Église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Avenas

L'église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Avenas est située dans la nouvelle commune de Deux-Grosnes au centre de l'ancienne commune d'Avenas dans le département du Rhône. C'était à l'origine l'église du monastère d'Avenas qui appartenait au chapitre de Mâcon. L'autel du XIIe siècle est classé au titre d'objet depuis 1901 dans la base Palissy du patrimoine mobilier français du Ministère de la Culture[1].

Église Notre-Dame-de-l’Assomption d'Avenas
Notre-Dame-d'Avenas, vue du sud
Présentation
Type
Diocèse
Paroisse
Paroisse Notre-Dame-du-Haut-Beaujolais (d)
Style
XIIe siècle
Religion
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Autel objet  Classé MH (1901)
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
46° 11′ 42″ N, 4° 36′ 16″ E
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
Localisation sur la carte du Rhône

Origine de l'église

Il existe plusieurs hypothèses sur la création de l'église de Notre-Dame d'Avenas. Certains pensent qu'il s'agit de Louis le Débonnaire (appelé aussi «le Pieux») qui l'aurait fait ériger en commémoration de la victoire obtenue par Charlemagne sur Ganelon sur la montagne de Torvéon alors qu'il était de passage à Avenas en 824 ou 830. Il se rendait à Aix-en-Provence pour un concile[2]. Une autre explication serait de l'attribuer à Saint Louis lors de son passage à Mâcon le [3]. Une autre serait de voir Louis VI ou Louis VII[4],[5] comme fondateur. Le problème est d'identifier le roi Louis qui est représenté et cité sur le panneau sud de l'autel de l'église[6].

Description du bâtiment

Clocher

L'église est un édifice roman simple avec un toit ouvert sur la nef. La croisée du transept est couronnée par un dôme ajouré sur arcades, deux courtes voûtes croisées et une abside à arcades attenantes. Les quatre pilastres sont décorés de fleurs et leurs chapiteaux ont la forme de feuilles, de fleurs, d'une tête humaine et d'un serpent à deux têtes[7]. Trois statues en bois sont disposées dans l'église: saint Joseph, saint Claude dans la nef et une Vierge à l'enfant dans le transept nord[8].

Le clocher a deux abat-son avec des chapiteaux romans, la tourelle ainsi que la sacristie date de la rénovation de 1906[9].

Les rénovations de 1956-1960 ont permis d'enlever le crépi des murs pour faire apparaître les pierres d'origine[10]. Les vitraux datent de cette époque et ont été réalisés par Luc Barbier[11].

L'autel

L'autel en calcaire blanc du XIIe siècle.

Au centre du chœur se trouve un autel taillé dans du calcaire blanc, classé au titre d'objet depuis 1901 dans la base Palissy du patrimoine mobilier français. C'est un parallélépipède rectangle composé de quatre blocs de calcaire, créé vers 1120[12]. Il a été restauré en 1987[1]. L'œuvre est attribuée au « sculpteur de Cluny III », le style présente des similitudes avec celui du tympan de Mâcon[13]. Trois côtés de l'autel portent des scènes en haut-relief, quatre colonnes sont aux angles. La face arrière n'est pas sculptée.

Dessus de l'autel

Le dessus de l'autel est creux comme les autels païens qui étaient creusés pour recueillir le sang des bêtes sacrifiées[14]. À chaque coin et au centre, sont gravés des svastikas.

Côté ouest

Côté ouest.

Sur le front ouest, un Christ glorifié trône dans une grande mandorle, donnant des bénédictions, entouré de ses apôtres. La figure du Christ pose les pieds à plat sur le tabouret devant son trône. Il a la main droite levée et il bénit avec deux doigts qui ont une taille surdimensionnée par rapport au reste de la sculpture. Il tient dans la main gauche, un livre et ce livre se retrouve aussi dans les mains de chacun des apôtres, qu'il soit ouvert ou fermé. Un seul apôtre en bas à droite n'a pas de livre mais a les bras en attitude d'orante. Aux quatre coins de la mandorle, on aperçoit les symboles des quatre évangélistes, l'homme qui représente Matthieu, l'aigle pour Jean, le lion pour Marc et le taureau pour Luc. Les douze apôtres sont divisés en groupes de trois sur deux niveaux ; Saint Pierre se reconnaît à sa clé, quelques noms sont gravés : Thomas, Philippe, Jacques et Simon[10],[15].

Côté nord

Côté nord.

Au nord, la vie de la Vierge Marie est représentée sur quatre scènes, deux scènes en haut et deux scènes en bas. En haut à gauche, l'Annonciation, à droite la Présentation de Jésus au Temple, en bas à gauche une scène de Nativité et à droite l'Assomption de Marie[16].

Dans le panneau de l'Annonciation, l'ange est représenté à gauche et Marie à droite avec un grand espace non sculpté entre les deux personnages.

Dans le panneau de la présentation de Jésus au Temple, Marie donne Jésus à Siméon et leurs mains sont recouvertes d'un voile. Joseph à l'arrière porte deux colombes et a lui aussi les mains voilées[17],[18].

Les deux scènes du bas, la Nativité et l'Assomption de Marie sont séparées par une colonne.

Dans la scène de la Nativité (à gauche), il pourrait s'agir soit de la nativité du Christ et la personne allongée est la Vierge[19], soit de la nativité de Marie et la personne allongée est sainte Anne[20]. Derrière, la sage-femme tient l'enfant. Elles sont entourées de part et d'autre par un rideau qui s'enroule à droite sur la colonne séparant les deux scènes, la colonne représentant le Temple[19].

Dans le dernier panneau – l'Assomption –, la Vierge est allongée, sa tête est soutenue par un apôtre et un autre soutient ses pieds, la tête appuyée sur son poing. Au dessus du lit, deux mains saisissent un drap contenant un buste symbolisant la Vierge qui monte au ciel. Ce buste a les deux mains en attitude d'orante comme l’apôtre sur le côté ouest de l'autel[17],[21].

Côté sud

Côté sud.

Sur le côté sud, un personnage à gauche, le roi, présente la maquette de l'église d'Avenas, qu'il tient dans ses mains, à Saint Vincent. Saint Vincent représente le chapitre collégial de Mâcon qui lui était dédié. En dessous de cette scène, se trouve une inscription en latin :

(RE)X LVDOVICVS PIVS ET VIRTVTIS AMCVS
OFFERT AEECLESIAM RECIPIT UINTIVS ISTAM
LAPADE BISSENA FLVITVRVS IVLIVS IBAT
MORS FVGAT OBPOSITV REGIS AD INTITUM[22]

traduite par : « Le roi Louis, pieux et ami de la vertu, offre cette église. Saint Vincent la reçoit. Dans une douzaine de jours, juillet allait être révolu, la mort met en fuite et conduit à sa perte celui qui s'oppose au roi. » Cette date correspond au [19].

Le roi Louis n'est pas identifié de manière formelle et son identité est controversée.

Côté est

Côté est.

Le revers suggère que l'autel contenait des reliques : une porte donne accès à un espace à l'intérieur de l'autel[12].

Bibliographie

  • Françoise Rollin, interview par Thierry Lyonnet, L'autel de l'église Notre-Dame d'Avenas, un chef-d'œuvre d'art roman, L'art et la foi, RCF,
  • Joseph Aubonnet, Notre-Dame d'Avenas, Lyon, impr. Lescuyer, .
  • Eugène Loison, L'autel d'Avenas, Lyon, M. Audin, .
  • Antoine Péricaud, Notice sur l'ancien autel d'Avenas, t. I, Lyon, Léon Boitel, coll. « Revue du lyonnais », (lire en ligne), p. 284.
  • M. l'Abbé Boué, curé d'Ainay, Autel d'Avenas, considéré au point de vue historique, t. III, Lyon, Léon Boitel, coll. « Revue du lyonnais », (lire en ligne), p. 256.
  • Fernand de Mély, « L'autel d'Avenas (Rhône) et le chronogramme de son inscription », Revue archéologique, , p. 254-264 (lire en ligne)
  • Alain Jean-Baptiste et Daniel Rosetta, Le Beaujolais Traditionnel et insolite, éditions de Poutan, , 157 p. (ISBN 978-2-918607-96-0), p. 32-35.

Références

  1. « Autel, bas-reliefs : La Nativité, La Présentation au temple, La Pâmoison de la Vierge, L'Apparition du Christ aux apôtres », notice n°PM01000607, sur Plateforme Ouverte du Patrimoine - Ministère de la Culture, base Palissy du Patrimoine mobilier français
  2. Péricaud 1835, p. 287.
  3. Boué 1851, p. 258.
  4. Mély 1908, p. 256.
  5. Charles Perrat, L’autel d’Avenas. La légende de Ganelon et les expéditions de Louis VII en Bourgogne (1166-1172), Lyon, Librairie A. Badiou-Amant, .
  6. Raymond Oursel, « Une énigme romane : l’autel d’Avenas », Cahiers d’histoire, vol. IV/ 1, , p. 97-101
  7. Aubonnet 1985, p. 11.
  8. Aubonnet 1985, p. 12.
  9. Jean-Baptiste 2017, p. 33.
  10. Aubonnet 1985, p. 3.
  11. Aubonnet 1985, p. 7.
  12. Didier Méhu, « L’évidement de l’image ou la figuration de l’invisible corps du Christ (ixe–xie siècle) », Images re-vues, histoire, anthropologie et théorie de l'art., Centre d’Histoire et Théorie des Arts, Groupe d’Anthropologie Historique de l’Occident Médiéval, Laboratoire d’Anthropologie Sociale, UMR 8210 Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques, , p. 18 (lire en ligne)
  13. (en) C. Edson Armi, Cluny and the Origins of Burgundian Romanesque Sculpture, Rome, «L’ERMA» di BRETSCHNEIDER, , 124 p. (ISBN 978-88-913-1748-3, lire en ligne), p. 15-23
  14. Rollin 2010, p. 24min50.
  15. Loison 1926, p. 8,9,10.
  16. Aubonnet 1985, p. 8,9.
  17. Aubonnet 1985, p. 9.
  18. Loison 1926, p. 10.
  19. Rollin 2010.
  20. Loison 1926, p. 11.
  21. Loison 1926, p. 13.
  22. Aubonnet 1985, p. 10.

Voir aussi

  • Portail du catholicisme
  • Portail du département du Rhône
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