Vera Molnár
Vera Molnár est une artiste française d’origine hongroise, née à Budapest le .
Cet article possède un paronyme, voir Véra Norman.
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Elle est considérée comme une précurseure de l'art numérique et de l'art algorithmique. Imprégnée d’un héritage pictural caractéristique de l’Europe de l’Est, elle s’installe à Paris en 1947 afin de développer une œuvre expérimentale et fortement engagée. Elle vit à Paris, où elle poursuit sa carrière artistique. Elle est représentée à Rennes par la galerie Oniris et à Paris par la galerie Berthet Aittouarès.
Biographie
Elle est née en 1924 à Budapest[1]. Elle s'intéresse à la peinture à l'âge de 12 ans, en observant un oncle s'y adonner, comme peintre du dimanche[1]. De 1942 à 1947, Vera Molnár étudie à l’école des beaux-arts de Budapest[2]. Son premier tableau abstrait date de 1946. Elle arrive à Paris en 1947[1].
Au premier abord, sa pratique picturale peut être assimilée au courant de l’abstraction géométrique[1], qui se développe en Europe au cours des années 1950. Sa peinture est marquée par un vocabulaire élémentaire fondé sur la ligne, le cercle, le carré ou encore le méandre. Depuis ses débuts, elle développe une intense réflexion théorique sur les moyens de la création et les mécanismes de la vision. Sa pratique trouve son origine chez Mondrian, Malevitch ou encore les concrets zurichois, et trouve de nombreuses correspondances dans tous les travaux conduits avec les sciences exactes et les mathématiques en particulier. Ainsi, elle introduit dans la rigueur minimale de ses œuvres une certaine quantité de hasard, un « soupçon de désordre » venant troubler imperceptiblement ses constructions formelles.
Encouragée par Sonia Delaunay[1], Vera Molnár se rapproche bientôt des représentants de l’art construit. Pourtant, il est difficile d’intégrer cette figure majeure de la peinture abstraite à un mouvement spécifique, tant elle a su développer et entretenir une singularité renouvelée jusqu’à nos jours. Elle fait la connaissance de Jesús-Rafael Soto dans le courant des années 1950, puis, en 1957, de François Morellet, avec lequel elle restera très liée[1]. Attirés par une géométrie systématique, tous deux intègrent les héritages respectifs du Bauhaus, du mouvement De Stijl, des constructivistes russes et polonais.
En 1956, Vera Molnár rencontre François Molnár – qui deviendra son époux - par l’intermédiaire de Soto. Délaissant sa pratique picturale pour assurer la direction d’un laboratoire de recherche au CNRS, François Molnár accompagne et enrichit le travail de l’artiste jusqu’en 1960, durant les vingt premières années de son œuvre. Ensemble, ils font la connaissance de Vasarely et de Julio Le Parc, qui mettent en œuvre les prémices de l’art optique et cinétique. Vera Molnár prend part à tous les débats qui ont précédé la constitution du GRAV (Groupe de Recherche d'Art Visuel), comprenant notamment Julio Le Parc, François Morellet ou encore Horacio Garcia Rossi. Cependant, elle se tient à distance de ces nouvelles mouvances artistiques pour développer une peinture « systématique » et établir les fondements de ce que Serge Lemoine appelle le « minimalisme à française ».
Durant cette période, Vera Molnár refuse de jouer le jeu des codes de la reconnaissance artistique auprès des galeries comme des institutions. L’absence de « publicité » faite à l’artiste retarde considérablement sa reconnaissance auprès du public, au profit de l’école américaine.
À partir de 1968, elle devient l’une des pionnières de l’utilisation de l’ordinateur dans la création artistique[3],[4], un outil qui, selon ses termes, lui permet de « se libérer d’un héritage classique sclérosé » tout en conservant la pleine maîtrise de ses compositions. Vera Molnár enrichit ainsi une œuvre déjà renommée par de nouvelles constructions systématiques aux couleurs éclatantes. « Ses œuvres des années 1950 sont aujourd'hui recherchées, car elles posent les bases intellectuelles de sa démarche avec l’ordinateur à la fin des années 1960 », indique quelques décennies plus tard le galeriste Florent Paumelle[4].
Chronologie
- 1960 : cofondatrice du GRAV
- 1967 : cofondatrice du groupe Art et informatique / Institut d’esthétique et des sciences de l’art, Paris
- 1968 : premiers travaux sur ordinateur
- 1976 : première exposition personnelle / galerie de l’École polytechnique, Londres
- 1979 : première exposition personnelle en France : Atelier de recherche esthétique (petits formats) et église du Saint-Sépulcre (grands formats), Caen
- 1995 : expo [211], galerie Oniris, Rennes (avec Morellet + Knifer)
- 1999 : première grande exposition monographique / Credac, Ivry-sur-Seine
- 2002 : premier One-Man-Show à la FIAC Paris, stand Oniris
- 2004 : exposition rétrospective / musée Wilhem-Hack, Ludwigshafen (All) + Fondation Salomon pour l’Art contemporain / Alex (avec Julije Knifer)
- 2006 : membre fondateur de l'OSAS (Open Structures Art Society) à Budapest
- 2009 : Frac Lorraine, Metz
- 2012 : centre d'art contemporain de Saint-Pierre-de-Varengeville
Prix
- 2018 : Prix d'honneur AWARE[5], ex-aequo à l’unanimité du jury avec Nil Yalter.
Expositions
Expositions de groupe (sélection)
- 2013 : Dynamo (Serge Lemoine et Matthieu Poirier), Grand Palais, Paris
- 2013 : Une brève histoire des lignes (Hélène Guenin et Christian Briend), Centre Pompidou-Metz[6]
- 2012 : Erre, variations labyrinthiques, Centre Pompidou-Metz
- 2010 : Chef-d’œuvre, Centre Pompidou-Metz, On line : Through the XXth Century, MOMA, Museum of Modern Art, New York
Expositions personnelles
- 2021 : Pas froid aux yeux. Musée des beaux-arts de Rennes
- 2016 : "1 % de désordre ou la vulnérabilité de l'angle droit"[7], galerie Berthet-Aittouarès, Paris
- 2015 : Museum Haus Konstruktiv, Zurich
- 2014 : « Mes 90 ans à La Ligne », galerie La Ligne, Zurich
- 2014 : Museum für Konkrete Kunst, Ingolstadt
- 2013 : Vera Molnár, Tremblement, Cneai, Centre National Edition Art Image, Chatou
- 2012 : Vera Molnár, Kunsthaus Rehau, Institut für konstruktive kunst und konkrete poesie, Rehau (Allemagne), Vera Molnár, une rétrospective 1942-2012, musée des beaux-arts de Rouen, One percent disorder, Kepes Központ, Eger, Hongrie
- 2012 : Rétrospective 1942/2012, musée des beaux-arts, Rouen
- 2011 : 86 (Part III), galerie Torri, Paris
- 2010 : Entre les lignes, avec MCB Adde, galerie La Ligne, Zurich
- 2010 : Vera Molnár/Cézanne, Museum of Fine Arts, Budapest, Tourner en rond, galerie Cour Carrée, Paris, Variations Ste-Victoire, musée des beaux-arts, Budapest, Hungary, 60 ans de carrés, galerie Oniris, Rennes
- 2009 : Perspectives et variations, FRAC Lorraine, Metz
- 2008 : Digital Art Museum, Berlin
- 2008 : Museum Vasarely, avec François Morellet, Budapest
- 2008 : Hommage à Paul Klee, galerie La Ligne, Zurich
- 2008 : Pliages, tableaux, dessins, galerie März, Mannheim, The early beginnings-Vera Molnár, DAM Berlin, Hommage à Dürer (avec François Morellet), musée Vasarely, Budapest, Hommage à Paul Klee, galerie La Ligne, Zurich, Hommage à Dürer, variations (avec François Morellet), musée de Paks
- 2007 : Car je n’aime pas la couleur verte, musée des beaux-arts de Rouen, Vers l’épure, galerie Cour Carrée, Paris, M…, galerie Oniris, Rennes, Lignes, galerie März, Ladenburg
- 2006 : Parallèles (avec MCBA), galerie La Ligne, Zurich, Tableaux et séries, März Galerien, Ladenburg, Vera Molnár, Études et multiples, März Galerien, Mannheim, De monotonie, symétrie, surprise, Kunsthalle, Brème
- 2005 : Droites et courbes, galerie Cour Carrée, Paris, Vera Molnár, galerie Charpa, Valence, Signes et signatures, galerie Oniris, Rennes, Vera Molnár et Marta Pan, Thèmes et variations, musée des beaux-arts de Brest
- 2004 : Vera Molnár/Julije Knifer, Lignes et méandres, fondation Claudine et Jean-Marc Salomon, Alex, Grecques, après tremblement de terre, artothèque d’Auxerre, M, comme Malevitch und andere Buchstabenbilder, März Galerien, Mannheim, Vera Molnár Als das Quadrat noch ein Quadrat war, rétrospective pour le 80e anniversaire, musée Wilhelm-Hack, Ludwigshafen, Dessins, Sala do Risco, Lisbonne
- 2003 : Hasards canalizes, Gutmann Galéria, Budapest, Vera Molnár, musée municipal, Györ, Dessins, März Galerien, Mannheim
- 2002 : Vera Molnár, Espace Fanal, Bâle, Variations, Galerie Oniris, Rennes, Tableaux, März Galerien, Ladenburg, Hasards prémédités, galerie Cour Carrée, Paris
- 2001 : Des chemins sinueux, März Galerien, Mannheim, Fragments de Méandres, Institut culturel hongrois, Stuttgart, Peintures, collages, dessins, musée de Grenoble, Entre droites et courbes, galerie Emilia Suciu, Ettlingen, reConnaître – Vera Molnár, musée de Grenoble
- 2000 : Lignes-Œuvres récentes, galerie Oniris, Rennes, Au crayon, à la plume, au pinceau, à l’ordinateur, Centre d’art contemporain Bouvet-Ladubay, Saumur, Computerzeichnungen Galerie, St. Johann, Saarbrücken, Lettres de ma mère, Centre d’art CAMAC de Marnay-sur-Seine, Promenade à Ladenburg, exposition + installation, März Galerien, Ladenburg
- 1999 : Une visite guidée à travers mon cerveau, Espace Gustave-Fayet, Sérignan, Inventaire – Hommage au 75e anniversaire de Vera Molnár, März Galerien, Ladenburg, Extrait de 100 000 milliards de lignes, Le Crédac, Ivry-sur-Seine, Réflexions contemporaines (avec Françoise Malaprade), galerie Cour Carrée, Nancy
- 1998 : Sensibilité numérique – 1957-97, Vismara Arte, Milan, Sculptures, dessins (avec Marta Pan), Espace de Luynes, Chevreuse, Vera Molnár, Manfred Mohr, galerie Lahumière, Paris
- 1997 : Peintures 1966-1996, galerie Oniris, Rennes, Salon Liszt : Lettres de ma mère, Institut hongrois, Paris, Tango, Château Bouchemaine
- 1996 : Lettres de ma mère, Galerie ITS.ART.IST, La Hulpe, Pink und Rouge, März Galerien, Ladenburg, Tango, musée d'art et d'histoire, Cholet, 4 Livrimages, école des beaux-arts, Valenciennes, Ligne, musée Ernst, Budapest
- 1995 : De l’Esprit à l’Œuvre (dans le cadre de « La science en fête »), musée d'art et d'histoire, Cholet, Tableaux (avec François Morellet), März Galerien, Mannheim
- 1994 : Tableaux, dessins, März Galerien, Mannheim + Ladenburg, Ordres et (Des)ordres, musée Wilhelm-Hack, Ludwigshafen, Géométrie du plaisir, Gesellschaft für Kunst und Gestaltung, Bonn, Multiples, März Galerien, Mannheim, De Sommaire 1992-93, März Galerien, Mannheim + Ladenburg
- 1993 : La Quadrature de l’art (avec G. Honegger), cloître du CRDP Poitou-Charentes, Poitiers
- 1992 : Travaux anciens, galerie St. Johann, Saarbrücken
- 1991 : 9 Quadrate – Zeichnungen, Collagen Bilder Gesellschaft für Kunst und Gestaltung, Bonn
- 1990 : musée d'art moderne d'Ottendorf, Studio A, De Galerie St. Johann, Saarbrücken, Lignes, Formes, Couleurs, musée Vasarely, Budapest, Stiftung für konkrete Kunst, Reutligen
Notes et références
- Dominique Poiret, « La géomètre et ses maîtres », Libération, (lire en ligne)
- Sylvain Amic, Vincent Baby (commissariat), Vera Molnár, Une rétrospective 1942/2012, Paris, Bernard Chauveau éditeur, , 216 p. (ISBN 978-2-36306-069-3), p. 9.
- « Vera Molnaret François Molnar », sur Larousse
- Roxana Azimi, « Ces artistes français délaissés qui retrouvent grâce auprès des collectionneurs », Le Monde, (lire en ligne)
- « Les expositions : Prix AWARE 2018 », sur artabsolument.com (consulté le ).
- « Une brève histoire des lignes » (consulté le ).
- « Galerie Berthet-Aittouarès », sur Galerie Berthet-Aittouarès (consulté le ).
Voir aussi
Ouvrage général
- Élisabeth Védrenne et Valérie de Maulmin, Les Pionnières : dans les ateliers des femmes artistes du XXe siècle, photographies de Catherine Panchout, Paris, Somogy éditions d'art, 2018 (ISBN 978-2-7572-1305-6) Avec Etel Adnan, Geneviève Asse, Pierrette Bloch, Geneviève Claisse, Parvine Curie, Sheila Hicks, Shirley Jaffe, Vera Molnár, Aurélie Nemours, Marta Pan et Judit Reigl.
Sur Vera Molnár
- Vincent Baby, Serge Lemoine, Vera Molnár, RMN, 2001
- (de + fr) Vera Molnár, Linde Hollinger et Vincent Baby, Vera Molnár : Inventar 1946-2003 - inventaire 1946-2003, Ladenburg, Ladenburg : Preysing, , 556 p. (ISBN 978-3-9806968-5-2)
- Sylvain Amic, Vincent Baby, Vera Molnár, Une rétrospective, musée des beaux-arts de Rouen, Bernard Chauveau Éditeur, Paris, 2012
- Véra Molnar, plaisir de géométrie, un film documentaire de Laszlo Horvath, une coproduction Pyramide Production et Images Plus Vosges Télévision, 2011.
Liens externes
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