Westinghouse Electric Company

Westinghouse Electric Company est une entreprise américaine, fondée par George Westinghouse en 1886. Elle a été rachetée en 2006 par la firme japonaise Toshiba et s'est spécialisée dans le nucléaire.

Westinghouse Electric Company LLC

Création 1886
Dates clés 2006 (rachat par Toshiba)
Fondateurs George Westinghouse
Forme juridique Société par actions
Slogan « No company is more committed to supporting operating nuclear plants »
Siège social Cranberry Township (Comté de Butler), Pennsylvanie
 États-Unis
Direction Patrick Fragman (CEO)
Actionnaires Brookfield Business Partners
Filiales Westinghouse Electric (Japan) (d) et Westinghouse Electric (Germany) (d)
Site web www.westinghousenuclear.com
Ancienne usine Westinghouse à Sevran.
Action de la Westinghouse Electric and Manufacturing Company, en date du 31 mars 1910.

Elle intervient dans les domaines de la conception et la fabrication d’assemblages de combustibles nucléaires, des services spécialisés à l’industrie et l’ingénierie associée, de la conception et la réalisation de nouvelles centrales nucléaires.

Histoire

  • 1886, création de la société Westinghouse Electric Company[1].
  • 1889, la société est renommée « Westinghouse Electric & Manufacturing Company ».
  • 1920, Westinghouse Electric & Manufacturing Company crée à Pittsburgh la première radio commerciale, KDKA[2].
  • 1922, la société absorbe l'Electric Supply Company.
  • 1940, la société rentre dans le domaine aéronautique (radar, réacteur) et le domaine militaire.
  • 1943, Westinghouse participe à l'effort de guerre en placardant une affiche dans ses usines : « We can do it ! ». Celle-ci, à l'image de Naomi Parker Fraley, symbolise le patriotisme de six millions de femmes américaines travaillant en l'absence des hommes partis au front.
  • 1945, Westinghouse Electric and Manufacturing Company devient « Westinghouse Electric Corporation ».
  • 1954, lancement de l'USS Nautilus propulsé par un réacteur nucléaire construit par Westinghouse[3].
  • 1959, Westinghouse est accusée d'avoir impulsé le plus grand cartel illégal des États-Unis depuis l'adoption du Sherman Antitrust Act (1890) afin de maintenir des prix artificiellement élevés. Au total, 29 entreprises et 45 cadres dirigeants seront condamnés. Les enquêtes parlementaires qui suivirent permirent de comprendre que la « criminalité en col blanc » constituait de loin la forme de criminalité la plus coûteuse pour les finances des États-Unis[4].
  • 1960, Paul Rand crée le logo de la société, un « W » stylisé bleu et cerclé de bleu.
  • 1961, acquisition de la Thermo King Corporation.
  • 1967, mise en service du premier panneau publicitaire commandé par ordinateur.
  • 1974, revente de la branche de production de matériel électroménager à la White Consolidated Industries.
  • 1975, la société KONE reprend les filiales Ascenseurs belge et française (Artis) de la Westinghouse.
  • 1995, la société rachète CBS.
  • 1996, vente de la branche défense Westinghouse Electronic Systems à Northrop Grumman Electronic Systems.
  • 1997, Westinghouse prend le nom du groupe CBS Corporation.
  • 1999, CBS Corp. revend ses activités nucléaires à British Nuclear Fuels Limited, qui les renomme « Westinghouse Electric Company ».
  • 1999, BNFL rachète la division nucléaire de ABB et la fusionne avec Westinghouse[5],[6].
  • 2001, prise de participation majoritaire dans la Société Logitest (parts rachetées au groupe SGS), la Société devient Westinghouse-Logitest.
  • 2006, l'entreprise passe sous le giron de Toshiba Corporation et devient « Westinghouse Electric Company LLC ».
  • 2007, acquisition de l'entreprise française Astare, spécialisée dans l'ingénierie et l'assistance à la conduite de projets dans le nucléaire civil[7].

En 2017, Toshiba annonce une dépréciation de 5,9 milliards de dollars découlant de l'acquisition, fin 2015, de CB&I Stone & Webster par Westinghouse effective en . Cette acquisition avait pour but d'éteindre les contentieux juridiques sur la construction des réacteurs AP1000 en chantier aux États-Unis, mais fin 2016 Westinghouse a revu en très forte hausse la charge de travail restante. Ces déboires dans la construction des premiers réacteurs de troisième génération sont très similaires à ceux d'Areva en Finlande et d'EDF à Flamanville[8].

Le , Toshiba approuve la mise en faillite de Westinghouse ; lesté de 9,8 milliards de dollars de dette et confronté à un enlisement de ses deux chantiers de construction de centrales nucléaires aux États-Unis, Westinghouse s'est formellement placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis dans l'espoir de négocier une restructuration avec ses grands créanciers[9],[10].

Les fonds américains de capital-investissement Blackstone et Apollo Global Management se sont alliés pour soumettre une offre de reprise sur Westinghouse. Une vente permettrait à Toshiba de limiter l'impact financier de cette faillite sur ses propres comptes. Westinghouse travaille en milieu d'année 2017 à une vente avec l'aide de la banque d'investissement PJT Partners. D'autres fonds envisagent de former des consortiums pour soumettre des offres de reprise[11].

En , le fonds d'investissement canadien Brookfield Asset Management rachète Westinghouse pour 4,6 milliards de dollars[12],[13].

En , Westinghouse Electric Company annonce l'acquisition des activités de services nucléaires de Rolls-Royce. Cette transaction a reçu l'autorisation des autorités compétentes et a été confirmée le par Westinghouse, le par Rolls-Royce. Elle porte principalement sur les activités de service aux États-Unis et au Canada, mais concerne également le site de Mondragon (Vaucluse) en France, et celui de Gateshead, au Royaume-Uni. La vente n’inclut pas l'activité d'instrumentation et de contrôle nucléaire, basée à Meylan (Isère) près de Grenoble, qui pourrait être rachetée par Framatome. Elle n'inclut pas non plus les activités de construction de nouveaux réacteurs nucléaires au Royaume-Uni ou de petits réacteurs modulaires (SMR) dont la certification d’un modèle est prévue pour 2029[14].

Activités

Westinghouse Electric a reçu les droits d'exploitation du premier brevet sur la transmission du courant alternatif, déposé par Nikola Tesla[15]. Cette technologie a été utilisée pour la première fois pour l'éclairage public à Great Barrington, Massachusetts. La société est à l'origine de la transmission à grande distance du courant électrique, et de la transmission à haute tension. La société était historiquement rivale de General Electric qui à l’époque promouvait le courant continu[16].

En 2011, la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (Nuclear Regulatory Commission) a donné à Westinghouse l'autorisation pendant quinze ans de développer son nouveau réacteur nucléaire AP1000[17]. Ce réacteur à eau pressurisée est basé sur un principe de conception à sûreté passive[18]. Cette innovation, permettant de simplifier les circuits de sûreté, a marqué le début de la génération III+ de réacteurs nucléaires[19].

Westinghouse propose des services de décontamination et démantèlement (D&D). Elle a ainsi conclu des contrats avec Enresa en Espagne (Entreprise nationale des déchets radioactifs), pour démanteler la centrale nucléaire Jose Cabrera à Almonacid de Zorita[20], et avec EDF, pour démanteler la centrale nucléaire de Chooz en 2010[21].

En 2012, Westinghouse et l'entreprise suédoise Studsvik créent NDCon, une entreprise spécialisée dans le démantèlement[22].

En , Westinghouse et Bechtel signent une alliance pour proposer leurs services de D&D aux centrales nucléaires américaines[23].

En , Westinghouse signe avec l'entreprise brésilienne Eletronuclear un contrat d'ingénierie pour prolonger la durée de vie du réacteur Angra 1 jusqu'à 2044[24].

En , un accord de coopération a été signé entre les États-Unis et la Pologne pour définir les contours d'un programme nucléaire et d'un potentiel financement. L'administration Trump pousse l'offensive de Westinghouse et du groupe Bechtel. Après l'élection de Joe Biden, le ministre du climat polonais, Michal Kurtyka, interrogé par le Financial Times, déclare : « Il y a des discussions avancées avec les États-Unis sur ce sujet et je pense qu'elles sont très prometteuses. Je n'attends pas de changement de cap sur cette décision stratégique ». Le vaste plan d'investissement annoncé à l'automne 2020 par Varsovie dans les énergies renouvelables et nucléaires pour tourner la page du charbon prévoit que six réacteurs (6 à 9 GW) seront construits d'ici à 2040, le lancement de la construction du premier est prévu en 2026[25].

En France

Une société dénommée « Le Matériel électrique S-W », filiale de Schneider et Cie, est créée en 1929, à la suite de l'achat d'une licence Westinghouse pour la construction de gros matériel électrique (moteurs, turboalternateur, transformateurs). Cette société fusionne avec les Forges et ateliers de constructions électriques de Jeumont en 1964 pour donner naissance à Jeumont-Schneider, qui devient ensuite Jeumont Industries, filiale de Framatome qui revend ensuite Jeumont au groupe Altawest.

En 1892, la société s'implante à Sevran, elle devient une firme importante. Elle permet d'industrialiser et de dynamiser le quartier Nord de Sevran, nommé « Freinville ». Ce quartier, existant encore aujourd'hui, tire son nom de la compagnie qui s'est illustrée dans la création de freins pour les trains. L'atelier de l'usine sevranaise s’étend sur cinq hectares situés dans la forêt de Bondy sur les communes de Sevran et de Livry. Ce terrain triangulaire est bordé par la forêt, le chemin de fer de Bondy à Aulnay-lès-Bondy et une avenue forestière appelée l’avenue de Rougemont. Bordée par le canal de l'Ourcq, cette entreprise permet également la création de logements ouvriers et le développement de Sevran. En 1998, la société est démantelée. Elle a permis le développement du nord de Sevran et l'attraction d'autres entreprises comme Kodak.

En 1974, Westinghouse concède sa licence concernant les réacteurs nucléaires à eau pressurisée à Framatome (ex Areva NP), ce qui permet, selon un article du quotidien Libération, de construire 54 des 58 réacteurs d’EDF[26].

Le , l'ambassadeur de France aux États-Unis et le département d'État signent un accord qui permettra de mettre fin au système de licence qui lie Westinghouse et Framatome. Framatome recouvre ainsi une liberté totale d'exportation ; Westinghouse avait auparavant vendu à Creusot-Loire ses parts (15 %) au capital de Framatome[27].

En 2014, Westinghouse est présent en France sur trois sites employant 500 salariés : à Orsay, à Marseille et à Metz[28], sous le nom de « Westinghouse Électrique France »[29]. Son activité est le service à l'énergie nucléaire dans les domaines de la maintenance, du fonctionnement, de l'évolution et du démantèlement des centrales. Westinghouse fournit également environ 40 % des assemblages combustibles utilisés dans les centrales nucléaires françaises[29].

L'acquisition par Westinghouse Electric Company des activités de services nucléaires de Rolls-Royce en 2020 concerne le site de Mondragon (Vaucluse), mais n’inclut pas l'activité d'instrumentation et de contrôle nucléaire, basée à Meylan (Isère) près de Grenoble, qui pourrait être rachetée par Framatome[14].

Notes et références

  1. « Marteau-pilon, Westinghouse Works, 1904 » [vidéo], Bibliothèque numérique mondiale, (consulté le ), 3 min 31 s.
  2. Mokhtar Ben Barka, « L'histoire mouvementée d'Aimee S. McPherson (1890-1944), la première grande prédicatrice américaine du xxe siècle », Revue de l'histoire des religions, no 2, , p. 227-246 (lire en ligne)
  3. (en) "1954 The USS Nautilus, the world's first nuclear submarine, was launched with a reactor built by Westinghouse, sur westinghouse.com (consulté le 12 janvier 2019).
  4. Frank Browning et John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 530
  5. Jean-Charles Guézel, « Toshiba-Westinghouse, nouveau géant de l'électronucléaire », L'Usine nouvelle, .
  6. (en) « ABB to sell nuclear business to BNFL », sur ABB, (consulté le )
  7. Westinghouse investit dans le nucléaire français, enerzine.com, 25 septembre 2007 « Copie archivée » (version du 8 novembre 2018 sur l'Internet Archive).
  8. Westinghouse, un pionnier du nucléaire en pleine tourmente, Les Échos, 15 février 2017.
  9. Nucléaire : Westinghouse, la filiale de Toshiba en faillite, Les Échos, 30 mars 2017.
  10. (en) Tom Hals, Makiko Yamazaki et Tim Kelly, Huge nuclear cost overruns push Toshiba's Westinghouse into bankruptcy, Reuters, 29 mars 2017.
  11. « Une offre sur Westinghouse, filiale nucléaire de Toshiba ? », Boursier.com, (lire en ligne, consulté le ).
  12. Toshiba se défait de Westinghouse, Les Échos, 4 janvier 2017.
  13. (en) Tom Hals et Jessica DiNapoli, « Brookfield Business Partners to buy Westinghouse for $4.6 billion », Reuters, .
  14. Ces activités nucléaires en France que Rolls-Royce ne vend pas à Westinghouse, L'Usine Nouvelle, 3 février 2020.
  15. « Nikola Tesla contre Thomas Edison, la guerre des courants », Les Échos, .
  16. François Caron, Les Deux révolutions industrielles du XXe siècle, Albin Michel, , 528 p. (lire en ligne)
  17. (en) « Final Safety Evaluation Report Related to Certification of the AP1000 Standard Plant Design » [PDF], NRC, .
  18. « Relance du nucléaire : quels concurrents pour l’EPR ? », Sia-partners.
  19. « États-Unis : Westinghouse va développer un nouveau réacteur nucléaire », Lenergiedavancer.com, (voir archive).
  20. « EDF et Westinghouse Electric Spain remportent un contrat d’ingénierie de démantèlement nucléaire en Espagne », sur EDF France, (consulté le ).
  21. Valéry Laramée de Tannenberg, « Retour aux sources pour Westinghouse », Journal de l'environnement, .
  22. « Nucléaire : Westinghouse et Studsvik s'allient dans le démantèlement en Europe », Boursier.com, .
  23. « Westinghouse et Bechtel annoncent une alliance de premier plan pour des services de décontamination, de démantèlement et de remise en état aux États-Unis »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Yahoo,
  24. Westinghouse a signé un contrat d'ingénierie pour prolonger la durée de vie d'Angra 1, prnewswire.com, 5 octobre 2020.
  25. Le nucléaire français en opération séduction en Pologne, Les Échos, 1er février 2021.
  26. Jean-Christophe Féraud, « La faillite de Westinghouse, symptôme d'un nucléaire en plein doute », Libération, (consulté le ).
  27. Framatome met fin à l'accord de licence qui le liait au groupe américain Westinghouse, Le Monde, 24 janvier 1981.
  28. (en) « Westinghouse en France » [PDF], Site officiel.
  29. Westinghouse France.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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