Walter Guinness
Walter Edouard Guinness, 1er baron Moyne, né le à Dublin (Irlande) était un homme politique et un homme d'affaires britannique. Il a été assassiné le au Caire (Égypte) par le groupe sioniste radical Lehi.
Pour les articles homonymes, voir Guinness (homonymie).
Baron Moyne (en) | |
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Décès |
(à 64 ans) Le Caire |
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Adelaide Maria Guinness (d) |
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Evelyn Erskine (d) (depuis ) |
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Bryan Guinness Murtogh David Guinness (d) Grania Guinness (d) |
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Ordre du Service distingué ( et ) |
Le très honorable |
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Jeunesse
Walter Edouard Guinness est né à Dublin, en Irlande, et était le troisième fils du comte d'Iveagh. Ses maisons de famille étaient à Farmleigh près de Dublin, et à Elvedon, dans le Suffolk. Guinness a fait ses études au prestigieux collège d'Eton. Le , il a épousé Evelyn (1883-1939), la troisième fille du 14e comte de Buchan. Les comtes de Buchan étaient une famille ancienne de la noblesse écossaise. Ils ont eu trois enfants, Bryan, Murtogh et Grania.
Carrière militaire
Walter Guinness a servi pendant la deuxième Guerre des Boers, où il a été blessé, et décoré.
Pendant la Première Guerre mondiale, bien qu'élu au parlement, il a tenu servir au Suffolk Yeomanry en Égypte, et à la bataille de Gallipoli. Il est décoré du Distinguished Service Order (DSO) en 1917 (Bataille de Passchendaele), et obtient une barrette en 1918 (Offensive du printemps), pour son courage personnel.
Première carrière politique
En 1907, il est élu au County Council de Londres, et également au Parlement, ou il restera jusqu'en 1931. Il est membre du Parti conservateur.
En 1922, il a été nommé sous-secrétaire d'État à la guerre, le premier de ses postes politiques. Il est ministre de l'agriculture à partir de et jusqu'en . Après la défaite conservatrice en 1929, il quitte le gouvernement, et est fait baron Moyne en 1932.
Homme d'affaires
Moyne a été un administrateur des brasseries Guinness, fabricant de bière créé par son arrière-grand-père Arthur Guinness en 1759, société introduite en bourse en 1886 par son père.
Retour à la politique
En 1932, lord Moyne devient président de la mission financière sur le Kenya. En 1933, il devient membre d'une commission parlementaire sur les problèmes du logement en Angleterre. En 1934, il devient membre de la Commission royale sur l'université de Durham et membre d'un comité sur l'industrie britannique du film. En 1938-1939, Moyne est nommé président de la Commission royale sur les Indes occidentales, qui visait à étudier comment mieux administrer les colonies britanniques des Caraïbes. Lord Moyne est nommé ministre des colonies du au par son ami Winston Churchill. Son épouse Evelyn meurt à cette époque.
Période de guerre
Le , pendant la Seconde Guerre mondiale, le navire Struma est torpillé en mer Noire par un sous-marin soviétique (qui présentera des excuses), causant la mort de 770 passagers juifs roumains, hommes, femmes, enfants, voulant désespérément se réfugier en Palestine et des membres d'équipage du paquebot[1],[2]. Les organisations sionistes en imputent la responsabilité aux autorités britanniques qui auraient fait pression sur la Turquie et sollicité l’URSS pour empêcher l’entrée en Palestine des réfugiés juifs fuyant la Shoah[3], notamment en la personne de Harold MacMichael, Haut-Commissaire de la Palestine mandataire[4] tandis que Walter Guinness déclare que « la Palestine est trop petite et déjà surpeuplée pour accueillir les trois millions de Juifs que les sionistes veulent y amener »[3].
En Palestine, les Britanniques censurent la presse mais les nouvelles de la tragédie du Struma finissent par être diffusées. Alors que le Yichouv proclame une journée de deuil, le Lehi fait circuler un tract déclarant que seule la lutte armée contre les Britanniques peut être une riposte à cette tragédie[3].
Le , Guinness fait un discours anti-sioniste à la Chambre des lords, dont il est membre. Il y déclare que les Juifs ne sont pas les descendants des Hébreux antiques, et qu'ils n'ont aucune « réclamation légitime » sur la terre sainte. En faveur d'une limitation de l'immigration en Palestine, il sera accusé d'être « un ennemi impitoyable de l'indépendance hébreu »[5].
En , il devient le représentant officiel (gouverneur britannique de fait, car à l'époque, l'Égypte est sous protectorat britannique) de la Grande-Bretagne au Caire.
Fin tragique
Deux ans plus tard, le , la même tragédie se reproduit sur le navire Mefküre battant pavillon turc et de la Croix-rouge, transportant aussi des réfugiés juifs roumains à travers la mer Noire et coulé, comme dans le cas du Struma deux ans auparavant, par un sous-marin soviétique (qui présentera aussi des excuses) : plus de 300 Juifs sont tués dont la responsabilité est à nouveau imputée aux autorités britanniques[6].
Le , Walter Guinness est assassiné au Caire par Eliahou Beit Tsouri et Eliahou Hakim, deux membres du courant « cananéen » du Lehi, un groupe armé radical juif. Les deux assassins seront jugés en Égypte et exécutés le .
Dans les années 1970, les corps des deux hommes, enterrés en Égypte, seront échangés contre 20 prisonniers arabes, et enterrés au « monument des héros » à Jérusalem[7]. Le gouvernement britannique déplorera qu'Israël honore des assassins comme des héros[8].
« L'ironie de l'histoire est que Moyne, qui avait été longtemps opposé à la création d'un État juif, était venu à penser qu'il n'y avait pas d'autre solution »[9].
Notes et références
- (en)[PDF] International Commission on the Holocaust in Romania (Commission Wiesel), Final Report of the International Commission on the Holocaust in Romania, Yad Vashem (The Holocaust Martyrs’ and Heroes’ Remembrance Authority), 2004,
- (en) Le Struma sur le site du Mémorial de Yad Vashem
- Charles Enderlin, Par le feu et par le sang. Le combat clandestin pour l'indépendance d'Israël, Albin Michel, 2008, p. 98-100.
- En Palestine mandataire, les britanniques à leur tour subissaient la pression du grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini en juin 1943 demandera à Miklós Horthy d'« envoyer les Juifs de Hongrie dans des camps de concentration en Pologne plutôt que de les laisser partir en Palestine » et qui, quelques jours avant la tragédie du Mefküre, le 25 juillet 1944, écrira au ministre des Affaires étrangères son opposition à la délivrance de sauf-conduits pour 900 enfants juifs et 100 adultes de Hongrie et Roumanie : lire Gilbert Achcar, The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives, Chastleton Travel 2010, page 148.
- Isaac Zaar, Rescue and Liberation: America's Part in the Birth of Israel, N.Y. Bloc Publishing Cy, 1954, p. 115.
- (en) Jan Lettens, « SV Mefkure (+1944) », The Wreck Site, (consulté le )
- D'après The Evening Star (en) d'Auckland du 2 juillet 1975.
- « Ce sont mes frères que je cherche », Ministry of Education and Culture, Jérusalem, 1990.
- Marius Schattner, Histoire de la droite israélienne, de Jabotinsky à Shamir, Complexe, 1991, p. 221.
Liens externes
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