Élections législatives bulgares de 2022
Les élections législatives bulgares de 2022 ont lieu le afin de renouveler les 240 membres de l'Assemblée nationale de la Bulgarie.
| ||||||||||||||
Élections législatives bulgares de 2022 | ||||||||||||||
240 sièges de l'Assemblée nationale (Majorité absolue : 121 députés) | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
PP – Kiril Petkov | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 67 | |||||||||||||
GERB - SDS – Boïko Borissov | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 59 | |||||||||||||
DPS – Mustafa Karadayi | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 34 | |||||||||||||
BSPzB – Korneliya Ninova | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 26 | |||||||||||||
ITN – Slavi Trifonov | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 25 | |||||||||||||
DB – Atanas Atanasov / Hristo Ivanov | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 16 | |||||||||||||
V – Kostadin Kostadinov | ||||||||||||||
Sièges en novembre 2021 | 13 | |||||||||||||
Premier ministre | ||||||||||||||
Sortant | ||||||||||||||
Galab Donev (transition) Indépendant |
||||||||||||||
Prévues pour au plus tard, les élections ont lieu de manière anticipée en raison de la chute du gouvernement Petkov le .
Contexte
Législatives de novembre 2021
Les précédentes élections en novembre 2021 mettent fin à plusieurs mois de blocage politique. Là où les élections d'avril et de juillet avaient toute deux conduit à l'échec de la formation d'un gouvernement, celles de novembre aboutissent en effet à la formation en moins d'un mois du Gouvernement Petkov.
Créée peu avant le scrutin de novembre, la coalition Nous continuons le changement (PP) fait une percée inattendue en tête du scrutin, profitant des reports de voix dû à l'effondrement d'Il y a un tel peuple (ITN), jugé responsable de l'échec des négociations de juillet[1],[2],[3]. Menée par les anciens ministres Kiril Petkov et Asen Vasilev, la coalition provoque la surprise en arrivant en tête avec un peu plus d'un quart des suffrages pour sa première participation à des élections. Hormis le Mouvement des droits et des libertés (DPS) de la minorité turque et le parti nationaliste Renaissance, qui fait son entrée à l'assemblée, l'ensemble des autres partis subissent un recul, dont notamment Bulgarie démocratique (DB) et le Parti socialiste bulgare (BSPzB) ainsi que Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), au pouvoir depuis 2014. La coalition Debout.BG ! Nous arrivons ! (IBG-NI) perd quant à elle toute représentation à l'assemblée[4],[5],[6].
La formation arrivée en tête bénéficiant de la première tentative de formation d'un gouvernement, Petkov entame rapidement des négociations qui donnent lieu après plusieurs semaines à un gouvernement de coalition réunissant Nous continuons le changement, le Parti socialiste bulgare, Il y a un tel peuple et Bulgarie démocratique[7],[8]. Fort du soutien de ces quatre formations qui réunissent ensemble la majorité absolue à l'assemblée, ainsi que de celui du président de la république Roumen Radev, largement réélu au second tour de l'élection présidentielle de novembre, Kiril Petkov forme son gouvernement, et prend ses fonctions le 13 décembre 2021 après avoir reçu la confiance de l'Assemblée par 134 voix pour et 10 contre[9],[10].
Chute du gouvernement Petkov
La coalition gouvernementale s'avère finalement de courte durée. À la suite d'une rencontre entre Kiril Petkov et le dirigeant d'ITN, Slavi Trifonov, sur des questions budgétaires, ce dernier met en cause le Premier ministre sur la répartition des fonds du budget de l'État ainsi que sur l'annonce de la levée du veto bulgare à l'accession de la Macédoine du Nord à l'Union européenne. Le Trifonov annonce en conséquence le départ d'ITN du gouvernement, accusant le Premier ministre de manquer à sa parole. De son côté, Kiril Petkov assure être prêt à diriger un gouvernement minoritaire et accuse ITN d'avoir cherché à obtenir près de deux millions d'euros supplémentaires pour le ministère du Développement régional, une somme qui auraient selon Petkov été versées à des entreprises poursuivies pour corruption[11].
Le départ d'ITN dans l'opposition conduit à la perte par le gouvernement de sa majorité à l'Assemblée. Sur proposition du parti Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), une motion de censure est mise au vote le , puis adoptée le même jour par 123 voix pour et 116 contre. Ainsi renversé, Kiril Petkov peut de nouveau proposer une équipe gouvernementale ; en cas d'échec, deux autres mandataires peuvent être désignés, après quoi le président de la République sera contraint de dissoudre l'Assemblée nationale[12].
La censure du gouvernement intervient quelques jours avant le Conseil européen du 24 juin devant préparer un sommet avec les pays des Balkans dans le contexte de l'accession de l'Ukraine et de la Moldavie au statut de candidat à l'Union européenne le . Accélérées par l'Invasion de l'Ukraine par la Russie, ces accessions provoquent des tensions chez les pays candidats des Balkans, dont les procédures sont en comparaison très ralenties depuis plusieurs années. La levée du véto Bulgare sur la candidature de la Macédoine du Nord, qui devait y être officialisée sous condition d'un vote favorable du parlement, se retrouve bloquée par la crise provoquée par ITN, qui se voit ainsi accusé d'avoir manœuvré avec les partis nationalistes et prorusses pour faire échouer le sommet[13].
La politique de rapprochement avec Skopje menée par le Premier ministre fait cependant l'objet d'un retournement d'alliance inattendu, le gouvernement recevant finalement le soutien du GERB. Pro-européen bien que situé dans l'opposition, celui ci avait pourtant été à l'origine du veto en 2020. Sous l'égide de la présidence tournante de l'Union européenne alors détenue par le président français Emmanuel Macron, un accord de compromis est en effet trouvé, dans lequel la Bulgarie reconnait que la Macédoine du Nord possède une culture propre, tandis que cette dernière doit modifier sa constitution afin d'y inscrire explicitement l'existence d'une minorité Bulgare sur son territoire[14]. Le vote sur la levée du veto bulgare organisé le 24 juin est approuvé par 170 voix pour, 37 contre et 21 abstentions. Proposée par les partis PP et DB, la décision reçoit ainsi le soutien du GERB et du DPS, tandis que le BSPzB s'abstient et qu'ITN et Renaissance vote contre[15],[16].
Le 27 juin, Petkov remet sa démission[17]. Le 1er juillet, le président Roumen Radev charge Asen Vasilev (en), co-fondateur de Nous continuons le changement, de former un gouvernement[18]. Préconisant un scrutin anticipé, celui-ci indique qu'il ne présentera pas de proposition de gouvernement, faute de pouvoir réunir une majorité parlementaire, et rend son mandat le 8 juillet. Comme préalablement annoncé, le GERB rend quant à lui son mandat dès qu'il lui est proposé, le 14 juillet[19]. Le troisième et dernier mandat est confié le 18 juillet au BSP, qui prend acte neuf jours plus tard de l'impossibilité de former un nouveau gouvernement, Skavi Trifonov ayant demandé aux députés d'ITN de ne pas participer aux négociations. Le refus de Trifonov — qui s'était auparavant dit favorable à une reconduction de la coalition — intervient après la fuite d'un enregistrement d'une réunion interne de cadres du BSP au cours de laquelle ITN est traité de « mafia », provoquant l'indignation de son dirigeant[20],[21],[22]. Devant ces trois échecs successifs, le président Radev nomme le 2 août un gouvernement apolitique mené par l'ancien ministre du travail Galab Donev, chargé d'assurer l'intérim jusqu'aux élections anticipées, convoquées pour le 2 octobre 2022[23],[24],[25].
Système électoral
L'Assemblée nationale (en bulgare : Народното събрание) est composée de 240 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal dans 31 circonscriptions électorales de quatre à seize sièges. Les listes sont ouvertes, avec la possibilité pour les électeurs d'effectuer un vote préférentiel envers un candidat de la liste choisie afin de faire monter sa place dans celle-ci. Après décompte des suffrages, la répartition est faite au plus fort reste de Hare entre les listes de candidats ayant atteint le seuil électoral de 4 % des suffrages exprimés au niveau national[26].
Le système bulgare prévoit un maximum de trois tentatives de formation d'un gouvernement à la suite des élections. Le président confie ainsi en premier lieu cette responsabilité au parti arrivé en tête, puis au deuxième et enfin à un parti de son choix, avec. Si aucun ne parvient à former un gouvernement capable de recevoir le vote de confiance de l'Assemblée, le président nomme un gouvernement d'intérim et convoque de nouvelles élections anticipées dans les deux mois. Cette procèdure est également utilisée en cas de chute du gouvernement en cours de législature, le Premier ministre sortant disposant de la première tentative[27],[28].
Forces en présence
Sondages
La barre verticale est placée au 22 juin 2022, date de la chute du gouvernement Petkov.
Résultats
Partis ou coalitions | Voix | % | +/- | Sièges | +/- | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Nous continuons le changement (PP) | |||||||
Coalition GERB-SDS | |||||||
Mouvement des droits et des libertés (DPS) | |||||||
BSP pour la Bulgarie (BSPzB) | |||||||
Il y a un tel peuple (ITN) | |||||||
Bulgarie démocratique (DB) | |||||||
Renaissance (V) | |||||||
Réveil bulgare (BV) | Nv | ||||||
Debout.BG ! Nous arrivons ! (IBG-NI) | |||||||
VMRO - Mouvement national bulgare (VMRO-BND) | |||||||
Parti social-démocrate bulgare | |||||||
Union nationale Attaque (Ataka) | |||||||
Société pour une nouvelle Bulgarie | |||||||
Voix du peuple | |||||||
Union nationale de la droite | |||||||
Front patriotique[alpha 1] (PF) | |||||||
Volya | |||||||
Russophiles pour le renouveau de la patrie | |||||||
Pravoto | |||||||
Autres partis[alpha 2] | – | ||||||
Indépendants | |||||||
« Aucun de ces choix » | |||||||
Suffrages exprimés | |||||||
Votes blancs et nuls | |||||||
Total | 100 | – | 240 | ||||
Abstentions | |||||||
Inscrits / Participation |
Notes et références
Notes
- Composé notamment du Front national pour le salut de la Bulgarie (NFSB).
- partis, moins de 0,25% chacun.
Référence
- « Deux diplômés d’Harvard à l'assaut du pouvoir et de la corruption », sur La Presse, LaPresseFB, (consulté le ).
- (en) « Former caretaker ministers Kiril Petkov and Assen Vassilev to announce their political project today », sur bnr.bg (consulté le ).
- (en) Reuters, « Bulgaria's GERB has strong lead into Nov. 14 election, opinion polls show », sur Reuters, (consulté le ).
- (en) M3 Web - http://m3web.bg, « Elections: Hristo Ivanov and the Entire Management of "Yes, Bulgaria" Resign - Novinite.com - Sofia News Agency », sur www.novinite.com (consulté le ).
- https://www.facebook.com/RFI, « Élections en Bulgarie: un mouvement anti-corruption passe devant les conservateurs », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- (it) Administrator, « Kornelia Ninova si dimette da leader del BSP », sur www.bulgariaoggi.com (consulté le ).
- « En Bulgarie, un duo anti-corruption crée la surprise lors des élections législatives », sur SudOuest.fr (consulté le ).
- (bg) « Социолозите предричат четворна коалиция - По света и у нас - БНТ Новини », sur bntnews.bg (consulté le ).
- Agence France-Presse, « En Bulgarie, un accord de coalition met fin à la crise politique de huit mois », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « The New Cabinet: Bulgaria Finally has a New Government », Sofia News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
- « Bulgaria’s ruling coalition ruptures », BNE Intellinews, (consulté le ).
- « Bulgarian Cabinet Collapses In No-Confidence Vote », Radio Free Europe, (consulté le ).
- « Crise politique en Bulgarie, sur fond de guerre d’Ukraine », sur www.radiofrance.fr (consulté le ).
- « Macédoine du Nord : une décision attendue en Bulgarie dès vendredi », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- « La Bulgarie lève son veto à l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Le parlement bulgare se prononce pour la levée du veto à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
- (en) Krassen Nikolov, « Ousted Bulgarian PM ready to form new government », sur www.euractiv.com, (consulté le ).
- (en) « Bulgarian president asks WCC's PM-designate Assen Vassilev to form new govt », sur seenews.com (consulté le ).
- (en) Krassen Nikolov, « Bulgaria headed for new early elections in October », sur www.euractiv.com, (consulté le ).
- (en) Denitsa Koseva in Sofia, « Bulgaria to hold snap election as ITN refuses to return to coalition », sur intellinews.com, (consulté le ).
- Krassen Nikolov, « Bulgarie : la crise politique entre dans sa troisième phase », sur www.euractiv.fr, (consulté le ).
- « Bulgarian Socialists Receive Govt Mandate as Snap Election Looms », sur Balkan Insight (consulté le )
- « Bulgarie : vers de nouvelles élections début octobre », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- Reuters, « Bulgarie: Le président convoque des élections anticipées le 2 octobre et nomme un cabinet intérimaire », sur Challenges, (consulté le ).
- « La Bulgarie va organiser de nouvelles élections le 2 octobre », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- (en) « Electoral system for national legislature - Bulgaria », sur idea.int (consulté le ).
- (en) « Bulgaria’s President: Parliamentary and presidential elections will be ‘2 in 1’ on November 14 », (consulté le ).
- « Sans majorité, la Bulgarie retourne aux urnes », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
Articles connexes
- Portail de la politique
- Portail de la Bulgarie
- Portail des années 2020