Varvara Uexküll von Gyllenband
La baronne Varvara Ivanovna Uexküll von Guillenband[note 1] (russe : Варвара Ивановна Икскуль фон Гильденбанд), de son nom de naissance Loutkovskaïa (russe : Лутковская), de son premier mariage Glinka Mavrina (russe : Глинка-Маврина) est née en à Saint-Pétersbourg, et morte en à Paris est une activiste sociale, femme de lettres, éditrice, activiste culturelle et sociale et bienfaitrice russe. Elle a écrit en français sous le pseudonyme de V. Rouslane.
Naissance | |
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Décès |
(à 77 ans) Paris |
Pseudonyme |
V. Rouslan |
Nationalité | |
Activités | |
Père |
Ivan Sergueïevitch Loutkovski (d) |
Mère |
Maria Aleksandrovna Schteritch (d) |
Conjoints | |
Enfant |
Varvara Karlovna Uexküll von Gyllenband (d) |
Biographie
Varvara Ivanovna est née le 29 novembre 1850 ( dans le calendrier grégorien) [note 2] à Saint-Pétersbourg. Elle est la fille du major-général Ivan Loutkovski (ru) et de Maria Aleksandrovna Chtcherbatova, née Schteritch, issue d'une famille serbe[1].
À 16 ans elle se marie avec le diplomate, conseiller d'État titulaire et chambellan Nikolaï Glinka. Ils ont deux fils, Grigori et Ivan, et une fille, Sofia[1].
L'écrivaine
Après avoir quitté, « un jour merveilleux » [1], et au scandale général, son mari, elle se rend dans le début des années 1880 à Paris, où elle commence, en français, à écrire des nouvelles et des récits . Elle les publie en France, puis en Russie, sous le pseudonyme de V. Rouslane. Son roman Le Juif de Sofievka, («Софиевский еврей»)[2] est bien accueilli. Guy de Maupassant préface certains de ses ouvrages[1]. Elle traduit également Fiodor Dostoïevski en français. Elle adresse ensuite au Messager du Nord, en 1876, sa propre traduction du français de Dans les brumes du nord («На туманном севере»), mais le roman n'a pas de succès.
Après une réconciliation, elle divorce de son mari, et épouse ensuite son supérieur, le baron, conseiller secret titulaire Karl Üxküll von Hildenband (ru) (1818-1893), ambassadeur russe à Rome. Ils reviennent vers 1889 à Saint-Pétersbourg[1].
Le salon
Son second mari meurt en 1893. Elle ouvre dans sa maison sur les quais du Canal Catherine un salon littéraire et artistique. Y participent de grands dignitaires et des personnalités des sciences, des lettres et des arts, dont Vladimir Solovjev, Maxime Gorki, Dimitri Merejkovski, Zinaïda Hippius, Mikhaïl Nesterov, Vladimir Korolenko, Anton Tchekhov, Vladimir Stassov, Léon Tolstoï et d'autres[1].
Ilia Répine fait le portrait de nombreux de ses hôtes, ainsi que le sien, Dame dans une robe rouge («Дама в красном платье», 1889). Ce portrait est sans doute à l'origine du fait que Varvara Ivanovna est appelée à la cour « la baronne rouge »[3].
À la fin des années 1890, elle emménage dans une maison qui appartenait auparavant à un de ses grands parents, Alexandre Benois, 18 rue Kirotchnaïa, où elle continue à tenir salon.
L'activisme culturel et social
Entre 1891 et 1896, en collaboration avec Ivan Sytine (ru), elle édite des livres bon marché pour un lectorat populaire. 64 ouvrages seront publiés, russes et traduits de la littérature française. Gogol, Tolstoï, Dostoïevski, Garchine ou Sand figurent parmi les auteurs. Le nom d'éditeur est « Pravda. Éditions V. I. » («Правда». Издания В.И.). Ilia Répine illustre gracieusement certains ouvrages[1].
En 1892, elle se rend dans le village de Nijnaïa Serda dans le gouvernement de Kazan. Elle collecte de l'argent et organise des repas gratuits pour aider les victimes de la famine russe de 1891-1892. Elle attrape alors la varicelle. À la demande de Léon Tolstoï, elle aide ensuite les Doukhobors qui émigrent au Canada[1].
De vues libérales, et tirant parti de sa proximité avec la cour impériale, elle intervient en faveur de plusieurs de ses contemporains. Elle fait ainsi libérer trois fois Maxime Gorki de prison, et fait des démarches en faveur de Nikolaï Mikhaïlovski, menacé d'exil[4].
Elle joue également un grand rôle dans la création à Saint-Pétersbourg du premier institut de médecine féminin en Europe, aujourd'hui la Première université d'État de médecine de Saint-Pétersbourg I. P. Pavlov (ru), et par la suite aide continûment à son fonctionnement[1]. Elle organise des concerts de charité, des conférences et des loteries, s'occupe de recueillir des moyens pour organiser des repas bon marché ou gratuits pour les nécessiteux, et créée plusieurs bourses portant son nom. En 1894-1896, elle donne une collection importante d'ouvrages à la bibliothèque de l'Université d'État de Saint-Pétersbourg et à celle des Cours supérieurs féminins Bestoujev. Elle sera responsable des cours à la bibliothèque entre 1894 et 1918.
La communauté Kaufman
En 1900 elle est une des initiatrices et organisatrice de la Communauté des sœurs de la Miséricorde de , qui porte le nom du général Mikhaïl Kaufman (ru), ancien dirigeant de la société de la Croix-Rouge russe (ru)[1]. Elle est membre du comité central Alekseïevski pour l'assistance aux orphelins de la guerre russo-japonaise. Entre février et , avec un détachement de sœurs de la communauté Kaufman, elle se rend dans les Balkans, pendant la guerre qui opposent la Bulgarie, la Serbie et le Montenegro à l'Empire ottoman[4].
Entre 1914 et 1916, les sœurs de la communauté, sous sa direction, servent dans le front du sud-ouest, où elles organisent une série d'hôpitaux et d'infirmeries d'étape. Varvara Ivanovna reçoit en 1913 la Croix de Saint-George (ru), quatrième degré[4].
Après la Révolution
Elle passe en 1918 quelques semaines en prison, comme otage (elle est mère d'un garde blanc), et est expulsée avec son fils Ivan Glinka, ex-officier de la garde, de sa maison de la rue Kirotchnaïa. Ivan meurt d'une pneumonie, aggravée par la famine, dans l'hiver 1919-1920. À l'automne, grâce à l'intervention de Maxime Gorki, elle s'installe dans la Maison des arts, sur la perspective Nevski. Elle s'efforce de vivre de traductions. Elle part illégalement pour la Finlande, avec l'aide de passeurs, par le Golfe de Finlande gelé, en hiver 1920[3].
Elle vit à Paris à partir de 1922 où elle a rejoint son fils Grigori. Elle meurt le , et est enterrée dans le cimetière des Batignolles[1].
Postérité
De nombreuses pages de mémoires littéraires lui sont consacrées, notamment dans celles de Vladislav Khodassevitch, Tatania Aksakova-Sivers (ru), Dmitri Mamine-Sibiriak (ru) ou Vladimir Bontch-Brouïevitch. 12 des poèmes du premier recueil de Dimitri Merejkovski lui sont dédiés[1].
Œuvres
- V. Rouslane, Le Juif de Sofievka, Paris, E. Plon et Cie, imprimeurs-éditeurs, , 241 p. (lire en ligne),
- réédition : Rouslane V., Le Juif de Sofievka, Hachette Livres BNF, (ISBN 9782013709903, OCLC 1007923854, lire en ligne) ;
- V. Rouslane, La faute de la comtesse, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, , 266 p. ;
- V. Rouslane, Kira, une jeune fille russe, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, , 320 p. ;
- (ru) Икскуль В. И. (V. I. Üxküll), « На туманном севере » [« Dans le Nord brumeux »], Северный вестник, nos 1-4, ;
- (ru) Икскуль В. И. (V. I. Üxküll), « Иван Дмитриевич Сытин » [« Un demi-siècle pour le livre »], Полвека для книги. 1866-1916, Moscou, , p. 121.
Notes et références
Notes
- Son nom d'épouse s'écrit de diverses façons, en russe : Гильденбанд, Гильденбандт, Гилленбанд) et est transcrit en français avec encore plus de variations (Ikskul ou Ikskoul, Üxküll, Uexküll, Ixkol, Hildenband, Hildenbandt, Guillenband,.).
- Certaines sources la font naitre en 1852 ou 1854
Références
- (ru) Вадим Врачев (Vadim Vratchev), « Икскуль фон Гильденбандт Варвара Ивановна » [« Uexküll von Hildenband Varvara Ivanovna »], sur hrono.ru (consulté le )
- V. Rouslane, Le Juif de Sofievka, Paris, E. Plon et Cie, imprimeurs-éditeurs, (lire en ligne)
- (ru) Антонов Б. (B. Antonov), « Красная баронесса » [« La baronne rouge »], Талион, no 26, , p. 16-26
- (ru) Д. Я. Северюхин (D. I. Severioukhine), « Uexküll von Hildenband », sur Энциклопедия Санкт-Петербурга (encspb.ru) (consulté le )
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Икскуль фон Гильденбанд, Варвара Ивановна » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Bibliographie
- (ru) Д. Я. Северюхин (D. I. Severioukhine), « Uexküll von Hildenband », sur Энциклопедия Санкт-Петербурга (encspb.ru) (consulté le ) ;
- (ru) Вадим Врачев (Vadim Vratchev), « Икскуль фон Гильденбандт Варвара Ивановна » [« Uexküll von Hildenband Varvara Ivanovna »], sur hrono.ru (consulté le ) ;
- (ru) Масанов И. Ф. (I. F. Massanov), Словарь псевдонимов русских писателей, учёных и общественных деятелей [« Dictionnaire des pseudonymes des écrivains, scientifiques et acteurs sociaux russes »], t. IV, Moscou, , p. 207 ;
- (ru) Мнухин Л., Авриль М., Лосская В. (L. Mnoukhine, M. Avril, V. Losskaïa), Российское зарубежье во Франции 1919—2000 [« L'émigration russe en France (1919-2000) »], Moscou, Наука Дом-музей Марины Цветаевой, ;
- (ru) Бокова В. (V. Bokova), « Баронесса Икскуль » [« La baronne Uexküll »], Лица. Биографический альманах, Moscou, Saint-Petersbourg, vol. 4, , p. 95—123 ;
- (ru) Антонов Б. (B. Antonov), « Красная баронесса » [« La baronne rouge »], Талион, no 26, , p. 16-26 ,
- (ru) Аксакова-Сиверс Т. А. (T. A. Aksakova-Sirves), Семейная хроника [« Chronique familiale »], Paris, Atheneum, .
Articles connexes
Liens externes
- (ru) Mikhaïl Nesterov, « Баронесса Варвара Ивановна Икскуль фон Гильденбандт в воспоминаниях художника » [« La baronne Varvara Ivanovna Uexküll von Hildenband dans les mémoires du peintre »], sur art-nesterov.ru (consulté le ).
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