Yukjin

Le yukjin (aussi transcrit yukchin, ryukjin, ryukchin, en coréen : 육진방언,륙진방 ou 여섯고을사투리[1]) est un dialecte coréen (ou, selon certains, une langue coréanique) parlée dans l'extrême Nord-Est de la Corée, dans la préfecture de Yanbian (Chine) et anciennement dans le Sud du Primorié (Russie). Il est plus conservateur que les autres variétés coréennes du fait de son isolement. Le linguiste Alexander Vovin affirme donc qu'il doit être considéré comme une langue distincte[2]. Cet idiome est désormais en danger et recule face au coréen standard de Séoul.

Yukjin
Région Nord-Est de la Corée du Nord
Nombre de locuteurs inconnu
Écriture Hangeul
Classification par famille
Carte

Carte des langues coréaniques. Le yukjin est indiqué en orange.

Histoire

Le terme sino-coréen 六鎭 ryukchin, qui signifie « six garnisons » désigne les villes de Hoeryŏng, Chongsŏng, Onsŏng, Kyŏngwŏn, Kyŏnghŭng, et Puryŏng, situées au Sud de la Tumen. La région appartenait aux Jurchen jusqu'au XVème siècle, quand le roi Sejong le Grand la conquit et la peupla de coréens venus du Sud-Est de la péninsule[3],[4]. En 1860, de mauvaises récoltes poussèrent des yukjins à émigrer vers Vladivostock (Russie) et ses alentours et la Mandchourie[5]. Suite à l'annexion de la Corée par le Japon, des vagues de migrations plus importantes eurent lieu dans les années 1910 à 1920[6]. Par la suite, vers 1930, l'URSS déporta les 250000 coréens environ de l'Extrême-Orient russe vers les républiques soviétiques d'Ouzbekistan et du Kazakhstan[7]. Cette déportation donna naissance au parler koryŏ-mar. Environ 10 % des coréen d'Asie centrale utilisent le yukjin[6]. Les Jaegaseung, descendants des Jurchen, parlaient un dialecte yukjin jusque dans les années 1960, lorsque Kim Il-Sung décida leur assimilation de force[8].

Classification

Le yukjin est une langue coréanique (de la même famille de langues que le coréen ou le jeju). Il descend du moyen coréen, duquel il gardera certaines caractéristiques dues à son isolement. Il fait partie des dialectes coréens septentrionaux, avec le pyŏngan, le hamgyŏng, et le koryŏ-mar[9].

Reférences

  1. Kwak 2015, p. 189.
  2. Vovin 2013, p. 201.
  3. Kim 2003, p. 95.
  4. King 1987, p. 236-238.
  5. Brown & Yeon 2015, p. 465.
  6. King 1992, p. 202.
  7. Yeon 2012, pp. 179–180.
  8. Kwak 2015, pp. 206–208.
  9. Robbeets (2020), p. 6

Voir aussi

Bibliographie

  • Kwak, Chung-gu (2015), "Yukjin bang'eon eohwi-ui janjae-jeok seonggyeok" 육진방언 어휘의 잔재적 성격 [The archaic characteristics of the Yukjin lexicon], Jindan Hakbo (in Korean), 125: 183–211.
  • Vovin, Alexander (2013), "Northeastern and Central Asia: 'Altaic' linguistic history", in Bellwood, Peter (ed.), The Global Prehistory of Human Migration, Wiley-Blackwell, pp. 197–203, ISBN 978-1-118-97059-1.
  • Kim, Seo-hyung (2003), "Yukjin bang'eon-ui jonggyeol-eomi yeon'gu" 육진방언의 종결어미 연구 [Study on sentence-final suffixes in the Yukjin dialect], Eomun Nonjip, 48: 93–125.
  • (en) J. R. P. King, « An introduction to Soviet Korean », Language Research, no 23 (2), , p.233–274 (hdl 10371/85771).
  • (en) J. R. P. King, « Archaisms and Innovations in Soviet Korean dialects », Language Research, no 28 (2), , p.201–223 (hdl 10371/85946).
  • Brown, Lucien; Yeon, Jaehoon (2015), "Varieties of contemporary Korean", in Brown, Lucien; Yeon, Jaehoon (eds.), The Handbook of Korean Linguistics, Wiley, pp. 459–476, ISBN 978-1-118-35491-9.
  • Yeon, Jaehoon (2012), "Korean dialects: a general survey", in Tranter, Nicolas (ed.), The Languages of Japan and Korea, Routledge, pp. 168–185, ISBN 978-0-415-46287-7.
  • Robbeets; Hudson (2020), "Archaeolinguistic evidence for the farming/language dispersal of Koreanic"

Articles connexes

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