Zorba le Grec

Zorba le Grec (Αλέξης Ζορμπάς / Aléxis Zorbás) est un film gréco-anglo-américain de Michael Cacoyannis, sorti en 1964 et adapté du roman de Níkos Kazantzákis Aléxis Zorbás (1946).

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Zorba le Grec
Anthony Quinn dans le rôle d'Alexis Zorba.
Titre original Aléxis Zorbás
Réalisation Michael Cacoyannis
Scénario Michael Cacoyannis,
Níkos Kazantzákis (histoire)
Acteurs principaux
Pays de production Grèce
Royaume-Uni
États-Unis
Durée 142 min.
Sortie 1964

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Basil, un jeune écrivain britannique, retourne en Crète pour prendre possession de l’héritage paternel. Il rencontre Zorba, un Grec exubérant qui insiste pour lui servir de guide. Les deux hommes sont différents en tous points : Zorba aime boire, rire, chanter et danser, il vit à sa guise alors que Basil en est empêché par son éducation. Zorba explique à Basil que la danse peut tout exprimer, la joie comme aussi le chagrin et la colère. Bien que différents, ils deviennent amis et s’associent pour exploiter une mine. Zorba entreprend de construire un téléphérique sur la montagne pour descendre les troncs d'arbres coupés nécessaires pour étayer la mine qui s'effondre. Basil lui fait confiance, mais c’est un échec car après trois troncs d'arbres descendus de plus en plus mal les piliers en bois du téléphérique s'effondrent comme un château de cartes. Pour Zorba, « l'homme doit avoir un grain de folie, ou alors il n'ose jamais couper la corde et être libre » et il choisit de s’en moquer. Il rit et court danser sur la plage. Vaincu et conquis, Basil lui demande alors de lui apprendre à danser le sirtaki.

Fiche technique

Distribution

Distinctions

37e cérémonie des Oscars : 3 Oscars et 7 nominations :

Production

Tournage

Simone Signoret, qui doit interpréter Mme Hortense, abandonne le tournage au bout d'une dizaine de jours, ne supportant pas l'enlaidissement que lui impose le réalisateur[réf. nécessaire], comme elle le raconte dans son autobiographie, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était. On peut la distinguer brièvement sur un plan tourné dans une ruelle où l'on voit une femme courir. Elle est remplacée par Lila Kedrova.

Le film est entièrement tourné en Crète à La Canée, dans la région d'Apokóronas, ainsi que dans la péninsule d'Akrotíri. C'est d'ailleurs sur la plage de Stávros, au nord de cette même péninsule, qu'est tournée la scène où Zorba apprend à Basil à danser le sirtaki.

Musique

C'est pour les besoins du film qu'est créé le fameux sirtaki, une danse alors inconnue des Crétois. Popularisant le folklore grec, les chansons de Míkis Theodorákis et de Dalida deviennent célèbres dans le monde entier.

Analyse du film

Différences avec le roman

Le film s’inspire du roman Alexis Zorba de Níkos Kazantzákis. Michael Cacoyannis met en relief les traditions et les mœurs de son pays en filmant les paysages de manière réaliste, sans esthétisme. Anthony Quinn, coproducteur du film, considère le rôle de Zorba comme le plus important de sa carrière.

Le film se termine différemment du roman de Kazantzákis, avec une fin plus ouverte. Là où, dans le roman, le héros repart, il danse dans le film sur la plage avec Zorba. L'idée de Kazantzákis est que son personnage se libère définitivement, s'individualise, il est finalement capable de transcender son expérience pour en faire un matériau littéraire. Le film au contraire identifie Basil et Zorba[1].

Cacoyannis considère que le roman de Kazantzakis est éminemment tragique : aucun personnage ne s'en sort ; l'amour et l'innocence sont détruits tandis que les méchants triomphent. C'est pour cette raison que le réalisateur a insisté sur la lapidation de la veuve, en faisant le point central de son film. Ne pouvant coucher avec elle, les hommes du village se vengent en la lapidant, comme un viol symbolique[1].

Parti pris sur la culture grecque

Zorba le Grec, pourtant production internationale, incarne le cinéma grec (et au-delà la Grèce tout entière) aux yeux du monde. Fruit du travail du directeur de la photo Walter Lassally, les ombres et les mouvements de caméra expriment l'oppression, la frustration et l'hypocrisie qui étouffent la société grecque, à l'image de la veuve lapidée par le village, puis de la maison de Madame Hortense l'étrangère qui juste après sa mort est vidée et pillée par les femmes en noir et les hommes du village. L'unité du village, du côté de la nature, est menacée par la modernisation, l'occidentalisation et la culture représentée par le personnage extérieur du « boss ».

La musique de Theodorákis, adaptée du folklore, commercialisée et diffusée à travers le monde, et la scène finale de danse sur la plage, ont cependant entraîné une incompréhension quasi-générale du film (et par ricochet du roman). Zorba est devenu l'incarnation du Grec, du faune grec, un bon sauvage libre et sans inhibitions sexuelles, faisant fantasmer les touristes, comme un écho au film Crépuscule ensanglanté de 1959[2]. En 1987/88, dans une chorégraphie de Lorca Massine, Théodorakis retravailla la partition du film pour permettre la création d'un ballet éponyme.

Autour du film

  • Le futur réalisateur George Pan Cosmatos joue ici le rôle du garçon couvert d'acné qui couche sur papier les pensées de Zorba.
  • Le film et le roman ont inspiré une comédie musicale homonyme créée à Broadway, en 1968, sur un livret de Joseph Stein, musique de John Kander, paroles de Fred Ebb, avec Herschel Bernardi et Maria Karnilova dans les rôles principaux et reprise en 1983-1984 par Anthony Quinn et Lila Kedrova[3].
  • Zorba a inspiré le nom de Zorbec Legras, personnage du feuilleton d'espionnage loufoque Bons baisers de partout de Pierre Dac et Louis Rognoni, diffusé sur France-inter dans les années 60.
  • Pour le gouru indien iconoclaste et controversé Osho Rajneesh, l'homme nouveau serait un homme à la fois capable de savourer les plaisirs terrestres à l'instar de Zorba le Grec, et à la fois un homme profondément centré en lui-même, à l'instar de Bouddha. Osho Rajneesh nomme cet homme nouveau "Zorba le Bouddha". C'est un être complet, aussi bien tourné vers le monde extérieur que vers le monde intérieur. Osho conseille d'ailleurs, si être à la fois un Zorba et un Bouddha est trop difficile, d'être simplement le Zorba.

Notes et références

  1. Bien 2000, p. 164
  2. Karalis 2012, p. 85 et 101-104
  3. (en) Zorba le Grec sur l’Internet Broadway Database

Voir aussi

Revue de presse

Bibliographie

  • (en) Peter Bien, « Nikos Kazantzakis's Novels on Film », Journal of Modern Greek Studies, vol. 18, no 1,
  • (en) Vrasidas Karalis, A History of Greek Cinema, New York et Londres, Continuum, , 318 p. (ISBN 978-1-4411-9447-3, lire en ligne)

Liens externes

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