Vicomté de Turenne
La vicomté de Turenne est une ancienne vicomté de France située à cheval sur les départements de la Corrèze et du Lot actuels ; son chef-lieu était la petite ville de Turenne.
Histoire
Une vicaria Torinensis est signalée au VIIe siècle.
Le castrum de Turenne apparaît pour la première fois dans les textes en 767 quand il est donné par Pépin le Bref à Immon, premier comte de Quercy.
C'est au IXe siècle (823) qu'apparaissent les premiers seigneurs de Turenne[1].
L'emplacement du premier château de Turenne a été discuté car dans un acte du cartulaire de l'abbaye d'Uzerche concernant un don fait par le vicomte de Turenne Boson Ier, en 1074, on cite un lieu appelé Vieille Turenne (montem qui vocatur Vetula Torena), qui se trouve à 1,5 km au nord-est de Turenne, au-dessus du village de Gondres[2]. L'historiographie situe maintenant en ce lieu le château carolingien. Ce serait Archambaud « Jambe Pourrie » qui aurait déplacé le château à son emplacement actuel à la fin du Xe siècle ou son petit-fils Guillaume Ier, dans la première moitié du XIe siècle.
Devenue un véritable État féodal à la suite des croisades, en profitant de l'affrontement entre Capétiens et Plantagenêts, il est devenu un des plus grands fiefs de France, au XIVe siècle. La vicomté de Turenne jouit du Moyen Âge au XVIIIe siècle d'une autonomie complète. Jusqu'en 1738[3], les vicomtes, tenus à un simple hommage d'honneur envers le roi et exempts d'impôts à son égard, agissent en véritables souverains : ils réunissent des États généraux, lèvent les impôts, battent monnaie, anoblissent. La vicomté forme un État dans l'État. Ainsi, lorsque le roi interdit dans le royaume la culture du tabac, introduite en Aquitaine en 1560, cette mesure ne s'applique pas à la vicomté, où, au contraire, elle s'intensifie[4].
Vicomtes de Turenne
Turenne a vu se succéder quatre familles de vicomtes.
- IXe – XIIIe siècles : Les Comborn, originaires de la vallée de la Vézère, qui participent activement aux croisades et aux guerres franco-anglaises, obtiennent des privilèges des rois de France.
- 1305(av.)-1350 : Au début du XIVe siècle, par le mariage de l'héritière de la vicomté, Marguerite de Turenne, avec le comte Bernard VIII, la vicomté passe à la maison comtale de Comminges pour près d'un demi-siècle. Trois vicomtes issus de la famille de Comminges se succèdent : Bernard VIII, Jean, puis Cécile, comtesse d'Urgell, qui vend la vicomté en 1350 au pape Clément VI pour établir son neveu Guillaume III Roger de Beaufort.
- 1350-1444 : La famille Roger de Beaufort, dont sont issus deux papes d'Avignon, Clément VI et Grégoire XI, donne deux vicomtes - Guillaume III Roger de Beaufort et Raymond de Turenne, huitième du nom - et deux vicomtesses Antoinette de Turenne et Éléonore de Beaujeu.
- 1444-1738 : En 1444, la vicomté devient la possession de la famille La Tour d'Auvergne. À leur apogée, Henri de La Tour d'Auvergne, coreligionnaire et compagnon d'armes du roi Henri IV, devient duc de Bouillon et prince de Sedan ; son fils Henri, maréchal de France, reçoit le surnom de « grand Turenne ».
Sous les La Tour d'Auvergne, la vicomté passe à la Réforme, le calvinisme, propagé par les bateliers de la Dordogne, se diffuse dans la région. En 1575, après la Saint-Barthélemy, Henri de La Tour s'engage aux côtés d'Henri de Navarre ; Turenne devient un haut-lieu des guerres de Religion puis des troubles de la Fronde.
- Le , Turenne est vendue à Louis XV pour rembourser les dettes de jeu de Charles-Godefroy, le dernier des vicomtes de la famille La Tour d'Auvergne. Ainsi prend fin la quasi-indépendance du dernier fief français. Les viscomtins, devenus sujets de Louis XV, sont alors contraints à l'impôt et le roi ordonne le démantèlement de la forteresse. À la Révolution, Turenne n'est plus que le siège d'une prévôté royale.
Possessions de la vicomté
La seigneurie de Turenne occupe un territoire limité par trois provinces et trois évêchés. Jouxtant le Périgord noir, elle prend appui dès l'origine sur le Bas Limousin et le Quercy. Elle contrôle notamment les transhumances de bétail entre les plateaux du Limousin et ceux du Quercy. Dans sa plus grande extension, au XVe siècle, elle s'étire des environs de Meymac ou de Lapleau (Corrèze), au nord-est, à ceux de Terrasson (Dordogne), à l'ouest, et de Gramat (Lot), au sud. À cette époque, les principales villes fortifiées de la vicomté sont Argentat, ServièresServières-le-Château ?, Beaulieu, Gagnac, Martel, Saint-Céré et Turenne ; les remparts entourent également les bastides de Bretenoux et Puybrun , les cités de Carennac, Curemonte, Meyssac et Collonges. On dénombre alors environ 100 000 habitants, répartis en 18 500 feux, 111 paroisses et 1 200 villages.
Notes et références
- « Vicomté de Turenne », sur lacorreze.com (consulté en ).
- [Champeval 1891] J. B. Champeval, « Cartulaire d'Uzerche (suite) » (voir article no 271, année 1074, p. 240-241), Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, t. 13, , p. 240-250 (de 1062 à 1104) (lire en ligne [sur gallica], consulté en ).
- [Verdier 2013] Jean du Verdier, « La noblesse de la vicomté de Turenne », bulletin de l'Association de la noblesse française, « lien brisé »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur anf.asso.fr (voir la page sur "Archive.is").
- Corneille 1942, p. 319-320.
Annexes
Bibliographie
- [Buisson 1685] Nicolas du Buisson, La vie du Vicomte de Turenne, maréchal général des camps et armées du roi, Cologne, chez Jean de Clou, , 392 p., sur books.google.fr (lire en ligne).
- [Corneille 1942] H. Corneille, « Le tabac et la vicomté de Turenne », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. 69, , p. 318-323 (lire en ligne [PDF] sur docs.shap.fr, consulté en ). .
- [Fage 1894] René Fage, Les états de la vicomté de Turenne, t. 1, Paris, éd. Alphonse Picard et fils, , 324 p., sur gallica (lire en ligne).
- [Marche 1879] Blaise-Adolphe Marche, La vicomté de Turenne et ses principales villes : Beaulieu, Argentat, Saint-Céré, Martel, Tulle, impr. Crauffon, , 515 p., sur gallica (lire en ligne).
- [Peyrony 1942] Denis Peyrony, « Station préhistorique de Pech-de-Bourre, commune de Prats-de-Carlux », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. 69, , p. 289-297 (lire en ligne [PDF] sur docs.shap.fr, consulté en ).
Articles connexes
Liens externes
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