Élections législatives israéliennes de 2022

Les élections législatives israéliennes de 2022 sont prévues le en Israël pour désigner les 120 membres de la Knesset.

Élections législatives israéliennes de 2022
120 sièges de la Knesset
(majorité absolue : 61 sièges)
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 6 578 084
Likoud  Benyamin Netanyahou
Sièges en 2021 30
Yesh Atid  Yaïr Lapid
Sièges en 2021 17
Camp national  Benny Gantz
Sièges en 2021 14
Shas  Aryé Dery
Sièges en 2021 9
Esprit sioniste  Ayelet Shaked
Sièges en 2021 7
Parti travailliste israélien  Merav Michaeli
Sièges en 2021 7
Judaïsme unifié de la Torah  Moshe Gafni
Sièges en 2021 7
Israel Beytenou  Avigdor Liberman
Sièges en 2021 7
Parti sioniste religieux - Otzma Yehudit  Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir
Sièges en 2021 6
Premier ministre
Sortant
Yaïr Lapid
Yesh Atid

Initialement prévues pour le au plus tard, ces élections sont organisées de manière anticipée pour la cinquième fois consécutive en moins de quatre ans à la suite de l'émiettement de la coalition au pouvoir.

Contexte

Gouvernement Bennett-Lapid

Le 5 mai 2021, le président Reuven Rivlin confie à Yaïr Lapid le mandat pour former une coalition. Lapid a 28 jours pour y parvenir, soit jusqu'au 2 juin[1]. Peu avant, le Bloc de droite avait appelé le président à confier à la Knesset la tâche de désigner le candidat au poste de Premier ministre[2].

Le 30 mai, Naftali Bennett annonce soutenir les efforts pour former un gouvernement qu'il dirigera avec Lapid. Celui-ci reçoit également le soutien des partis de Saar et Liebermann, des travaillistes et du Meretz, ainsi que de Bleu et Blanc. Pour obtenir la majorité des députés, le gouvernement doit encore avoir le soutien de députés arabes israéliens[3]. Le 2 juin peu avant minuit, Lapid annonce avoir réussi à former une coalition[4]. Bennett doit être Premier ministre durant les deux premières années, avant que Lapid, qui sera entretemps Premier ministre par alternance et ministre des Affaires étrangères, ne lui succède jusqu'au terme de la législature en 2025[5]. Le gouvernement Lapid-Bennett doit encore être approuvé par un vote de la Knesset, qui aura lieu le 13 juin[6].

Le Likoud a tenté en vain d'invalider un gouvernement dirigé par Bennett, arguant que c'est le formateur désigné par le président qui doit diriger le gouvernement, objection rejetée par la présidence[7].

Selon The Times of Israel, les accords avec les différents partis prévoient que[8] :

Les accords précisent aussi le nombre de ministres par parti.

L’accord entre Yesh Atid et Ra'am prévoit un poste de vice-ministre au bureau du Premier ministre, la présidence de la commission de l’Intérieur de la Knesset, une vice-présidence de la Knesset et la présidence de la commission des Affaires arabes pour le parti Ra'am. Cet accord vise également à réduire les écarts dans la société arabe, druze, circassienne et bédouine grâce à un plan de dépenses quinquennal de 30 milliards de shekels jusqu’en 2026 et prévoit un plan quinquennal de lutte contre la criminalité au budget de 2,5 milliards de shekels et un autre plan de 20 milliards de shekels pour les infrastructures de transport dans les communautés arabes. Trois communautés bédouines du sud devront être officiellement reconnues dans les 45 jours suivant la prestation de serment du gouvernement[8].

Le 11 juin, dans une ultime tentative d'empêcher la formation du gouvernement Lapid-Bennett et de reformer son alliance avec Bleu et blanc, Netanyahou propose à Benny Gantz de démissionner immédiatement et que celui-ci soit Premier ministre pendant trois années[9].

Le 13 juin, la Knesset investit Naftali Bennett comme Premier ministre après un vote de confiance : 60 députés ont voté pour la nouvelle coalition et 59 s'y sont opposés[10],[11].

Dissolution de la Knesset

En avril 2022, avec la défection d'un député de Yamina, le gouvernement dipose d'autant de voix que l'opposition[12]. Le 19 mai, le gouvernement devient minoritaire à la suite de la démission de la députée du Meretz Jida Rinawie Zoabi[13]. Elle revient sur sa décision le 22 mai[14].

Le 13 juin, le député de Yamina Nir Orbach démissionne à son tour, rendant le gouvernement à nouveau minoritaire[15].

Le Likoud prévoit de déposer une motion de dissolution de la Knesset le 22 juin[16]. Le 20 juin, après avoir survécu à deux motions de censure de l'opposition mais avoir échoué à proroger la loi sur les colonies, Bennett et Lapid conviennent de dissoudre la Knesset et d'organiser des législatives anticipées en octobre 2022. En cas de rejet de la motion de dissolution par le Parlement, Benyamin Netanyahou peut tenter de former un gouvernement. Si la motion est adoptée, Yaïr Lapid deviendra Premier ministre jusqu'à la formation du nouveau cabinet par la prochaine législature[17],[18].

La motion de dissolution de la Knesset est adoptée en lecture préliminaire le 23 juin et en première lecture le 28 juin[19]. Deux autres lectures ont lieu[20] avant la dissolution, actée le 30 juin[21]. Yair Lapid devient Premier ministre le 1er juillet 2022.

Mode de scrutin

Bâtiment de la Knesset à Jérusalem.

Israël est doté d'un parlement unicaméral, la Knesset, dont les 120 sièges sont pourvus tous les quatre ans, au plus tard le troisième mardi du mois hébraïque de heshvan, au scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées et seuil électoral de 3,25 % dans une seule circonscription nationale. Après décompte des voix, les sièges sont répartis à la proportionnelle aux candidats de tous les partis ayant franchi ce seuil, sur la base du quotient simple et de la méthode de la plus forte moyenne, dans l'ordre de leurs positions sur les listes[22].

Forces en présence

Le tableau ci-dessous présente les principaux partis ou coalitions en lice pour le scrutin. Certains partis mineurs des coalitions peuvent ne pas y être représentés.

Partis
ou coalitions
Idéologie Dirigeants Bloc Résultats en 2020
Likoud Centre droit à droite
National-libéralisme, conservatisme
Benyamin Netanyahou Pro-Netanyahou 24,19 % des voix
30 députés
Yesh Atid Centre
Sionisme, libéralisme, libéralisme économique, sécularisme
Yaïr Lapid Anti-Netanyahou 13,93 % des voix
17 députés
Camp national Centre à centre-droit
Sionisme, libéralisme, national-libéralisme, libéralisme économique
Benny Gantz Anti-Netanyahou 11,35 % des voix
14 députés
Shas Attrape-tout
Défense des ultraorthodoxes séfarades et mizrahim, populisme
Aryé Dery Pro-Netanyahou 7,17 % des voix
9 députés
Esprit sioniste Droite radicale
Nationalisme, néosionisme, libéralisme économique
Ayelet Shaked Anti-Netanyahou 6,21 % des voix
7 députés
Parti travailliste Centre gauche
Socialisme, sionisme travailliste, pro-solution à deux États
Merav Michaeli Anti-Netanyahou 6,09 % des voix
7 députés
Judaïsme unifié de la Torah Droite
Défense des ultraorthodoxes ashkénazes
Yaakov Litzman Pro-Netanyahou 5,64 % des voix
7 députés
Israel Beytenou Droite
National-conservatisme, sionisme révisionniste, libéralisme économique, sécularisme
Avigdor Liberman Anti-Netanyahou 5,63 % des voix
7 députés
Parti sioniste religieux - Otzma Yehudit Parti sioniste religieux : Extrême droite
Ultranationalisme, Sionisme religieux, conservatisme religieux, conservatisme social, pro-Grand Israël
Bezalel Smotrich Pro-Netanyahou 5,11 % des voix
5 députés
Otzma Yehudit : Extrême droite
Ultranationalisme, kahanisme, sionisme religieux, conservatisme religieux, pro-solution à un État et État halakhique
Liste unifiée Ta'al : attrape-tout
Nationalisme arabe, défense des Arabes israéliens, antisionisme
Ayman Odeh Anti-Netanyahou 4,81 % des voix
6 députés
Hadash : extrême gauche
Marxisme-léninisme, pro-solution à deux États, non-sionisme
Balad : gauche
Nationalisme arabe, sécularisme, panarabisme, antisionisme
Meretz Gauche
Social-démocratie, sionisme travailliste, sécularisme, écologie politique
Nitzan Horowitz Anti-Netanyahou 4,59 % des voix
6 députés
Liste arabe unie Attrape-tout
Défense des arabes israéliens, islamisme, antisionisme
Mansour Abbas Anti-Netanyahou 3,79 % des voix
4 députés
Noam Extrême droite
Familialisme, opposition aux droits LGBT, sionisme religieux, conservatisme religieux et État halakhique
Avi Maoz Pro-Netanyahou En coalition
1 députés


Campagne

Les enquêtes d’opinion relèvent une radicalisation de l'électorat. Ainsi, le pourcentage d’Israéliens juifs qui pensent que les Juifs devraient bénéficier de davantage de droits que les non-Juifs est passé de 25 % en 2015 à 42 % en 2021, ce qui devrait bénéficier aux formations d’extrême droite[23]. Le parti ultra-nationaliste Otzma Yehudit, à la suite de désaccords avec le Parti Sioniste Religieux, décide de concourir seul. Porté par la popularité d'Itamar Ben-Gvir, le parti d'extrême-droite est donné à 9 sièges dans deux sondages au 24 août 2022[24],[25]. Le 26 août, Otzma Yehudit parvient à un accord avec le Parti sioniste religieux sur une ré-unification des deux partis[26].

Les questions économiques prennent toutefois plus de place dans le débat publique. Alors que 27,6 % de la population israélienne vivait dans la pauvreté en 2021, la hausse de l'inflation et des taux d’intérêt, qui viennent accentuer un coût de la vie parmi les plus élevés du monde, conduisent 44 % des Israéliens interrogés à déclarer que les questions économiques influenceront leur vote. Un niveau historique dans un pays où le débat politique est traditionnellement focalisé sur les questions sécuritaires[27].

Résultats

Résultats des législatives israéliennes de 2022
Parti Voix  % +/- Sièges +/-
Likoud
Yesh Atid
Shas
Camp national
Esprit sioniste
Parti travailliste
Judaïsme unifié de la Torah
Israel Beytenou
Parti sioniste religieux[alpha 1]
Liste unifiée
Meretz
Liste arabe unie
Nouveau Parti économique
Parti rapeh
Toi et moi
Parti pirate
Espoir pour le changement
Cœur juif
Bang social - retraités
Kama
Procès juste
Tsomet
Une nation
Nouvel Ordre
L'impossible - possible
Alliance commune
Les Israéliens
Nouveau monde
Bloc biblique
Shama
Da'am
Nous
Direction sociale
Dignité humaine
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 100 - 120
Abstentions
Inscrits / Participation

Notes et références

Notes

  1. En coalition avec Otzma Yehudit.

Références

  1. (en)Rivlin entrusts Yair Lapid with chance to form government
  2. (hr) i24NEWS, « i24NEWS », sur www.i24news.tv (consulté le ).
  3. (hr) i24NEWS, « i24NEWS », sur www.i24news.tv (consulté le ).
  4. « Yaïr Lapid forme une coalition et signe la fin de l'ère Netanyahou en Israël », sur L'Echo, (consulté le ).
  5. « Pour la première fois depuis douze ans, Israël doit changer de Premier ministre », sur Les Echos, (consulté le ).
  6. Israël: vote de confiance au nouveau gouvernement le 13 juin, Netanyahu fait monter la pression
  7. (hr) i24NEWS, « i24NEWS », sur www.i24news.tv (consulté le ).
  8. « Lapid signe des accords officiels de coalition avec Ra'am et Yisrael Beytenu »,
  9. (en) « Netanyahu’s last ditch bid to Gantz: ‘I’ll resign now, you’ll be PM for 3 years’ », sur www.timesofisrael.com (consulté le ).
  10. Israël: la Knesset investit Naftali Bennett Premier ministre et met fin à l'ère Netanyahu
  11. Israël: Naftali Bennett devient Premier ministre, Netanyahu écarté du pouvoir
  12. https://www.facebook.com/FRANCE24, « En Israël, compte à rebours de la chute du gouvernement de Naftali Bennett », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  13. (hr) i24NEWS, « Israël: la députée Jida Rinawie Zoabi (Meretz) annonce sa démission de la coalition qui perd sa majorité à la Knesset », sur www.i24news.tv (consulté le ).
  14. « Une députée démissionnaire revient dans la coalition », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  15. (sw) « MSN », sur www.msn.com (consulté le ).
  16. « L’opposition présentera mercredi un texte de loi sur la dissolution de la Knesset », sur fr.timesofisrael.com (consulté le ).
  17. « En Israël, la coalition au pouvoir va dissoudre la Knesset et provoquer des élections », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  18. « Israel heading to elections, Knesset to disband, Lapid to become prime minister ».
  19. « La loi sur la dissolution de la Knesset adoptée en première lecture », sur fr.timesofisrael.com (consulté le ).
  20. « La dissolution de la Knesset retardée par les débats entre coalition et opposition », sur fr.timesofisrael.com (consulté le ).
  21. « Israël : la Knesset dissoute, les prochaines législatives fixées au 1er novembre », sur Les Echos, (consulté le ).
  22. « IPU PARLINE database: ISRAEL (Knesset), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  23. Jeremy Sharon, « Clés pour comprendre la montée inquiétante de Ben Gvir, l’ultra-nationaliste d’Israël », sur fr.timesofisrael.com,
  24. « N12 - סקר מנדטים: בן גביר עם 9 מנדטים, מרצ מתחזקת תחת גלאון », sur N12, (consulté le )
  25. (he) « יגביר לחץ? הליכוד ונתניהו צונחים ל-30 מנדטים | סקר חדשות 13 | חדשות 13 », sur רשת 13 (consulté le )
  26. (en-US) T. O. I. staff, « Netanyahu brokers deal for far-right’s Smotrich, Ben Gvir to join forces in election », sur www.timesofisrael.com (consulté le )
  27. « En Israël, la cherté de la vie s’invite dans le débat politique », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
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