Yves Navarre
Yves Navarre, né le à Condom et mort le à Paris, est un écrivain français, cofondateur en 1976, avec Marie Cardinal, du Syndicat des écrivains de langue française.
Naissance |
Condom |
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Décès |
(à 53 ans) Paris 4e |
Activité principale |
écrivain |
Distinctions |
prix Goncourt (1980) |
Langue d’écriture | français |
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Œuvres principales
- Lady Black (1971)
- Les Loukoums (1973)
- Le Temps voulu (1979)
- Le Jardin d'acclimatation (1980)
- Biographie (1981)
- Une vie de chat (1986)
- Fête des mères (1987)
- Ce sont amis que vent emporte (1991)
Il a obtenu le prix Goncourt pour Le Jardin d'acclimatation en 1980 et le prix Amic de l'Académie française en 1992 pour l'ensemble de son œuvre.
Biographie
Après des études de lettres modernes (anglais, espagnol) à l'université de Lille, Yves Navarre est diplômé de l'École des hautes études commerciales du Nord (Edhec), promotion 1964. Durant les premières années de sa vie professionnelle, Yves Navarre travaille dans la publicité comme concepteur-rédacteur, notamment à Publicis. Il devient même directeur de création chez BBDO (1969-1971) ; il y engage un jeune rédacteur qui fera son chemin, Thierry Ardisson.
Yves Navarre, dont une thématique récurrente de l'œuvre est l'homosexualité, disait vouloir mettre l'emphase sur une sensualité plutôt qu'une sexualité.
Navarre commence à publier en 1971, initiant une prolifique carrière avec Lady Black, dont le personnage principal se travestit à l'occasion (c'est Jean-Louis Bory qui recommande son manuscrit à Flammarion et chez l'éditeur, c'est Paul Otchakovsky-Laurens qui annonce à Navarre l'acceptation de son texte).
Les Loukoums[1], histoire d'une maladie (de type IST) frappant certaines personnes vivant à New York, le fait connaître en 1973.
Il enchaîne alors les parutions, souvent autour du thème de l'amour entre deux hommes (Le Petit Galopin de nos corps, 1977 ; Portrait de Julien devant la fenêtre, 1979).
Il s'essaie également au théâtre avec des pièces comme Il pleut, si on tuait papa-maman, Dialogue de sourdes, La Guerre des piscines, Lucienne de Carpentras (où l’on retrouve l’un des personnages principaux des Loukoums, Lucy Balfour) ou encore Les Dernières Clientes.
Son roman Le Jardin d'acclimatation, histoire d'un jeune homme de bonne famille envoyé à l'internement et à la lobotomie parce qu'homosexuel, reçoit le prix Goncourt en 1980 (le prix couronne en fait l'ensemble de son œuvre).
En 1984, un accident vasculaire cérébral le contraint à un repos forcé de plusieurs mois. Cependant, dès 1986, une nouvelle distinction littéraire, le prix 30 millions d'amis (ou Goncourt des animaux), récompense son roman Une vie de chat (Albin Michel).
Navarre devient le porte-parole de François Mitterrand pour les homosexuels en 1981 et 1989[2], mais il se sent incompris comme romancier et snobé par le milieu littéraire parisien.
En 1990, il part donc vivre à Montréal (Québec). Il y situe son roman Ce sont amis que vent emporte (1991), dans lequel un couple d'artistes (Roch et David, l'un sculpteur, l'autre danseur) luttent contre le sida.
Réalisant bientôt que le Canada n'est pas la terre promise qu'il espérait, l'écrivain rentre à Paris ([3]) et y retrouve les problèmes qui l'avaient incité à s'expatrier. En 1992, il reçoit le prix Amic de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Il avait écrit, dans Biographie, qu'il sortirait « de la gueule du loup par la gorge du loup ». Mais accablé de soucis (entre autres, financiers, car ses droits d'auteur, depuis longtemps sa seule ressource, sont devenus très modestes), complètement déprimé, il se suicide aux barbituriques le . Le titre d'un dernier recueil de nouvelles (publié à titre posthume, en 2006), Avant que tout me devienne insupportable, résume bien l'état d'esprit dans lequel il a commis son geste.
Un roman inédit de l'auteur, Pour dans peu, a été publié en aux éditions H&O.
Postérité
On peut citer cet extrait d'un article[4] toujours actuel de l'écrivain et critique Patrick Besson :
« On lit (Navarre) comme on téléphone à un ami rigolo et ronchon : pour entendre le son de sa voix fatiguée raconter toujours les mêmes choses sans intérêt, sauf pour lui et nous. Il est grand temps de retourner dans cette maison abandonnée de presque tous les lecteurs et éditeurs : le propriétaire y habite toujours. Il n'a pas vieilli, puisqu'il est mort. »
Fonds d'archives
Des fonds d'archives d'Yves Navarre sont conservés en France et à l'étranger.
En France
- La bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence détient des documents liés à l'écrivain lorsqu'il était étudiant à l'Edhec, une correspondance de jeunesse et quelques nouvelles et poèmes de la même époque.
- La médiathèque centrale Émile-Zola à Montpellier a reçu en les archives de l'écrivain légué par l'Association des amis d'Yves Navarre et les éditions H&O. Ce fonds rassemble des tapuscrits, des bons à tirer, des romans, des photos, des revues de presse et de la correspondance[5].
À l'étranger
- au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[6].
- à la bibliothèque de la Penn State University aux États-Unis.
Œuvres
Romans
- Lady Black, Flammarion, 1971 ; réédition, H&O, coll. « H&O Poche », 2011 (ISBN 978-2-84547-225-9)
- Evolène, Flammarion, 1972
- Les Loukoums, Flammarion, 1973
- Le Cœur qui cogne, Flammarion, 1974
- Killer, Flammarion, 1975
- Plum Parade : vingt-quatre heures de la vie d'un mini-cirque, Flammarion, 1975
- Niagarak, Grasset, 1976
- Le Petit Galopin de nos corps, 1977, Robert Laffont ; rééd. avec une préface de Serge Hefez, Béziers, H&O, coll. « Classiques H&O poche », 2005, 256 p. (ISBN 2-845-47109-2))
- Kurwenal ou la Part des êtres, Robert Laffont, 1977 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2009 (ISBN 978-2-84547-171-9)
- Je vis où je m'attache, Robert Laffont, 1978
- Portrait de Julien devant sa fenêtre, Robert Laffont, 1979 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2006 (ISBN 978-2-84547-135-1)
- Le Temps voulu, Flammarion, 1979 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2010 (ISBN 978-2-84547-211-2)
- Le Jardin d'acclimatation, Flammarion, 1980 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2019 (ISBN 978-2-84547-343-0)
- Biographie, Flammarion, 1981 (la première de couverture précisant qu'il s'agit d'un roman)
- Romances sans paroles, Flammarion, 1982
- Premières Pages, Flammarion, 1983
- L'Espérance de beaux voyages, Flammarion, 1984
- 1 : Été/automne
- 2 : Hiver/printemps
- Phénix, le paysage regarde, illustré par Jean Dieuzaide et Lucien Clergue, P. Montel, 1984
- Louise, Flammarion, 1985
- Une vie de chat, Albin Michel, 1986 ; rééd. en 2013
- Fête des mères, Albin Michel, 1987
- Romans, un roman, Albin Michel, 1988
- Hôtel Styx, Albin Michel, 1989
- Douce France, Québec, Leméac, 1990
- La Terrasse des audiences au moment de l'adieu, Montréal, Leméac, 1990
- Ce sont amis que vent emporte, Flammarion, 1991
- La Vie dans l'âme, carnets, Montréal, Le Jour / VLB, 1992
- Poudre d'or, Flammarion, 1993
- Dernier dimanche avant la fin du siècle, Flammarion, 1994
- La Ville Atlantique, Leméac/Actes Sud, 1996
- Dialogue de sourdes, Nice, La Traverse, 1999
- La Dame du fond de la cour, Leméac/Actes Sud, 2000
- Avant que tout me devienne insupportable, H&O, 2006
- Pour dans peu, H&O, 2016
Théâtre
- Théâtre, 3 tomes, Flammarion, 1974, 1976, 1982
- 1978 : Les Dernières Clientes, mise en scène Louis Thierry, Studio des Champs-Élysées
- 1981 : Freaks Society, mise en scène Jacques-René Martin, théâtre Comédie de Paris
Autobiographie
- Un condamné à vivre s'est échappé, textes, entretiens et poèmes, avec Pierre Salducci, Hull [Québec], Vents d'Ouest, 1997
Adaptations
- 1988 : À corps perdu, film canado-suisse réalisé par Léa Pool, adaptation inspirée du roman Kurwenal (1977), avec Matthias Habich, Johanne Marie Tremblay et Michel Voïta
- 2014 : La Fibre des mots, scène pour baryton et orchestre de Julian Lembke, créé sous la direction de Patrick Davin[7]
Récompenses
- 1980 : Prix Goncourt pour Le Jardin d'acclimatation
- 1986 : Goncourt des animaux pour Une vie de chat[8]
- 1992 : Prix Amic de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre[9]
Citations
« La tendresse tue. L'absence de tendresse assassine. »
« Toute création vraie est un suicide que personne ne regarde. »
— Ce sont amis que vent emporte
« Je sortirai de la gueule du loup par la gorge du loup. »
— Biographie
Notes et références
- Voir la page ayant trait aux Loukoums sur le site d'Yves Navarre : http://www.yvesnavarre.org/htm/Lesloukoums.htm
- Voici une anecdote illustrant ce rôle de porte-parole dévolu à Yves Navarre sous les Présidences de Mitterrand, en même temps qu'un aspect moins connu de sa personnalité : l'humour pince-sans-rire, l'espièglerie. Elle est tirée d'un document (accédé depuis le site d'Yves Navarre) qui est un témoignage écrit par Laurent Lourson, un comédien ami de l'écrivain, et dont voici l'adresse web : http://www.yvesnavarre.org/pdf/laurent_lourson_loukoums.pdf : "Yves, like his (cat) Tiffauges, had his teasing tendency. He often showed it on the telephone by altering his voice or speaking in English to confuse the listener. One evening I unhooked the receiver. 'Could I speak to Mr Watson (ami de Lourson et traducteur de Navarre) please?' I had to decide quickly how much I should play the game. 'Sorry, Sir! Mr Watson is not here at the moment. Can I leave him a message?' 'Will you tell him I'm at the Ritz?' 'In London?' 'Yes!' 'I can give you Mr Watson's number at his residence in Bristol if you wish to speak to him personally.' There was a slight pause. This was the moment for another decision: Was Yves telling the truth or was he in Paris, in a rather despondent state which only a friend like Don (Watson), one of the few he admired, could alleviate? 'Bon, Yves, t'es où, chez toi ou à Londres?' 'I told you, at the Ritz in London.' I still could not sense whether he was joking or being serious. Why was he insisting in carrying on in English? 'So what are you doing at the Ritz?' 'I've just put my dinner jacket on and I'm trying to knot this blessed bow tie.' 'I can't come to help you but I'm sure some of the servants from the hotel would only be too delighted to tie your bow. Anyhow, what exciting place are you making for?' 'Buckingham Palace!' 'Oh yes!' I had to play the game as he obviously was taking the mickey out of me: 'Give my best wishes to the Queen, will you?' In a dead pan tone he answered: 'I'm invited to have dinner with the Queen so if she speaks to me I will.' At last the penny dropped: The President of France, François Mitterrand, was in London on an official visit. As the custom requires, the Queen was inviting the Head of State with his entourage to dinner. This type of events is organised by high civil servants around 10 Downing Street. The Prime Minister at the time was a woman. When the civil servant in charge suggested to her: 'It might be a good idea to invite also some intellectuals?' she was reported to have answered seriously: 'Oh! Do they have any?' The story might have reached the French President's office. François Mitterrand arrived, surrounded with twenty intellectuals. Yves Navarre was one of them."
- Son retour définitif à Paris est peut-être plus tardif (avec de possibles allers-retours entre Montréal et Paris au cours de l'année 1992). Les infos à ce sujet sont contradictoires.
- "Dernières nouvelles d'Yves Navarre", Journal "Marianne", 13.01.2007 http://www.yvesnavarre.org/pdf/Marianne13janvier2007.pdf
- « Fonds littéraire Yves Navarre », sur https://mediatheques.montpellier3m.fr, Réseau des médiathèques de Montpellier Méditerranée Métropole, (consulté le )
- Fonds Yves Navarre (MSS250) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
- « La fibre des mots », sur www.musiquecontemporaine.fr (consulté le )
- « Yves Navarre », sur amis-yvesnavarre.org
- « Yves NAVARRE », sur academie-francaise.fr
Liens externes
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- (de + en) Filmportal
- Le site de l'association de ses amis
- Fonds laissé au Québec (journal, dessins, pièces diverses)
- « Un code des usages entre auteurs et éditeurs », collectif pour un syndicat des écrivains de langue française, Liberté, vol. 17, no 6, (102) 1975, p. 3-5. (via le site erudit.org)
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