pitié

Français

Étymologie

Du latin pietas (« piété »).

Nom commun

SingulierPluriel
pitié pitiés
\pi.tje\

pitié \pi.tje\ féminin

  1. Sentiment douloureux face aux souffrances d’autrui, que l'on ne connaît ou partage pas soi-même.
    • Oscar Wilde n'inspire plus de colère, même aux sectaires de la vertu. Tous n'ont plus, pour lui et pour son martyre, que de la pitié douloureuse.  (Octave Mirbeau La Mort de Balzac, 1907)
    • — (les Martiens, au moyen d’une drogue procurant des rêves magnifiques, supprimaient les malades, les infirmes et les mal nés, de sorte que, chez eux, la pitié était des plus rudimentaires) —  (Benjamin De Casseres, Arcvad le terrible, traduction de Émile Armand, dans Les Réfractaires, n°1, janvier 1914)
    • […]; mais, quand il vit s’enfuir devant lui, en boitant, l’homme courbé et enveloppé de bandages sanglants, sa pitié l’emporta.  (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 369 de l’éd. de 1921)
    • Je contemple avec pitié le carton coloré qui emballait les yaourts aux fruits. Absurde, cette pitié. Ou peut-être pas. Elle répond par l'absurde à l'absurde de l'existence du carton coloré emballant les yaourts aux fruits. (Roger-Pol Droit, Dernières nouvelles des choses. Paris, Odile Jacob, 2003, page 163)
  2. (Par analogie) Compassion ; commisération.
    • Rien dans son regard ne trahissait jamais la moindre pitié, c'était un pur soldat, dépourvu d’états d'âme.  (Arkan Simaan, L'écuyer d'Henri le Navigateur, éd. L'Harmattan, 2007, p. 36)
    • « On se fatigue de la pitié lorsque la pitié est inutile », écrivait Camus. La pitié impuissante et distante devient compassion, c'est-à-dire désir intense de libérer autrui de ses souffrances […].  (Mathieu Ricard, Plaidoyer pour l'altruisme, NiL, Paris, 2013, p. 45)
  3. (Par métonymie) Détresse, état misérable.
    • La grande pitié qu’il y avait au royaume de France.
    • La grande pitié de nos églises de campagne.
  4. (Par analogie) Sentiment de mépris, d'orgueil ou de supériorité face aux souffrances ou difficultés d’autrui que l'on ne connaît pas soi-même.
    • Il raisonne à faire pitié (il raisonne de travers).
    • Il chante à faire pitié (il chante mal).
    • Vous me faites pitié de parler ainsi.
    • Vos menaces me font pitié.
    • Je vous ménage, j’ai pitié de vous.
    • C’est une pitié de voir sa façon de travailler.
    • Regarder quelqu’un en pitié (ne faire aucun cas de lui, le mépriser).
    • C’est un homme follement orgueilleux, qui regarde en pitié tout le genre humain.
    • Regarder, parler, traiter avec une pitié méprisante (avec une apparence de pitié mêlée à des marques de mépris).

Dérivés

Proverbes et phrases toutes faites

  • c’est grande pitié, c’est grand-pitié (c’est une chose très digne de pitié)
  • c’est grande pitié que de nous, c’est une étrange pitié que de nous (la condition humaine est sujette à beaucoup de misères)
  • il vaut mieux faire envie que pitié

Traductions

Prononciation

  • France  : écouter « pitié [pi.tje] »

Paronymes

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (pitié), mais l’article a pu être modifié depuis.
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