués, de manière plus ou moins explicite :
- À bout de souffle (qui passe à la télé et dont Alfred / Belmondo dit qu'il ne voudrait pas le louper) ;
- L'Opéra-Mouffe (deux images du film d'Agnès Varda apparaissent sur l'écran d'un téléviseur dans une vitrine) ;
- Jules et Jim et Moderato cantabile (dans un bref échange entre Alfred / Belmondo et Jeanne Moreau) ;
- Tirez sur le pianiste (mimé par Marie Dubois pour faire deviner le titre du livre qu'elle est en train de lire) ;
- Lola (le nom d'une copine de Marie Dubois, « partie pour Marseille », mais que l'on a retrouvée à Buenos Aires).
On reconnaît, au début du film, le visage de Catherine Demongeot (la jeune actrice qui incarnait Zazie dans Zazie dans le métro, sorti l'année précédente) en couverture du magazine Le Cinéma chez soi, sur un présentoir de la librairie tenue par Émile. C'est probablement la raison pour laquelle certaines filmographies font figurer, mais par erreur, le nom de Catherine Demongeot dans la liste des interprètes d'Une femme est une femme.
Sortie et accueil
Une femme est une femme sort dans les salles françaises en et divise la critique entre haine et dithyrambe[3]. Raymond Borde de Positif écrit que pour lui le film « ce n'est plus le cinéma-brouillon, mais le cinéma-foutoir, la vidange intellectuelle, le tape-à-l’œil de verre, où l'épate pied-noir »[3], ajoutant qu'Anna Karina, « qui est si belle, devrait bien se taire, ou s'en remettre à Michel Deville »[3]. Toutefois, la presse est plutôt sensible à l'originalité du ton du réalisateur, notamment pour Jean de Baroncelli, qui le nomme « cinéma dell'arte »[3]. Pour André S. Labarthe des Cahiers du Cinéma, « Une femme est une femme est une étape importante du cinéma moderne »[3].
Toutefois, le film ne parvient pas à trouver son public dans les salles[3], puisqu'il totalise 22 933 entrées en première semaine sur Paris[3]. Le bouche-à-oreille n'est pas favorable et ne parvient à voir ses entrées plafonner à 58 153 en exclusivité parisienne, peu par rapport à l'investissement consenti par Rome Paris Films[3]. Finalement, le film ne parvient qu'à cumuler 558 218 entrées sur l'ensemble du territoire français, dont 175 005 entrées sur la capitale, en fin d'exploitation[7].
Dans les pays anglophones, Une femme est une femme est globalement bien reçu par la presse, obtenant un taux d'approbation de 84% sur le site Rotten Tomatoes, sur la base de trente-deux critiques collectées et une moyenne de 7,4/10[8]. Le site Metacritic lui attribue un score de 71/100, sur la base de onze critiques[9].
Aux États-Unis, le film connaît une distribution limitée et ne rapporte que 100 665 $ de recettes lors de sa ressortie en 2003[10].
Héritage
En 2014 dans une interview pour France Inter, Godard renia le film qui est pourtant l'un des plus aimés[11].
Dans La Maman et la Putain de Jean Eustache, Alexandre fait son lit en se jetant sur le matelas avec le drap, exactement comme Angela. Il déclare : « J'ai vu faire ça dans un film. Les films ça sert à ça, à apprendre à vivre, à apprendre à faire un lit ».
Angela et Émile occupent une chambre sous les toits, à l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Denis et du côté pair de la rue des Petites-Écuries. Le film Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès débute dans le même quartier. Marlène et Bernard y occupent une chambre au dernier étage à l'angle du faubourg Saint-Denis et du côté impair de la rue des Petites-Écuries.
- Au début des deux films, la caméra balaye le même côté du faubourg Saint-Denis depuis la rue des Petites-Écuries et se dirige vers la Porte Saint-Denis.
Les Chansons d'amour de Christophe Honoré rend hommage à Une femme est une femme :
- Le film se déroule dans le même quartier de Paris (Strasbourg Saint-Denis).
- Le personnage de Julie reprend une phrase d'Angela : « Ismael (Émile), je pense à quelque chose tout à coup ... Tu m'emmerdes. »
- Comme Godard, Honoré joue avec les panneaux lumineux dans la rue pour donner du sens dans le film.
- On trouve un vélo dans l'appartement, exactement comme dans Une femme est une femme.
Lors du festival Premiers Plans d'Angers en 2012, Christophe Honoré confirme qu'il s'est beaucoup inspiré de Une femme est une femme, notamment en tournant dans le même quartier de Paris[12].
Bibliographie
- Claude Mauriac, Le Figaro littéraire, Editions Le Figaro, Paris,
- Marcel Martin, « Une femme est une femme », Cinéma 61 N°60, Fédération Française des Ciné-Clubs (FFCC), Paris, , (ISSN 0045-6926)
- Madeleine Garrigou-Lagrange, « Une femme est une femme », Téléciné, no 99, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , (ISSN 0049-3287)
Notes et références
- « A Woman Is a Woman », sur The Criterion Collection (consulté le ).
- x 50 ans de cinéma : Jean-Luc Godard, par Jean-Philippe Gravel (2012), page 4
- « Extraits du livre Godard de Antoine de Baecque », sur Google Books (consulté le ) : « La production Beauregard/Ponti, qui a investi plus de 2 millions de francs dans Une femme est une femme, quatre fois la somme nécessaire, croit beaucoup au film ».
- « UNE FEMME EST UNE FEMME : Visas et Classification », sur CNC, (consulté le ).
- (en) Awards for Une femme est une femme sur Imdb.com
- Jean-Claude Brialy , vie privée
- Box-office France 1961, CNC (voir page 33).
- (en) « A Woman Is a Woman (Une femme est une femme) (1964) », sur Rotten Tomatoes (consulté le ).
- (en) « A Woman Is a Woman Reviews », sur Metacritic (consulté le ).
- (en) « A Woman is a Woman (2003) », sur Box Office Mojo, IMDb (consulté le ).
- « Jean-Luc Godard : "J'ai des milliers de vidéos de mon chien Roxy" (France Inter) », sur Télérama, : « Rivette avait dit de Une femme est une femme : "C'est un Picasso". J'étais fier. Aujourd'hui c'est un film que je trouve nul. »
- « Premiers plans d'Angers 2012 : forever Godard », Le Nouvel Observateur, (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
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- Fiche Cinéclap (générique, affiches, magazines, références, ciné-gaffes)
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